Debunking
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Le debunking (de l'anglais to debunk : discréditer) désigne à l'origine l'action de prouver l'inexactitude de théories ou d'affirmations en utilisant les divers outils de la logique et de la science. Certains auteurs utilisent parfois en français la traduction de déboulonner. Les debunkeurs appliquent ces outils à ce qu'ils considèrent comme faux, non scientifique, bizarre ou anormal et les employant particulièrement dans les domaines du paranormal, des OVNI ou des théories du complot.
Dans ce sens original, debunking se confond avec le scepticisme dans le monde anglo-saxon et avec la zététique en France. Dans le cadre du débat sur la nature du phénomène ovni, les critiques de l'HET, qui considère celle-ci comme étant pseudo-scientifique à cause du manque de preuves robustes pour la soutenir, développent plutôt le modèle sociopsychologique du phénomène ovni.
On note cependant que certains milieux ufologiques surtout, non anglophones, le terme de debunking prend une connotation négative. Ils utilisent le terme dans un sens différent, puisqu'ils utilisent debunking pour désigner ce qu'ils percoivent comme étant des procédés de désinformation dont le but est de dénigrer et ridiculiser les témoins ou chercheurs ufologues. A l'inverse donc du sceptique, qui cherche une possible explication rationnelle à un événement, le debunker, au sens où les ufologues l'entendent, désinforme et manipule.
Il est clair qu'en ce sens, la frontière entre le praticien honnête de la zététique et le debunker malhonnête et de mauvaise foi peut être très mince puisqu'elle peut ne dépendre que du procès d'intention que l'on souhaite faire à son adversaire. L'usage du mot debunking et debunker dans la communauté ufologique se fait dès lors parfois avec une dose de mauvaise foi, d'autant plus que les sceptiques utilisent toujours le terme dans son sens originel et se défendent de vouloir désinformer (considérant qu'en réalité ce sont par exemple les ufologues qui désinforment le grand public sur le phénomène ovni, en ne lui présentant pas l'état réel du débat scientifique).
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[modifier] Le debunking dans le monde ufologique
Deux techniques de débunking peuvent être identifiées :
[modifier] debunking extérieur
Le debunking extérieur est le plus classique : il s'agit de chercher à discréditer les défenseurs d'une théorie en leur opposant des explications triviales visant à remettre en cause leur bon sens. On peut citer les exemples suivants :
- En Mars 1966, le docteur Josef Allen Hynek, alors consultant scientifique auprès du projet Blue Book, révéla que des officiers de l'armée américaine lui avaient intimé l'ordre d'expliquer l'affaire de Ann Arbor, dans le Michigan, par une émission de gaz des marais. Lors de cette observation, 40 personnes, dont 12 policiers, avaient vus un OVNI qui semblait être escorté par quatre objets volants plus petits se poser dans des marais, la nuit.
- Le NICAP (association ufologique américaine principalement constituée de militaire de carrière) cessa toute activité véritable à partir de 1969, après que John Acuff ait remplacé Donald Keyhoe à la tête de cette association. John Acuff reconnut être membre de la CIA plusieurs années après la fin des activités de ce groupe de recherche ufologique.
- En 1947, lorsque lors de l'affaire Roswell, l'US Air Force affirma que les débris retrouvés sur le lieu de crash étaient ceux d'un banal ballon-sonde météorologique. Mais on soupçonne également l'armée d'être à l'origine de la thèse du crash d'OVNI afin de camoufler le fait qu'il s'agissait d'un ballon-espion Mogul (matériel de renseignement ultra secret au moment des faits).
- la thèse de l'attaque de chouettes pour l'Incident de Kelly-Hopkinsville en 1955,
[modifier] debunking intérieur
Le debunking intérieur est plus subtil. On pourrait également l'appeler debunking d'infiltration, puisqu'il s'agirait d'une technique de désinformation consistant à ridiculiser un groupe et les théories qu'il prône en l'infiltrant et en le décrédibilisant "de l'intérieur" auprès du grand public. Pour autant que l'existence de ce type de debunker soit avéré, il ne peut alors se confondre avec un zététicien, puisqu'il prétendra partager les théories du groupe infiltré et le ridiculisera en proposant des thèses ou des arguments volontairement ridicules ou faux qui pourront ensuite être debunké, exposant au grand jour le ridicule du groupe.
Comme exemple de ce type de debunking, on pourra citer :
- le fait que la théorie d'une prétendue récupération de cadavres d'extraterrestres par l'armée américaine à Roswell soit apparue pour la première fois en 1994 dans un livre écrit par un ex-agent de la CIA ; cela est interprété par certains ufologues comme une tentative par le gouvernement américain de discréditer la thèse extra-terrestre en la rendant ridicule.
- le fait que certaines des théories sur le complot ayant abouti aux attentats du 11 septembre 2001 les plus bizarres pourraient avoir été l'œuvre du gouvernement américain lui même afin de discréditer tout contradicteur de la thèse officielle.
- Dans ce sens, le debunking intérieur peut donc être assimilé à une théorie du complot.
[modifier] Exemples de debunking sceptique
Les cas sont classés chronologiquement (attention: si le terme de debunking est connoté péjorativement chez les défenseurs de l'HET, il est connoté positivement par les sceptiques comme étant l'application de la démarche scientifique et de la pensée critique aux cas de la casuistique ufologique):
- 1947: L'observation de Kenneth Arnold, à l'origine du phénomène ovni, s'explique pour certains sceptiques par une méprise complexe avec un troupeau de pélicans blancs américains. Un autre point important est qu'Arnold a observé des objets en forme de boomerangs[1], et pas en forme de soucoupe. Par contre, il a décrit aux journalistes le mouvement des objets comme similaire à ceux de soucoupe qu'on lancerait sur l'eau (un déplacement par ricochets). Le journaliste s'est trompé dans son article et a dit que les objets avaient des formes de soucoupe, ce qui donna le terme de soucoupes volantes. Or, dans les semaines qui suivirent, des dizaines de témoins se manifestèrent, pour dire qu'ils avaient vu des soucoupes volantes. Ils décrivirent non pas la forme réellement observée par Arnold (boomerangs), mais celle véhiculée par la presse. C'est un exemple parfait de l'importance de la suggestion[2] des médias, et de l'influence qu'ils ont lorsqu'ils façonnent les témoignages fortéens en général, ou d'ovni en particulier...
- 1947: L'Incident de Roswell s'explique par le crash d'un ballon Mogul. Il s'agit tout d'abord de l'explication officielle concernant cette affaire, mais différents enquêteurs sceptiques sont arrivées à la même conclusion que les experts du gouvernement après leurs propres enquêtes indépendantes: Philip J. Klass[3] et Kal K. Korff[4] pour ne citer que les deux plus célèbres d'entres eux. Le projet Mogul était un projet top-secret qui au début de la guerre froide consistait à envoyer des ballons-sondes dans la haute atmosphère afin d'espionner l'URSS et de voir si elle effectuait des tests nucléaires. Un lancement de ballon Mogul a été réalisé peu avant le crash allégué de Roswell. Les débris sur la photo de presse où les militaires montrent les restes de la « soucoupe » correspondent aux débris d'un ballon-sonde Mogul.
- 1955: La Rencontre de Kelly-Hopkinsville est un bel exemple de RR3 qui s'explique pour certains sceptiques par une méprises complexes avec des rapaces nocturnes (explication proposée par Renaut Leclet, du CNEGU).
- 1969: L'observation du président des USA Jimmy Carter a été expliqué par le sceptique Robert Sheaffer[5]. Il est très intéressant de constater qu'un président est un être humain comme les autres, et qu'il peut aussi expérimenter une méprise complexe avec Vénus.
- 2004: L'observation de Campeche, au Mexique, eut lieu lorsqu'une caméra infrarouge d'un avion de l'Armée de l'Air mexicaine filma 11 ovnis dans l'espace aérien mexicain. L'explication apportée par les sceptiques pour ce cas est que la caméra infrarouge a filmé des torchères des puits de pétrole (détectables à très grande distance par une caméra infrarouge à cause de la chaleur que dégage les torchères). Dans ce cas, un indice révélateur était que si la caméra avait bel et bien filmé quelque chose, les pilotes de l'avion n'avaient rien vu à l'œil nu...
[modifier] Notes et références
- ↑ Voir l'ouvrage de Hallet, M. (1989). Critique historique et scientifique du phénomène OVNI.. Liège: Chez l'auteur.
- ↑ Voir à ce propos l'article de Robert Sheaffer: The Truth is: They never were saucers: http://www.csicop.org/si/9709/sheaffer.html
- ↑ Klass, Philip J. The Real Roswell Crashed Saucer Coverup (Buffalo, N.Y.: Prometheus, 1997).
- ↑ Korff, Kal K. The Roswell UFO Crash - What They Don't Want You to Know (Buffalo, N.Y.: Prometheus, 1997).
- ↑ http://www.debunker.com/texts/carter_ufo.html