Despotisme légal
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Le despotisme légal est la doctrine politique des physiocrates, énoncée en 1767 par Lemercier de La Rivière.
Selon cette doctrine, le rôle du souverain est de formuler et de faire respecter la loi naturelle, en la traduisant en normes positives. Le "despotisme légal" s'oppose au "despotisme arbitraire" qui "se sert de sa supériorité pour opprimer" en édictant des lois positives non conformes aux lois de la nature. Dans la mesure ou le pouvoir souverain respecte le droit naturel, il doit être exercé par une autorité unique (un despote au sens propre du mot), et la séparation des pouvoirs conçue par Montesquieu est considérée comme "funeste".
- "Despotisme, c'est-à-dire, force supérieure à toute force privée, appartenant à un maître qui en est Propriétaire à titre patrimonial; mais légal, c'est-à-dire, qu'il n'est que pour garantir à chacun ses propriétés, & pour donner à tous la connoissance de l'ordre naturel & social, pour dissiper l'ignorance, & réprimer les usurpations." (Pierre Samuel du Pont de Nemours, dans une critique de Mercier de la Rivière parue en 1767).
Cette notion de "despotisme légal" est plus proche du concept libéral d'état de droit ou d'État limité que de l'acception courante du mot "despotisme". Cette expression est donc pratiquement un faux ami, tant sa connotation courante est éloignée du sens que lui donnait Mercier de la Rivière. Le choix de cette expression a d'ailleurs été immédiatement critiqué:
- "On avait employé dans un grand nombre d’ouvrages des expressions bizarres, comme celles de despotisme légal, pour exprimer le gouvernement d’un souverain absolu qui conformerait toutes ses volontés aux principes démontrés de l’économie politique." (Voltaire, L’homme aux quarante écus, 1768)
- "Monsieur, quoi qu'il arrive, ne me parlez plus de votre Despotisme légal. Je ne saurois le goûter ni même l'entendre ; & je ne vois là que deux mots contradictoires, qui réunis ne signifient rien pour moi." (Jean-Jacques Rousseau, Lettre à Mirabeau, Juillet 1767.)