Einsatzgruppen

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Les Einsatzgruppen (en allemand « groupes d'action spéciaux ») étaient des équipes semi-militaires du III^e Reich qui dépendaient du Reichssicherheitshauptamt (RSHA) et qui agissaient dans les territoires occupés de l'Est (Pologne et Union soviétique), chargées de tuer les « indésirables » (juifs, commissaires politiques communistes, religieux, gitans, homosexuels, handicapés, etc.) sans jugement. Elles étaient principalement composées par des membres de la SS et par des hommes du RSHA : Gestapo, Kripo, SD et des auxiliaires locaux de la police de sécurité "Schuma". Elles étaient libres de leur mouvement, jusqu'à la ligne de front.

Sommaire 1 Méthodes 1.1 Organisation des Einsatzgruppen 1.2 Chefs des Einsatzgruppen 1.3 Exemples de massacres perpetrés par les Einsatzgruppen 2 Bilan 3 Interprétations 4 Notes 5 Voir aussi 6 Bibliographie 7 Liens externes

[modifier] Méthodes

Il y eut quatre Einsatzgruppen : l’Einsatzgruppe A, affectée au Groupe d'armée Nord ; l’Einsatzgruppe B, affectée au groupe Centre ; l’Einsatzgruppe C au groupe Sud ; et l’Einsatzgruppe D, qui opéra dans le secteur de la 11^e armée, l'extrême sud. Les groupes étaient eux-mêmes divisés en Einsatzkommandos (quatre pour les groupes A et C, cinq pour les groupes B et D), qui procédaient aux exécutions. La décision d'exterminer les Juifs d'Europe orientale fut prise en mars 1941, mais les Einsatzgruppen ne reçurent l'ordre explicite de tuer tous les Juifs sans distinction qu'en août ; aussi exterminèrent-ils les seuls individus de sexe masculin pendant les premières semaines.

Initialement, les Einsatzgruppen exécutaient leurs victimes par fusillade, notamment en les regroupant dans une fosse, après qu'elles se furent déshabillées. Ces massacres à répétition provoquant des troubles psychologiques et une tendance à l'alcoolisme chez une partie des exécuteurs, plusieurs dirigeants d’Einsatzgruppen réclamèrent une autre méthode d'extermination, psychologiquement plus supportable. L'argument fut d'autant plus écouté par le RSHA que les charniers étaient parfois photographiés par des soldats de la Wehrmacht ou des personnes vivant à proximité. La méthode de substitution à la fusillade fut l'utilisation de camions aménagés, tuant par empoisonnement au gaz d'échappement. Lorsque la décision fut prise, à la fin de 1941, d'exterminer les Juifs d'Europe occidentale à leur tour, la méthode de gazage (monoxyde de carbone, puis Zyklon B dans le camp d'Auschwitz-Birkenau) fut adoptée de préférence à la fusillade.

[modifier] Organisation des Einsatzgruppen

• Einsatzgruppe A pour les Pays baltes avec les Sonderkommandos 1 a et 1 b, ainsi que les Einsatzkommandos 2 et 3 ;
• Einsatzgruppe B pour la Biélorussie avec les Sonderkommandos 7a et 7 b, ainsi que les Einatzkommandos 8 et 9 ;
• Einsatzgruppe C pour l'Ukraine centrale et du nord avec les Sonderkommandos 4 a et 4 b, ainsi que les Einsatzkommandos 5 et 6 ;
• Einsatzgruppe D pour la Bessarabie, le sud de l'Ukraine, la Crimée et le Caucase avec les Sonderkommandos 10 a et 10 b, ainsi que les Einsatzkommandos 11 a, 11 b et 12.

[modifier] Chefs des Einsatzgruppen

• Groupe A : SS-Brigadeführer Dr. Franz Walter Stahlecker (jusqu'au 23 mars 1942)
• Groupe B : SS-Brigadeführer Artur Nebe (jusqu'en octobre 1941)
• Groupe C : SS-Gruppenführer Dr. Otto Rasch (jusqu'en octobre 1941)
• Groupe D : SS-Gruppenführer Otto Ohlendorf (jusqu'en juin 1942)

[modifier] Exemples de massacres perpetrés par les Einsatzgruppen

• Massacre de Babi Yar
• Massacre de Ponary: liquidation du ghetto de Vilnius
• Massacre de Rumbula : liquidation du ghetto de Rīga

[modifier] Bilan

Les Einsatzgruppen gardaient des registres de leurs massacres et un des plus célèbre d'entre eux est le rapport Jäger couvrant l'opération de l’Einsatzkommando 3 sur plus de cinq mois en Lituanie. Il fut écrit par Karl Jäger, le commandant de l'unité. Il y inclut une liste détaillée récapitulant chaque massacre, se montant à 137 346 victimes, et y atteste : « […] je peux confirmer aujourd'hui que l'Einsatzkommando 3 a réalisé son objectif de résoudre le problème juif en Lituanie. Il n'y a plus de Juifs en Lituanie, mis à part les travailleurs juifs et leurs familles. » Après la guerre, en dépit de ces registres, Jäger habita en Allemagne sous son propre nom jusqu'en 1959 où il fut arrêté pour crime de guerre, mais il se suicida peu après.

Au terme d'un décompte partiel obtenu grâce aux rapports d'Einsazgruppen, et du rapport d'Heinrich Himmler à Adolf Hitler en décembre 1942, Raul Hilberg totalise 900 000 victimes. Outre les Juifs non comptabilisés mais effectivement tués par les Einsatzgruppen, il faut ajouter, écrit M. Hilberg, ceux qui ont été tués par la deuxième vague d'unités mobiles de tuerie, partie après les Einsatzgruppen, et de composition semblable, bien qu'elles ne portent pas ce nom, les Juifs tués par l'armée allemande et l'armée roumaine^[1]. Au total, il estime qu'1,4 millions de Juifs ont été tués par les unités mobiles de tuerie pendant la Seconde Guerre mondiale.

[modifier] Interprétations

Dans Des Hommes ordinaires, l'historien Christopher Browning fait une étude détaillée du comportement, des motivations et des actes du 101^e bataillon de réserve de la police allemande qui fut jugé après la guerre pour les faits de massacres de juifs en Pologne.

Les chefs des Einsatzgruppen et des Einsatzkommados étaient majoritairement des personnes diplômées, exerçant souvent des professions libérales.

Ils étaient majoritairement volontaires^{[réf. nécessaire]} et n'ont presque jamais exprimé le moindre remord ou regret.

Les motivations des hommes engagés dans les unités mobiles de tueries, de même d'ailleurs que les autres exécutants de la Shoah, fait l'objet d'un débat historiographique souvent âpre. M. Browning insiste sur l'aspect ordinaire des tueurs, qui ont accepté d'exécuter leur tâche avant tout par docilité. À l'inverse, pour Daniel Goldhagen, la principale explication se trouve dans l'adhésion au projet nazi d'extermination, adhésion provenant de l'antisémitisme « éliminationniste », développé en Allemagne notamment. M. Goldhagen entend par « éliminationnisme » la volonté de se séparer physiquement des Juifs, par expulsion ou par extermination.

[modifier] Notes

[modifier] Voir aussi

• Pologne pendant la Seconde Guerre mondiale

[modifier] Bibliographie

• Raul Hilberg, La Destruction des Juifs d'Europe, éd. Gallimard, coll. « Folio » Histoire, 2006, tome 1, chapitre VII, « Les unités mobiles de tuerie »
• Christopher R. Browning, Des hommes ordinaires, Les Belles Lettres, coll. « Histoire », 1994
• Christopher R. Browning, Politique nazie, travailleurs juifs, bourreaux allemands, Les Belles Lettres, 2002
• Daniel Jonah Goldhagen, Les Bourreaux volontaires de Hitler. Les Allemands ordinaires et l'Holocauste, éd. du Seuil, 1997, rééd., Points, 1998
• Ronald Headland, Messages of murder. A study of the reports of the Einsatzgruppen of the security police and the security service, 1941-1943, Dickinson University Press, 1992
• Helmuth Krausnick et Hans-Heinrich Wilhem, Die Truppe des Weltanschauungkrieges, Stuttgart, 1981 [Monographie sur l'Einsatzgruppe A]
• Richard Rhodes, Extermination : la machine nazie. Einsatzgruppen, à l'Est 1941-1943, éd. Autrement, 2004

[modifier] Liens externes

• « Les Einsatzgruppen » sur le site « Mémoire juive et éducation ».
• « Les Einsatzgruppen en URSS » par Lemonde.fr
• Ressources documentaires sur les Einsatzgruppen sur le site PHDN.
• L'intégralité du « Rapport Jäger ».