Enguerrand III de Coucy

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Enguerrand III de Coucy, dit le Bâtisseur (1182 - † 1242). seigneur de Coucy, de La Fère, de Marle, de Crépy et de Vervins.

Né en 1182 au château de Coucy, il est le fils aîné de Raoul Ier de Coucy et d'Alix, fille du comte Robert Ier de Dreux.
Enguerrand III est, avec Enguerrand VII, le plus prestigieux et le plus intéressant des seigneurs de Coucy. Il fut aussi sans conteste le plus ambitieux d'entre eux. Fils aîné de Raoul Ier, Enguerrand III symbolisera la lutte opiniâtre que les grands féodaux mèneront contre la couronne (État) pour préserver leur indépendance.

Enguerrand prend part, en 1214, à la bataille de Bouvines, où son action fait remarquer son courage, puis participe à la croisade des Albigeois, qui ensanglante le midi de la France pendant près d'un demi-siècle. En 1226, le roi Louis VIII le Lion meurt inopinément en laissant le trône des Capétiens à un enfant douze ans, le futur saint Louis. La régence du royaume est confiée à la mère du jeune prince, la reine Blanche de Castille. Enguerrand juge le moment opportun pour asseoir définitivement la suprématie des grands barons, dont il se fait le porte-parole.

Pour montrer sa puissance et légitimer ainsi ses intentions, il entreprend la construction d'un formidable château fort. Les travaux, commencés vers 1225, se poursuivront jusqu'à sa mort en 1242. A l'extrémité ouest de la ville de Coucy, il bâtit un énorme quadrilatère, qu'il flanque de quatre tours colossales et qu'il couronne d’un donjon dont Viollet-le-Duc dira: « auprès de ce géant, les plus grosses tours connues, soit en France, soit en Italie, ou en Allemagne, ne sont que des fuseaux ». Les dimensions de ce donjon – cinquante-quatre mètres de hauteur, trente-deux mètres de diamètre, cent mètres de circonférence, et sept mètres cinquante d’épaisseur de murs à la base- traduisent la démesure de l'ambition de ce prince qui épousera, entre autres, la petite-fille d'Henri II Plantagenêt, roi d'Angleterre. En position de force, Enguerrand réussit à convaincre de grands seigneurs, ses pairs, de l'aider à enlever le jeune dauphin futur Louis IX pour ceindre la couronne royale à sa place. Le complot ayant échoué grâce à l’action de Blanche de Castille qu'il avait jugée un peu vite, le sire de Coucy n'en gardera pas moins la réputation du plus puissant baron du royaume.
Lorsqu’il mourra, tué accidentellement par sa propre épée qui le traversera à la suite d’une chute de cheval, il laissera à sa descendance un domaine considérable, hérissé d'une imposante forteresse.