François Duprat (homme politique)
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François Duprat est un écrivain, historien et homme politique d'extrême droite français né le 26 octobre 1941 en Corse et mort assassiné le 18 mars 1978.
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[modifier] Biographie
Il fait ses études à Toulouse puis au lycée Louis-le-Grand à Paris avant de devenir professeur d'histoire. Il est membre de Jeune Nation, de la Fédération des étudiants nationalistes (FEN), d'Occident (après un passage au Katanga comme directeur des services de propagande de Moïse Tshombé sur Radio-Katanga et dont il est exclu en 1967), d'Ordre nouveau. Il édite l'Action européenne et la Revue d’histoire du fascisme. Il adhère au Front national dès sa création et devient membre de son bureau politique, de 1972 jusqu'à sa mort. Il y représente la tendance dure : il anime également les Groupes nationalistes révolutionnaires (GNR), aux côtés d'Alain Renault.
Il meurt assassiné, le 18 mars 1978 dans l'explosion de sa voiture piégée.
[modifier] L'Histoire du fascisme comme outil de combat nationaliste
Le but de ces publications est clairement pour François Duprat de réhabiliter le fascisme. Il affirme en mai 1976 : « Nous ne devons pas laisser à nos adversaires, marxistes et régimistes, le monopole de la présentation historique des hommes, des faits et des idées. Car l'Histoire est un merveilleux instrument de combat et il serait vain de nier qu'une des raisons importantes de nos difficultés politiques réside dans l'exploitation historique et la déformation systématique des expériences nationalistes du passé. (...) C'est pour répondre à ce besoin (...) qu'une équipe d'intellectuels, de professeurs, de nationalistes a créé la Revue d'Histoire du fascisme.[1] » Pour Duprat, l'histoire est un instrument de combat politique.
Dans ce cadre, il tente une réhabilitation du criminel nazi Joachim Peiper, participant du massacre de Malmedy. Il en parle en septembre 1976 comme d'un « soldat irréprochable, (un) soldat courageux »[2].
[modifier] La diffusion d'ouvrages négationnistes
Il est l'auteur d'un livre traitant des mouvements d'extrême droite en France de 1940 à 1944, qui permet de comprendre les nuances entre groupes collaborationnistes parisiens, organismes vichyssois pro-fascistes, et leurs liens avec le gouvernement de Vichy, tout en gardant à l'esprit les orientations personnelles de l'auteur. Il crée de nombreuses publications, dont les Cahiers d'histoire du fascisme, et les Cahiers Européens-Notre Europe, dont le service librairie diffuse également des livres négationnistes ou exaltant le Troisième Reich.
[modifier] Une mort violente
Le 18 mars 1978, François Duprat meurt dans l'explosion de sa voiture. Il achevait un livre sur le financement des partis politiques de droite et d'extrême droite intitulé Argent et politique. L'attentat ayant causé sa mort et laissé lourdement handicapée l'épouse de Duprat est rapidement revendiqué par deux groupes terroristes juifs inconnus, le « commando du souvenir juif » et le « groupe juif révolutionnaire », mais ces revendications apparaissent comme de fausses pistes. Les coupables n'ont jamais été retrouvés.
Frédéric Charpier, dans son ouvrage Génération Occident : de l'extrême droite à la droite, avance l'hypothèse selon laquelle l'attentat aurait été commandité par des membres d'une organisation d'extrême droite rivale. Dans le même ouvrage, il rappelle que François Duprat avait été exclu d'Occident en 1967 parce qu'il était suspecté de mener une activité d'indicateur de police. Le rapport éventuel entre cet aspect de sa biographie et sa mort dans un attentat n'a cependant pas été prouvé par l'enquête de police. Il est par ailleurs à noter que la LICRA condamna cet attentat par un communiqué de son président Jean Pierre-Bloch.
Patrice Chairoff avait publié peu avant la mort de Duprat les noms et adresses des publications dirigées par ce dernier, dont l'une se trouvait être aussi son domicile privé[3], dans son Dossier néo-nazisme, paru aux éditions Ramsay en 1977.
En avril 1978, Le National rend hommage à François Duprat comme l'un des dirigeants du négationnisme en France : « Tu faisais partie de ce qu'il est convenu d'appeler l'école historique "révisionniste" et, naturellement, tu te trouvais en relations avec d'autres historiens de même tendance, tel ce R. Harwood, dont tu diffusais en France l'une des brochures les plus explosives[4], comme tu l'écrivais dans les Cahiers [d'histoire du fascisme][5]. » Selon Pierre-André Taguieff, étant donné les ressemblance stylistiques et les métaphores, l'auteur de cet hommage serait Jean-Marie Le Pen[6].
[modifier] Bibliographie
- Valérie Igounet, Histoire du Négationnisme en France, Seuil, mars 2000 ISBN 2.02.035492.6 (en particulier le chapitre L'extrême droite diffuse les thèses négationnistes / François Duprat, un passeur idéologique, p.161 à 180).
[modifier] Sources
- ↑ « Front historique », Année Zéro, mai 1976.
- ↑ Adresse à une réunion néo-nazie tenue à Cologne, 11 septembre 1976
- ↑ Patrice Chairoff, Dossier néo-nazisme, éditions Ramsay, 1977, page 238, note 141.
- ↑ Il s'agit de la brochure négationniste Six millions de morts le sont-ils réellement ? que le « service librairie » des Cahiers européens - Notre Europe diffuse à partir de février 1976.
- ↑ Hommage à François Duprat, Le National, avril 1978, p. 9-11
- ↑ Entretien de Pierre-Henri Taguieff avec Valérie Igounet, Paris, 2 avril 1993, cité par Valérie Igounet, Histoire du négationnisme en France, Seuil, mars 2000.