Jacob Zuma
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Jacob Gedleyihlekisa Zuma (né en 1942) est un homme politique d'Afrique du Sud, de l'ethnie Zoulou, autodidacte, membre de l'aile gauche du Congrès National Africain (ANC) et vice-président de l'Afrique du Sud d'avril 1999 à juin 2005. Il est ou était le candidat virtuel à la succession du président Thabo Mbeki en 2009. Ancien cadre de la lutte anti-apartheid emprisonné durant dix ans à Robben Island, au large du Cap, Jacob Zuma est très populaire auprès des militants de l'ANC.
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[modifier] Une enfance pauvre au Natal
Jacob Zuma est né le 12 avril 1942 à Nkandla dans la province du Natal en Afrique du Sud. Il passa toute son enfance entre le zoulouland et les banlieues de la ville de Durban. Son père, policier, est mort alors qu'il n'a pas trois ans. Il ne reçoit aucune formation scolaire.
[modifier] L'activisme politique et la prison (1959-1975)
Zuma s'intéresse cependant très jeune à la politique alors que le gouvernement met en place la politique d'apartheid. Zuma devient un membre du Congrès National Africain en 1959 et un membre actif de sa brache armée, Umkhonto we Sizwe, en 1962, à la suite de l'interdiction de l'ANC en 1960.
En 1963, il est arrêté avec 45 recrues près de la ville de Zeerust dans l'ouest de la province du Transvaal.
Reconnu coupable de conspiration en vue de renverser le gouvernement, il est condamné à dix années de prison et envoyé purger sa peine à Robben Island au côté notamment de Nelson Mandela condamné à perpétuité dans une autre affaire similaire.
C'est durant son incarcération à Robben Island que Zuma apprend à lire et à écrire.
[modifier] Les années d'exil (1975-1990)
Il quitte l'Afrique du Sud en 1975 pour le Swaziland puis s'installe au Mozambique, désormais indépendant et organise le soutien aux exilés après les émeutes de Soweto en 1976.
En 1977, il devient membre du comité national exécutif de l'ANC et le vice-président de la représentation de l'ANC au Mozambique jusqu'en 1984, année où il en devient président.
En 1987, Zuma est contraint de quiter le Mozambique suite aux pressions intenses du gouvernement de Pieter Botha sur le gouvernement mozambicain.
Il rejoint le quartier général de l'ANC à Lusaka en Zambie où il prend la tête des services de renseignements et participe à l'organisation de la branche armée de l'ANC.
Il est dorénavant à la fois membre du conseil politique et du conseil militaire de l'ANC.
[modifier] Le retour au pays et l'ascension politique (1990-1999)
A la suite de la légalisation de l'ANC en 1990 par le gouvernement de Frederik de Klerk, il est un des premiers leaders exilés du mouvement à revenir en Afrique du Sud pour commencer le processus de négociation.
En 1991, Zuma est élu vice-secrétaire général de l'ANC. Il s'occupe alors du retour des exilés et des combattants et gagne la reconnaissance de ses concitoyens en devenant, en 1994, le principal artisan de la paix au Natal, en mettant fin aux affrontements ethniques et fratricides entre l'ANC et les Zoulous de l'Inkatha Freedom Party de Mangosuthu Buthelezi (IFP).
Aux premières élections multiraciales d'avril 1994, Zuma est le candidat du parti pour le poste de premier ministre de la nouvelle province du KwaZulu-Natal mais celle-ci est finalement emportée par ses rivaux de l'Inkatha. Il est cependant nommé au comité exécutif des affaires économiques et du tourisme dans le gouvernment provincial réunissant les deux anciens mouvements rivaux du KwaZulu-Natal.
En décembre 1994, il est élu chef de la direction nationale de l'ANC et de celle du KwaZulu-Natal, et réélu en 1996.
En décembre 1997, Jacob Zuma est élu vice-président de l'ANC à la conférence nationale de Mafikeng.
[modifier] Le vice-président d'Afrique du Sud (1999-2005)
[modifier] L'apogée de la carrière politique d'un autodidacte
Homme à femmes, père d'une ribanbelle d'enfants, Jacob Zuma est proche des syndicats et de l'aile gauche de l'ANC. En juin 1999, il est choisi par Thabo Mbeki pour être son vice-président et virtuellement son successeur à la tête du pays. Zuma apporte surtout à Mbeki le soutien de la Cosatu (le congrès des syndicats) et du Parti communiste (SACP).
Au côté du président Yoweri Museveni de l'Ouganda, il est médiateur durant le processus de paix en cours au Burundi pour mettre fin aux rivalités ethniques entre la majorité Hutu et la minorité Tutsi.
Mais en 2003, le procureur national, Bulelani Ngcuka, affirme avoir recueilli des éléments à charge contre M. Zuma pour corruption et abus de pouvoir, mais il renonce à engager des poursuites judiciaires pour cause d'insuffisances de preuves et c'est un subordonné, Tony Yengeni, directeur adjoint de l'ANC qui est poursuivi et condamné.
En 2004, Mbeki et Zuma sont réélus en dépit de ces allégations de corruption qui entachent la probité du vice-président (voir Affaire Zuma).
[modifier] Affaire Thint-Thales
L'ancien vice-président fut soupçonné d'avoir perçu 1,3 million de rands (160 000 euros) de l'homme d'affaires Schabir Shaik, son ancien conseiller financier condamné en juin 2005 à quinze ans de prison ferme. Un pacte de corruption aurait été passé en 1999 entre Jacob Zuma et le groupe français d'électronique de défense Thales, et deux de ses filiales sud-africaines, Thint et Thint Holding.
Le 2 juin 2005, après un procès de sept mois, Schabir Shaik , conseiller financier de Jacob Zuma, est condamné à quinze ans de prison ferme pour avoir versé près de 160 mille euros au vice-président entre 1995 et 2001 dans le cadre d'un trafic d'influence et notamment pour avoir négocié un pot-de-vin entre Zuma et le fabriquant d'armes Thint, filiale sud-africaine du groupe français Thomson CSF devenu Thales, prévoyant un versement annuel de 500 000 rands (60 530 Euros) au vice-président. Le juge a ainsi qualifié la relation entre Shaik et Zuma de «globalement corrompue».
Le 14 juin 2005, le dos au mur, le président Thabo Mbeki sort de sa réserve et relève Jacob Zuma de sa fonction de vice-président. "En tant que président de la République, je suis arrivé à la conclusion que les circonstances dictent que, dans l'intérêt du vice-président, du gouvernement, de notre jeune système démocratique et de notre pays, il est préférable de décharger Jacob Zuma de ses responsabilités de vice-président", a ainsi déclaré le chef de l'État devant le Parlement réuni en session extraordinaire.
Six jours après son limogeage, Jacob Zuma, demeuré vice-président de l'ANC, est inculpé pour corruption. Les perquisitions musclées qui suivirent à ses domiciles provoquèrent de graves dissensions au sein de la coalition menée par l'ANC. En effet, la ligue des jeunes de l'ANC, le Parti communiste sud-africain et la Cosatu condamnèrent "l'acharnement" de la justice et de la police et demandèrent le retrait des chefs d'inculpation contre Zuma, menaçant de recourir à des manifestations "de masse" si les accusations étaient maintenues. Thabo Mbeki et sa nouvelle vice-présidente, Phumzile Mlambo-Ngcuka, sont alors ouvertement critiqués.
C'est le 11 octobre 2005 que Jacob Zuma comparait pour la première fois devant le président du tribunal de Durban. Privilégié, son équipe d'avocats obtint immédiatement qu'il ne prenne pas place dans le box des accusés mais reste à leur côté. Le président du tribunal ajourna l'affaire jusqu'au 12 novembre 2005, le temps de permettre un supplément d'enquête, de préparer l'acte d'accusation et de s'accorder sur la date du procès. À la sortie du tribubal, l'ancien vice-président s'est adressé à ses partisans pour établir un parallèle de sa situation avec celle qu'il avait connu sous l'apartheid. "Je n'avais jamais imaginé que pendant ma liberté, pour laquelle j'ai combattu, j'éprouverais les mêmes sentiments que lorsque j'étais poursuivi par le régime d'apartheid." Les partisans de Zuma ont scandé des slogans hostiles au président Mbeki, rejoints par des employés du tribunal.
Le 20 septembre 2006, un tribunal sud-africain a ordonné l'abandon des accusations de corruption pesant contre l'ancien vice-président Jacob Zuma.
[modifier] Inculpation pour viol
Le 6 décembre 2005, Jacob Zuma est inculpé pour le viol d'une jeune femme séropositive de 31 ans par le tribunal de Johannesburg. Lors du procès, ses approximations et contre-vérités à la barre sur le mode de transmission du virus du sida, font scandale (il a expliqué avoir pris une douche après l'acte sexuel pour minimiser les risques d'infection) et sont abondamment relayés par la presse nationale et internationale. Il est également critiqué pour jouer la carte ethnique et sexiste. Zuma est finalement acquitté de l'accusation de viol le 8 mai 2006. Lors de la lecture de la sentence, le juge van der Merwe dressa un portrait très sévère de la plaignante ainsi que des policiers qui avaient mené l'enquête, estimant qu'une relation sexuelle consentante avait eu lieu entre la plaignante et l'accusé. Il n'en a pas moins réprimandé Zuma pour son comportement sexuel, jugeant qu'il était "totalement inacceptable" qu'un homme ait des relations sexuelles non protégées "avec une personne dont il sait qu'elle est séropositive". À la sortie du tribunal, l'ancien vice-président sud-africain entama un chant de libération zoulou,Mshiniwami(«Rendez-moi ma mitraillette»).
A la suite du jugement, l'ANC décida de restituer à Jacob Zuma son poste de vice-président du parti.
[modifier] Le retour
En dépit de ses démêlés avec la justice, Jacob Zuma est toujours resté vice-président du Congrès national africain (ANC, au pouvoir). Du Parti communiste sud-africain (SACP) au Congrès des syndicats sud-africains Cosatu, l'aile gauche du parti était tout entière vouée à Jacob Zuma, considéré comme le successeur naturel de Thabo Mbeki en 2009. À long terme, sa mise à l'écart d'un gouvernement en perte de vitesse peut lui permettre de finalement se poser en successeur légitime. À court terme, Mbeki, ayant du sacrifier un membre éminent de l'aile gauche du parti, pourrait avoir à donner des gages aux plus radicaux notamment en accélérant le processus d'africanisation de la toponymie sud-africaine en commençant par Pretoria (alors qu'il y était hostile) et à accélérer le processus d'indemnisation des africains spoliés de leurs terres sous les gouvernements blancs.
L'abandon des accusations contre lui en septembre 2006 relance de manière spectaculaire ses chances dans la course à la succession du président Thabo Mbeki en 2009.
[modifier] Divers
Son ex-épouse Nkosazana Dlamini-Zuma, est actuelle ministre des affaires étrangères.
[modifier] Liens externes
- Biographie selon l'ANC http://www.anc.org.za/people/zumaj.html
- Texte du jugement contre Schabir Shaik(http://www.iol.co.za/html/static/shaik.php) * , his financial advisor
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