Jean Climaque
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Jean Climaque, également connu sous le nom de Jean le Sinaïtique, moine syrien du VIe ou VIIe siècle, considéré comme saint par les Églises catholique et orthodoxe. Fêtes le 30 mars et le quatrième dimanche du Grand Carême.
[modifier] Biographie
Sa vie n'est connue que par une relation de Daniel de Raïthou et des allusions dans les Récits d'Anastase. De nombreuses hagiographies se sont succédé plus tard.
Après avoir reçu une éducation soignée (certains manuscrits lui donnent le titre de scholastikos), il décide à 16 ans de se faire moine et rejoint le monastère Sainte-Catherine du Sinaï, où il reçoit l'enseignement d'un moine, Martyrios. À la mort de ce dernier, Jean est âgé d'une vingtaine d'années. Il se retire comme hésychaste (ermite) à Tholas, au pied de la montagne, où il demeure pendant vingt ans, sans pour autant refuser les visiteurs. Alors que des envieux calomnient ses propos, il décide de ne plus parler et reste un an dans le silence, avant que des disciples ne le supplient de reprendre son enseignement.
Au retour de voyages en Égypte, les moines de Sainte-Catherine l'élisent comme higoumène (abbé). Sa réputation de sainteté s'étend jusqu'à Rome et Grégoire Ier lui demande de coucher ses prières par écrit. Quelques années avant de mourir, il quitte la tête du monastère et retourne à son ermitage.
[modifier] Œuvre
Jean laisse deux ouvrages, l'un appelé L'Échelle sainte, en grec ancien κλῖμαξ / klĩmax, d'où il tire son surnom. L'œuvre, longue de 30 chapitres (ou « échelons », représentant les 30 années de vie cachée de Jésus-Christ), a pour but de résumer l'expérience monastique. Elle est rédigée à la demande de l'abbé Jean de Raïthou. Elle se situe à une période de transition, où le monachisme, repoussé par l'expansion arabe, gagne l'Europe. Adressée aux moines, elle vise à leur faire atteindre, en 30 degrés, la perfection :
- degrés 1–4 : renoncement au monde et obéissance à un père spirituel ;
- degrés 5–7 : pénitence et affliction (πένθος / penthos) comme voies de la véritable joie ;
- degrés 8–17 : lutte contre les vices et acquisition des vertus ;
- degrés 18–26 : fuite des pièges de l'ascèse (paresse, orgueil, pusillanimité) ;
- degrés 27–29 : atteinte de l’hésychia (paix de l'âme) et de l’apatheia (impassibilité).
C'est le thème de l'épectase, la tension de l'âme vers Dieu, qui sera repris par les Pères de l'Église grecs. Elle est rédigée en apophtegmes parfois obscurs, sans connexion évidente les uns entre les autres. Par exemple :
- « Ne cherche pas à beaucoup parler quand tu pries, de peur que ton esprit ne se distraie à chercher les mots. »
- « Hésiter dans ses jugements et demeurer longtemps dans le doute sans aucune certitude est le signe que l'âme n'est pas illuminée et qu'elle aime la gloire. »
Le second ouvrage est un court traité intitulé Lettre au pasteur, à l'intention des maîtres spirituels et des chefs de communauté.
Les écrits de Jean Climaque sont très populaires dans les Églises orthodoxes. Ils sont reproduits dans de nombreux manuscrits. Le clocher d'Ivan le Grand du Kremlin comprenait ainsi une église Saint-Jean-Climaque. En Occident, le Climaque a été traduit par Gentile da Foligno en 1491 et en 1652 par Arnauld d'Andilly sous le Climat ou Échelle du Ciel.
[modifier] Bibliographie
- G. Couilleau, « Jean Climaque », Dictionnaire de spiritualité ascétique et mystique, tome VIII, 1972, col. 169–389 ;
- G. Dagron, P. Riché et A. Vauchez, Histoire du christianisme des origines à nos jours, tome IV « Évêques, moines et empereurs (610–1054) », Desclée, 1993 (ISBN 2-7189-0614-6), pp. 56–58.
- Jean Climaque, L'Échelle sainte, traduction du P. Placide Deseille, éditions de Bellefontaine.
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