Justine ou les Malheurs de la vertu
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Auteur | D.-A.-F. de Sade |
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Genre | Roman |
Pays d’origine | France |
Date de parution | 1791 |
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Justine ou les Malheurs de la vertu est un livre du marquis de Sade, paru en 1791. Sade, en introduction à cet ouvrage, dit son agacement des romans « classiques » où le bien et la Vertu triomphent du mal et du Vice ; et comment, au lieu de ce schéma classique, il met en scène « une infortunée errante de malheurs en malheurs ; jouet de la scélératesse ; plastron de toutes les débauches […] ».
Cela donne un roman coloré, philosophique, pornographique, humoristique, peignant les mésaventures d'une Justine vertueuse, confrontée à toutes sortes d'individus, pour la plupart libertins, et usant parfois de sophismes pour tenter de la convaincre de l'inutilité de la vertu. Justine ou les Malheurs de la vertu reprend la structure des livres moralistes mais la renverse : les sermons et démonstrations recommandent les vices, toute bonne action est sanctionnée, chaque vice est récompensé. La vertu de Justine ne cède jamais, fidèle à ses principes, cause de ses malheurs qui s'accumulent crescendo.
Sommaire |
[modifier] Résumé
[modifier] Prélude
Justine, 12 ans, et Juliette, 15 ans, sont deux sœurs, filles d'un riche banquier de Paris. Elles ne manquaient de rien, jusqu'au jour où leur père fait faillite, et meurt de chagrin, suivi par leur mère un mois plus tard. Elles se retrouvent d'un seul coup sans aucun bien, et doivent se débrouiller pour survivre.
L'histoire de Juliette, qui sera sujette d'un roman postérieure, est contée en quelques pages au début du roman. Juliette veut réussir, et les moyens lui importent peu : elle se prostitue, commet plusieurs crimes dont des infanticides… Elle atteint son but avec succès, et devient Madame la comtesse de Lorsange.
Justine, l'héroïne, est l'exact pendant de sa soeur et dispose d'autant de vertu que celle-ci démontre de vice. Elle est d'un caractère mélancolique, tendre, sensible, ingénue et candide, croit en la Vertu. Elle va donc tenter de sortir de ses difficultés par des moyens honnêtes tout au long du livre, mais son comportement vertueux la fait tomber systématiquement dans les pièges les plus vicieux des libertins et des sophistes.
[modifier] Chez Dubourg
Déçue après un entretien avec son prêtre, qui lui fait des avances, Justine est dirigée vers un riche traitant, Monsieur Dubourg, pour essayer d'améliorer sa situation. Il lui déverse un long discours sur comment les enfants malheureux, les bâtards, les orphelins ou les « mal conformés » devraient être mis à mort, ou condamnés à mort dès leur naissance.
Dégoûtée, Justine s'enfuit, mais sa logeuse, Madame Desroches, l'oblige à retourner chez Dubourg pour le satisfaire… Heureusement, Justine (qui n'a que douze ans) ne subit rien de la part de Dubourg, celui-ci perdant son érection avant d'entreprendre quoi que ce soit (« les feux de Dubourg s'éteignirent dans l'effervescence de ses entreprises »).
[modifier] Déménagement chez Du Harpin, rue Quincampoix
Madame Desroches propose à Justine un autre logement, chez un fameux usurier, en fait un escroc qui volait et arnaquait dès qu'il pouvait le faire en sûreté. Il s'avère que celui-ci est un avare de la pire espèce, ne s'éclairant qu'à la lumière du réverbère de la rue, recueillant les miettes de pain de la semaine pour les manger frites le dimanche, usant de souliers avec des semelles de fer pour n'avoir jamais à en acheter d'autres…
En plus d'être un avare, il est aussi envieux, et veut aller dérober une boîte d'or chez un voisin ; il demande pour cela à Justine d'effectuer le vol, lui desservant une tirade sur l'utilité du vol. Justine, refuse, lui demandant simplement ce qu'il adviendrait de lui s'il se faisait voler.
L'argument n'est pas du goût de Du Harpin, qui la fait accuser de vol d'un de ses diamants (en le cachant dans sa chambre), et la pauvre Justine est condamnée à mort[réf. nécessaire].
[modifier] Suite des aventures
Avec la Dubois, Cœur-de-Fer et les voleurs, ingrate qu'ils lui aient sauvé la vie, elle refuse les offres coupables et s'enfuit la nuit en libérant leur otage. La sanction sadienne tombe rapidement : Saint-Florent qu'elle a rendu libre l'assomme puis la viole. Le comte de Bressac, homosexuel criminel, la recueille mais son homosexualité la répugne et elle refuse de servir son projet matricide. Le comte la charge donc du meurtre.
Elle rencontre ensuite le docteur Rodin et son école. Voulant prévenir les débauches pédophiles, elle précipite le supplice de la fille de Rodin. Fuyant, elle pense enfin trouver le salut au couvent de Sainte-Marie des bois mais les moines y séquestrent en fait de nombreuses filles et dirigent des orgies.
[modifier] Fin
Les aventures continuent sur la même pente. Justine s'accroche à sa vertu et cette insistance provoque toujours les malheurs d'elle-même et des bons et la réussite des vicieux. Les vices et les crimes s'accroissent au fur et à mesure du récit.
Sade dénonce la morale humaine et prêche un ordre de la nature où le fort jouit de sa puissance et opprime le faible. Les tourments qu'il fait subir à Justine connaissent une fin aussi brutale que décisive : alors qu'on emmène Justine pour l'exécuter -condamnée d'un crime qu'elle n'a pas commis-, sa soeur, devenue riche, reconnue et puissante, la reconnait et la sauve. Justine semble enfin récompensée et hors de danger. C'est alors que, montrant le plus clairement dans quel camp se trouve la Providence, le ciel la foudroie.
[modifier] Quelques citations
Voici quelques citations tirées du livre qui donnent un aperçu du style sadien. Elles montrent le caractère humoristique, sexuel, moral ou philosophique que l'on peut trouver dans ce livre.
[modifier] Citations humoristiques
- Justine, allant trouver son curé dans l'espoir qu'il lui apporte conseil : « Le charitable prêtre répondit en lorgnant Justine que la paroisse était bien chargée, qu'il était difficile qu'elle pût embrasser de nouvelles aumônes, mais que si Justine voulait le servir, que si elle voulait faire le gros ouvrage, il y aurait toujours dans sa cuisine un morceau de pain pour elle ».
- Clément s'endormant, Armande répond à Justine qui est surprise par le fait que le moine, même en dormant, les maintient dans un état de souffrance : « il est sur cela comme ces écrivains pervers, dont la corruption est si dangereuse, si active, qu'ils n'ont pour but, en imprimant leurs affreux systèmes, que d'étendre au-delà de leur vie la somme de leurs crimes ; ils n'en peuvent plus faire, mais leurs maudits écrits en feront commettre, et cette douce idée qu'ils emportent au tombeau les console de l'obligation où les met la mort de renoncer au mal ».
[modifier] Comment Sade manie la langue française
- Les premiers pas de Juliette dans la prostitution : « les uns se contentent de la rose, d'autres plus délicats ou plus dépravés (car la question n'est pas résolue) veulent épanouir le bouton qui fleurit à côté ».
- Cœur-de-Fer, en parlant à ses compères : « la Dubois apaisera nos ardeurs, fera brûler l'encens sur les autels dont cette créature [Justine] nous refuse l'entrée. ».
- L'entrée du sexe de Justine : « Le péristyle du temple de Vénus »
[modifier] Citations à caractère moral
- Description de Juliette : « la plus jolie figure du monde, s'il est vrai qu'à de certains yeux l'indécence puisse avoir du charme ».
- En parlant des femmes dépravées de manière générale, et de Juliette en particulier : « L'aveuglement des gens du monde est tel, que plus une de ces créatures a prouvé sa malhonnêteté, plus on est envieux d'être sur sa liste. »
[modifier] Des démonstrations que l'on peut trouver
- Traitant de la sodomie :
- Cœur-de-Fer s'adressant à Justine : « vous savez ma chère, près des autels de Cypris, il est un antre obscur où vont s'isoler les Amours pour nous séduire avec plus d'énergie ; tel sera l'autel où je brûlerai l'encens ; là, pas le moindre inconvénient, Thérèse [le prénom que Justine a donné pour conserver son anonymat] si les grossesses vous effraient, elles ne sauraient avoir lieu de cette manière, votre jolie taille ne se déformera jamais ; […] dès que l'abeille en a pompé le suc, le calice de la rose se referme ».
- « Que de pères, que de frères ont ainsi abusés de leurs filles ou de leurs sœurs […] À combien de confesseurs cette même route n'a-t-elle pas servie pour se satisfaire, sans que les parents s'en doutassent ? »
- « si ce temple est le plus secret, c'est en même temps le plus voluptueux ».
- Parlant de l'éjaculation à des fins non reproductives (condamnée par la Bible) :
- Cœur-de-Fer, expliquant à Justine que la perte de la semence n'est pas un crime : « L'homme qui la détourne alors ne fait pas plus de mal que la nature, qui ne l'emploie point. »
- « les pollutions nocturnes, l'inutilité de la semence dans le temps des grossesses de la femme ne sont-elles pas des pertes autorisées par ses lois [de la nature] »
- Parlant du sperme : « cette liqueur où nous avons la folie d'attacher tant de prix »
- L'existence de Dieu :
- Cœur-de-Fer : « Les premiers hommes, effrayés des phénomènes qui les frappaient, durent croire nécessairement qu'un être sublime et inconnu d'eux en avait dirigé la marche et l'influence. Le propre de la faiblesse est supposer ou de craindre la force. »
[modifier] Voir aussi
- La nouvelle Justine
- Œuvres du Marquis de Sade en version intégrale
- Justine Texte intégral.