Dieu
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Dans les religions, Dieu est une entité généralement suprême, parfois seulement supérieure, unique ou multiple, dotée d'une puissance surnaturelle et omnipotente.
Dieu prend une majuscule lorsqu'il est créateur du monde[1], c'est-à-dire principe de l'univers.
Se distinguent deux principaux types de conceptions : monothéistes et polythéistes. Dans ce dernier cas, on consultera l'article dieux ou Noms de Dieu.
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[modifier] Étymologie
Le mot Dieu vient du latin deus, lui même issu d'une racine indo-européenne *deiwos, « une divinité », de la base*dei-, « lueur, briller ». (Webster's New World Dictionary)
[modifier] Principales conceptions
Suivant les cultures, le terme Dieu peut avoir différentes significations. C'est ainsi que :
- Pour les religions monothéistes, entre autres les trois religions dites du Livre, ou abrahamiques, le terme Dieu désigne un être suprême, créateur de notre univers et doué de la perfection absolue.
- Pour les religions polythéistes, il n'existe pas un Dieu, mais plusieurs dieux dont les rôles dans l'Univers sont variables selon les croyances.
- Pour les religions animistes, Dieu est associé à l'esprit supérieur commandant et ordonnant les autres esprits.
[modifier] Qualités divines
Il existe probablement autant de notions de Divinité qu'il existe de cultures humaines. Les qualités prêtées à Dieu varient.
En philosophie, dans une perspective croyante, Dieu est l'Être par excellence ; on parle aussi en métaphysique de cause première et/ou finale. En théologie il reçoit traditionnellement les attributs suivants : pour l'existence : infinité, immuabilité et perfection ; pour la volonté et l'entendement : toute-puissance, sagesse, justice et bonté. Dans l'acception judéo-chrétienne il est omniscient, omnipotent, omniprésent.
Dieu peut être vu comme étant personnel ou impersonnel (Tao, Brahman, l'Esprit, etc.). Il peut être conçu comme transcendant ou immanent, c'est-à-dire qu'il est hors de, ou dans, la création. Souvent il est un dieu anhistorique et n'intervient pas séculairement, ou il peut être un dieu historique comme le Christ. Il peut être assujetti au destin (voir Wyrd et Moïra), régentant le destin, ou n'y participant pas.
Il peut y avoir une antithèse, sous les formes du mauvais Démiurge des gnostiques, du jumeau principe du Mal comme Ahriman, d'une divinité du chaos, d'une divinité chtonienne telle qu'Apophis, ou peut-être l'Homme lui-même.... Ou même des ensembles antithétiques: titans, géants, asuras, nagas, les démons. On associe parfois l'Ange déchu (Lucifer, Satan), à l'antithèse de Dieu, mais il s'agit d'une simplification populaire car dans la religion chrétienne, Lucifer est et reste une création de Dieu, pas son opposé.
Il peut avoir un nom (Yahvé, Allah), ou uniquement des surnoms ou attributs qui approximent son ineffabilité [1]. Il peut disposer d'une armée (anges, saints, esprits). Il peut être anthropomorphe, ou sous forme animale ou mixte (ex.: Horus). Il peut être sexué, asexué ou hermaphrodite.
Il peut être unique et/ou multipartite (composé de plusieurs entités).
[modifier] Croyances et doctrines
Le croyant reconnaît l'existence de Dieu/dieux, à l'inverse des athées, parfois qualifiés d'antithéistes (inusité). Au sein même d'une religion, de nombreuses tendances coexistent. Ainsi on rencontre des courants conservateurs, des courants fondamentalistes et des courants progressistes. Certains courants peuvent se voir excommuniés par d'autres ou déclarés anathèmes, et qualifiés d'hérétiques, surtout dans les religions dogmatiques.
Pour les agnostiques, un être ou un fait divin est indémontrable ou inconnaissable, alors que pour les mystiques et certains gnostiques, on peut en avoir une « connaissance » expérientielle. Les théistes y ajoutent l'obligation de lui rendre un culte, d'obéir à la « loi naturelle », à la différence des déistes qui se contentent de croire à l'existence d'un Dieu.
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[modifier] La « mort de Dieu »
En Occident, à partir de Descartes et Pascal notamment, l'existence de Dieu est devenue sujette à la démonstration, et de plus en plus exposée à la critique concomitante à la crise de la religion chrétienne et l'apparition du protestantisme.
On doit à Friedrich Nietzsche la formule célèbre « Dieu est mort », qui fait écho aux mutations de la société occidentale moderne : le scientisme, la théorie de l'évolution de Darwin, le socialisme, la psychanalyse, entre autres, ont en commun une critique des dogmes religieux qui ouvre la voie à l'athéisme qui considère la notion de Dieu comme un construit social étranger à la réalité.
Au XXe siècle, une part importante d'intellectuels ont revendiqué leur athéisme. La loi de 1905, en France, officialise la séparation du pouvoir politique et celui du pouvoir religieux, au nom de la libre conscience des individus, instaurant ainsi le premier État laïc moderne.
L'URSS et ses États satellites ont également fait de l'athéisme l'un des fondements de leur idéologie, où la religion et l'existence de Dieu sont vues comme des reliquats d'instruments d'oppression. On remarque un regain d'activité religieuse dans les États issus de la chute des États marxistes-léninistes, avec certes des courants athées, mais aussi avec un afflux considérable de jeunes en comparaison à la France.
La croyance en l'existence de Dieu et l'activisme politique ont parfois été liés, comme le montrent la vie de Gandhi, les premiers militants socialiste chrétiens, ou encore la théologie de la libération dans les pays du tiers monde. La référence à Dieu reste un sujet sensible notamment en Europe, où l'affirmation des origines chrétiennes de l'Union européenne a provoqué des débats houleux lors de la rédaction de la Constitution européenne.
Même si la laïcité est un principe de gouvernement fortement ancré en France, et même si l'Europe semble compter la plus forte proportion d'athées dans le monde, rares sont les pays qui ne possèdent pas une religion nationale (Angleterre, Danemark, Finlande, Grèce, Islande, Malte, Norvège, etc...) ou ont passé des accords de concordat avec une ou plusieurs instances religieuses (Italie, Allemagne, Portugal...), aussi le principe de séparation de l'Église et de l'État "à la française" reste parmi les exceptions.
[modifier] Approche phénoménologique contemporaine
Le philosophe Michel Henry définit Dieu d’un point de vue phénoménologique, dans son livre C'est moi la Vérité, pour une philosophie du christianisme, Éditions du Seuil, 1996, p. 40 :
« Dieu est Vie, il est l’essence de la Vie, ou, si l’on préfère, l’essence de la vie est Dieu. Disant cela nous savons déjà ce qu’est Dieu, nous ne le savons pas par l’effet d’un savoir ou d’une connaissance quelconque, nous ne le savons pas par la pensée, sur le fond de la vérité du monde ; nous le savons et ne pouvons le savoir que dans et par la Vie elle-même. Nous ne pouvons le savoir qu’en Dieu. »
La Vie dont il est question ici n’est pas la vie au sens biologique du terme définie par des propriétés objectives et extérieures, ni un concept philosophique abstrait et vide, mais la vie phénoménologique absolue, une vie radicalement immanente qui porte en elle le pouvoir de se manifester en elle-même sans distance, une vie qui se révèle elle-même à chaque instant. Une manifestation de soi et une auto-révélation qui ne consiste pas dans le fait de voir hors de soi ou de percevoir le monde extérieur, mais dans le fait de sentir et de se sentir soi-même, d’éprouver en soi sa propre réalité intérieure et affective.
Comme le dit également Michel Henry dans ce même livre, « Dieu est cette Révélation pure qui ne révèle rien d’autre que soi, Dieu se révèle. La Révélation de Dieu est son auto-révélation ». Dieu est en lui-même révélation, il est la Révélation primordiale qui arrache toute chose au néant, une révélation qui est l’auto-révélation pathétique et l’auto-jouissance absolue de la Vie. Comme dit Jean, Dieu est amour, parce que la Vie s’aime elle-même d’un amour infini et éternel.
Michel Henry oppose à la notion de création, qui est la création du monde, la notion de génération de la Vie. La création du monde consiste dans l’ouverture de cet horizon d’extériorité où toute chose devient visible. Alors que la Vie ne cesse de s’engendrer elle-même et d’engendrer tous les vivants dans son immanence radicale, dans son intériorité phénoménologique absolue qui est sans écart ni distance.
Puisque nous sommes vivants et donc engendrés à chaque instant par la Vie infinie de Dieu, puisqu’il ne cesse de nous donner la vie, et puisque nous ne cessons de naître dans le présent éternel de la vie par l’action en nous de cette Vie absolue, Dieu est aux yeux du christianisme notre Père et nous sommes ses Fils bien aimés, les Fils du Dieu vivant. Ce qui ne veut pas seulement dire qu’il nous a créés au moment de notre conception ou au commencement du monde, mais qu’il ne cesse de nous générer en permanence dans la Vie, qu’il est toujours à l’œuvre en nous jusque dans la moindre de nos impressions subjectives.
[modifier] Citations
- « Dieu est amour ; et celui qui demeure dans l’amour demeure en Dieu, et Dieu demeure en lui. » 1Jn 4:16
- «Il n’y a de dieu qu' Allah, et Mahomet est son prophète » profession de foi du musulman dans l'Islam [2]
- « Dieu est lumière, et il n’y a point en lui de ténèbres. » 1Jn 1:5
- « Je suis celui qui est.» ou « Je suis qui je suis. » ou encore « Je suis: Je suis celui que je serai, celui qui donne l'existence.»; le Dieu YHWH biblique parlant à Moïse dans l'épisode dit du Buisson ardent.Ex 3:13-14
- « Dieu est le point tangent de zéro et de l'infini. » (Alfred Jarry, Gestes et Opinions du Docteur Faustroll, pataphysicien — Conclusion d'une suite d'équations mathématiques visant à définir la surface de Dieu)
[modifier] Notes
[modifier] Voir aussi
[modifier] Articles connexes
- Apophatisme
- Arguments pour l'existence de Dieu
- Arguments contre l'existence de Dieu
- Athéisme
- Cause première ; scolastique
- Critique de l'athéisme
- Diable
- Dieu dans le Vedanta
- Et l'homme créa les dieux
- Guerre sainte
- Hiérophanie
- Immanence ; Transcendance
- Mythologie
- Noms de Dieu
- Philosophie de la religion
- Religion
- Sainte Trinité
- Secte
- Théisme
- Théodicée
- Théologie du Process
- Théologies de la Mort de Dieu (« Dieu est mort » Friedrich Nietzsche, dans Ainsi parlait Zarathoustra)
- Théologie négative
- Théophanie
[modifier] Bibliographie
- Jean-Marc Rouvière, Brèves méditations sur la création du monde L'Harmattan, 2006, (ISBN 2747599221)
- Régis Debray, Dieu, un itinéraire, Odile Jacob, coll. « Le Champ médiologique », 2001, (ISBN 2738110347)
- Neale Donald Walsch, Conversations avec Dieu, J'ai Lu, coll. « J'ai Lu Aventure secrète », 2003, (ISBN 2290338044)
[modifier] Liens externes
- Citations de saints, théologiens, poètes et philosophes sur le thème de Dieu
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