Livre des merveilles du monde
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Le Livre des merveilles du monde est un ouvrage rédigé par Jean de Mandeville, chevalier anglais, à Liège entre 1355 et 1357 (soit pendant la guerre de Cent Ans), à partir de son voyage en orient (Égypte, Inde, Asie centrale, Chine), qui dura 34 ans (de 1322 à 1356), et de récits de missionnaires franciscains et dominicains.
Cette œuvre ne doit pas être confondue avec l'œuvre de Marco Polo, rédigée antérieurement, et que l'on appelle couramment le Livre des Merveilles, et qui devrait plutôt s'intituler selon la Bibliothèque nationale Devisement du monde.
L'expression Livre des merveilles reprend le titre d'un ouvrage de Pierre le Vénérable, abbé de Cluny : Livre des merveilles de Dieu.
Sommaire |
[modifier] Le contenu
Entre conte de voyage et traité savant, l'ouvrage décrit le monde connu au XIVe siècle, notamment l'Asie extrême-orientale. Il discute en particulier des possibilités théoriques de circumnavigation du monde, dans une société occidentale où l'on n'a pas conscience, en dehors des milieux cultivés, que la terre est sphèrique.
L'ouvrage décrit des itinéraires dans lesquelles s'insèrent des histoires et légendes fabuleuses dans un récit mélangeant références bibliques et considérations religieuses. Il dépeint un Orient qui correspond à l'imaginaire mythique du lecteur occidental de cette époque tel les œuvres fantastiques ou de science-fictions actuelles.
Mandeville décrit des animaux imaginaires fabuleux [2] (licornes, dragons aux ailes rouges, monocéron ou rinocéron…), des hommes sans têtes nus brutaux et sauvages (les acéphales), dont les yeux, les narines et la bouche sont sur la poitrine (appelé aussi Blemmiens, Blemnyes, Blènes), des géants hirsutes « ophiophages »… En mélant réalité et imaginaire, Mandeville arrive par son récit, à rendre crédible le fantastique, le merveilleux et l'extraordinaire. Son récit est un véritable succès auprès des lecteurs contemporains et est bien mieux accueilli que celui du célèbre voyageur Marco Polo qui se contentait de décrire des villes géantes d'extrême-orient et non pas des vallées démoniaques ou des fontaines de jouvence.
[modifier] Diffusion
L'ouvrage rend également compte de la diversité des usages des langues vernaculaires au XIVe siècle. Longtemps, on a pensé qu'il avait été écrit en latin puis traduit en langues française et anglaise, avant d'être traduit dans presque toutes les langues de l'Occident.
En fait, les dernières recherches[1] ont montré la complexité de l'écriture et de la transmission du texte.
Il existe actuellement trois versions reconnues :
- la version insulaire, en parlé anglo-normand ou en parler continental ;
- la version continentale, en parler continental ;
- la version Ogier, avec interpolations de textes mettant en scène Ogier le Danois.
Certains indices laissent à penser que la version insulaire est la plus ancienne.
Écrit probablement en 1356 à Liège, le texte serait passé en Angleterre aux environs de 1375. De même, sur le continent, il a été traduit en parler anglo-normand d'où serait née la version continentale. En Angleterre apparaît aussi une autre rédaction de la version insulaire en parler continental.
[modifier] Les sources
En réalité, ce récit est l'œuvre d'un voyageur qui s'appuie sur un ensemble de sources diverses. Jean de Mandeville a compilé et plagié les ouvrages de voyageurs de l'époque. Il extrait de nombreux récits tirés des œuvres des premiers franciscains et dominicains qui ont exploré l’Asie. À partir d'un récit parfois confus, où des histoires anecdotiques alternent avec de longs récits descriptifs, les dernières recherches menées par des spécialistes sont arrivées à reconnaître les sources de son inspiration. En fait, son récit est entre autre la compilation de la description de Constantinople par le dominicain Guillaume de Boldensele, de propos sur les musulmans tirés de Guillaume de Tripoli et d'informations extraites des écrits d'Odoric de Pordenone.
Par ailleurs, Jean de Mandeville prend comme source les grands classiques de la littérature antique comme Flavius Josèphe, Pline l'Ancien, et Solinus.
Il s'appuie aussi sur l'encyclopédie de Vincent de Beauvais, qui était une référence très sérieuse à l'époque.
Les écrits faisant référence à l’Égypte sont les seuls pour lesquels on peut actuellement affirmer avec certitude qu'ils sont le fruit d’observations personnelles, car d'après les dernières études du manuscrit, tous les spécialistes s’accordent pour affirmer qu’il a réellement séjourné dans ce pays.
[modifier] Influence
L'ouvrage a été reproduit à plus de 250 exemplaires, dans plusieurs langues vernaculaires. Il a donc eu une influence considérable dans la société occidentale non cultivée qui n'avait pas conscience de la rotondité de la terre à cette époque.
Cette information, qui couvait depuis les croisades, était déjà entrée dans les universités, par Albert le Grand et Roger Bacon, qui avaient introduit la philosophie grecque (Platon, Aristote, Ptolémée).
Les possibilités de circumnavigation ont pu influencer le jeune Christophe Colomb.
[modifier] Critique
Jean de Mandeville fut accusé d'être un imposteur, sans doute en raison des plagiats et récits fabuleux, et peut-être aussi parce qu'il fit la guerre du côté des « infidèles » en Palestine.
Cette appréciation doit être nuancée par le fait qu'à l'époque de la rédaction de l'ouvrage (1356), la France et l'Angleterre étaient en pleine guerre de Cent Ans.
[modifier] Références
[modifier] Voir aussi
- Pierre le Vénérable, auteur du Livre des merveilles de Dieu
- Guillaume de Rubrouck, missionnaire franciscain
- Marco Polo, qui a dicté en prison le Devisement du monde
- Grandes découvertes
- Christophe Colomb
- Géographie
- Monde (univers)
- Mondialisation