Mangaia
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Géographie | |
Coordonnées | 21°54'S/157°58'O [1] |
Superficie | 51,8km² |
Type géomorphologique | Makatea |
Nom alternatif | Auau |
Démographie | |
Habitants | 744 (2001) |
Densité | 14,36 |
Groupe méridional ("te pae tonga") | |
Aitutaki |
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Groupe septentrional ("te pae tokerau") | |
Mangaia est l'île la plus méridionale de l'archipel des îles Cook située à environ 200 kilomètres au sud-est de Rarotonga. elle est aussi la seconde en taille après cette dernière avec une superficie d'enviro 51 km². Un autre nom de Mangaia est Auau du nom de l'hibiscus jaune qui pousse sur ses côtes ou selon d'autres sources et interprétations "a'ua'u" signifiant empiler, surface élevée. L'île est en effet un atoll surélevé, à ce titre, elle est constituée en son centre de collines volcaniques cernées de falaises coralliennes appelées makatea et culminant à plus de 60 mètres pour une largeur moyenne de 1500 mètres.
Sommaire |
[modifier] Généralités
La population de Mangaia n'a cessée de décroître ces dernières années. Estimée de nos jours à environ 800 personnes, Mangaia comptait encore plus de 2000 âmes au milieu des années 1970. Cette dépopulation s'explique par le départ d'une partie de la population en âge de travailler vers Rarotonga où l'accès à l'emploi y est plus facile. D'autres encore ont opté pour l'émigration vers la Nouvelle-Zélande ou l'Australie.
Administrativement l'île est divisée en trois circonscriptions appelées également parfois districts : Oneroa où se concentre la plupart des commerces et des administrations; Ivirua dont est originaire Jim Marurai, l'actuel Premier Ministre des Cook; et Tamarua. Historiquement l'île comprenait 6 districts ou tribus (cf carte), avec à leur tête un grand chef appelé "pava" ou parfois "kavana"[1]. Les missionnaires regroupèrent pour faciliter leur travail de conversion la population de ces six districts dans les trois villages actuels. Au village d'Oneroa, vivent aujourd'hui les gens des anciennes tribus de Veitatei, Keia et Tavaenga; au village d'Ivirua[2], ceux de Karanga et d'Ivirua; au village de Tamarua, ceux de la tribu éponyme . Cet ancien découpage est toujours pertinent en ce qui concerne l'utilisation et le partage des terres. À noter que Mangaia ne relève pas du tribunal foncier des îles Cook, ses leaders coutumiers ayant jusqu'à aujourd'hui toujours refusé une quelconque intrusion de la justice dans le réglement de leurs affaires foncières. Il faut dire que l'île se dépeuplant et n'attirant que peu de touristes, la pression foncière et la spéculation y sont bien moins importantes que par exemple sur Rarotonga.
La quasi absence de plages[3] et le peu d'infrastructures hôtelières[4] n'a en effet pas permis d'y développer l'activité touristique classique, le développement futur de ce secteur passant sans doute par l'écotourisme. Toujours est-il que l'île reste encore tournée essentiellement vers l'agriculture.
- Le taro qui reste l'aliment de base des Mangaians;
- la patate douce
- la cueillette du ma'ire ou maire (oldenlandia foetida) sur le makatea exporté vers Hawai'i et qui sert à la confection de couronnes de fleurs ('ei);
- la culture d'agrumes;
- L'élevage, essentiellement porcin et caprin;
- La pêche sur le récif;
L'île est ravitaillée par quatre vols hebdomadaires en provenance de Rarotonga et le passage tous les mois d'un cargo.
Le gouvernement français a offert à Mangaia il y a quatre ans, deux éoliennes afin d'accroître la production d'électricité sur l'île. Malheureusement, ces éoliennes connaissent des soucis techniques, si bien que l'île souffre régulièrement de coupures électriques au grand mécontentement des locaux.[6]
Le "reo mangaia" ou mangaian est une variante dialectale du maori des îles Cook. Seuls quelques mots de vocabulaire et prononciations diffèrent. Par exemple, à l'intervocalique le "m" est souvent éludé, "kumara" (patate douce) donne ainsi "ku'ara". De même, le "a" final du rarotongien est prononcé o en mangaian, "tera" (celà, là) devenant "tero". Ces variations tendent néanmoins à s'estomper au profit du maori standard.
[modifier] Peuplement de l'île
Selon la tradition orale, les Mangaians seraient originaires d'Avaiki défini sur place comme le "monde souterrain des esprits"[7]. Celui-ci est décrit comme le creux d'une gigantesque coquille de noix de coco. Au plus profond de cette noix de coco vivait un esprit femme (vaerua) appelée Vari ma te Takere[8]. Cette femme arracha une partie de sa hanche droite pour donner naissance à Vatea ou Avatea, un esprit mi-homme mi-poisson, père de l'humanité et des ancêtres[9] Avatea partit vivre en haut de la noix de coco, juste en dessous du monde des vivants. Un jour, il embrassa une femme endormi appelée Papa (le rocher), donnant naissance aux deux premiers humains Tangaroa et Rongo. Rongo vivait à Auau quelque part sur Avaiki (la grande noix de coco). Ce fut lui qui sortit Auau d'Avaiki vers le monde des vivants. Il eut trois fils avec sa propre fille. L'aîné s'appelait Rangi et ses deux frères cadets Mokoiro et Akatauira. Ils seraient les ancêtres des Nga ariki, l'ancienne tribu généralement considérée comme étant les autochtones, "tangata enua" de Mangaia.
Cette version quelque peu ésotérique fut par la suite remise en cause ou interprétée différemment par l'anthropologie. selon l'ethnologue maori Peter Buck (Te Rangi Hiroa), "lorsque Tangi'ia s'enfuit de Tahiti pour Rarotonga aus alentours de 1250, il emmena avec lui quelques "manahune" [10] qui désespérant de grimper à l'échelle sociale, partirent vers Mangaia sous la direction de Rangi. Par la suite leur rivalité avec Rarotonga, leur fit dissimuler leur véritable île d'origine" pour une explication plus mystique qui ne pouvait que plaire àleurs interlocteurs de l'époque à savoir les missionnaires.[11]
Ce que nous pouvons savoir aujourd'hui du peuplement de l'île est que celle-ci connut sans doute plusieurs vagues migratoires successives en provenance certes de Rarotonga mais également d'Atiu, Mauke et sans doute directement des îles de la Société ou des îles Australes. C'est ainsi que Stephen Savage évoque dans son dictionnaire une autre tradition orale, celle des Aitu. Ces Aitu seraient venus de l'est à une date indeterminée pour envahir l'archipel. Ils s'installèrent un temps sur Aitutaki avant d'en être chassés. "A Mangaia, ils étaient de temps à autres massacrés pour être offerts en sacrifice aux Dieux. Il existe ainsi à Mangaia les restes d'un grand four appelé "te umu Aitu" (le four aux Aitu) où ceux-ci étaient cuits après avoir été tués"[12] À noter enfin qu’aucune trace archéologique probante antérieure au XIe siècle n’a jusqu'à aujourd'hui été retrouvée. Néanmoins, selon l'archéologue Patrick V. Kirch, certaines modifications environnementales observées sur l'île et datant d'il y a 2000 à 2500 ans pourraient être d’origine humaine.
[modifier] Premiers visiteurs européens
Une tradition recueillie en 1912 évoque le passage dans l'île de naufragés au milieu du XVIè siécle[13] sans qu'aucune autre source ne l'ait à ce jour confirmé. Le premier passage avéré serait celui de James Cook, le 29 mars 1777 lors de sa troisième circumnavigation et alors qu'il faisait route entre la Nouvelle-Zélande et Tahiti. Ni Cook ni aucun de ses hommes ne descendirent à terre faute de lieu d'ancrage satisfaisant. [14]Arrivé à la hauteur de l'actuel village d'Oneroa, deux Mangaians acceptèrent non sans crainte de monter à bord de la Resolution. L'un d'entre eux dénommé Mourua nous est ainsi décrit par Cook, "Mourooa avait de l'embompoint et une taille bien proportionnée ; mais il n'était pas grand. Sa physionomie nous parut agréable ainsi que son caractère; car il fit plusieurs gestes plaisants, qui annonçait de la bonhomie et de la gaîté (…) son teint approchait de celui des habitants des parties les plus méridionales de l'Europe. Son camarade n'était pas si blanc.La chevelure de tous les deux était noire, longue, droite et nouée au sommet de la tête, avec un morceau d'étoffe. Ils avaient des ceintures comme les naturels que nous avions aperçus sur la côte ; nous reconnûmes qu'ils tirent leur étoffe du Morus Papyrifera de la même manière que les habitants des autres îles de la Mer du Sud[15]L'étoffe était lustrée, ainsi qu'aux îles des Amis[16] , mais celle qui flottait sur leur tête avait la blancheur de celle d'O-Taïti. Ils portaient des sandales d'une espèce de gramen entrelacé[17] ; ceux qui se tenaient sur la grève en portaient également, et nous jugeâmes que c'était afin de garantir leurs pieds des pointes de rocher de corail. Leur barbe était longue ; l'intérieur de leur bras, depuis l'épaule jusqu'au coude, et diverses parties de leur corps étaient piquetés ou tatoués selon l'usage des naturels de presque toutes les îles de l'Océan Pacifique. Le lobe de leurs oreilles se trouvait percé ou plutôt fendu; et l'ouverture était si grande, que l'un d'eux y plaça un couteau et des grains de verre que nous lui donnâmes"[18]
L'intermédiaire entre Cook et les deux Mangaians était Omai, un jeune tahitien originaire de Huahine que Cook avait embarqué lors de sa seconde circumnavigation et ramené en Europe. Mourua leur apprit que leur chef s'appelait Ruaika[19]. Le 30 mars Cook quittait Mangaia pour continuer son voyage plus au nord et les îles de la Société afin d'y ramener Omai.
Il y a incertitude quant au navire suivant ayant visité l'île. De même que pour Rarotonga, il existe là encore un certain nombre de traditions plus ou moins confirmées évoquant le passage de la Bounty après la mutinerie et leur retour sur Tahiti à la recherche d'une île pour s'y installer. Selon le témoignage de Tehuteatuaonoa[20], l'épouse tahitienne de l'un des mutins John Adams, ils seraient passés au large d'une île appelée Purutea. L'un des insulaires serait monté à bord. Fletcher Christian lui aurait même donné sa jacket d'officier. D'autres traditions évoquent également le passage du navire Mercury du Capitaine Reibey en mai 1808, ou encore d'un certain John Turnbull en 1803.
Toujours est-il que la première visite acertée d'un navire européens après celle de Cook est celle du navire missionnaire Endeavour de John Williams en juin 1823.
[modifier] La période missionnaire
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[modifier] Notes
- ↑ Emprunt au terme anglais de "governor"
- ↑ Le village actuel s'étend du reste sur le territoire des deux anciens districts
- ↑ Il existe une petite plage de sables près de l'aérodrome.
- ↑ Il y a trois pensions sur l'île
- ↑ Il s'agit du fruit du Morinda citrifolia utilisé autrefois comme nourriture en période de disette. Son exploitation commerciale que l'on retrouve dans toute la Polynésie est récente et ne date que d'il y aune dizaine d'année
- ↑ Le gouvernement français a promis depuis de régler le problème sans néanmoins fixer d'échéancier précis. En attendant les coupures d'électricité perdurent.
- ↑ Traduit en anglais par les termes "Underworld" ou "netherworld". Pour mieux comprendre les différentes significations ou localisations d'Avaiki, voir l'article qui lui est consacré
- ↑ Ce nom peut prendre plusieurs significations. "Vari" peut désigner la boue, l'une des nuits du calendrier lunaire réputée comme étant favorable pour planter des taros mais également les reliquats d'un taro après avoir été épluché. "Takere" désigne la fondation, la base, le fond d'une pirogue, ou plus généralement une chose ancienne
- ↑ Ceci n'est pas sans rappeler le mythe inversé de la genèse i.e. Adam créé à partir de boue et de limon donnant naissance à la première femme à partir de l'une de ses côtes. C'est assez classique de la tradition océanienne ou bien souvent éléments anciens et bibliques se mêlent dans un joyeux syncrétisme. C'est encore moins étonnant dans le contexte Mangaian lorsque l'on sait que celui qui le premier recueillit ce récit n'est autre que le missionnaire de la LMS William Wyatt Gill, à une époque ou toute la population était déjà convertie (cf. "Myths and songs from the South Pacific" , London 1876).
- ↑ En tahitien le terme désigne les gens du commun qui n'ont aucun titre coutumier, "unga" en maori des Cook.
- ↑ Peter Buck, "Mangaian Society", Bulletin of the Bishop Museum, Honolulu, 1934.
- ↑ Stephen Savage, "A dictionary of the maori language of Rarotonga", 1962. Ces récits ne doivent bien entendu pas être pris obligatoirement au pied de la lettre. Les gens des îles Cook d'une manière générale s'amusent beaucoup de leur passé anthropophage. Ainsi vendent-ils aux touristes des tee-shirts où l'on peut voir une mama maori en train de touiller une marmite d'où dépassent quelques pieds bien blancs, avec ce slogan plein d'humour "Touristes venez aux îles Cook, le dernier arrivage était délicieux"
- ↑ "Te ika a Tangaroa (told in 1912 story of European Castaway in Mangai c. 1550-1600) "Folklore tales of Cook Islands traduit par W. McBirney, (document dactilographié, bibliothèque nationale des îles Cook)
- ↑ Le lagon de Mangaia est étroit et peu profond. Il n'a pas de plus de passes à proprement parler navigable. Aujourd'hui encore le navire venant ravitailler l'île, ne peut débarquer ses marchandises qu'à l'aide d'une barge
- ↑ Il s'agit de tapa
- ↑ Archipel des îles Tonga
- ↑ De superbes spécimens de ce type de sandales pour recif qui à notre connaissance n'existent dans le Pacifique qu'aux îles Cook sont exposés au Musée de Rarotonga, la réglementation du musée nous interdisant d'en charger ici une photo
- ↑ "Le troisème voyage de Cook" traduit par Jean Nicolas Démeunier, 1785, vol 2.P. 218-219
- ↑ Voir à ce sujet la généalogie des pava (chefs) de Mangaia
- ↑ Plus connue sous le nom de Jenny
[modifier] Bibliographie
- Peter Buck, "Mangaian Society", Bulletin of the Bishop Museum, Honolulu, 1934
- Alphons, M.J. Kloosterman, "Discoverers of the Cook Islands and the names they gave", Cook Islands library and Museum, Bulletin N°1, 1976.
- William Wyatt Gill Myths and songs from the South Pacific" , London 1876
- F.W. Christian, "Vocabulary of the Mangaia Language", Bulletin of the Bishop Museum, Honolulu, 1924.