Marian Rejewski

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Marian Rejewski pendant la guerre

Biuro Szyfrów,1932

Marian Adam Rejewski (16 août 1905 à Bydgoszcz - 13 février 1980 à Varsovie) est un cryptologue polonais. Il est à l'origine de la première attaque cryptanalytique sur la machine Enigma au début des années 1930.

[modifier] Histoire

Le Biuro Szyfrów, bureau du chiffre polonais, avait compris que les nouveaux codes allemands n'étaient pas comme les anciens. Après que les renseignements français (le Deuxième Bureau dirigé alors par Gustave Bertrand) leur aient fournis les plans en 1931, ils comprirent qu'ils n'avaient pas à faire à un problème purement mécanique. C'est ce qui les décida à recruter des mathématiciens. Parmi ceux là, Marian Rejewski était le plus doué. C'est lui qui découvrit les premières failles d'Enigma. Cela permis la mise au point des premières « bombes », des ordinateurs électromécaniques spécialement conçus pour la cryptanalyse, dans le but de percer le code Enigma.

En 1939, les cryptologues polonais évacuent d'urgence leur bureau à Varsovie et détruisent le matériel confidentiel durant leur escapade. En passant par la Yougoslavie et l'Italie (neutre en 1939), ils atteignent la France. Près de Paris, au PC Bruno, les Polonais se mettent au service de la France et recommencent à travailler sur Enigma. Peu avant l'invasion de la France en mai 1940, le mathématicien britannique Alan Turing demeure quelques jours au PC Bruno où il sera briefé par ses confrères polonais.

Après l'armistice, les cryptologues se déplacent dans le sud de la France et en Algérie, avec les risques que cela pouvait représenter. Certains officiers supérieurs (le Colonel Gwido Langer et le Major Maksymilian Cięźki) sont capturés et malgré de terribles interrogatoires, le secret au sujet de la cryptanalyse d'Enigma demeure intact. Quant à Marian Rejewski et Henryk Zygalski, c'est une épopée qui les attend. Tout d'abord à travers l'Espagne où ils seront temporairement emprisonnés, le Portugal et finalement Gibraltar, d'où ils pourront gagner le Royaume-Uni. Leur collègue Jerzy Różycki aura beaucoup moins de chance puisqu'il meurt noyé lors d'un naufrage en 1942 au sud de la France, après un voyage en Algérie.

En Grande-Bretagne, Rejewski est relégué dans une unité de traitement de chiffre à Boxmoor. On ne sait toujours pas pourquoi lui et Henryk Zygalski ont été écartés du grand centre de décryptage anglais de Bletchley Park. Il est probable que les Britanniques ont décidé de reprendre les travaux à leur compte sans en donner l'accès direct à leur allié polonais. Les mathématiciens polonais sont alors relégués aux travaux plus routiniers. Comme disait Alan Stripp : « Les faire travailler sur le système Doppelkassetten, c'est comme demander à des chevaux de course de tirer des wagons » (traduction libre de (en) Setting them to work on the Doppelkassetten system was like using racehorses to pull wagons). C'est Alan Turing qui reprend et poursuit leurs travaux.

Le 21 novembre 1946, demobilisé, Rejewski retourne en Pologne où il a laissé sa femme et ses deux enfants. Jusqu'à sa retraite en 1967, il occupe divers emplois sans lien avec ses qualifications et sans jamais parler de son passé de cryptologue. Même les services secrets staliniens, qui l'ont interrogé plusieurs fois en tant qu'officier de l'Armée polonaise en Occident, n'ont jamais soupçonné le vrai rôle joué par Rejewski avant et pendant la Seconde Guerre mondiale.

Ce n'est qu'en 1969 qu'il écrit son histoire pour l'Institut historique militaire polonais.