Yougoslavie
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La Yougoslavie (Jugoslavija dans les langues slaves, en cyrillique Југославија) était le nom d'un État d'Europe du sud-est qui a correspondu à trois réalités :
- La première Yougoslavie, du 1er décembre 1918 au 17 avril 1941, était le Royaume des Serbes, Croates et Slovènes qui fut renommé en Royaume de Yougoslavie le 6 janvier 1929. Il exista jusqu'à ce qu'il se fasse envahir par les troupes de l'Axe le 6 avril 1941. La capitulation eut lieu 11 jours après.
- La seconde Yougoslavie, du 29 novembre 1945 au 15 janvier 1992, était un État communiste appelé tout d’abord Fédération démocratique de Yougoslavie puis en 1946 République fédérale populaire de Yougoslavie et enfin le 7 avril 1963 la République fédérale socialiste de Yougoslavie. Celle-ci vécut jusqu'en 1992 lorsque 4 de ses républiques firent sécession : la Croatie, la Slovénie, la Macédoine et la Bosnie-Herzégovine.
- La troisième fut la République fédérale de Yougoslavie qui fut formée en 1992 sur le territoire de la Serbie (incluant les territoires de Vojvodine et du Kosovo) et du Monténégro. Le 4 février 2003, le nom Yougoslavie fut abandonné et le pays se nomma Communauté d'États Serbie-et-Monténégro, elle fut dissoute à son tour en 2006.
Sommaire
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[modifier] Histoire de la Yougoslavie
[modifier] Origine
[modifier] État des slaves du sud
L’idée d’un état pour les slaves du sud émergea à la fin du XVIIe siècle lorsque des écrivains et philosophes croates qui pensaient que le seul moyen pour les slaves du sud de retrouver leur liberté après des siècles d’occupation austro-hongroise et ottomane était de s’unir, initie le mouvement des Illyriens (‘’Ilirski Pokret’’). Le mouvement rassemble un nombre important d’éminents intellectuels et politiciens croates mais c’est a la fin du XIXe siècle qu’il est à son apogée, notamment en raison de la politique répressive de l’Autriche-Hongrie envers les mouvements pour les libertés dans les état slaves du sud. Alors que l’Empire ottoman faiblit, la Serbie la Bulgarie et la Grèce se renforce après le Congrès de Berlin, et l’espoir d’un état souverain grandit chez les slaves du sud de l’Autriche-Hongrie, l’idée d’une union apparaît clairement. Au début de la première guerre mondiale, certains politiciens importants, notamment Ante Trumbić, Ivan Meštrović, Nikola Stojanović, fuient à Londres et commencent a travailler a la création d’un Comité yougoslave avec pour mission de représenter les slaves du sud de l’empire des Habsbourg.
[modifier] Le Comité yougoslave
Le Comité yougoslave (Jugoslavenski odbor) est officiellement formé le 30 avril 1915 à Londres. Il commence à récolter des fonds, principalement depuis des slaves du sud vivant aux États-Unis et sont peu a peu pris en considération par les gouvernements alliés au fur et à mesure que le sort de l’empire austro-hongrois devient plus incertain.
Si le but principal du comité était l’unification des Slaves du sud présent dans l’empire des Habsbourg avec le Royaume de Serbie, il cherchait aussi a décourager les revendications italiennes sur l’Istrie et la Dalmatie. En 1915, les alliés signent avec l’Italie le Pacte de Londres, qui, en échange de l’entrée en guerre de l’Italie, lui promet une grande part de la Dalmatie et de l’Istrie.
Bien qu’en 1915 l’assemblée serbe ait déclaré travailler pour la libération de tous les Serbes, Croates et Slovènes, les membres non Serbes du comité s’inquiètent lorsque les alliés offrent a la Serbie une partie des terres qui n’avaient pas été promises a l’Italie, incluant la Bosnie, l’Herzégovine, Bačka et une partie de la Dalmatie. Les membres croates du comité craignent un partage des terres croates entre l’Italie et la Serbie.
Il y avait aussi une querelle à propos de la désignation et du commandement d’unités de slaves du sud, prisonniers en Russie et mobilisés pour combattre avec les alliés. Le comité souhaite les voir se battre sous le nom Yougoslave, alors que Nikola Pašić, premier ministre de Serbie, les voyant comme une armée croate, voulait qu’ils se battent sous le drapeau serbe.
[modifier] Le pacte de Corfou
Entre juin et juillet 1917, le comité yougoslave rencontre le gouvernement serbe à Corfou et le 20 juillet, une déclaration qui établit la fondation d’un état est signée. Le préambule déclare que les Serbes, Croates et Slovènes sont identiques par le sang et la langue. Le nouvel État sera nommé Royaume des Serbes, Croates et Slovènes et sera une monarchie constitutionnelle sous la dynastie des Karađorđević.
[modifier] L’unification des Slovènes, Croates et Serbes
Quand l’empire des Habsbourg se dissout, un conseil national des Slovènes, Croates et Serbes a lieu à Zagreb le 6 octobre 1918. Le 29 octobre le Sabor croate déclare son indépendance et la création de l’État des Slovènes, Croates et Serbes. Le comité yougoslave reçu pour tache de représenter le nouvel état a l’étranger.
Immédiatement, des désaccords se ressentent à propos des termes de l’union proposée avec la Serbie. Svetozar Pribićević, un Serbe de Croatie, président de la coalition croato-serbe et vice-président de l’état souhaitait une union immédiate et sans condition. D’autres, en faveur d’une fédération yougoslave, était plus hésitant, craignant que la Serbie annexe simplement les territoires sud slave de l’ex-Autriche-Hongrie.
L’autorité du Conseil national était limitée et les italiens avançaient pour prendre plus de territoire que ce qui leur avait été alloué dans un accord avec le comité yougoslave. Les opinions politiques était divisé et les ministres serbes avaient dit que si les Croates insistaient sur leur propre république ou une sorte d’indépendance, alors la Serbie prendrait simplement les territoires habité par des Serbes et déjà occupé par l’armé serbe. Après de longs débats, le conseil national accepte l’union avec la Serbie, même si sa déclaration finale précisait que l’organisation finale de l’état sera décidée par la future assemblée constituante.
Le plus farouche opposant à cette décision était le croate Stjepan Radić, président du Parti paysan croate (HSS).
Le Royaume des Serbes, Croates et Slovènes est déclaré le 1er décembre 1918 à Belgrade.
[modifier] La première Yougoslavie
La première Yougoslavie est créée le 1er décembre 1918 sous le nom de Royaume des Serbes, Croates et Slovènes. Le pays est constitué par le regroupement de plusieurs territoires :
- le royaume de Serbie (précédemment indépendant)
- le royaume de Monténégro (précédemment indépendant)
- la Voïvodine (précédemment hongroise)
- le territoire de Bosnie-et-Herzegovine (précédemment austro-hongrois)
- l'État des Slovènes, Croates et Serbes (relevant précédemment de la couronne de Hongrie pour l'essentiel)
- le territoire de Slovénie (relevant précédemment de la couronne d'Autriche)
Le pays connaît d'abord un régime de monarchie constitutionnelle mais des tensions interviennent rapidement. Dès 1921, le roi Alexandre Ier juge utile de dissoudre le Parti communiste. En 1928, un député du Parti paysan croate, Stjepan Radić, est assassiné en plein Parlement par un collègue monténégrin acquis aux nationalistes serbes. Le roi décide alors en 1929 de mettre fin à la constitution et de rebaptiser le pays « Royaume de Yougoslavie ». Il gouverne alors en monarque absolu.
[modifier] La dictature du roi Alexandre
Alexandre Ier cherche a apaiser les tension nationaliste et a décourager les tendance séparatiste. Cherchant a créer une nouvelle Yougoslavie, il aboli les régions historiques et redessine les frontières intérieurs en banovinas nommées d’après les rivières. De nombreux politiciens sont emprisonnés ou gardé sous surveillance policière notamment les communistes et autonomistes croates et macédoniens[1]. La dictature ne fait qu’amplifier les tensions nationales.
La politique d’Alexandre Ier souffre bientôt de l’opposition des autres puissances européennes alors que le Fascisme et le Nazisme prennent le pouvoir en Allemagne et en Italie, et que Staline devient le dirigeant de l’URSS. Aucun de ces trois régime ne sont favorable a la politique d’Alexandre Ier. L’Italie et l’Allemagne souhaitent revoir les traités signés a la fin de la première guerre mondiale et l’Union soviétique est déterminée à retrouver sa puissance sur le plan international.
Le roi Alexandre Ier est assassiné à Marseille en 1934, par Vlado Chernozemski (né Velichko Dimitrov Kerin) membre de l'Organisation révolutionnaire intérieure macédonienne. Son fils de 11 ans, Pierre II lui succède sous la régence du Prince Paul.
[modifier] Les années 30 en Yougoslavie
La scène politique internationale à la fin des années 1930 est marquée par l’attitude agressive des régimes totalitaires et la certitude que l’ordre mis en place à la fin de la première guerre mondiale perdait de sa stabilité et de sa force. Sous la pression et le support de l’Italie fasciste et de l’Allemagne nazie, le Croate Vlatko Maček et son parti supporté obtiennent la création du Banovina de Croatie en 1939. L’accord spécifiait que la Croatie resterait partie de la Yougoslavie mais celle-ci donnait une identité politique indépendante dans les relations internationales.
Le Prince Paul cède à la pression des puissances fascistes et signe, le 25 mars 1941 à Vienne (Autriche), le Traité tripartite, espérant garder la Yougoslavie en dehors de la guerre. Avec cette décision, la popularité du régent affaibli est largement affectée et des officiers de l’armée, opposés à ce traité, lancent un coup d’état au retour du prince, le 27 mars. Le général Dušan Simović prend le pouvoir, arrête la délégation de Vienne, met Paul en exil et met fin à la régence, donnant le pouvoir absolu au roi Pierre II.
Hitler attaque donc la Yougoslavie le 6 avril 1941, et poursuit immédiatement par l’invasion de la Grèce.
[modifier] La Yougoslavie dans la Seconde guerre mondiale
Pendant la Seconde Guerre mondiale, la Yougoslavie reste neutre jusqu'en 1941. Cette année-là, désirant venir en aide à l'armée italienne en difficulté en Grèce, l'Allemagne demande un droit de passage pour ses troupes. Après que le Régent ait accepté de signer une alliance avec l'Allemagne, le Roi, sous l'influence de quelques officiers, met fin à la régence. Cette décision entraîne l'invasion du pays par l'Allemagne.
Le Roi s'exile rapidement, le pays capitule et est aussitôt démantelé. Ante Pavelić crée l'État indépendant de Croatie (NDH, qui inclut la Bosnie-Herzégovine), un état collaborateur sous occupation allié à l'Allemagne, un État serbe collaborateur sous occupation est aussi créé avec à sa tête, le général Milan Nedić, la Slovénie est partagée entre l'Allemagne, l'Italie et la Hongrie, le Kosovo est annexé à l'Albanie italienne, l'Italie annexe une grande partie de la côte croate, la Macédoine est partagée entre la Bulgarie et l'Italie (Albanie), un État "indépendant" est crée au Monténégro.
La résistance des Partisans communistes se développe sous la direction du Croate Josip Broz dit Tito, tandis qu'une autre résistance, moins bien organisée, s'organise autour de Draža Mihajlović, un royaliste ultra-nationaliste serbe, surnommé le "général des Balkans". Tito libère le pays, renverse la monarchie et liquide les Tchetniks serbes accusés de collaboration avec l'Axe contre les Partisans.
[modifier] La Yougoslavie de Tito
La Yougoslavie devient un État communiste établi dans la clandestinité le 29 novembre 1943 à Jajce, avec Tito pour président. Tito met au point progressivement un système socio-économique, l'autogestion : les entreprises sont gérées par ceux qui y travaillent.
Et à la différence des autres pays communistes d'Europe centrale et orientale, la Yougoslavie choisit une voie indépendante de l'URSS. Cela était possible car le pays s'est libéré seul de l'occupation nazie, sans l'aide directe de l'Armée rouge. Tito rompt définitivement avec Staline en 1948, et ne fait pas adhérer la Yougoslavie au pacte de Varsovie créé en 1955.
La république socialiste de Yougoslavie était un État fédéral composé de six républiques, autour de nationalités (Narodi) :
- Bosnie-Herzégovine (capitale Sarajevo)
- Croatie (capitable Zagreb)
- Macédoine (capitale Skopje)
- Monténégro (capitale Titograd, redevenue aujourd'hui Podgorica)
- Serbie (capitale Belgrade)
- Slovénie (capitale Ljubljana)
La Bosnie-Herzégovine a été la république d'aucune nationalité, jusqu'à la création en 1971 de la nationalité "Musulmane" (à ne pas confondre avec les "musulmans", fidèles de l'Islam), ce qui leur permet une représentation, grâce à un système de quotas.
La république de Serbie comprenait en outre deux régions autonomes (Kosovo et Voïvodine), depuis la réforme constitutionnelle de 1974. À cela s'ajoutent des peuples dont le centre politique est hors de Yougoslavie, les narodnosti, comme les Albanais, les Hongrois, les Bulgares, les Slovaques, etc.
Tito disait que « La Yougoslavie a six Républiques, cinq nations, quatre langues, trois religions, deux alphabets et un seul parti. »
- Article détaillé : République Fédérale socialiste de Yougoslavie.
[modifier] Dislocation de la Yougoslavie
- Article détaillé : Guerres de Yougoslavie.
[modifier] Résurgences nationalistes
Après la mort de Tito en 1980, les tensions se font jour, avec la montée du nationalisme dans les différentes républiques fédérées, longtemps contenu et canalisé par le pouvoir central.
Après l'arrivée au pouvoir, dans la République de Serbie, de Slobodan Milošević, la menace se fait plus précise. En avril 1987, alors numéro deux du régime yougoslave, il est envoyé en mission au Kosovo, pour calmer les nationalistes serbes qui considèrent être victimes de discriminations et de violences de la part de la majorité albanaise. Lors de sa visite, les policiers locaux, albanais, répriment une foule de nationalistes serbes qui leur ont lancé des pierres. Milošević, considérant probablement que la foule était innocente, sera filmé en train de déclarer aux Serbes : "On ne vous frappera plus jamais !". Il devint alors un héros des nationalistes serbes. En mai 1989, il est élu président de la Serbie.
En juin 1989, pour le 600e anniversaire de la bataille de Kosovo Polje (marquant la défaite du royaume de Serbie contre l'Empire ottoman), Slobodan Milošević prononce un discours perçu comme nationaliste et belliqueux. Pour ses défenseurs, il montre son souhait de continuer l'héritage titiste de cohabitation des peuples balkaniques en Serbie et en Yougoslavie. Le discours se veut rassurant : "Des rapports d'égalité et de concorde entre les peuples yougoslaves représentent une condition indispensable pour la survie de la Yougoslavie, pour une issue victorieuse de la crise, et surtout pour la prospérité économique et sociale du pays.".
L'économie yougoslave est mal en point depuis le début des années 80, une situation accentuée par la sortie du modèle communiste. D'une part, le FMI prescrit des réformes draconiennes et d'autre part, les républiques aisées du Nord (Croatie et Slovénie) se sentent dépossédées de leurs richesses, partagées avec les régions pauvres du sud de la Yougoslavie.
Le pouvoir central est préoccupé par cette crise et la remise en cause de l'unité du pays. Une des solutions envisagées par le gouvernement de Slobodan Milošević est la concentration des pouvoirs en Serbie, en supprimant l'autonomie des provinces comme la Voïvodine et le Kosovo. Le Kosovo est peuplé a 90% d'Albanais qui souhaitaient le statut de République et non plus de province pour leur région. L'autonomie implique notamment un droit de veto, ce qui, pour le pouvoir à Belgrade, nuirait à l'efficacité d'imposer des réformes économiques.
Ce refus de créer une république au Kosovo fait aussi écho à une peur des Serbes, de voir les Albanais du Kosovo se débarrasser des Serbes du Kosovo, de plus en plus minoritaires. C'est ce qu'a voulu montrer le "Memorandum de l'académie des sciences de Belgrade" en 1985 (destiné à faire le point sur la situation de la république) en dénonçant un risque de "purification ethnique" de la part des Albanais. Cette crainte a été interprétée comme l'idéologie nationaliste de Slobodan Milošević. En effet, ce dernier développe l'idée qu'il faut protéger les Serbes, dans une Yougoslavie et une Serbie de plus en plus rongées par le nationalisme. La Ligue des Communistes de Yougoslavie, ancien parti unique de Serbie et de Yougoslavie, considérait comme tabou le nationalisme, jusqu'à ce que les problèmes du Kosovo et les nationalismes albanais et serbes apparaissent.
Milošević est considéré par beaucoup, dans son parti, comme un nationaliste. Cette étiquette a été notamment propagée par Dragiša Pavlović, membre influent de son parti et adversaire de Slobodan Milošević dans la conquête du pouvoir pour la présidence en 1987. Cependant, cette expression prend un sens particulier au sein de la Ligue des communistes serbes. Elle désigne ceux, comme Milošević qui ont mis à l'ordre du jour la question serbe en Serbie, face aux revendications des autres nationalités, même s'il a pu s'agir de réussir une cohabitation (voir le discours de Kosovo Polje).
En 1990, les premières élections libres et pluralistes se déroulent en Bosnie-Herzégovine, en Macédoine, en Serbie, en Slovénie et en Croatie (voir Élection parlementaire croate de 1990 pour la Croatie) suivant en cela le mouvement de démocratisation engagé en Europe de l'Est un an auparavant. Bosnie-Herzégovine, Macédoine, Slovénie et Croatie élisent des présidents favorable au pluralisme et indépendantistes. En Serbie, où le Parti radical serbe de Vojislav Šešelj est minoritaire, et au Monténégro le partie communiste conserve le pouvoir.
En Bosnie-Herzégovine, ce sont des partis nationalistes des trois nationalités (croate, musulmane et serbe) qui remportent les élections.
En Slovénie, c'est l'indépendantiste Milan Kučan qui sort vainqueur.
Le nouveau président de la Croatie, Franjo Tuđman cherche un financement auprès des Croates expatriés, souvent plus extrémiste que les Croates de Croatie. Cette influence se retrouve au HDZ, qui appelle à l'établissement de la Croatie dans ses frontières naturelles et historiques. Cela étendrait la Croatie jusqu'à la rivière Drina et inclurait une partie de la Bosnie-Herzégovine peuplée majoritairement de Croates, ainsi qu'une partie de la Serbie d'aujourd'hui. Beaucoup de ses décisions politiques sont vues par les Serbes comme une réhabilitation implicite de l'idéologie des Oustachis, notamment le choix du drapeau à damier rouge et blanc, symbole croate qui fut utilisé aussi par les Oustachis (En réponse a ces accusation, l'ordre du damier est inversé). Le parti de Tudjman, le HDZ, purge la république de Croatie d'un grand nombre de fonctionnaires pro-communiste, un grand nombre de ces fonctionnaires étant serbes, cette mesure est prise comme une attaque envers les Serbes de Croatie.
La Slovénie de Milan Kučan et la Croatie de Franjo Tuđman cherchent à obtenir leur indépendance. Ainsi, ils tentent de créer de manière clandestine une armée, financée en grande partie par l'Allemagne. Ils tentent de faire passer la Yougoslavie pour une création artificielle et la Serbie comme le dernier bastion du communisme en Europe. Bien que les Slovènes aient souvent accusé le Kosovo de dilapider leur richesse en aides au développement, des milliers d'entre eux se mobilisent et apportent leur soutien aux mineurs grévistes kosovars. Ceci est relayé, en Allemagne, par une campagne de presse montrant la Serbie sous un jour défavorable, et par l'influent Otto Habsbourg (voir Habsbourg), membre du Parlement européen (CDU) et héritier de la couronne de l'ancienne Autriche-Hongrie.
Les Serbes de quelques municipalités de Croatie, se sentent lésés et persécutés. Contrairement aux Serbes de Zagreb, qui demandent des négociations et un compromis, les Serbes de la Krajina préfèrent une voie violente, en s'en prenant aux Croates. La République serbe de Krajina, dont la capitale est Knin, est unilatéralement proclamée le 28 février 1991 par le nationaliste serbe Milan Babić, et finit par s'étendre sur près d'un quart du territoire croate. Les premiers coups de feu sont tirés au printemps 1991. Les autorités serbes de Belgrade apportent un soutien aux combattants nationalistes, allant jusqu'à dissuader une intervention des forces croates, par l'emploi des forces aériennes fédérales.
[modifier] L'indépendance de la Slovénie et de la Croatie
Suite a un référendum, boycotté par la plupart des Serbes de Croatie, et comme le permet leur constitution, le 25 juin 1991, la Slovénie et la Croatie déclarent leur indépendance.
L'Allemagne, l'Autriche et le Vatican apportent leur soutien diplomatique et financiercitation nécessaire. L'Allemagne est le premier pays européen, après le Vatican, à reconnaître la Croatie et la Slovénie le 23 décembre, suivie par les autres pays européens le 15 janvier 1992. Récemment réunifiée, elle fait son retour sur la scène politique internationale, et surtout européenne. Elle cherche à établir une sphère d'influence, dont la formation serait facilitée par la désintégration yougoslave, qui permettrait d'y intégrer la Slovénie et la Croatie, jugées assimilables à l'Europe occidentale. L'éclatement de la Yougoslavie apparaîtrait, suivant ce schéma, comme une conséquence naturelle de l'impossibilité de cohabitation de deux zones culturelles, héritées au sud de l'Empire Austro-Hongrois, et au nord de l'Empire ottoman, disloqués lors des guerres des Balkans et la Première Guerre mondiale.
Le soutien du Vatican peut se comprendre aussi par le fait que l'Église cherche à rétablir l'importance du christianisme dans les Balkans, en régression depuis la disparition en 1918 de l'Empire Austro-Hongrois.
L'Armée fédérale (JNA), majoritairement composée de Serbes et Monténégrins et dirigée par le Slovène Konrad Klosek, chargée de garantir l'unité yougoslave, intervient contre les deux républiques sécessionnistes. De violents affrontements s'ensuivent, contre les milices de la Croatie et de la Slovénie. Éparpillée le long de la frontière, des unités de la JNA sont prises au piège par des forces slovènes dix fois plus nombreuses[réf. nécessaire], et se rendent rapidement. La Slovénie, par cette courte guerre (27 juin - 6 juillet) d'une dizaine de jours, se présente à la communauté internationale comme une nation agressée.
La Communauté européenne, qui ne s'est pas encore prononcée sur la reconnaissance de ces deux républiques, met en place, le 27 août 1991, la Commission Badinter, chargée de réfléchir sur la question. Les décisions finales ont un caractère de jurisprudence. La Commission reconnait l'indépendance de la Slovénie et de la Croatie, en vertu du droit uti possidetis, appliqué pour la décolonisation, qui reconnaît l'indépendance à l'intérieur des frontières administratives, délimitées par la Yougoslavie pour des besoins de décentralisation. La commission Badinter déclare la Yougoslavie "en dissolution", "en désintégration", ou encore "en démembrement", ce qui rend caduque la constitution yougoslave du point de vue de la Communauté européenne, et encourage les sécessions.
Les États-Unis d'Amérique et le FMI reconnaissent aussi les deux républiques.
En 1991, les complicités entre les Serbes de Serbie, Serbes de la République serbe de Krajina et Serbes de Bosnie-Herzégovine sont renforcées. Ces Serbes sont représentés par des partis nationalistes et conservateurs, notamment le Parti démocratique serbe de Radovan Karadžić. Cette situation de repli du pouvoir serbe en Serbie pour rassembler "tous les Serbes en un État", marque un tournant, puisqu'il s'allie avec le nationalisme violent et radical.
[modifier] La guerre d'indépendance croate
- Article détaillé : Guerre en Croatie.
[modifier] La guerre en Bosnie
- Article détaillé : Guerre en Bosnie.
En juillet 1995, 8000 Bosniaques sont assassinés lors du massacre de Srebrenica.
[modifier] La guerre du Kosovo
En 1999, après des années de terreur policière et militaire, et après que l'UCK, armée de libération clandestine, a replacé le Kosovo sous les feux de l'actualité, le Kosovo est enfin libéré par les troupes de l'OTAN, au terme d'une guerre de 2 mois et demi contre la République Fédérale de Yougoslavie (Serbie et Monténégro, celui-ci s'étant néanmoins désolidarisé du président Milošević au cours du conflit). Des centaines de milliers d'Albanais chassés de leurs foyers par les troupes serbes peuvent enfin rentrer. Le Kosovo est placé sous administration internationale depuis lors.
L'ONU, ainsi que de nombreux pays individuellement, refusèrent dans un premier temps de reconnaître la fédération de la Serbie et du Monténégro comme le successeur de la République socialiste fédérative de Yougoslavie, bien qu'ils la reconnussent en tant qu'État indépendant. La situation a été résolue avec l'admission de la République Fédérale de Yougoslavie aux Nations unies en 2000. Dans son dernier état, la Yougoslavie ne comprenait plus que les seules républiques de Serbie et du Monténégro, le statut du Kosovo demeurant incertain.
[modifier] La fin de la Yougoslavie
En 2002, la Serbie et le Monténégro parviennent à un nouvel accord portant sur leur coopération future, comportant, entre autres changements, la fin de la Yougoslavie. Le 4 février 2003, le parlement fédéral de Yougoslavie dissout le pays et accepte la création d'une fédération limitée des deux États restants. La nouvelle union des deux États est appelée Serbie-et-Monténégro. Le 3 Juin 2006, le Monténégro a déclaré son indépendance suite à un référendum en faveur de la séparation de la Serbie.
[modifier] Géographie et géologie de l'espace yougoslave
[modifier] Le karst dans l'espace ex-yougoslave
voir aussi Karstologie
Le karst est un phénomène géologique spécifique qui provoque un mode de vie original. L'espace yougoslave a une zone de karst très étendue, avec tous les stades d'évolution. C'est le pays « classique » du Karst pour les géologues.
[modifier] Les zones karstiques
- Le karst dinarique : il est orienté N-O vers S-E et s'étale sur 700 km, avec une largeur d'environ 80/90 km. Sa surface est de 56000 km², soit 22% de l'espace yougoslave, et il est occupé par seulement 12% la population.
- Dans les Alpes Juliennes
- Zagreb : montagne de Samobor
- Bosnie centrale
- Bosnie orientale : vallée de la Drina
- Monténégro : montagne de l'Orjen
- Serbie : Sandjak, Serbie orientale, Macédoine.
[modifier] Phénomènes liés au karst
- Les vallées suspendues : les petits ruisseaux et les rivières n'ont pas le même rythme d'enfoncement, et cela crée des cascades. Difficultés de circulation.
- La roche soluble : l'eau de pluie contient du gaz carbonique qui dissout le calcaire, ce qui provoque des phénomènes annexes : l'eau élargit les diaclases progressivement, créant des fissures à la surface de plusieurs centimètres. Ce sont les lapiez ou chkrapa. Lorsque le lapiez s'effondre, des blocs de roches s'entassent les uns sur les autres.
- Les dolines : ou vrtatcha. Le calcaire contient un peu d'argile, qui se dépose au fond. L'eau ronge sur les côtés, créant des dolines très rondes, qui peuvent atteindre des dizaines voire des centaines de mètres de diamètre.
Les territoires karstiques représentent 30% de l'espace yougoslave. C'est un phénomène lié à la roche calcaire : 1000 m de sédiments quasi purs. Le calcaire dinarique se poursuit jusqu'en dessous du niveau de la mer. Cette roche dure et perméable est parcourue de fissures microscopiques, les diaclases, dans lesquelles l'eau s'infiltre. La roche l'absorbe, il y a peu de ruissellement dans les zones de karst. Cependant, des rivières la traversent, comme la Neretva, la Krka. Ces rivières ne collectent pas d'eau dans le Karst. Elles en perdent une partie et ont tendance à creuser des canyons dans le calcaire, ce qui crée des parois abruptes.
[modifier] Uvala
De forme irrégulière, elle peut faire des kilomètres de large et est liée à la coalescence de plusieurs colines. Parfois, l'argile est balayée par le vent, il se crée alors une doline secondaire au fond de l'uvala. Le sol argileux est fertile, certaines uvalas sont habitées. Il existe un problème d'eau.
[modifier] Le polje karstique
Il peut être le résultat de la jonction de plusieurs uvalas, mais en général il est d'origine tectonique. Tous les polje de karst dinarique sont dans la même direction (plissement du relief). Tous les polje ne sont pas karstiques.
L'uvala est sèche, alors que le polje est traversé par un cours d'eau. En général, leur période d'inondation varie entre quelques jours et quelques mois.
Des travaux d'aménagement ont été effectués pour agrandir le Ponor. Son inondation bloque l'agriculture. La phase de Blato (gadoue) qui suit l'inondation peut durer plusieurs semaines. Certains polje sont bien agencés et n'ont pas d'inondation comme le polje de Cetinje.
[modifier] Voir aussi
[modifier] Articles connexes
- Histoire de la Bosnie-Herzégovine
- Histoire de la Croatie
- Histoire de la Macédoine
- Histoire du Monténégro
- Histoire de la Serbie
- Histoire de la Slovènie
[modifier] Liens externes
[modifier] Bibliographie
- Diana Johnstone, La Croisade des fous : Yougoslavie, première guerre de la mondialisation, , 2005 (ISBN 2841095339)
- Patrick Barriot et Ève Crépin, Le Procès Milošević ou l'inculpation du peuple serbe, L'Age d'Homme, Lausanne, 2005 (ISBN 2825136204).
- Ivan Djuric, Glossaire de l'espace yougoslave, L'Esprit des péninsules, Paris, 28 septembre 1998 (ISBN 2910435482)
- Paul Garde, Vie et mort de la Yougoslavie [détail des éditions]
- (en) Stjepan Mesić, The Demise of Yugoslavia: A Political Memoir, Central European University Press, 29 septembre 2003, (ISBN 9639241717)
[modifier] Filmographie
- Yougoslavie, suicide d'une nation européenne Documentaire de Brian Lapping, BBC, 1995
- The Death of Yugoslavia Documentaire d'Angus Macqueen, Brook/Lapping Productions, October Films , [1995]].
- Underground un film de Emir Kusturica, 1995.
[modifier] Notes
- ↑ Voir notamment la dénonciation de la dictature par Albert Einstein dans The New York Times, le 6 mai 1931 Albert Einstein, « Einstein accuses Yugoslav rulers », 6, The New York Times aussi disponible sur croatianhistory.net : [http://www.croatianhistory.net/etf/nyt.html Einstein Accuses Yugoslavian Rulers in Savant's Murder], croatianhistory.net
Yougoslavie (1929 - 1941; 1945 - 2003) |
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Slovénie, Croatie, Bosnie-Herzégovine, Voïvodine faisait partie de l' Autriche-Hongrie |
Slovénie divisée entre leTroisième Reich, la République sociale italienne et la Hongrie |
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Croatie |
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Bosnie-Herzégovine |
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Serbie |
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Royaume de Serbie |
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Royaume du Monténégro |
Monténégro (occupé par la République sociale italienne) |
Monténégro |
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