Martin Nadaud
Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Martin Nadaud est un homme politique français né le 17 novembre 1815 à Soubrebost dans le hameau de La Martinèche (Creuse) de Léonard Nadaud et Marie Julien, et mort le 28 décembre 1898 au même endroit.
Sommaire |
[modifier] Biographie
Son père tint à ce que son fils ait de l'instruction, malgré l'opposition de sa femme et du reste de la famille. Le 26 mars 1830, Martin part à Paris avec son père, maçon dans la Creuse. Il découvre alors les conditions de travail de ses semblables: journées de 12 à 13 heures, travaux dangereux sur les échafaudages, malnutrition, logements insalubres... Il réchappe lui-même à plusieurs accidents. Soucieux de parfaire son instruction, il fréquente les cours du soir et, à partir de 1838, en assure un pour ses jeunes compagnons.
Il se marie le 23 février 1839 avec Jeanne Aupetit. Sa fille unique, Désirée, naît en 1845 (mariée avec Victor Bouquet, dont elle eut 3 enfants: Marie, Hélène et Louis). Il fréquente le socialiste Pierre Leroux et, en 1840, se retrouve parmi les meneurs de la manifestation ouvrière de la plaine de Bondy.
Sa popularité dans les milieux de l'émigration comme son aisance à parler en public en font, aux débuts de la Seconde République, un délégué à la commission du Luxembourg, un conseiller prud'homme et un candidat à la Constituante de 1848.
D'abord battu une première fois, le 23 avril 1848, il est élu en 1849 député de la Creuse. Ils est ensuite emprisonné le 2 décembre 1851, après le coup d'État de Louis Napoléon. Sa femme meurt le 21 décembre de cette même année.
Le 9 janvier 1852, il est banni et s'exile en Belgique, avant de partir pour Londres, où il reprend son métier de maçon. Après avoir appris l'anglais, il devient professeur de français en 1855, d'abord à Brighton, puis à Wimbledon. Il fréquente d'autres exilés comme Victor Hugo, Louis Blanc, Étienne Cabet et Pierre Leroux.
Quand éclate la guerre entre la France et la Prusse, il regagne son pays. Le 6 septembre 1870, Léon Gambetta le nomme préfet de la Creuse. Il échouera cependant à y conquérir un siège de député de la Creuse (8 février 1871), devant attendre jusqu'en 1876 pour être élu. Il le sera sans discontinuer jusqu'en 1889. A la fin de cette année, il devient conseiller municipal de Paris. A ce poste, il se mobilise pour la relance de l'activité du bâtiment, mais aussi la reconstruction de l'Hôtel de Ville), l'amélioration de l'hygiène et la construction d'un métro.
Le 25 novembre 1876, aux côtés d'autres parlementaires (Boysset, Barodet, Margie, Lockroy, Madier de Montjau, Louis Blanc, Georges Perin, Floquet, Turigny, Ordinaire et Duportal) il demande la suppression du budget des cultes. Comme député, il défend l'instauration de retraites ouvrières en 1879, de protections contre les accidents de travail, sur lesquels il interviennt à plusieurs reprises (1881, 1883 et 1888), pour faire reconnaître la responsabilité de l'employeur (Loi de 1898). Il demandera aussi l'amnistie des Communards et se battra pour le développement d'un enseignement laïc dans chaque département, soutenant la loi du 28 mars 1882 (loi Ferry) sur l'instruction publique. Comme élu local, sa grande fierté est d'avoir obtenu la réalisation de la ligne de chemin de fer de Bourganeuf à Vieilleville inaugurée en 1883.
Il se présenta encore aux élections sénatoriales de 1894, mais subit un net échec. Il consacra ces dernières années à l'écriture.
[modifier] Anecdote
- Une station de métro porta son nom, mais est aujourd'hui remplacée par la station Gambetta.
[modifier] Citations
"Vous le savez, à Paris, lorsque le bâtiment va, tout profite de son activité." altéré en "Quand le bâtiment va, tout va." (Discours à l'Assemblée nationale en 1850).
"Martin Nadaud vécut 18 ans en Angleterre. C'est au cours de ce séjour, au prix d'un labeur acharné qu'il acquit la culture qui lui manquait. C'est ce séjour qui en fera un anglophile à tous crins..." Daniel Dayen ("Martin Nadaud, maçon et député" )
"Doux, grave et ferme, exempt de toute mauvaise passion..., sa dignité intérieure rayonne doucement dans ses manières, qui sont celles d'un vrai gentleman", George Sand.
"" Un matin, mon garçon arriva tenant à la main une lettre. L'enveloppe portait " citoyen Nadaud, représentant du peuple ". Les jours suivants, on venait me complimenter, tant cela paraissait étrange alors de voir arriver à la Chambre des députés un simple ouvrier maçon... " ("Mémoires de Léonard").
[modifier] Bibliographie
- "Mémoires de Léonard", de Martin Nadaud, Sur la vie des migrants des années 1830/1848. Bourgagneuf, A. Doubeix, 1895. Rééd. Egloff, 1948, Hachette, 1976 et Maspéro, 1982.
- "Martin Nadaud, maçon et député" par Daniel Dayen
- "Le voyage oublié des maçons de la Creuse" d'Alain Grousset et Jean-Pierre Farin
- "Quand Martin Nadaud maniait la truelle" par Pierre Urien.
- Film : «Martin Nadaud», de Pierre Saunier
[modifier] Liens externes
|
|
