Mouvement des sans-terre
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Le Movimento dos Trabalhadores Rurais Sem Terra (MST) ou Mouvement des sans-terre est une organisation populaire brésilienne qui milite pour que les paysans brésiliens ne possédant pas de terre, disposent de terrains pour pouvoir cultiver.
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[modifier] Histoire
[modifier] L'agriculture au Brésil
Quand la couronne portugaise envahit le Brésil, elle divisa la terre en grandes propriétés, appelées les capitaineries héréditaires, qu’elle offrit à des aristocrates portugais, devenant alors seigneurs ou capitans. Le rôle de ces immenses propriétés était la production agricole, l’extraction de l’or et, surtoation de la traite des esclaves (africains et indigènes) dans le but de transiter toutes les richesses produites jusqu’au Portugal.
L'agriculture se structura donc autour de grandes cultures de rentes et d'exportation. Cette situation n'a guerre évolué et, encore aujourd’hui, 1% des propriétaires terriens possèdent 54% des terres cultivables. Environ 12 millions d'ouvriers agricoles, fermiers ou métayers, subissant des conditions de travail déplorables et ne détenant aucunes ou peu de terres cultivables, tentent de subsister.
Selon l'organisation, le Brésil est le troisième exportateur de ressources naturelles dans le monde. En matière de ressources hydrauliques, le pays possède la plus grande biodiversité au monde et la plus grande réserve d’eau douce, avec le delta de l’Amazone. Selon le MST, le climat brésilien est propice à l’agriculture. Pourtant, plus de 40 des 170 millions d'habitants y souffrent de la faim.
[modifier] Naissance du MST
Au XIXe siècle, la fuite des esclaves et la création des quilombos, des zone d’installation pour les esclaves en fuite, avec un retour à l’agriculture familiale, à la coopération solidaire. Le leader historique en était Zumbi Dos Palmares.
- La révolte des canudos menée par Antonio Conseleiro qui installa 25 000 personnes sur une terre conquise pour construire une société parallèle égalitaire et démocratique, elle fut réprimée par un massacre en octobre 1897.
- Les ligues paysannes ont organisé des occupations de terre dans le nordeste brésilien avant la dictature.
Pendant la dictature militaire de 1964 à 1984, le pays vivait le “ miracle brésilien ” qui entraîna la mécanisation de l’agriculture : la révolution verte. Cette restructuration entraîna l'expulsion de petits propriétaires, les salariés agricoles des latifundios qui devinrent sans terre. Un grand nombre migrèrent vers les villes, alors que celles-ci était éjà confrontées à une vague de chômage.
Le 7 septembre 1979, dans le Rio Grande do Sul, des paysans sans terre (la plupart expulsés par la construction de barrage) firent la première occupation massive, dans la fazenda Macali. Ils furent fortement appuyés par la Commission Pastorale de la Terre (CPT), une organisation populaire de religieux de la théologie de la libération. Rapidement, de nombreuses occupations de latifundio s’organisèrent côtoyant les mobilisations populaires pour le retour à la démocratie.
En 1984, la première rencontre des travailleurs ruraux sans terre officialisa la naissance du Mouvement des travailleurs ruraux sans-terre (MST) dont le rôle est l’organisation, l’éducation (alphabétisation, formation politique et militante des jeunes et adultes) des sans-terre en mouvement dans les différentes actions politiques (campements, occupations de latifundio, d’organismes publics, de multinationales, fauchage de champs d’OGM, marches…).
[modifier] Principes fondateurs
Plusieurs principes fondateurs du MST ont été adoptés lors du premier congrès :
- Le MST est indépendant de tout parti politique, de l’État brésilien et de l’Église catholique.
- Tous les organes de direction du MST doivent comprendre 50% d’hommes et 50% de femmes.
- Le MST ne lutte pas seulement pour la terre mais pour la réforme agraire juste et non commerciale (pour l’expropriation et l’attribution des terres aux personnes qui la travaillent et non la vente des terres et l’endettement des paysans comme le proposent le gouvernement et la Banque mondiale (Banco da terra, novo mundo rural).)
- Le MST n’est pas un mouvement isolé de lutte pour la terre mais s’organise au niveau national (23 États) et international : Confederação Latina das Organisações Camponeses (CLOC), Via Campesina.
- Le MST agit dans une continuité historique des mouvements de luttes contre l’oppression et pour la terre au Brésil et dans le monde.
- Le MST n’est rien d’autre que les sans-terre en mouvement et pratique le centralisme démocratique et la démocratie participative.
- La production du MST est une production écologique, sans pesticide, sans engrais chimique et sans OGM, favorisant une diversification des cultures, la reforestation, la culture de plantes médicinales, la nourriture pour les familles du MST et la commercialisation du surplus à des prix accessibles aux plus démunis. Les rapports de production sont coopératifs et solidaires.
[modifier] Actions
Aujourd'hui le MST regroupe 1,5 million de personnes (300 000 familles dans les assentamentos (terres conquises), 150 mille encore dans des acampamentos (occupations).
[modifier] Occupations
Le MST organise des occupations massives de terre de latifundio (avec entre 30 et 1000 familles) monte un acampamento, de là commence une bataille concrète, la répression plus ou moins tardive par la police ou par les mercenaires armés des grands propriétaires ; et une bataille juridique, le MST s’appuyant sur l’article 184 de la constitution de 1988 qui stipule que « Il incombe à l'Union de s'approprier, par intérêt social, aux fins de la réforme agraire, le bien rural qui n'accomplit pas sa fonction sociale », le débat juridique se fait sur la définition de la fonction sociale de la terre, débat sensible au rapport de force entre les mobilisations des sans-terre et le pouvoir corrupteur du grand propriétaire.
La bataille juridique peut se conclure par l’expropriation de la surface de terre occupée et la transformation en assentamento, le déblocage de subventions agricoles, de moyens publics pour le salaire des éducateurs des écoles de l’assentamento et pour le poste de santé.
Chaque famille conquiert l’équivalent de 10 à 20 hectares (selon les régions et le type de terre), qu’elle peut exploiter de façon individuelle, ou collective. Beaucoup de familles s’organisent en coopératives de production et de transformation (boulangerie, productions diverses).
La surface conquise par ces luttes est équivalente à 7 millions d’hectares, ce qui représente 2 fois la superficie du Danemark.
[modifier] Manifestations
Le MST a organisé du 1 au 17 mai 2005, la plus grande marche populaire de l'histoire brésilienne, avec plus de 12 000 personnes marchant de goiania à Brasilia c'est-à-dire 300 kilomètres. Le but de la marche était de faire pression sur le Gouvernement Lula pour qu'il tienne ses promesses électorales en ce qui concerne la réforme agraire (installation de 400 000 familles avant la fin de son mandat en 2006).
[modifier] Actions éducatives
Les sans-terre ont construit 1800 écoles et obtenu des financements publics pour leur fonctionnement, 160 000 enfants sont scolarisés, 3900 éducateurs ont été formés par le mouvement en relation avec 7 universités publiques, il existe un programme d’alphabétisation qui a touché plus de 30 000 jeunes et adultes.
Estimant que l'éducation traditionnelle forme à la compétition, le MST tente avec ses écoles de développer de nouvelles valeurs de solidarité pour former des acteurs sociaux, de véritables citoyens, pour que les sans terre installés sur les terres légalisées restent des sans-terre, militants de la lutte pour la réforme agraire dans tout le Brésil et pour tous les Brésiliens. La dimension éducative du MST est donc très importante, et il forme des éducateurs pour les écoles des assentamentos et acampamentos à une pédagogie particulière : la pédagogie libératrice de Paulo Freire, un éducateur brésilien, prêtre de la théologie de la libération, auteur de la pédagogie des opprimés.
[modifier] Oppositions
Si, grâce à son organisation et à sa dimension éducative, le MST est devenu le mouvement de masse de lutte pour la terre qui a duré le plus de temps dans l’histoire du Brésil, il n'en est pas moins critiqué. Les préoccupations des grand propriétaires sont ainsi relayées par la presse brésilienne qui n'hésite pas qualifier les sans-terre de terroristes, ou plus récemment de talibans du Brésil (Jornal do Brasil, 4 avril 2002).
Le 17 avril 1996, la répression d’une manifestation du MST dans l'état du Pará (nord du Brésil) par la police militaire a entraîné la mort de 19 manifestants. Les organisations paysannes internationales ont décrété cette date, jour international des luttes paysannes. Aujourd'hui le MST est un des mouvements de résistance au libéralisme des plus organisés du monde.
[modifier] opposition à l'OMC
Le MST s'inscrit dans la mouvance altermondialiste en s'opposant aux institutions comme l'OMC ou le FMI. Elle estime en effet que la politique de l'OMC a une influence directe sur le pillage des richesses agricoles du pays. Il accuse également le FMI d'avoir soutenu la dictature puis d'avoir imposé au pays un programme économique qui est le principal responsable de la crise sociale qui touche le pays.
[modifier] Reconnaissances
Le mouvement a reçu le Right Livelihood Award, (parfois appelé prix Nobel alternatif) en 1991 et le prix International Roi Baudouin pour le Développement en 1997.
[modifier] Voir aussi
[modifier] Lien externe
- Site officiel : http://www.mst.org.br/
- Site en français : http://www.amis-du-mst.fr
- ONG soutenant le MST : http://www.france-fdh.org/terra/agir/agirinfoterra.htm http://solidaritebresil.free.fr/mst.htm
- émissions de radio "là-bas si j'y suis" sur le MST: http://w3.la-bas.org/ogg/050222.ogg
- (fr) émissions de radio "le zinc" sur le MST
- (fr) Film "descubrimos as raizes" sur le MST
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