Ostensions limousines
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Les Ostensions sont une tradition religieuse et populaire, profondément ancrée dans l’histoire du Limousin, elles ont lieu à Limoges et dans douze communes de la Haute-Vienne et une en Charente limousine. Cette fête religieuse remonte à l’an 994, alors que le Limousin, comme une grande partie de l’Aquitaine, se trouvait aux prises avec une terrible épidémie : le mal des ardents.
Les moissons viennent de s’achever, lorsque la population se trouve soudain décimée par une épouvantable maladie, sorte d’embrasement intérieur que rien ne parvient à apaiser. Après une sensation d’atroce brûlure (d’où l’appellation « ardent », du latin ardere, brûler), les malades voient leurs membres devenir rigides, noircir, et enfin se putréfier. Les morts se comptent par centaines. L’on apprendra plus tard que ce mal, qui sévira encore pendant plusieurs siècles, n’est autre que l’ergotisme, intoxication causée par la consommation de pain de seigle contaminé par un champignon parasite ; mais en 994, il est perçu comme l’expression d’un châtiment de Dieu. À Limoges, tout n’est que désolation. Les malades et les infirmes, venus implorer la protection divine, s’entassent dans les églises. Face à l’étendue du drame, l’évêque Hilduin et son frère Geoffroy, abbé de Saint-Martial, décident d’organiser un grand rassemblement autour des reliques de plusieurs saints limousins.
Des ambassadeurs sont envoyés dans toute l’Aquitaine pour convier les archevêques de Bordeaux et de Bourges, les évêques de Clermont, du Puy, de Saintes, de Périgueux, d’Angoulême et de Poitiers, à se réunir en concile à Limoges. Le 12 novembre 994, après trois jours de prières et de jeûne, le corps de saint Martial, premier évêque de Limoges et protecteur de la cité, est levé de son tombeau, placé dans une châsse d’or, et porté en procession depuis la basilique du Sauveur (place de la République actuelle) jusqu’au mont Jovis, à l’extérieur des murailles. Une foule immense se presse tout au long du parcours, peu à peu rejointe par des groupes de moines chargés de reliques venues de Figeac, Chambon, Salagnac, et de nombreuses autres paroisses. Cette manifestation de masse sera la toute première ostension (une appellation qui trouve son origine dans le verbe latin ostendere, qui signifie montrer, ou exposer, et qu’employa pour la première fois Bernard Itier, moine bibliothécaire de l’abbaye de Saint-Martial, en 1211). Le 4 décembre, alors que le corps de saint Martial est ramené jusqu’à son tombeau, l’épidémie a cessé de sévir. Les chroniques de l’époque font état de plus de sept mille guérisons. Le clergé, avec l’appui de Guillaume, duc d’Aquitaine, profite de ce fait exceptionnel et de cet inhabituel climat de ferveur pour conjurer un mal plus pernicieux que le mal des ardents : la guerre. Ils lancent alors un appel solennel au respect de la « paix de Dieu », et amènent les seigneurs limousins à prêter serment, et à s’engager à faire régner la justice et la paix.
Au début du XIe siècle, le souvenir du miracle des Ardents, donne lieu à un récit, élaboré au sein de l’abbaye Saint-Martial, et reproduit ensuite dans une multitude de manuscrits. La pratique de l’Ostensions est dans un premier temps reprise ponctuellement, sans date fixe, lors de la venue à Limoges d’un personnage important (Saint Louis et Blanche de Castille en 1244, le pape Clément V en 1307, Louis XI en 1462, Henri IV en 1605) ou en cas de grandes catastrophes, guerres, épidémie. À partir de 1519, elle devient régulière, tous les sept ans.
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