Parc National Torres del Paine
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Parc national Torres del Paine | |
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Catégorie II de l'UICN (Parc national) | |
Emplacement : | Province de Última Esperanza,Región de Magallanes y de la Antártica Chilena,Chili |
Ville à proximité : | Puerto Natales |
Coordonnées : | 51° 2’ 20’’ S, 73° 7’ 28’’ W |
Superficie : | 181,414 ha |
Création : | 13 mai 1959 |
Visiteurs/an : | 107 091 (en 2005) |
Administration : | CONAF (Corporación Nacional Forestal) |
Site web : | conaf.cl |
Le Parc National Torres del Paine (Parque Nacional Torres del Paine) est un parc naturel du Chili situé entre la Cordillère des Andes et la Steppe de Patagonie. Administrativement, il appartient à la XIIème Región de Magallanes y de la Antártica Chilena et à la Province de Última Esperanza
D'une surface de 181 414 hectares (ou 242 242 ha selon les sources), le parc fut créé le 13 mai 1959. Il a été déclaré Réserve de biosphère, le 28 avril 1978 par l'UNESCO.
Ce parc est géré par un organisme étatique chilien, la Corporación Nacional Forestal (CONAF). Celle-ci est en charge des 95 Aires Sylvestres Protégées de l’Etat chiliennes (32 Parcs Nationaux, 48 Réserves Nationales et 16 Monuments Naturels).
Situé à 112 km au nord de Puerto Natales et à 312 km de la vile de Punta Arenas, il fait partie des onze zones protégées existantes dans la Région de Magallanes et de l'Antarctique chilien (avec 4 autres parcs nationaux, 3 réserves nationales et 3 monuments nationaux). Au total, les zones silvestres protégées représentent 51% de la superficie de la région (67 287 km²). Il est limité au nord par le Parc national Los Glaciares, en Argentine.
Sa principale fonction est la conservation des paysages, des écosystèmes, des espèces et de la diversité génétique. Sa surface se caractérise par son hétérogénéité paysagère, où convergent des montagnes, des glaciers, des vallées, des étangs et de grands lacs.
Il tient son nom de trois formations granitiques emblématiques du parc, les Torres (Tours) del Paine, qui lui confèrent un fort attrait touristique. De nombreux chemins et refuges permettent d'en faire un lieu majeur de trekking.
En 2005, 107 091 personnes l’ont visité, dont 78% d’étrangers. La fréquentation est en augmentation considérable chaque année (41 402 en 1995 et 8 338 en 1986)[1].
Sommaire |
[modifier] Géologie et géomorphologie
Le massif montagneux ou cordillère du Paine se détache et domine la région de Puerto Natales, avec une altitude maximale de 3 050 mètres d’altitude. Cependant, il n’appartient pas à la Cordillère des Andes.
[modifier] Le massif
Au Miocène, il y a 12 millions d’années, un corps intrusif (un laccolite) de magma granitique s’est mis en place en profondeur, au cœur de couches sédimentaires du Crétacé Supérieur. Puis, suite à des mouvements tectoniques conduisant à la remontée à la surface des couches profondes et du granit désormais froid, les glaciers creusèrent de nombreuses vallées et arrasèrent ainsi une bonne partie de ces matériaux. Les vallées del Francés, Ascensio et del Silencio sont des témoignages du passage des glaciers, encore présents dans le massif (glaciers del Francés, Olguín et Los Perros) et au nord-ouest du parc (Campo de Hielo Sur).
Les couches sédimentaires supérieures ont presque partout disparu, sauf au sommet de quelques formations telles que les Cuernos del Paine et le Fortaleza. Cela explique les différences de couleurs, dues à la différence de matériau : foncé pour les sédiments, plus clair pour le granite
[modifier] Autres zones du parc
Ce sont des terrains sédimentaires. La zone du Paine est couverte par un complexe sédimentaire, de type flysch. Les roches les plus anciennes du parc affleurent uniquement dans la zone du Cerro Zapata et du lac Pingo, soit à l’extrême ouest du parc. Ces roches datent du Jurassique Supérieur (environ 150 millions d’années), période marquée par une grande activité volcanique. Les roches sédimentaires les plus jeunes et les plus nombreuses du parc datent du Crétacé Supérieur (60 millions d’années). Elles affleurent depuis la rive est du lac Pehoé jusqu’à plus à l’est du lac Sarmiento. Ces roches consistent en des lutites noires, des grès et des conglomérats assez grossiers, comme celles qui affleurent au niveau du Cerro Silla et au sud de la lagune Amarga.
[modifier] Hydrologie
NB : un certain nombre d’étendues d’eau du parc porte en espagnol le nom de « laguna » (lagune). Le sens diffère quelque peu du français, où la lagune fait référence, dans la quasi-majorité des cas, à une étendue d’eau marine ou saumâtre. Ce n’est pas le cas en espagnol, où elle est définie comme une étendue d’eau, généralement douce et de dimensions inférieures à cellle d’un lac.
[modifier] Description
Le parc possède un grand réseau, complexe, de drainage naturel, fait de nombreuses rivières, ruisseaux, lacs, lagunes et cascades qui naissent du Campo de Hielo Sur (Champ de Glace du Sud) et coulent depuis le nord-est jusqu’au Seno (anse) de Última Esperanza, qui baigne la ville de Puerto Natales. Les cours d’eau présentent un profil longitudinal très accidenté, avec des changements brusques de pentes, générant des chutes et des rapides.
Le Campo de Hielo Sur occupe toute la partie ouest du parc. 5 glaciers sont alimentés par celui-ci. Ce sont, du nord au sud, les glaciers Dickson, Grey, Pingo, Zapata, Tyndall et Geikie, tous en régression. Le plus grand est le glacier Grey. Son front est divisé en deux bras, à cause de l’émergence d’une péninsule, communéméent appelé la Isla (l’Île) ou Nunatak. Celle-ci se découvre un peu plus chaque année. Le bras est mesure environ 1,2 km tandis que le bras ouest a une largeur d’environ 3,6 km. La longueur du glacier (à l’intérieur du parc) est de 15 km.
Le système hydrologique du parc s’écoule du nord au sud. Il commence au lac Dickson, qui est alimenté par le glacier du même nom. Il engendre le río Paine qui forme plus loin vers l’est un premier lac : le lac Paine. Recevant par la suite les eaux de la lagune Azul ('bleue'), le río Paine se jette dans le premier lac d’importance, le lac Nordenskjöld (du nom de l’explorateur suédois), long de 14 km. Il communique, par l’intermédiaire du Salto Grande (‘grande chute d’eau’), avec le lac Pehoé. Ce dernier fait de même avec le lac Toro, un des plus grands de la région. Celui-ci se déverse dans le río Serrano. Cette rivière se jette dans le Seno Ultima Esperanza, après avoir capté les eaux des ríos Pingo, Grey, Tyndall et Geikie, chacun originaires du glacier du même nom. La formation des lacs fut le résultat de l’activité et du poids glaciaire, combinée à des cycles de volcaniques et sismiques.
Selon la différence de disponibilité de substances nutritives pour les plantes, les lacs peuvent se classer en lacs oligotrophes ou eutrophes. Les premiers sont typiquement très profonds, d’origine glaciaire, pauvres en phosphore, azote et calcium( auquel cas l’oxygène est très disponible à toutes les profondeurs). Ce sont les lacs Dickson, Paine, Nordenskjöld, Pehoé, Grey, Pingo, Tyndall, Geikie et Toro. Les eaux eutrophiques sont quant à elles moins profondes et plus fertiles. Ces lacs et eaux sont typiques des régions géologiques plus anciennes. La végétation aquatique est plus abondante et la communauté du bassin est basée sur des populations importantes de zooplancton et phytoplancton. Ce sont pour la plupart des lagunes.
[modifier] Eléments remarquables du réseau
[modifier] Lac Sarmiento
Il est classé comme un lac salé, au regard de la chimie de son eau. Sa surface est de 86,2 km² et sa profondeur maximale de 312 m. Il est alimenté par des ruisseaux mineurs provenant de lagunes eutrophiques. La lagune Verde et la lagune Honda sont les sources de son unique ruisseau tributaire important. La clarté de l’eau et la topographie sous-marine relativement peu accidentée sur les bords indiquent des zones étendues de chaînes alimentaires et une très bonne photosynthèse. Cela permet la présence de truites marrons (Salmo trutta fario) introduites. Il n’est pas directement connecté au réseau du río Paine.
[modifier] Lac del Toro ou Toro
Son nom (lac du taureau) proviendrait de sa forme. La topographie du lit est profondément crevassée, ce qui limite les zones de faible profondeur. Sa zone littorale est ainsi relativement petite et avec peu de végétation aquatique. C’est un lac de drainage avec un volume et une taille très importants (c'est le plus grand de la région) et de caractéristiques oligotrophes.
[modifier] Río Serrano
Il est issu du lac del Toro. Il présente un flux considérable au printemps, atteignant des courants maximaux en été. Sa température et sa clarté, de même que son alcalinité, changent radicalement après la confluence avec le río Grey. Quand ces deux rivières se rejoignent, ils maintiennent leurs courants complètement séparés sur une distance considérable en aval, rendant la ligne entre les courants clairement visible.
[modifier] Climat
Selon la classification de Köppen, le parc se trouve dans la « zone de climat tempéré froid pluvieux sans saison sèche ». Les conditions climatiques du parc sont très variées, du fait de l’orographie compliquée.
[modifier] Pluviométrie
Les mois les plus pluvieux sont mars et avril (automne austral), avec une moyenne mensuelle de 80 mm. Cela représente le double de la période juillet-octobre (hiver-printemps), qui sont les mois les plus secs.
[modifier] Températures
La zone est caractérisée par un été frais, avec des températures inférieures à 16°C durant le mois le plus chaud (janvier). L’hiver est relativement rigoureux, avec une température minimale moyenne du mois le plus froid (juillet) de -2,5°C.
[modifier] Flore et faune
[modifier] Flore
La dernière étude d’envergure produite sur la flore du parc est celle de Pisano (1974)[2]. Cette étude dénombre 4 zones biotiques qui recouvrent l’ensemble du territoire du parc. Ce sont autant de « végétations-types » :
[modifier] Zone biotique "Matorral pré-andin"
Confinée aux territoires de plaines et plateaux, la majeure partie des végétaux y présentent des adaptations destinées à économiser de l’eau. Ils sont aussi très exposés au vent. Cette zone se divise en 3 associations :
[modifier] Zone biotique "Forêt magellanique décidue"
On inclut dans cette zone biotique toutes les communautés arborées dans lesquelles le Hêtre de la Terre de Feu (ou Hêtre blanc) Nothofagus pumilio (esp. : Lenga) est présent. Elle se divise en :
[modifier] Zone biotique "Steppe patagone"
La végétation est basiquement composée de graminées pérennes, d’hauteur moyenne à basse. Sa strate basale est fréquemment fermée, formée d’herbes pérennes de faible hauteur. Il n’existe pas de véritables arbres, à cause de la faible disponibilité d’humidité édaphique et atmosphérique et des effets séchants du vent. Elle se divise en :
[modifier] Zone biotique "Désert andin"
Elle regroupe tous les territoires, qui du fait des conditions climatiques déterminées par l’altitude, possèdent une végétation manquant d’arbres ou d’arbustes hauts, qui n’atteignent pas une valeur de couverture de 30%, et présentant une physionomie variable.
[modifier] Espèces introduites
L’étude précédente de Pisano recensait 178 espèces natives et 3 espèces introduites, telle que Poa pratensis. Une récente étude[3] a recensé 85 espèces introduites, appartenant à 21 familles et 65 genres. Les familles les plus représentées sont les Poaceae (22 espèces), les Asteraceae (11 espèces), et les Caryophyllaceae (7 espèces). Les herbes pérennes constituent 52% et les annuelles 34%. 88% de ces espèces sont d’origine européenne. Ces invasions semblent en partie liées aux différents incendies subis par le parc entre 1985 et 2005.)
[modifier] Faune
Le parc contient un grand nombre d’espèces animales. Depuis les facilement observables Guanaco et Nandou jusqu’au très discret Huemul.
[modifier] Oiseaux
Les oiseaux sont le groupe de Vertébrés le plus représenté, avec 105 espèces dont 18 anatidés, 38 passereaux, 11 rapaces ...
On identifie de manière plus précise :
- Le Nandou (Pterocnemia pennata)
- 3 espèces de Podicipedidae : le Grèbe de Rolland (Podiceps rollandi), le Grèbe à belles joues (Podiceps occipitalis) et le Grèbe de Magellan (Podiceps major)
- 2 espèces de Phalacrocoracidés : le Cormoran impérial (Phalacrocorax atriceps) et le Cormoran vigua (Phalacrocorax olivaceus)
- 4 espèces d’Ardéidés : le Héron cocoi (Ardea cocoi), le Héron bihoreau (Nycticorax nycticorax), l’Aigrette neigeuse (Egretta thula) et le Héron garde-bœufs (Garza boyera).
- 1 espèce d’Ibis : l’Ibis mandore (Theristicus caudatus)
- 1 espèce de Flamant : le Flamant du Chili (Phoenicopterus chilensis)
- 18 espèces d’Anatidés dont le Cygne à cou noir (Cygnus melancoryphus), l’Ouette de Magellan (Chloephaga picta)
- 13 espèces de rapaces diurnes dont le Condor des Andes (Vultur gryphus)
- 3 espèces de Rallidés : la Foulque à jarretières (Fulica armillata), la Foulque leucoptère (Fulica leucoptera) et Pardirallus sanguinolentus
- 9 espèces de (anciennement) Charadriiformes dont l’Huîtrier de Garnot (Haematopus leucopodus), le Vanneau téro (Vanellus chilensis), la Bécassine des marais (Gallinago gallinago)
- 2 espèces de Laridés : le Goéland dominicain (Larus dominicanus) et la Mouette de Patagonie (Larus maculipennis)
- 1 espèce de tourterelle : la Tourterelle oreillarde (Zenaida auriculata)
- 1 espèce de Psittacidé : la Conure (ou Perruche) magellanique (Enicognathus ferrugineus)
- 3 espèces de Strigiformes : la Chouette effraie (Tyto alba), le Grand-duc d’Amérique (Bubo virginianus) et la Chevêchette australe (Glaucidium nana)
- 1 espèce de Colibri : le Colibri du Chili (Sephanoides sephanoides)
- 1 espèce de Martin-Pêcheur : le Martin-pêcheur à ventre roux (Ceryle torquata)
- 3 espèces de Picidae : le Pic du Chili (Colpates pictius), le Pic de Magellan (Campephilus magellanicus) et le Pic bûcheron (Carpintero negro)
- 38 espèces de Passériformes
[modifier] Mammifères
On recense au total 25 espèces de mammifères autochtones au sein du parc. Le mammifère le plus présent est le Guanaco (Lama guanicoe), du fait d’un programme de sauvegarde dans les années 70. S’y ajoutent :
- 3 espèces de chauve-souris : Myotis chiloensis, la Chauve-souris rousse (Lasiurus borealis), et Histiotus montanus
- 11 espèces de Rongeurs : Oligoryzomys longicaudatus, Akodon xanthorhinus, Abrothrix longipilis, Akodon lanosus, Abrothrix olivaceus, Chelemys macronyx, Eligmondontia typus, Phyllotis darwini, Reithrodon physodes, Euneomys chinchilloides
- 2 espèces de renards : le Loup de Magellan (Pseudalopex culpaeus) et le Renard gris d’Argentine (P. griseus),
- 3 mustélidés : le Grison (Galictis cuja), la Moufette de Patagonie (Conepatus humboldtii), et Lyncodon patagonica
- 2 félidés : le Puma (Felis concolor patagonica), et le Chat de Geoffroy (Oncifelis geoffroyi)
- 1 cervidé : le Huemul (Hippocamelus bisculus),
- 2 espèces de Tatous : Grand Tatou velu (Chaetophractus villosus) et le Tatou velu de patagonie (Zaedyus pichiy)
On compte aussi une espèce introduite, le Lièvre d’Europe (Lepus europaeus).
[modifier] Reptiles et Amphibiens
6 espèces de reptiles sur 7 de la région sont présentes dans le parc, et 3 sur 4 pour les amphibiens.
Amphibiens : Bufo variegatus, Pleurodema bufonina et Batrachyla leptotus
Reptiles :
- Liolaemus lineomaculatus, Liolaemus magellanicus, Liolaemus leptotus et Liolaemus walteri
- Diplolaemus darwini et Diplolaemus bibroni
[modifier] Poissons
L’ictyofaune est représentée par 2 espèces du genre Galaxias (l’Inanga Galaxias maculatus et Galaxias platei) et par Aplochiton taeniatus, de la même famille. Ces espèces sont présentes dans les cours d’eau et les lacs situés au nord du Salto Chico, excepté dans le lac Sarmiento.
Sont aussi présentes des truites Percichthys trucha introduites, dans la dernière partie du río Paine, le lac Toro et le río Serrano (dans lequel on trouve également des saumons).
[modifier] Elements historiques de découverte et d’occupation du territoire du parc
[modifier] Les premières occupations du territoire
D’abondantes preuves archéologiques indiquent que la zone fut habitée de façon permanente durant des millénaires (dès 6 000 à 5 000 av JC), par des individus appartenant aux anciens peuples chasseurs de la pampa, ancêtres des Tehuelches. On a en effet trouvé des témoignages de présence sur les rives du lac Sarmiento et du río Serrano.
Aux primitfs chasseurs succèdent (1500 – 1870) les nomades Aonikenk (aonik = sud et kenk = peuple), Tehuelches vivant au sud du río Chubut.
Depuis toujours, les Tehuelches connaissaient le massif qu’ils appelaient Paine ou Carrón et pour lequel ils avaient un profond respect.
[modifier] Découverte du territoire
[modifier] La première expédition
Vers les années 1870, probablement associé à des Tehuelches durant leurs migrations saisonnières, est arrivé le baqueano Santiago Zamora. Sans doute le premier homme blanc arivant au Paine, il gagna le mérite indisputé de la découverte. Les fréquents voyages de Zamora pour se procurer des guanacos, des nandous et des animaux sauvages, en firent un expert connaisseur de la région.
[modifier] Explorations scientifiques
L’exploration de la zone montagneuse remonte à la seconde moitié du XIXème siècle. Il est intéressant de noter que le nom Paine ne fit sa place dans la nomenclature officielle que plus tard. En effet, ces montagnes étaient connues au début comme la "Cordillera de los Baguales » ou la « Sierra de los Baguales ». Baguales étant le terme désignant les chevaux sauvages ou non domestiqués.
Pour être plus précis, les premiers écrits datent de 1879, et sont l’œuvre du Lieutenant Juan Tomás Rogers. Missioné par le gouvernement chilien, il mena une ample reconnaissance du territoire d’Última Esperanza et put observer de loin les Torres del Paine. Il découvrit le río Paine (qu’il appela blanc) et les lacs Sarmiento et Nordenskjöld, les nommant respectivement ‘serpent’ (esp. : serpiente) et ‘étroit’ (esp. : angosto). A son retour, il découvre le lac Toro, par son secteur nord-oriental.
De nombreux explorateurs parcoururent par la suite la région : Otto Nordenskjöld (1895), Carl Skottberg (1908) etc.
A partir de 1926, le prêtre salésien Alberto De Agostini, le dernier des grands explorateurs de la Patagonie, la parcourut intensivement. Son exploration de 1929 avait comme objectif de déterminer la nature véritable du secteur central du massif, l’hypothèse d’un ancien cratère volcanique étant encore de mise. De Agostini conclua, grâce à la présence de roches granodioritiques, que ce n’était définitivement pas le cas. Sa dernière exploration date de 1943. Elle est dirigée vers le secteur septentrional du massif, avec une reconnaissance le long du río Paine jusqu’aux rives du Lago Dickson. Avec elle se termine l’étape des grandes explorations de reconnaissance géographique.
[modifier] Première exploration touristique
Les premiers européens non scientifiques qui contemplèrent le Paine furent Lady Florence Dixie et ses compagnons en 1879. Ils donnèrent aux tours le nom d’ « Aiguilles de Cléopâtre ». Ce fut la première expédition à caractère touristique, tel que l’on peut l’entendre aujourd’hui.
[modifier] L’occupation du territoire
Les terrains de l’actuel parc national furent utilisés dans le passé principalement pour l’élevage, bien que dans des proportions faibles.
Les premiers colons qui se seraient établis dans la zone pour l’approvisionnement des terrains pastoraux furent les allemands Carlos Heede et Claudio Gliman dans le secteur de la Laguna Verde en 1895 ; Carlos Führ dans le secteur de la Laguna Azul ; le britannique Walter S. Ferrier (qui donne son nom à une lagune et un sommet à l’ouest de l’administration. Son ancienne estancia a servi d’administration pendant un certain temps avant de subir un incendie dans les années 80. On peut encore observer les restes entre l’administration actuelle et le kiosque) dans le secteur du lac Toro en 1896 ; Orozimbo Santos dans le secteur du lac Pehoé en 1906 et Victoriano Rivera dans le secteur du lac Paine en 1908. Motivés par l’élevage, ils installèrent au fur et à mesure une infrastructure adéquate pour la gestion des animaux domestiques (ovins et bovins principalement).
Avec le temps, l’infrastructure d’élevage prit de l’ampleur sous forme de noyaux qui finirent par s’appeler ‘estancias’, qui géraient de grands troupeaux sur des terres pas toujours encore aptes à le recevoir.
On estime qu’il y eut un maximum de 32 000 moutons et 3 000 têtes de bovins, sur un total de 110 000 ha, appartenant aux estancias suivantes : Lago Dickson, La Victorina, María Leticia, Laguna Azul, Cerro Paine, une partie de celle de Cerro Guido, une partie de celle de Cerro Castillo, une partie de celle de la comunidad Río Paine, Lago Grey y Cerro Zapata. Cependant, dans les dernières années, avant la création du parc, et à cause de la surexploitation du pâturage, l’élevage, qui se maintenait dans ces champs diminua. Dans de nombreux cas, l’occupation pionnière a entraîné la perte irréparable de ressources naturelles de valeur : pratique néfaste des incendies de forêt destinés à l’ouverture des champs, chasse indistincte d’animaux sauvages et destruction inhérente de leur habitat.
Lentement, la conscience grandissante du gouvernement et de la communauté à propos de la grande valeur naturelle de ces espaces à des fins de conservation déterminèrent à les récupérer et à les intégrer au domaine de l’actuel parc.
Quant à l’exploitation forestière, elle fut faible, utilisant des poteaux et des perches pour la construction d’enclos. Pour la construction des maisons de patrons et les ateliers de tonte, la plus grande partie du bois provenait de Puerto Natales.
Aujourd’hui, quasiment l’ensemble du territoire du parc est la propriété de la CONAF. La constitution s’est faite par acquisitions successives des terrains des anciennes estancias, sauf ceux de l’estancia Cerro Paine. En effet, les propriétaires conservent l’usage de ces terres pour faire paître des bovins au sein du parc. Ils ont aussi développé une forte infrastructure touristique. D’une grande superficie et situés à une place stratégique (au pied du massif), ces terrains privés génèrent encore des conflits entre les propriétaires et la CONAF (notamment concernant l'entretien des sentiers).
[modifier] Description du massif montagneux
Le massif a la forme d’un rectangle, orienté NE-SO et tailladé de deux vallées profondes et parallèles dans le sens NO-SE, lui donnant la forme d’un m. Ses dimensions sont environ 24 km de long sur 13 km de large. On peut diviser le massif en plusieurs secteurs :
[modifier] Le Cerro Paine Grande
Le Cerro Paine Grande proprement dit est situé au sud-ouest du massif.
Il possède 4 sommets : la Cumbre principal (Sommet principal, 3050 m), la Punta Bariloche (Pointe Bariloche, 2600 m), la Cumbre Central (Sommet central, 2730 m) et la Cumbre Norte (Sommet Nord, 2750 m). C’est la partie la plus occidentale et la plus imposante du massif, située entre la vallée del Francés et le glacier Grey. Le sommet est constamment enneigé. Le glacier del Francés est alimenté par ces neiges-ci.
[modifier] Les Cuernos del Paine
En face, sur l’autre versant de la vallée del Francés se trouvent les fameuses Cuernos del Paine (Cornes du Paine). Ces trois sommets sont reconnaissables à leur formes massives et surtout à leurs couleurs. En effet, leurs sommets et leurs bases sont de couleur foncée et de matériau sédimentaire. Au contraire la partie centrale est nettement plus claire et se distingue immédiatement. Cette partie centrale est du granite. Les couches sédimentaires supérieures sont des témoins des couches sédimentaires érodées par les glaciers et les vents. Cette superposition se retrouve sur le cerro Almirante Nieto.
Si on regarde bien la partie granitique est du Cuerno Este, on peut noter des zones plus sombres qui font penser au dessin d’un gaucho à cheval.
[modifier] La Vallée del Francés
Au fond de la vallée del Francés se trouve un cirque cerné par des sommets de moindre importance. On peut citer la Cabeza del Indio (Tête de l’Indien, 2230 m) au nord. Son nom provient dela ligne de crête semblable au profil d’un homme. La forme la plus immédiatement identifiable est celle de la Aleta del Tiburón (Aileron du requin). Entièrement de granite, c’est un pyramide couchée culminant à 1717 m dont on distingue nettement l’arête principale.
[modifier] La Vallée Bader
A l’est des Cuernos et les séparant du Monte Almirante Nieto se trouve la vallée Bader, non accessible aux visiteurs.
[modifier] Le Monte Almirante Nieto
Le Monte Almirante Nieto est un imposant sommet, culminant à 2 640 m. De même que pour les Cuernos, on observe les deux couleurs dues aux différents matériaux qui le composent. Il représente le côté est de la vallée Ascensio (Ascension), au creux de laquelle coule le rio Ascensio.
[modifier] La Vallée Ascensio et les Torres del Paine
La vallée Ascensio est la seconde d’importance du massif. C’est elle qui permet d’accéder aux fameuses Torres del Paine. Ces trois pics granitiques sont alignés selon un axe NE-SO, et sont respectivement appelées Torre Norte, Central et Sur (Tour Nord, Centrale et Sud). Elles culminent respectivement à 2600 m, 2800 m, 2850 m. Le relief au-delà de la Torre Norte est appelé Nido del Condor. On y observe une fois encore la superposition des matériaux sédimentaires et granitiques, tandis que les tours sont de granite pur. Au fond de la vallée se dessine le cerro Oggioni (1697 m).
[modifier] Le Cerro Paine
Ce petit sommet de 1508 m d’altitude fait face au Monte Almirante Nieto, de l’autre côté de la vallée Ascensio. Il est l’extrémité sud-est du massif.
[modifier] Les glaciers
Au sein du massif, trois glaciers d’importance sont présents, tous du côté Est. Sur le flanc sud-ouest du Paine Grande, se trouve le glacier del Francés. A l’extrémité NO du massif deux glaciers débutant au même endroit s’écoulent l’un vers la face nord du massif (Glacier de los Perros) et l’autre vers la face est du massif (glacier Olguín).
[modifier] Autres sommets d’importance
Hormis le massif du Paine, peu de sommets se détachent nettement du territoire du parc. On peut cependant citer les cerros Ferrier (le plus au nord) et Donoso. Ces deux sommets, de respectivement 1 599 m et 1 481 m sont visibles depuis l’administration, en regardant plein est. Ils séparent le río Grey du Campo de Hielo Sur. A l’ouest de l’administration est visible la sierra del Toro, à l’aplomb du lac del Toro. Son point le plus haut (à l’intérieur du parc) culmine à 1 158 m et est situé au sud de la lagune Verde.
[modifier] Historique des ascensions des sommets du parc
[modifier] Les premières tentatives
Les premières informations à propos d’ascensions d’alpinisme dans la région proviennent également des écrits de De Agostini. Il y note qu’en 1931 et en 1937 était présent au Paine le docteur allemand Gustavo Fester, accompagné lors de la seconde expédition par des alpinistes. A cette occasion, Hans Teufel et Stefan Zuck, du Club Alpin de Bavière, réussirent à atteindre la cime occidentale du Paine Chico (2668 m), qui fut baptisée Cerro Almirante Nieto.
En 1955 eut lieu la conquête du sommet central du Paine Grande (2730 m) par les alpinistes chiliens Luis Kranl, Sergio Kunstermann, Ernesto Payá et Ricardo Vivanco. Ce même jour, le 11 février, fut escaladé par les mêmes personnes le sommet sud (2600 m), qu’ils nommèrent Punta Bariloche, en souvenir des deux alpinistes de cette ville, Schmoll et Pangerc, qui avaient perdu la vie sur les flancs de cette montagne.
Mais le sommet principal du Paine Grande, avec ses 3050 m est le sommet le plus haut de la région et constituait l’objectif principal des expéditions. Déjà dans les années 1953-54 des escaladeurs argentins avaient initié l’exploration de ses flancs, mais s’étaient arrêtés à cause de la mort de deux hommes de pointe, Heriberto Schmoll et Toncek Pangerc, tués par un détachement de glace. Lors de l’hiver austral 1957-58 arriva au pied du Paine Grande une grande expédition organisée et financiée par l’italien Guido Monzino. Le groupe d’alpinistes était principalement composé de guides du Val d’Aoste. Il était composé de : Guido Monzino, chef de l’expédition, Tullio Monzino, Pietro Nava et de Luigi Barmasse, Jean Bich, Marcello Carrel, Toni Gobbi, Camillo Pellissier, Pacifico Pession, Leonardo Carrel et Pierino Pession, guides alpins. Cinq chiliens (quatre militaires et un civil, le médecin Emilio Covacevich) accompagnaient ce groupe. C’est le 27 décembre que la cordée de Bich et Carrel, suivie par une autre d’appui formée par Gobbi, Pellissier et Pession, peut tenter l’assault final. Bien que les conditions soient très mauvaises, les alpinistes réussissent à gravir la paroi orientale et atteignent la cime.
L’autre objectif de cette expédition était de gravir les fameuses tours. Face aux difficultés rencontrées sur les tours Central et Sur, les alpinistes se rabattent sur la troisième, la Norte. Le somment en est atteint par Bich et Pession le 16 janvier 1958. Elle prend alors comme nom Torre Guido Monzino.
En 1963, une équipe anglaise (Christian Bonington et Donald Williams) et une italienne organisée par la Section de Monza du Club Alpin Italien (dirigée par Giancarlo Frigen et composée de Armando Aste de Rovereto, Vasco Taldo, Nando Nusdeo, Josue Aiazzi et Carlo Casati de Monza) veulent conquérir la Torre Central. Ce seront les anglais qui y parviendront, après une compétition acharnée, en premier, le 16 décembre 1953. Cependant, les italiens, le 9 février de la même année, arrivent au sommet de la Torre Sur, la plus grande des trois.
[modifier] Autres acensions
- Cerro Oggioni (1 697 m) : ascension réalisée le 24 janvier 1966 par les italiens Franco Solina, Cesare Fava, Filippo Frasson, Mario Castellazzo, Ignacio Sáenz y Armando Aste
- Cerro Fortaleza (2 681 m) : ascension réalisée le 6 janvier 1968 par les anglais Dave Nicol, John Gregory et Gordon Hibberd, de l’expédition d’Ian Clough
- Cerro Escudo (2 240 m) : ascension réalisée le 31 janvier 1968 par les italiens Mario Curnis et Mario Dotti, membres de l’expédition conduite par Piero Nava, avec aussi Piero Bergamelli et Andrea Cattaneo
- Cuerno del Paine Principal (2 600 m) : ascension réalisée en 1968 par les alpinistes chiliens Raúl Aguilera, Eduardo García, Osvaldo Latorre et Gastón Oyarzún
- Cerro Tronco Blanco (2 197 m) : ascension réalisée en 1968 par les alpinistes tchécoslovaques Leos Horka et Pavel K'imza, avec le chilien Gastón Oyarzún.
- Cerro Cota 2000 (2 000 m) : ascension réalisée en 1971 par les alpinistes chiliens Jorge Quinteros, Gastón Oyarzún, Bernard Paul et José Troncoso
- Cerro Catedral (2 168 m) : ascension réalisée en 1971 par les alpinistes anglais Bob Smith, Guy Lee, Bob Show, Chris Jackson, Roger Whemell et Dave Nicol
- Cerro Espada (2 500 m) : ascension réalisée le 19 décembre 1971 par les alpinistes sud-africains Paul Fatti et Michael Scott, puis par leurs coéquipiers Carl Fatti, Tony Dick, Roger Fuggle et Richard Hoare (seul le dernier de l’expédition, Paul Andersen, ne l’a pas gravi)
- Cuerno del Paine Norte (2 400 m) : ascension réalisée le 30 décembre 1971 par l’expédition précédente, à l’exception de Carl Fatti
- Aleta del Tiburón (1 717 m) : ascension réalisée en 1977 par les alpinistes chiliens Gino Casassa, Claude Cognian, Juan Pardo et Gonzalo Salamanca
[modifier] Gallerie
[modifier] Références
- ↑ http://www.conaf.cl/?page=home/contents&seccion_id=73eadd19490e1fc1abeb85191203dfd2&unidad=0&
- ↑ PISANO, E. 1974. Estudios ecológicos de la región continental sur del área Andino-Patagónico. II: Contribución a la fitogeografía de la zona del “Parque Nacional Torres del Paine”. Anales Instituto Patagonia, Punta Arenas (Chile), 5 (1-2): 59-104.
- ↑ DOMÍNGUEZ, E. et al. 2006. Plantas introducidas en el Parque Nacional Torres del Paine, Chile. Gayana Bot. 63(2): 131-141
[modifier] Sources
- CONAF, Plan de manejo Parque Nacional Torres del Paine 1996-2005
[modifier] Liens externes
- (es) Site de la CONAF
- (es) Histoire des ascensions des sommets du parc
- (en) Chili Patagonie
- (en) Fiche du parc sur le site UNEP-WCMC
- (fr) Quelques mots sur Otto Nordenskjöld
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