Parti acadien

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Le Parti Acadien était un parti politique du Nouveau Brunswick, Canada et qui fut très actif au cours des années 70 et 80. Ce parti politique fut fondé en 1972 par des Acadiens révoltés des conditions de pauvreté touchant les régions de la province à prédominance francophones en comparaison avec celles à majorité anglophone. L'économie du Nouveau-Brunswick était alors centrée sur le "golden triangle" (en français : le "triangle d'or") entres les ville de Fredericton, Saint-Jean et Moncton, alors que les régions du nord et de l'est du Nouveau-Brunswick, majoritairement francophones, étaient relativement pauvres.

Malgré les effort du premier ministre d'origine acadienne Louis Robichaud, (premier ministre du Nouveau-Brunswick de 1960 à 1970) pour améliorer leur sort en instituant une politique d'"Equal Opportunity" (en français: "Égalité des chances"), quelques Acadiens croyaient qu'ils seraient mieux déservis par leur propre administration. En conséquence, le parti mit de l'avant l'idée de séparer la région acadienne du reste du Canada. Ce parti fut motivé par des sentiments nationalistes similaires à ceux déclenchés au Québec par les souverainistes de la Révolution tranquille, et qui les menèrent à la formation du Parti Québécois.

Le parti tenta de se dissocier des éléments plus radicaux en son sein, hésitant même à utiliser le terme "nationaliste". Bien que présentant plusieurs politiques socialistes, le but premier du parti, tel qu'énoncé dans sa plateforme, était de travailler à des réformes à l'intérieur du cadre législatif du Nouveau-Brunswick de l'époque. Le parti expliqua également qu'il n'était pas anti-anglophone en soi mais qu'il croyait que le système capitaliste alors en place favorisait le sud fortement anglophone de la province. Plusieurs radicaux joignirent une nouvelle organisation, la "Société Acadienne du Nouveau-Brunswick" (SANB).

Euclide Chiasson fut le premier président et chef du parti. Ce dernier présenta 13 candidats aux élections provinciales de 1974 sur les 58 circonscriptions électorales alors en jeu, 23 autres candidats lors des élections de 1978 pour finalement n'en présenter que dix lors des élections de 1982, qui devaient être les dernières où le parti fut représenté.

Le parti considéra une alliance ou une fusion avec le Nouveau Parti démocratique du Nouveau-Brunswick (NPD). Le Parti Acadien encouragea les électeurs à voter pour le NPD lorsqu'il ne présentait pas lui même de candidats dans la circonscription en jeu. Aucune entente formelle ne fut cependant conclue entre les deux partis.

Jean-Pierre Lanteigne fut choisis comme nouveau chef du parti en 1975. Il proposa d'abandonner l'idée de la création d'une province acadienne autonome préférant défendre un projet social-démocrate pour l'ensemble de la province du Nouveau-Brunswick. Ce choix provoqua une division au sein du parti alors que certains membres, encouragé par les succès du Parti Québécois, croyaient possible de raviver l'étincelle nationaliste acadienne. Lanteigne insista pour affirmer que le Parti Acadien n'était pas une succursale néo-brunswickoise du PQ.

La menace de séparation du Québec du reste du Canada, défendu par le PQ, amena cependant une réévaluation de la position acadienne dans la fédération canadienne advenant la réalisation du projet péquiste. Le Parti Acadien décida alors de revenir à son projet de création d'une province autonome d'Acadie, fort de l'appui de la plupart (mais pas de tous) des membres de la SANB. Le parti présenta ce projet à l'électorat lors des élections élections provinciales de 1978. Cependant, le gouvernement sortant, formé par le Parti conservateur, et son chef, Richard Hatfield, promit également l'accroisement de la culture acadienne dans la province. Malgré la réélection des Conservateurs, cette élection constitua pour le parti le meilleur résultat de son histoire. Avec ses députés récoltants 12% des votes et une deuxième place dans Restigouche Ouest (le candidat Armand Plourde y fut battu par seulement 170 voix), ce fut le moment où le Parti Acadien passa le plus près de faire élire un député.

Considérée comme trop vague lors de l'élection, la plateforme du parti dû être éclaircie. Le parti décida de favoriser la décentralisation des pouvoirs provinciaux et l'accès à des services en français partout dans la province. Un congrès regroupant, en 1979, le Parti Acadien, des membres de la SANB et d'autres Acadiens conduisit à une coupure entre les tenants de l'indépendance de l'Acadie et ceux favorisant des réformes internes tout en demeurant Néo-Brunswickois. La SANB, toujours considérée comme une organisation sociale, dû expliquer qu'aucun consensus n'avait été dégagé sur le sujet devant la menace de perdre son financement de la part du gouvernement du Canada.

En 1980, la majorité des membres de la SANB votèrent en faveur de la promotion de la souveraineté de l'Acadie. Cette décision eut comme effet le retrait des subventions fédérales et provinciales à l'organisme devant la peur des autorités que des radicaux en aient pris le contrôle et, par conséquence, que le Parti Acadien est subi le même sort. Les membres plus centristes quittèrent alors le parti et plusieurs se tournèrent vers les Conservateurs provinciaux.

Lors des élections de 1982, les politiques pro-francophones des Conservateurs touchèrent de nombreux électeurs acadiens et le parti de Richard Hatfield remporta un nombre sans précédent de siège en Acadie. L'ouverture de Hatfield envers les francophones de la province ne fut cependant pas apprécié par plusieurs Néo-Brunswickois anglophones qui fondèrent éventuellement le "New Brunswick Confederation of Regions Party". Ayant perdu 75% de ses appuis de 1978, le Parti Acadien disparut en 1986.