Pierre Charron
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Pierre Charron, (1541 à Paris - 16 novembre 1603 à Paris), est un théologien et un philosophe, moraliste célèbre en son temps.
Il était fils d'un libraire qui eut 25 enfants. Il suivit des études de philosophie et de droit. Il exerça d'abord la profession, d'avocat, puis reçut les ordres, et se fit bientôt un nom par ses prédications. Marguerite de Navarre en fit son prédicateur. Plusieurs évêques l'attirèrent auprès d'eux, et il séjourna comme théologal à Bazas, Lectoure, Agen, Cahors, Condom, où il achèta une maison et y fit graver sur un linteau : "Je ne sais", Bordeaux. Dans cette dernière ville, il rencontra Montaigne avec qui il lia d'une grande amitié de dix ans et qui eut une grande influence sur son œuvre. Il adopta bientôt sa philosophie. Montaigne le désigna comme héritier du blason de sa maison. Charron reconnut plus tard ce témoignage d'affection et d'estime en instituant le beau-frère de Montaigne son légataire universel.
En 1595, il fut envoyé à Paris comme député à l'assemblée du clergé et devint secrétaire de cette assemblée. Il mourut à Paris en 1603, d'apoplexie. Charron a composé un Traité de la Sagesse, Bordeaux, qu'il publia en 1601 après d'autres ouvrages concernant la religion et qui présente un catholicisme orthodoxe, répond aux attaques dont il était l'objet mais provoqua un scandale : il y défend la tolérance religieuse, ce qui le fit accuser d'athéisme. "Nous sommes circoncis, baptisés, juifs, mahométans, chrestiens avant que nous sachions que nous sommes hommes." Il sépare ainsi la religion de la morale (morale appuyée sur la nature), ouvrant l'espace d'une pensée laïque. C'est encore un des meilleurs traités de morale connu au XIXe siècle ; mais on y trouve quelques propositions hasardées qui en firent longtemps défendre l'impression et le firent mettre à l'Index Librorum Prohibitorum à Rome.
Des pamphlétaires, jésuites en particulier, l'attaquèrent vigoureusement et les critiques continuèrent bien après sa mort, l'accusant de plagiat à l'égard de Montaigne et des auteurs de l'antiquité. Il imita également le style de Montaigne, mais il avait moins de grâce et de naïveté. Charron a aussi laissé un Traité des Trois Vérités (existence de Dieu, vérité du Christianisme, vérité du Catholicisme), 1594, fort estimé, et un Abrégé du Traité de la Sagesse. La meilleure édition de la Sagesse est celle qu'a donnée Amaury Duval, 1820, 3 v. in-8.
Avant Spinoza et son Éthique, l'idée "Dieu c'est-à-dire la nature" est exprimée par Pierre Charron, ce qu'a particulièrement relevé Michel Onfray. Descartes s'inspirera de sa méthode du doute pour la rédaction du Discours de la méthode.
[modifier] Œuvres
- Trois Vérités, (Cahors, 1593) ;
- Discours chrétiens, (Bordeaux, 1600) ;
- De la sagesse. Trois livres, (Bordeaux, 1601) (nombreuses rééditions ensuite) ;
- Œuvres complètes, Paris, 1635 avec une vie de l'auteur, par Michel de La Rochemaillet (reprises à Genève, 1970).
[modifier] Liens externes
Cours radiodiffusés de Michel Onfray sur Pierre Charron (dont le 26/07/2005 "Restaurer Pierre Charron" et le 27/07/2005 "Inventer une sagesse laïque" :
[modifier] Source partielle
« Pierre Charron », dans Marie-Nicolas Bouillet et Alexis Chassang (dir.), Dictionnaire universel d'histoire et de géographie, 1878 [détail des éditions] (Wikisource)