Tang Taizong
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L'empereur Tang Taizong (en chinois 唐太宗, hanyu pinyin Táng Tàizōng, 23 janvier 599 - 10 juillet 649), né Li Shimin (李世民, Lĭ Shìmín) fut le deuxième empereur de la dynastie Tang de Chine. Intronisé le 4 septembre 626, il régna de 626 à 649. Avant son accession au trône, il fut le principal général de son père et est considéré comme le cofondateur de la dynastie.
Dans sa jeunesse, le jeune Li Shimin est un habile lieutenant sinisé par sa culture, et habile cavalier semi-babare, les troupes de son Shanxi natal étant en parties des mercenaires Turcs ralliés. Lorsque l'empire s'éfondre, il obtient l'alliance de certaines tribus turques, qui lui facilite la réunification de l'empire. Une fois les territoires de l'empire pacifiés, il relance sa politique de lutte contre les Turcs orientaux, et les soumet en 630. En 641, le souverain du Tibet reconnait sa suzeraineté. De640 à 648, il soumet les cité-royaumes des Oasis du Tarim. En 642, il soumet les Turcs occidentaux, ce qui fait de son Empire l'un des plus vaste qu'ait connue la Chine.
Ses qualités de chef militaire et d'administrateur ont permis à la Chine de connaître une période de prospérité, particulièrement durant la première partie de son règne (Zhenguan). On rapporte ainsi que durant le « règne de Zhenguan » (貞觀之治) il n'était plus utile de fermer les portes des demeures, et qu'un objet oublié demeurait sur place jusqu'au retour de son propriétaire. Cette période a été érigée en idéal prospérité et Tang Taizong est considéré comme un empereur modèle.
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[modifier] Introduction et vue d'ensemble
À la chute des Han (220), le pays se divise en royaumes régionaux. Après une période d'incertitude, la situation se stabilise : royaumes barbares semi-sinisés au Nord et cinq dynasties prétendant succéder à l'empire Han au Sud (Jin, Liu-Song, Qi, Liang, Chen).
En 577, l'empereur des Zhou du Nord vient à bout de ses rivaux les Qi du Nord. Ce succès est en partie dû à la compétence de son beau-père Yang Jian (楊堅, Yáng Jiān), puissant ministre. En 581, ce dernier s'empare du pouvoir et crée la dynastie Sui, puis, détruisant les forces Chen du Sud, reconstitue l'empire chinois : c'est le début de la période Sui (589-618). Yang Jian, devenu l'empereur Wendi (文帝), est sobre et pragmatique et construit la prospérité en défendant les frontières de son empire ; il engage de grands travaux et réforme les institutions. Son fils, Yangdi (煬帝), plus lunatique, lui succède en 605 ; il engage la restauration systématique de la Grande Muraille et lance trois campagnes infructueuses sur la Corée. Le peuple épuisé se révolte, des chefs locaux émergent, des armées s'organisent tandis que l'empereur désespéré se désintéresse des affaires de l'empire.
C'est ce début de désordre généralisé qui constitue la toile de fond de l'aventure de Li Shimin, le futur Taizong. Il pousse son père, Li Yuan (李淵), gouverneur du Shanxi, à se révolter contre le trône vacillant et à se tailler un domaine à partir de Taiyuan (太原). Lorsque l'empereur des Sui est assassiné, Li Shimin fait de son père le leader des légitimistes avec l'image d'honnête lieutenant de l'empire. Par la force des armes, père et fils établissent sur son trône un prince héritier[1]. Guidant les armées de son père, Li Shimin lui permet d'accéder à la dignité impériale en 618, sous le nom de Gaozu (高祖, Gāozǔ) de la dynastie Tang. Li Shimin réunifie le Nord, puis la Chine entière sous le contrôle de la nouvelle dynastie Tang. Il gère également la menace des barbares ; il semble de plus -d'après les récits chinois qui font son éloge- qu'il est en fait l'instigateur de toute la politique dès 616.
En 626, après une tentative d'assassinat menée par le prince héritier (son frère aîné) et le visant, il pousse son père à abdiquer en sa faveur et monte sur le trône, âgé de vingt-sept ans. Son premier souci est de sécuriser les frontière, de repousser la menace Turc, et d'asseoir la puissance chinoise en Asie, tant par les armes que par la diplomatie. En 630, son général Li Jing (李靖), aidé de tributs turques ralliées, sabre le camp du Grand Khan à Dingxiang dans une attaque surprise, puis soumet l'ensemble du puissant khanat des Turcs orientaux (東突厥), permettant aux Tang de devenir le principal pouvoir d'Asie orientale ; de nombreuses tribus extérieures à l'empire viennent alors apporter le tribut symbolique à Chang'an (actuellement Xi'an) et demander à Tang Taizong d'accepter le titre de khan céleste (天可汗).
De 640 à 648, il soumet les poches de résistance du bassin du Tarim : la Route de la soie est durablement rétablie. En 645, il tente de soumettre les royaumes coréens mais n'y parvient pas. En 648, la domination chinoise est rétablie au Xinjiang.
C'est sous son règne que le célèbre pèlerin Xuanzang fit son voyage en Inde, de 629 à 645, à la recherche de textes sacrés bouddhiques qu'il traduisit ensuite dans la capitale Chang'an (Xi'an) jusqu'à sa mort en 664.
Il meurt en 649, après avoir imposé puis consolidé une nouvelle dynastie et imposé une Chine puissante, organisée, respectée et crainte des « barbares » proches. Il impose également la Chine comme arbitre de l'Asie orientale et centrale, à travers sa suzeraineté sur de nombreux royaumes et khanats limitrophes.
Son mausolée a été creusé dans la roche du Zhao Ling, dans la vallée de la Wei He (province du Shaanxi). Il représentait un véritable palais comprenant près de quatre cents bâtiments et un chemin de procession long de plusieurs centaines de mètres[2]. Son nom posthume est Wenwudashengdaguang Xiao Huangdi (文武大聖大廣孝皇帝 [ écouter ? Lire avec le navigateur], littéralement « empereur filial civil et martial, à la sainteté et au rayonnement immense »). Son fils Gaozong lui succéda.
[modifier] Origines
En 589, après près de 370 ans de division, l'empire chinois est reconstitué sous la dynastie Sui dirigée par la famille Yang (楊) qui connait seulement deux empereurs régnants et s'achève en 618. Après les campagnes désastreuses contre la Corée du second empereur Sui Yangdi, l'atmosphère du pays est à la révolte et de nombreux potentats locaux prennent leur indépendance de fait. Le risque de morcellement de l'empire pointe de nouveau. Parmi les grandes familles locales, les Li (李), dont le chef Li Yuan, gouverneur du Shanxi, est cousin germain par sa mère (une Xianbei) de l'empereur Yangdi. Ce sont eux qui sauveront l'unité de l'empire à leur profit, essentiellement grâce aux talents politiques et militaires de Li Shimin, second fils de Li Yuan.
[modifier] Lieutenance 李 Lĭ de l'Empire 隋 Suí
[modifier] Affaissement du pouvoir central
Dès 614, avant même l'expédition de Corée, une révolte éclate en Chine que Suí Yángdì (隋煬帝) doit écraser, avant de repartir avec un million de soldats et un approvisionnement en rapport. La campagne de 614 s'avère un match nul coûteux. Le roi Yeongyang propose la paix, mais refuse toutes les condition de l'empereur Yángdì qui, pour l'honneur de l'Empire, demande la reconnaissance de la souveraineté chinoise et le paiement annuel d'un tribut (symbolique). Le refus est catégorique, la situation militaire bloquée, Yángdì rentre à Chang'an dans un climat de révolte.
En 615, pour rétablir un peu son prestige, l'Empereur fait la tournée des Limes du nord, face aux Turcs Orientaux. Son escouade est attaquée par ces mêmes Turcs qui étaient pourtant vassaux de l'Empire depuis Suí Wéndì (隋文帝). Le jeune Lĭ Shìmín (李世民) (fils de Lĭ Yuan (李淵), gouverneur du Shanxi) s'illustre alors par son initiative au combat. C'est que ce jeune noble, subtilement sinisé par son père profondément confucéen et la vie de cours qu'il lui a permis d'observer, est aussi un brillant jeune lieutenant, frère d'arme des Turcs fédérés ; cela aura son importance par la suite. L'Empereur se désintéresse finalement de cette désespérante situation et des seigneurs militaires autonomes émergent aux environs de 614-616. La capitale est prise par des rebelles, et la Cour doit s'enfuir.
[modifier] Rebellion du Gouverneur Lĭ Yuan, son père
En même temps, dans le Shanxi, le puissant administrateur confucéen et général Lĭ Yuan, père de Lĭ Shìmín, continue de surveiller sa frontière nord tout en restant fidèle à l'Empereur Suí. Son fils, qui a un peu pris en âge, en expérience et en audace, l'encourage à faire sécession et à se tailler dès à présent la plus grande par possible du royaume : l'Empire s'effondre, les Suí tombent, il faut prendre position. Pour lui forcer la main, Lĭ Shìmín sous-traitant avec un eunuque de la cour dont il a fait la connaissance, il fait livrer a son père une concubine de Yángdì, qu'il accepte ; peu de temps après, il fait remarquer à son père qu'il est de ce fait passible de mort et au ban de l'Empire. Le 20 mai 617, Lĭ Yuan réunit ses fidèles et monte une armée, préservant néanmoins son image de serviteur fidèle du pouvoir en assurant vouloir défendre la dynastie Suí contre les rebelles qui menacent à présent l'Empire. Lĭ Shìmín obtient 500 soldats d'élite et 2 000 chevaux de ses amis turcs. Sa soeur vend ses bijoux et ses biens pour lui ramèner 10 000 soldats. Le soutien de son père et des loyalistes (manipulés?) élève rapidement cette armée à 60 000 hommes[3]. En fait, les nombreuses branches de la famille Lǐ (李) s'emploient à promettre des terres à des immigrés égarés par les guerres, et à celer des alliances avec des groupes de bandits et rebelles locaux[4]. En quelques mois, cette armée aurait ainsi atteint 200.000 hommes. Lĭ Shìmín, à la tête de l'ensemble, rassure les populations par l'ordre qu'il y maintient.
Lǐ Jìng (李靖) (571-649), un fonctionnaire local, tente de rejoindre l'Empereur pour le prévenir de la machination en cours. Il est dénoncé par la population, favorable à Lĭ Yuan en raison de ses qualités de gouverneur, et menacé d'exécution, mais Lĭ Shìmín, surpris par sa bravoure confucéenne, le laisse libre. Après quelques errements, notamment dans une armée Suí qui pratique le pillage, il rejoint finalement Lĭ Shìmín dont il a pu voir de ses propres yeux le comportement exemplaire vis à vis de la population et dont les armées, ordonnées, protèges les citoyens sous ses yeux. Lǐ Jìng -stratège hors-pair- s'avèrera une aide décisive.[5]
[modifier] Premieres offensives Lĭ
En 617 (9日11月), Lĭ Shìmín et ses armées entrent à la capitale Cháng'ān qui résiste brièvement. Lĭ Yuan nomme empereur un petit fils de Yángdì qui, démissionnaire, est considéré comme détrôné. Finalement, Yangdi est assassiné par un général rebelle, Yuwen Huachi. A Luòyáng, un général prétendument fidèle, Wang Shichung, instaure un autre nouvel empereur fantoche. Lĭ Yuan et Lĭ Shìmín s'affirment alors les protecteurs du jeune empereur Sui face aux généraux manipulateurs, confirmant leur réputation de confucéens modèles.
Début 618, Lĭ Shìmín parvient à faire échouer un assaut lancé par le général rebelle Xue Chu, autoproclamé empereur, venu du Gansu (Ouest, Nord Ouest), mais l'affaire n'est pas terminée.
Le 20 mai 618, Lĭ Yuan se fait nommer empereur sous le nom de Táng GāoZǔ (唐高祖); le petit empereur fantoche sera exécuté quelques mois plus tard. Il fait de Chang'an sa capitale. La Chang'an des Han devenue inhabitable, il s'agit en fait de la ville voisine de Taixingcheng (大興城) récemment reconstruite sous Sui Wendi afin de satisfaire au besoin d'une dynastie moderne, et considéré comme la nouvelle Chang'an.
Devenue Empereur, Táng GāoZǔ inaugure l'ère Wude (武德 vertu martiale), la seule que connaîtra son règne. Lĭ Shìmín est fait prince de Qin (秦) alors que Li Jiancheng (李建成), son frère aîné, est nommé prince héritier.
[modifier] Début de l'Empire Tang : 唐高祖 Tang GāoZǔ (618-626)
[modifier] Victoire sur l’empereur Xue Chu et occupation du Gansu
Trois mois plus tard (août 618)[6], le général-empereur Xue Chu relance une campagne pour prendre Cháng'ān, la capitale impériale. Il bat une armée Tang à plate couture, mais arrivé aux portes de la ville, il tombe malade et meurt. Son fils, brouillé avec ses généraux, opte pour le repli. En novembre, [7] Lĭ Shìmín le poursuit et sabre par surprise son camp. Nombre de ses généraux et soldats désertent pour rejoindre les armées Tang, qui occupent donc le Gansu.[8]
[modifier] Prise décisive du Henan et du Hebei
Il reste à stabiliser cet Empire en ébullition. Possédant le Gansu, le Shaanxi et le Shanxi, leur région de départ,[9], les Li contrôlent environ 25% de la population de l'Empire. Il leur faut à tout prix marcher vers le Hebei et le Henan dans la grande plaine centrale, qui contiennent 50% de la population chinoise, et peuvent eux seuls fournir les hommes et le grain nécessaires à l'effort de guerre d'un État à ambition impériale.[10]
- Wang Shichung, Li Mi et le régicide
À l'Est, le général « légitimiste » de Luòyáng, Wang Shichong (王世充), avait placé Yang Tong (杨侗), ancien prince de Yue (越王) en position d’héritier légitime des Sui. Il s'allie au cruel Li Mi (李密) – un autre sécessionniste qui pourtant faisait fréquemment le siège de sa ville - chacun pensant y gagner. Ils doivent faire face à une menace venue du Sud, le régicide Yuwen Huachi menaçant la capitale de Li Mi (Liyang). Aidé d'un symbolique petit soutien de Luòyáng, Li Mi repousse le régicide Yuwen Huachi. Mais cette lutte affaiblit considérablement Li Mi et le régicide. Wang, menacé par le prestige acquit par Li Mi, décide de lui fermer les portes de sa ville puis use d'un subtile stratagème. L'un de ses lieutenants étant un sosie de Li Mi, il le fait apparaitre en pleine bataille, habillé comme Li Mi, et lui fait donner des contre-ordres aux troupes de Li Mi qui, defait, doit intégrer les troupes Tang. Satisfait de cette victoire, Wang Shichung détrône son petit empereur et s'intronise empereur de la dynastie Zheng (鄭) en avril 619[11], contrôlant virtuellement le puissant Henan. Factuellement, il controle surtour les abords de Luoyang.
- Alliance entre les Zheng et les Xia, contre les Tang
Les armées de Lĭ Jiancheng et Lĭ Shìmín se réunissent et pressurisent doucement le Henan, aidées en cela par la cruauté de Wang Shichung dont la population fuit : c'est autant de nouveau soldats possibles pour les Tang. Limité à Luòyáng, Wang Shichung sollicite l'alliance du rebelle Du Jiande (窦建德), qui s’est proclamé empereur des Xia (夏), et contrôle le Hebei et le Shandong côtier ; il venait de faire décapiter le régicide (619)[12], et également de défaire une petite armée Tang à Liyang, dans le Hebei.
- Bataille de Luòyáng (621)
Les Lĭ assiègent Luòyáng. Lĭ Shìmín part en reconnaissance autour de la ville fortifiée avec 800 cavaliers et se fait encercler par l'armée locale. Un officier opposé le prend en visée, mais Jingde, un ancien opposant turc qu'il a défait et rallié à sa cause le sauve, tandis que le gros de ses troupes intervient enfin. L'information parvient que les troupes des Xia arrivent du Hebei pour profiter de la situation, et surtout, ne pas donner l'avantage aux Tang[13]. Lĭ Shìmín prend des cavaliers d'élite turcs avec lui, fonce vers le nord durant la nuit, et taillade le camp adverse au petit jour. C'est une sorte de Waterloo gagné par le Napoléon du jour. De retour à Luòyáng, la résistance de la ville faiblit à la vue de l’empereur Xia prisonnier. Quelques jours plus tard, Luòyáng se rend : les deux villes impériales sont désormais en la possession des Tang., le Henan et le Hebei passent dans leur sphère d'influence, ainsi que le Shandong. Les Tang se retrouvent donc maîtres du Nord, et de surcroit avec une réputation favorable de bon gouvernants.
Le cadet de famille qu’est Li Shimin rentre à Cháng'ān comme un César à Rome : couvert d'une armure d'or, le carquois garnis de flèches, l'arc sur le dos, l'épée à la main sur son cheval favori. Les chefs faits prisonniers marchent soumis à ses cotés.
[modifier] De la domination à l'unification
L'avantage militaire est ainsi clairement passé aux Tang. Les deux armées principales du Nord sont soumises, leur territoire est relativement stable du fait de leur réputation, et ils sont désormais en possession du cœur humain et productif de la Chine. Ils sont les seuls à pouvoir prétendre à une ambition impériale.
Des rebelles continuent à agiter certaines régions chinoise, comme Xiao Xian (蕭銑), héritier des Liang occidentaux (西梁) absorbés par les Sui et alliés de la famille impériale de cette dynastie. Mais il est défait fin 621 : le Hubei, le Hunan, le Jiangxi et le Guangdong passent aux Tang[14]
[modifier] La menace des Turcs Orientaux
En 624, le Khan des Turcs Orientaux [東突厥 tūjué, Köktürks] s'annonce aux portes de la ville impériale de Cháng'ān. L'Empereur et la Cour veulent évacuer la ville. Utilisant sa réputation et sa connaissance des barbares, Lĭ Shìmín et une petite troupe foncent vers eux. Lĭ Shìmín les harangue, rappelle à certains chefs qu'ils ont combattu ensemble, et défie carrément leur chef en duel à la tartare ! La Dynastie Tang ne doit rien aux Turcs. Pourquoi envahissez vous nos États ? Me voici prêt à me mesurer à votre Khan ! Les Turcs se concertent puis se replient[15]. Lĭ Shìmín donne alors l'ordre de préparer armes et chevaux. La nuit, ils rejoignent le camp turc et le sabrent. Le Khan supplie pour obtenir la paix et se retire pour longtemps en Mongolie extérieure.
[modifier] Le coup de la porte Xuanwu 玄武門之變 (2 juillet 626)
Malgré tout ses talents de leader militaire, de principal général de l'Empire, Lĭ Shìmín, reste le second fils de l'Empereur, et c'est donc son aîné Li Jiancheng (李建成) qui est légalement le prince héritier. Menacé par les exploits de Lĭ Shìmín, Li Jiancheng et plusieurs autres frères, dont Li Yuanji (李元吉) complotent contre lui. Ils auraient tenté de l'empoisonner, mais il prend du contrepoison et en réchappe. Ses frères soulignent alors le besoin d'une expédition militaire nécessitant les meilleurs généraux de Li Shimin, et fomentent l'ambuscade de la porte Xuanwu. Un traitre avertit Li Shimin que s'y rend en armes, suivi de ses lieutenants présents[16]. Il décoche une flêche qui tue l'un de ses frères, puis, poursuivant second, il tombe de son cheval et c'est Yuchi Jingde (尉遲敬德), le turc rallié, qui le sauve à nouveau en décapitant le second frère.
Reste à légitimer et légaliser l'action devant l'Empereur, qui était plutôt en faveur de Li Jiancheng, l'ainé. Jingde se rend (en arme !) devant l'empereur, sans doute encore couvert de sang, et annonce la mort des deux princes. L'Empereur Gaozong est effondré puis exige une enquête sévère. Un courtisan lui rappelle discrètement :
-
- « Il n'y a pas d'enquête à faire... De quelque manière que la chose se soit passée, vos deux fils sont coupable et Li Shimin est innocent ».[17]
Ensuite, c'est une valse de politesse selon l'etiquette aristocratique et chinoise. Li Shimin s'affiche devant son père, le suppliant de lui pardonner. Son père, pleurant, le rassure en le remercit même d'avoir sauver la famille et la lignée. Li Shimin est pardonné puisque n'ayant fait que ce défendre. Un fait est qu'il est à présent le maitre militaire de la capitale et de l'Empire, aucune autre vérité ne peut émmerger.
Deux mois plus tard, l'Empereur Gaozong abdique. Mais l'assemblée des puissants lui demande de rester: il refuse. Li Shimin refuse le trône et, en larme, lui demande de rester Empereur. Gaozong ordonne a Li Shimin d'accepter le trône, en bon sujet de son père et de son Empereur, Li Shimin accepte[18]. Il est intronisé Empereur de Chine le 4 septembre 626 sous le nom de 唐太宗 Táng Tàizōng.
[modifier] L'Empire de 唐太宗 Táng Tàizōng
[modifier] Pacification des Turcs Orientaux (626-630)
Taizong prend ensuite en main la stabilisation des royaumes extérieurs, en lançant d'abord ses armées à l'assaut du khanat des Turcs orientaux (東突厥 tūjué, aussi appelés Köktürks). L'Empereur Gaozu avait déjà entamé une diplomatie intitulée « Diviser [les barbares limitrophes] pour mieux régner [dans l'Empire chinois] », ce qui avait entraîné un début de dislocation ainsi que certaines expéditions punitives du Grand Khan pour signifier son mécontentement.
En 629, Lĭ Shìmín envoie son général Li Jing et 3 000 cavaliers en avant pour estimer les forces turques tandis que le général Li Shiji le suit avec 100 000 hommes aguerris. Cette armée a pour objectif de contenir et repousser un peu la menace turque. En 630, le vieux et sage Li Jing revient victorieux et auréolé de gloire : il vient d'anéantir la principale menace sur le jeune empire Tang, une armée turque de 200 000 hommes, éparpillée en tribus nomades mais ayant le culte du guerrier. Il vient en fait de leur infliger une série de défaites stratégiques, sabrant le camp du Grand Khan de nuit, le harcelant encore, le repoussant au delà de la Mongolie Intérieure, et le ridiculisant devant ses vassaux qui se soumettent.
Lĭ Shìmín, accueillant Li Jing qui venait de soumettre le Khanat oriental et ses vassaux aurait dit : « L'Empereur Han Wudi (汉武帝) a envoyé le grand général Li Guang avec 8 000 hommes pour pacifier les Xiongnu (Huns), et malgré leur courage et leur victoire sur 10 000 d'entre eux, ils durent se rendre. Je vous ai envoyé en éclaireur chez les Turcs Orientaux avec 3 000 cavaliers[19][20], non seulement vous revenez en ayant éliminé une armée et une menace forte de 200.000 hommes, mais vous soumettez également leurs territoires à l'Empire. De tels généraux sont rares dans l'Histoire. »
En soumettant la principale tribu en 630, c'est en fait une destruction durable du khanat des Turcs Orientaux qui est accomplie, et toute une série de petites tribus et royaumes du nord deviennent vassaux de l'Empire Tang, offrant chaque année un tribut à l'Empire de Chine et à la dynastie des Tang.
[modifier] Bassin du Tarim, Tibet et Turcs occidentaux
Après la conquête des Turcs orientaux, Taizong est libre de réorienter ses armées vers le royaume Tibetain (tanôt allié, tantôt rebel) et les petits royaumes des oasis du Bassin du Tarim, un contrôle pleinement chinois de ces oasis étant décisif pour la réouverture de la route de la soie.
Le Tibet et son dynamique roi sont soumis par la campagne militaire de 640 ainsi que par l'envoi d'une belle chinoise (« princesse Wencheng »). La guerre et la diplomatie permettent de faire admettre la souveraineté chinoise, qui sera brièvement remise en cause en 648, puis complètement en 670, au vu de l'affaiblissement du pouvoir central de Gaozong, fils de Taizong.
D'environ 640 à 648, les Turcs Occidentaux, habilement divisés, sont soumis a l'Empire et apportent eux aussi le tribut symbolique à l'empereur des Han, qui contrôle désormais jusqu'aux montagnes du Pamir. Néanmoins, il faut attendre l'expédition de 657, menée par le Général Su Dingfa, un vétéran de la campagne de soumission des Turcs orientaux par Li Jing, pour que les Turcs orientaux soient totalement vaincus.
[modifier] Campagne de Corée (645)
Après les campagnes des Sui (598, 612, 613 & 614), le royaume Coréen de Goguryeo (Dongyi) reconnaît la suzeraineté des Sui (619) puis des Tang, apportant chaque année un tribut symbolique. Mais le renforcement de la Chine Tang inquiète ce royaume du nord. En 642, un coup d'État reverse le roi favorable et place la faction hostile a la Chine à la tête du royaume, qui cesse d'apporter le Tribut annuel.
En 645, Taizong, agacé par l'autonomie et l'arrogance de Goguryeo, lance une campagne militaire contre ce royaume[21], contre l'avis de bon nombre de ses conseillers. C'est ainsi que se met en marche une armée de 100 000 hommes expérimentés, accompagnés de 10 000 cavaliers [22]. Mais la dureté imprévue de l'hiver et la résistance des troupes coréennes habituées aux lieux obligent finalement à sonner la retraite ; les pertes s'élèvent à 10 000 soldats et 7000 à 8000 chevaux.
La force de la Corée résidait dans la qualité de ses soldats et de son État, lui aussi un métissage entre une civilisation sédentaire raffinée et des nomades pratiquant la razzia. Les Coréens jouaient particulièrement bien de leurs archers montés, réputés les meilleurs du monde. Les constructions fortifiées également était l'un de leurs points forts : elles ne purent que rarement être prises, tandis que les Coréens fuyaient intelligemment les engagements de plein champ. C'est ainsi que, le Fort Ansi ne pouvant être pris, Taizong doit se contenter d'une politique d'affaiblissement de Goguryeo.
[modifier] Succession de Taizong
Cette campagne militaire, ni gagnée ni perdue sera finalement la dernière campagne militaire de Taizong. A Chang'An, les dissensions entre le prince héritier et les potentiels héritiers occupent les dernières années de son règne. Là encore, une lutte intestine se noue entre l'aîné à qui doit revenir le trône et des cadets plus dynamiques, voir plus manipulateurs.
Finalement, après avoir menacé de se suicider face à l'absurdité de la situation (ses fils voulaient déjà s'entre-tuer !), il nomme le discret Li Zhi -Futur Tang Gaozong- comme prince héritier, faisant ainsi le pari d'un « bon » Empereur plutôt que d'un Empereur dynamique mais tyrannique.
[modifier] Administration
Li Yuan gouverne de 617 à 626, montant sur le trône en 618 et déposé par son fils Taizong en 626. Il n'est pas certain de qui venait l'initiative, mais la dynastie des Tang s'emploie à continuer les réformes engagées par les Sui.
Au niveau administratif, l'État conserve son organisation en trois « Ministères » (省, shěng) :
- Le Secrétariat conçoit les réformes et les décrets impériaux en fonction de la volonté politique du moment ;
- La Chancellerie relit et vérifie que les réformes ne contiennent pas d'éléments contradictoires avec la volonté politique générale ou avec la situation de l'Empire ;
- Le Département des affaires d'État doit faire appliquer les décrets validés ; ce ministère-clef comprend six divisions (部, bù).
L'Empereur peut court-circuiter le tout en édictant des décrets.[23]
Maître d'une Chine réunifiée, Tang Gaozu offre de nombreux postes aux puissants qui collaborent, se rendent, ou le servent au combat ; cette politique facilite la réunification, la pacification et la stabilisation du territoire conquis. Il restaure tout de même les Examens Impériaux, avec une première session en 621, mais les candidats, peu nombreux et jeunes, n'auront qu'une faible influence dans les premières années.
C'est Taizong qui instaure véritablement une méritocratie. Il s'emploie, d'une manière ou d'une autre, à casser les postes de complaisance distribués par son père, et impose des érudits compétents. Il fusionne des préfectures dans un but d'efficacité là ou son père les avait fragmentées pour distribuer les offices.
Au milieu du règne de Taizong, les trois ministères deviennent réellement fonctionnels, mais ce n'est que plus tard que les Examens Impériaux deviendront l'institution chinoise qui sélectionne tous les fonctionnaires.
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[modifier] Notes et références
- ↑ À la chute du dernier empereur Sui, Sui Yangdi, il y avait une demi-douzaine de prétendants au titre d'empereur en Chine.
- ↑ Source : Arte
- ↑ Histoire de la Chine, p. 148, R. GROUSSET. Édition de 1942
- ↑ Cambridge history of China (en), p. 160. (Ch.4 : T'ai-tsung (626-49) the Consolidator. H.J. WECHSLER). Ref Bdx3: 951 CAM
- ↑ Voir la section taitant de la soumission des Turcs orientaux, en 630.
- ↑ Cambridge history of China (en), p.163.
- ↑ Cambridge history of China (en), p.163.
- ↑ Le Gansu sera pleinement pacifié en 619, après la capture de Li Kui. Cambridge history of China (en), p.163.
- ↑ Cambridge history of China (en), p.165.
- ↑ Cambridge history of China (en), p.165.
- ↑ Cambridge history of China (en), p.166.
- ↑ Cambridge history of China (en), p.166. Le régicide, battu par Li Mi et par les Tang, affaibli, fut pris par les Xia (夏) en 619.
- ↑ Cambridge history of China (en), p.167.
- ↑ Cambridge history of China (en), p.168. Des informations intéressantes pour faire une carte.
- ↑ Il n'est pas exclu que l'Histoire officielle des Tang, pour glorifier Lĭ Shìmín, omette de mentionner le paiement d'un tribut en échange de ce départ pacifique.
- ↑ Cette version héroique est en tout cas la version des annales officielles, qui ont pu être influencé par Li Shimin.
- ↑ Histoire de la Chine, Grousset, p.152
- ↑ idem. H. dl C., Grousset, p.153
- ↑ San compter, bien sûr, les 100 000 hommes de troupe qui suivent, et qui lui permettent de composer à chaque fois le bataillon adéquat pour chaque mission.
- ↑ Li Jing avait sélectionné 3 000 cavaliers pour sabrer le camp du Grand Khan, à Dingxiang : c'est la bataille la plus symbolique. Le Grand Khan fuit vers la montagne Yinshang. Li Jing prend cette fois 10 000 soldats avec lui et le poursuit. Lorsqu'il demande la paix en suppliant, Li Jing l'attaque encore. Le Grand Khan, qui s'était enfui chez un vassal, sera finalement livré aux troupes impériales et ramené à Chang'an tandis que le vassal turc se soumet à l'Empire de Taizong.
- ↑ Source ZiZhi Tojian
- ↑ Source: New Tang Book or Xin Tang Su
- ↑ Cambridge history of China (en), p. 179.
[modifier] Bibliographie Bordeaux III
- Chinese Biographical Dictionary, H.A. GILLES, p.461.
- Le Monde Chinois, J. GERNET, p.204 à 226. (Livre 4 : Du Moyen Âge aux Temps Modernes). Ref Bdx3: 931 GER
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