Tifinagh
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Le tifinagh, ou libyco-berbère, est un alphabet utilisé par les Berbères, essentiellement les Touaregs. C'était autrefois un abjad, un alphabet consonantique.
Cet alphabet a subi des modifications et des variations inévitables depuis son origine jusqu'à nos jours. Du libyque jusqu'aux néo-tifinaghs en passant par le tifinagh saharien et les tifinagh Touareg, nous retraçons ci-dessous les aspects les plus importants de chacune de ces étapes.
Le site MondeBerbere.com rapporte au sujet de l'étymologie du nom tifinagh, que des Berbères « ont développé une version fréquemment citée pour consacrer l'origine autochtone de cet alphabet » : Tifinagh serait un mot composé de Tifi qui signifie « trouvaille » ou « découverte » et de l'adjectif possessif nnagh qui signifie « notre ». Le site poursuit en qualifiant cette interprétation de « simpliste et très probablement éronnée, [qui] ne tient pas compte des variations régionales et de l'évolution de la langue amazighe ; le berbère d'il y'a plus de 2500 ans n'est certainement plus le même que le chleuh ou le kabyle parlés actuellement. » [1].
Sommaire |
[modifier] Libyque
Caractéristiques | |
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Type | Abjad |
Langue(s) | Vieux libyen |
Direction | {{{direction}}} |
Historique | |
Époque | IIIe siècle av. J.-C. - IIIe siècle |
Créateur | {{{créateur}}} |
Système(s) parent(s) |
Protosinaïtique Phénicien Libyque |
Système(s) apparenté(s) |
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Tifinagh, néo-Tifinagh |
Unicode | {{{unicode}}} |
ISO 15924 | {{{iso15924}}} |
- Il y a deux formes du libyque, l'orientale et l'occidentale ;
- La forme occidentale a été utilisée le long de la côte méditerranéenne de la Kabylie jusqu'au Maroc et aux Îles Canaries. La forme orientale a été utilisée dans la région constantinoise, dans les Aurès et en Tunisie ;
- Seule la forme orientale a été déchiffrée grâce notamment à l'existence d'importantes inscriptions bilingues punico-libyques. Ce déchiffrement a permis de déterminer la valeur de 22 signes sur 24 ;
- Selon Février (1964-65), la forme occidentale serait plus primitive, la forme orientale étant influencée par l'écriture punique ;
- L'alphabet libyque est strictement consonnantique
- La gémination n'était pas notée ;
- La forme occidentale comporte 13 lettres supplémentaires ;
- Les inscriptions sont souvent des dédicaces ou épitaphes. La plupart sont brèves ;
- Le sens de l'écriture n'est pas fixé (mais c'est plus souvent verticalement de bas en haut). Chaque ligne constitue un mot phonétique ou un sens complet ;
- Une minorité de lettres permettaient de déterminer le début de la ligne. Ces lettres sont appelées lettres directrices ou signes directeurs ;
- Une hypothèse a été avancée que certaines lettres seraient secondaires par rapport à d'autres.
[modifier] Tifinagh saharien
Le tifinagh saharien est un alphabet touareg ancien. Il contient des signes supplémentaires, comme le trait vertical pour noter la voyelle finale /a/.
L'âge des inscriptions les plus récentes est peut-être de quelques 200 ans. Les modalités du passage entre le libyque et le tifinagh saharien sont inconnues. On ne sait pas si cet alphabet était contemporain des formes libyques, ni même s'il est compararable à la forme occidentale ou orientale du libyque. La période d'utilisation de cet alphabet, si elle n'est pas établie avec précision, est largement antèrieure aux conquêtes musulmanes. La seule certitude nous vient d'une inscription qui porte une date : celle du temple du roi berbère Massinissa qui attribue la construction du temple à l'an 10 du règne de ce roi ; c.-à-d. 139 ans avant notre ère.
La valeur des signes nous est transmise par Charles de Foucauld.
[modifier] Tifinagh touareg
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Caractéristiques | |
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Type | Abjad |
Langue(s) | Touareg |
Direction | {{{direction}}} |
Historique | |
Époque | ? - actuellement |
Créateur | {{{créateur}}} |
Système(s) parent(s) |
Protosinaïtique Libyque Tifinagh |
Système(s) apparenté(s) |
{{{apparentés}}} |
Système(s) dérivé(s) |
Néo-Tifinagh |
Unicode | {{{unicode}}} |
ISO 15924 | {{{iso15924}}} |
Il existe au sein du tifinagh touareg quelques divergences des valeurs des signes qui correspondent aux variations dialectales touarègues. Si d'une région à une autre, la forme et le nombre des signes peuvent changer, les textes restent en général mutuellement intelligibles car la plupart des différences graphiques suivent la logique des variations phonétiques dialectales.
[modifier] Particularités
L'innovation la plus frappante est la ligature à dernière consonne /t/ ou à première consonne /n/. Comme pour le saharien, le tifinagh touarègue dispose d'un signe /./ pour noter les voyelles finales appelées tighratin (masc. tighrit). Dans les régions du Hoggar, du Ghat et et de l'Adrar, ce signe ne s'emploie que pour la voyelle /a/. Les voyelles /i/ et /u/ sont notées par les signes corresponadant aux /y/ et /w/. Les autres dialectes l'emploient pour toutes les voyelles finales et, selon le père de Foucauld, pour toutes les voyelles initiales sans distinctions.
Les lettres sont épelées de différentes façons suivant les régions. Dans le Ghat, la prononciation suit le modèle « ya-valeur consonnantique ». Par exemple, /b/ se lit « yab », /d/ « yad », etc.
Dans l'Ayer et chez les Iwelmaden, ce sera plutôt « e-valeur consonnantique redoublée » : /b/ « ebba » ; /d/ : « edda », etc. Une légère variation dans le sud colore « ebba » en « abba ».
Parmi les tribus maraboutiques de la région de Tombouctou, on a relevé l'emploi des diacritiques arabes pour noter les voyelles brèves.
[modifier] Usage
À part quelques rares utilisations pour la notation de textes longs, les tifinagh touaregs ont souvent été utilisés pour des inscriptions sur des objets (bijoux, armes, tapis, etc.), pour des déclarations amoureuses et pour des épitaphes. Toute transcription commence par la formule « awa nekk [Untel] innân », c'est à dire « c'est moi [Untel] qui a dit ».
Il semblerait qu'un homme sur trois et une femme sur deux l'écrivent sans hésitation. Depuis peu, les tifinagh sont utilisés comme support pédagogique pour la compagne contre l'analphabétisme.
Il n'y a pas d'ordre pour énoncer les lettres de l'alphabet. Mais une formule mnémotechnique, citée par Foucauld (1920), contient toutes les lettres ou presque : « awa näk, Fadîmata ult Ughnis, aghebbir-nnit ur itweddis, taggalt-nnit märaw iyesân d sedîs .» (« C'est moi, Fadimata, fille d'Oughnis : sa hanche ne se touche pas, sa dot est de seize chevaux. »)
[modifier] Néo-tifinaghs
Caractéristiques | |
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Type | Alphabet |
Langue(s) | Langues berbères |
Direction | {{{direction}}} |
Historique | |
Époque | 1980 - actuellement |
Créateur | {{{créateur}}} |
Système(s) parent(s) |
Protosinaïtique Phénicien Libyque Tifinagh Néo-tifinagh |
Système(s) apparenté(s) |
{{{apparentés}}} |
Système(s) dérivé(s) |
{{{dérivés}}} |
Encodage | |
Unicode | U+2D30 à U+2D7F |
ISO 15924 | Tfng |
À la fin des années 1960, une association culturelle, l'Académie berbère (AB), se forma en Algérie dans le but d'établir un alphabet standard sur la base des tifinagh diffusés au Maroc et en Algérie, afin de le faire revivre et de pouvoir transcrire l'ensemble des dialectes berbères.
Salem Chaker, professeur de l'INALCO, proposa une révision de cet alphabet (v. Tafsut. 1990 n° 14.). D'autres systèmes ont été proposé par l'association Afus Deg Wfus (Roubaix), la revue Tifinagh (éditée au Maroc), par le logiciel d'Arabia Ware Benelux Arabia Ware Benelux et l'IRCAM, et sont relativement similaires.
[modifier] Normalisation internationale (Unicode)
À compter de la version 4.10 de la norme Unicode, les caractères Tifnagh sont codés dans la fourchette U+2D30 à U+2D7F. Il y a 55 caractères définis dans la norme mais nous savons qu'il existe un nombre beaucoup plus grands de caractères qui ne font pas partie de la norme Unicode.
Code | +0 | +1 | +2 | +3 | +4 | +5 | +6 | +7 | +8 | +9 | +A | +B | +C | +D | +E | +F |
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U+2D30 | ![]() |
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U+2D40 | ![]() |
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U+2D50 | ![]() |
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U+2D60 | ![]() |
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U+2D70 |
Voici un tableau comparatif entre les glyphes et les translittérations en caractères latins et arabes.
Couleur | Signification |
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Tifinagh de base selon l'IRCAM | |
Tifinagh étendu (IRCAM) | |
Autres lettres Tifinagh | |
Lettres Touareg modernes | |
Ces cases ne devraient pas être utilisées |
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[modifier] Exemples de textes en tifinagh
- Azul, fell-awen ! : ⴰⵣⵓⵍ, ⴼⴻⵍⵍⴰⵡⴻⵏ !
- Chapitre de Le Petit Prince d'Antoine de Saint-Exupéry en tifinagh [L'Astronome] (Unicode)
[modifier] Aide Unicode
Pour que les caractères tifinagh s'affichent, vous devez télécharger les Police d'écriture Unicode adéquates. Vous pouvez en trouver sur le site de l'IRCAM, en cliquant ici.
Si vous avez le système d'exploitation Windows, une fois que vous avez téléchargé les polices, vous devez les placer dans le dossier « fonts » (C:\windows\fonts). Pour cela, ouvrez le menu « démarrer » et cliquez sur « Poste de travail ». Allez dans le disque « C: », puis dans le dossier « WINDOWS » dans lequel vous trouvez le dossier « fonts ». Placez votre fichier dedans, et l'installation se fait automatiquement.
[modifier] Notes et références
- ↑ MondeBerbere.com - Tifinagh : l'alphabet berbère de A à Yaz, « Origine de cet alphabet »
[modifier] Voir aussi
[modifier] Liens externes
- Tamazight.biz - Apprendre le Tifinagh et Tamazight
- Langue et littérature berbères par Salem Chaker, directeur du Centre de recherche berbère à l'INALCO.
- L'Ecriture amazighe Tifinaghe et Unicode, article paru dans la revue internationale "Etudes et Documents Berbères" vol. 22, 2004 : pp. 175-173, par Lahbib Zenkouar,
- Rapport d'activités du CEISIC (année 2005) par Lahbib Zenkouar, Professeur à l'Ecole Mohammadia d'Ingénieurs (EMI), Rabat (Maroc), Directeur du Centre des Etudes Informatiques, des Systèmes d'Information et de Communication (CEISIC) de l'Institut Royal de la Culture Amazighe (IRCAM)(2002/2006).
- Hapax.qc.ca - Inventaire des oeils (liste Unicode)
- Mondeberbere.com - Tifinagh: l'alphabet berbère de A à Yaz
- Entretien avec M.Ammar Negadi, ex-membre de l'Académie berbère
- Kabyle.com - Entrevue avec Patrick Andries, expert Unicode, au sujet de l'« entrée du tifinagh dans la norme ISO »
- Kabyle.com - Tamaziγt et Nouvelles technologies : questions au Pr. Naït Zerrad, entrevue portant entres autres sur l'« entrée du tifinagh dans la norme ISO »
- (fr)Site sur la culture amazigh, particulièrement la musique amazigh.
- ircam.ma - école amazighe- Site web éducatif, apprendre tifinagh.
[modifier] Bibliographie
- L'Adrar Ahnet, Théodore Monod, 1932, pp. 135-139
- Contribution à l'étude des gravures rupestres et inscriptions tifinagh du Sahara central, Cinquantenaire Faculté Lettres Alger, Maurice Reygasse, 1932, pp. 437-534 (cités dans Prasse 72)
- Écriture libyco-berbère, L'aventure des écritures, in Anne Zali et Annie Berthier, 2002, Bibliothèque nationale de France & Réunion des musées nationaux
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