Tim Buckley
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Timothy Charles Buckley III est un chanteur états-unien, né le 14 février 1947, mort le 29 juin 1975 d'une surdose.
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[modifier] Enfance
Fils d'un Irlandais à la voix de ténor, il suit ses parents dans leurs déménagements successifs aux États-Unis (Washington, Amsterdam (NY), et Los Angeles). Très jeune, il découvre l’étendue du registre de sa voix (cinq octaves[1]). Il commence une carrière de chanteur au lycée, à Orange county, puis dans les bars, s'accompagnant à la guitare dans les hootenanny. Il y fait la connaissance de Larry Beckett, qui compose les textes des chansons de ses premiers albums. À cette époque, il joue de la musique folk, très en vogue avec la percée de Bob Dylan. Il découvre aussi sous l'influence de Larry Beckett le joueur de sitar Ravi Shankar et la musique concrète de Karlheinz Stockhausen.
[modifier] Période folk
Il forme un groupe avec Larry Beckett à la batterie, Jim Fielder à la contrebasse et Brian Hartzler à la guitare, qui joue lors des concerts des fêtes de lycée, sous les noms des Bohemians et des Harlequins Three. Peu à peu, ils sont invités à se produire dans les cabarets du Strip, à Los Angeles. Il y fait la connaissance de Frank Zappa qui joue avec les Mothers, qui deviendra plus tard les Mothers of Invention. C'est à cette époque qu'il épouse Mary Guibert. Celle-ci fait un pseudocyesis (grossesse nerveuse) en 1966 ce qui provoque une défiance chez lui à son égard.
Il continue de se produire dans les cabarets, où il rencontre Herbie Cohen, qui lui fait signer un contrat avec la Third story music. Celui-ci le fait inviter dans des cabarets plus prestigieux, dont le Troubadour. Il signe ensuite, poussé par Herb Cohen, pour le label Elektra Records (qui produit Eric Clapton et les Doors), chez qui il réalise son premier album Tim Buckley. Cet album folk révèle sa voix extraordinaire, qu'il manie avec une grande maîtrise, chantant de façon très veloutée et profonde, passant d'une voix de tête à des passages beaucoup plus graves. Bien qu'assez conventionnel, surtout dans le label avant-gardiste Elektra, cet album sensible touche par ses côtés grave et doux-amer, et la recherche sur les sonorités de la musique folk.
Il se sépare de sa femme Mary Guibert à ce moment de sa vie, se désintéressant de son fils Jeff Buckley juste né. Il vit entre New York et Los Angeles et découvre Miles Davis et Thelonious Monk dans les boîtes de jazz. Il continue de se produire dans les lycées, ou il croise Donald Fagen (futur leader des Steely Dan, et qui fut marqué par cette rencontre) et recrute Carter Collins dans son groupe, joueur de congas, instrument alors inconnu dans les groupes californiens.
Petit à petit, sa musique évolue vers un rock qui se mêle au folk de ses débuts. L'album Goodbye & Hello mêle expérimentations instrumentales, fréquentes à l'époque (orgues, sonorités étrangères à la musique : bruits de circulation, de machines) à des mélodies mélancoliques. La voix de Tim Buckley fait toujours merveille, rythmée, fiévreuse, passant par de nombreux registres. C'est aussi de cette époque que date la chanson Song to the siren, ode mélancolique à l'amour inaccessible (qui n’est éditée que dans l'album Starsailor).
[modifier] Période folk/jazz
Au cours de l'année 1968, son style évolue en incluant des influences de blues. Ceci se manifeste dans le renouvellement permanent de la manière de jouer chaque morceau. Il inclut un joueur de vibraphone dans son groupe, puis recrute Danny Thompson en Europe, le bassiste de Pentangle.
De plus, dans ses tournées promotionnelles comme dans ses passages télévisés, il exécute de plus en plus d'improvisations. Cela est rarement apprécié, et le dessert commercialement. Cependant, dans une émission comme celle de John Peel (qui donne lieu aux célèbres Peel sessions), cela donne de fabuleuses versions d'anciennes chansons.
L'album sorti en 1969, Happy sad, confirme cette nouvelle orientation. Les morceaux sont enregistrés très rapidement, souvent en une seule prise, ou même improvisés et jamais rejoués. Les bases restent folk, même si la manière de jouer et d'enregistrer est très marquée par le jazz : improvisations, longs solos (notamment de vibraphone), durée des morceaux. L'ambiance générale est mélancolique, et il s'agit d'un des meilleurs albums de l'artiste. Il lui apporta de plus un nouveau public de connaisseurs exigeants. Au creux de la vague durant l'année 1971, il est même obligé d'accumuler les petit boulots pour subvenir à ses besoins. Il fut notamment chauffeur de taxi.
Bien que les ventes de ses albums ne décollent pas, il connaît certains succès : un concert salle comble dans le prestigieux New York Philharmonic Hall, un bon classement dans le Billboard.
[modifier] Période free jazz
Son instabilité se manifeste dans tout les domaines : il quitte Jane Goldstein, sa compagne depuis près de trois ans, et se marie avec Judy Sutcliffe ; déménage sur Venice avenue, puis achète une maison à Laguna Beach (à 80 km de Los Angeles) ; et abandonne son style précédent. Il évolue vers le free jazz. Le morceau Lorca (sur lequel il s'essaie à l'orgue) de l'album du même nom s'inspire ainsi de In a silent way (Miles Davis). Sur d'autres morceaux du même album, il joue d'une guitare Fender à douze cordes. Ces chansons sont de longs morceaux presque sans rythme, seul Nobody walkin possède un refrain. Même si on peut considérer Lorca comme un coup d'essai, Tim Buckley fait preuve d'une rare virtuosité vocale, s'amusant à étirer chaque sonorité en longueur.
Bien qu'enregistré après Lorca, l'album Blue afternoon le précède pourtant dans les bacs. Tim Buckley le réalise pour son nouveau label, Straight. Cet album délicat réunit des chansons écrites pour d'autres albums, mais enregistrées en plusieurs sessions à New York et Los Angeles, avec son ensemble jazz. La tonalité reste folk-jazz, mélodieuse, et porte à merveille la voix veloutée de Tim Buckley (le morceau Blue Melody est peut-être le plus typique de ce style). La huitième et dernière chanson annonce la suite : The train est un morceau haletant, ponctué de gémissements, emporté par une guitare acoustique, et sur lequel le chanteur étire à plaisir certaines syllabes, jouant de plusieurs registres de sa voix. Et puis arrive Starsailor. Si Lorca comportait des traces de free jazz, Starsailor y plonge à pieds joints. À l'exception de 2 morceaux (Moulin Rouge et Song to the Siren), l'album n'est que vocalises atonales dont Monterey est l'exemple le plus réussi, Starsailor (le morceau), quant à lui flirte avec la musique contemporaine la plus exigeante.
[modifier] Période funk/Rhythm'n'blues
Après une période de presque 2 ans où il exerce diverses métiers (dont chauffeur pour Sly Stone), il revient avec Greetings From L.A., un album gorgé de soul et de sexe (Sweet Surrender, Move On Top, Nighthawkin et surtout le délirant et sado-maso Make It Right avec le Beat me, whip me, spank me and make it right). Jamais Tim Buckley n'avait sonné aussi confiant en lui. Il peut tout de sa voix : passe de l'extrême grave à l'extrême aigu, du chuchotement au cri.
En 1973 paraît "Sefronia" : y figurent notamment une reprise exceptionnelle du "Dolphins" de Fred Neil ainsi que le morceau-titre de l'album (en 2 parties). L'album final Look at the Fool est plus incolore (quoique plus musclé).
[modifier] Discographie
[modifier] Albums originaux
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Album | Label | Année | Ventes (États-Unis) |
Classement au Billboard |
Tim Buckley | Elektra Records | 1966 | env. 20 000 | non-classé |
Goodbye and hello | Elektra Records | 1967 | env. 50 000 | 171e en décembre 1967 |
Happy sad | Elektra Records | 1969 | env. 20 000 | 81e en mai 1969 |
Blue Afternoon | Label Straight | janvier 1970 | 192e | |
Lorca | Elektra Records | février 1970 | moins de 10 000 |
n'y figure pas |
Starsailor | Bizarre records | novembre 1970 | n'y figure pas | |
Greetings from L.A. | Label Straight | 1972 | n'y figure pas | |
Sefronia | Discreet | 1973 | ||
Look at the fool | Discreet | 1974 | n'y figure pas |
[modifier] Albums enregistrés sur scène
- Dream letter live in London, label Demon, enregistré en 1968, 1990
- Peel sessions [the] (ep), label Strange fruits, enregistré en 1968, 1991
- The Copenhagen tapes, label Pinnacle, 2000
[modifier] Albums posthumes
- The late great Tim Buckley, Warner, 1978
- The best of Tim Buckley, label Rhino, 1983
- Peel sessions [the] (ep), label Band of Joy, 1994
- Live at the Troubadour, label Demon Records, 1969
- Honeyman - recorded live 1973, label Manifesto, 1995
- Works in progress, label Rhino Handmade, 1999
- Once I was, label Varese, 1999 (réédition des Peel sessions de 1968)
- Morning glory : the Tim Buckley Anthology, label Rhino, 2001
- The dreams belongs to me. Rare & unreleased recordings 1968/1973, label Manifesto, 2001
[modifier] Voir aussi
[modifier] Artistes ayant repris des œuvres de Tim Buckley
- Radiohead a repris Sing a song for you
- La reprise du titre Song to the siren la plus à la hauteur de l'original (album Starsailor) est celle de This Mortal Coil groupe d'Elizabeth Fraser en collaboration avec les Cocteau Twins sur un album hommage It'll End in Tears (la chanson peut être entendue dans le film Lost Highway, bien que ne figurant pas sur le disque de la bande originale); elle a également été reprise magnifiquement par Susheela Raman (Salt Rain) ; Robert Plant en a aussi fait une reprise en 2002, ainsi que les Chemical Brothers sur l'album Exit planet dust
- Starsailor a choisi son nom en hommage à cet album (sans jouer du tout du même genre de musique)
- Dot Alisson a également utilisé un titre de Tim Buckley.
[modifier] Biographie (et source)
- Dream Brother : Vies et Morts de Jeff et Tim Buckley, David Browne, Éditions Denoël, Paris, 2003
[modifier] Articles connexes
[modifier] Notes et références
- ↑ David Browne. Dream Brother. Vies et morts de Jeff et Tim Buckley. Paris : Denoël, 2003. p 83
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