Turbidite
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Les turbidites désignent un groupe de roches sédimentaires. Ces roches sont le produit d'un écoulement de sédiments détritiques du haut vers le bas d'un talus continental sous marin. Une fois consolidées, ces roches présentent des séquences répétitives caractéristiques des flyschs.
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[modifier] Genèse
[modifier] Plateau continental
Ces sédiments sont associés à une plate-forme continentale connaissant un intense apport de matériaux détritiques. Une cordillière active ferait très bien l'affaire si elle pouvait admettre la présence d'une plate-forme continentale. La charge détritique dépasse fréquemment le maximum possible. À l'occasion d'une tempête, d'un tremblement de terre ou autre, ces sédiments non consolidés sont mélangés à l'eau de mer.
[modifier] Talus
Le mélange forme une masse fluide d'une densitè très supérieure à celle de l'eau environnante. Il se met en mouvement et peut atteindre des dizaines de kilomètres à l'heure. Cette masse érode le fond de la mer et se charge de tous les sédiments non consolidés possibles. L'interface entre le courant de turbidité et le fond de la mer est une zone de forte traction. Des galets décimétriques peuvent être entraînés par une telle masse d'eau.
Généralement, ces courants turbiditiques sont canalisés par des canyons sous-marins ou des failles coupant le talus.
[modifier] Plaine abyssale
Arrivant au fond du talus, ces courants ne rencontrent plus le moindre relief. Comme ils sont constitués d'une masse de fluide plus dense, ils vont se répandre dans toutes les directions possibles et former un lobe sous-marin de sédiments détritiques.
Lorsque plusieurs lobes sont formés, le courant turbiditique ne peut que traverser du matériel non consolidé à très grande vitesse et donc à un moment où il est très érosif. Il va creuser des chenaux dans les lobes sous marins précédents.
Ces roches sont le produit d'un écoulement de sédiments détritiques du haut vers le bas d'un talus continental sous-marin.
[modifier] Séquence de Bouma
Bouma est d'abord un géologue qui a produit une interprétation des turbidites.
Une turbidite est une superposition de roches sédimentaires. Leur ordre s'explique par le passage d'un courant de densité et de son ralentissement. Cela donne de bas en haut et en suivant l'interprétation de Bouma.
[modifier] Niveau a
Tout en bas se trouve les marques d'une érosion des roches sous-jacentes. Des marques de glissement de galets ("tool marks, flutes") sont visibles. Le courant est suffisamment violent pour ne permettre aucun dépôt. Cette zone érosive est remplie et égalisée par des galets à la base et du sable grossier en dessus. La roche est massive au dessus des galets. Un courant turbulent a ralenti suffisamment pour cesser de trainer les galets et permettre le dépôt du sable grossier.
[modifier] Niveau b
Cette zone est en dessus du niveau a. Elle est faite d'un grès granoclassé et très laminé. La tête de la turbidite est passée. Le courant est devenu laminaire et abandonne des sables plus fins demandant moins d'énergie pour être transportés.
[modifier] Niveau c
Ce niveau contient du sable plus fin, montrant des laminations entrecroisées et des rides de courant convolutes. L'épaisseur de la couche d'eau turbditique diminue. La traction sur son niveau supérieur par la couche d'eau environnante devient suffisante pour y provoquer des oscillations. Les dépôts sous-jacents, contrôlés par le courant, se font dans des directions distinctes. Soit par à coups lorsque la couche est assez épaisse et donc provoquer une lamination entrecroisée, soit continuellement pour permettre la formation de convolutes.
[modifier] Niveau d
Ce niveau est celui du dépôt de silts. C'est la granulométrie la plus fine, juste avant les argiles. Le courant est suffisamment lent par rapport à l'épaisseur d'écoulement que ce dernier est à nouveau laminaire. Il contient assez peu d'éléments pour ne permettre qu'une fine couche de silts.
[modifier] Niveau e,f
Selon les sources, la boue hémipalique de granulométrie fine est déposée et termine la turbidite au sens strict. C'est le niveau e. Le niveau f est formé par la boue pélagique qui se dépose très lentement par chute des éléments au travers des eaux calmes. Ce n'est plus la turbidite au sens strict. Distinguer ces deux niveaux sur le terrain est soit impossible, soit très difficile. C'est pourquoi certains parlent de niveau e ou de niveau e, f.
[modifier] Proximal, distal
La séquence donnée ci-dessus est idéale et complète. Son interprétation permet d'imaginer et de comprendre des séquences incomplètes. Sur le talus continental, la zone d'érosion est la seule possible. Des éléments sont arrachés sans le moindre dépôt. Plus loin, au niveau du passage talus - plaine abyssale, les parties les plus grossières du niveau a peuvent se déposer. C'est un faciès dit proximal. Plus loin, le niveau b peut également se déposer et est d'abord érodé par la turbidite suivante avant d'apparaître de plus en plus souvent. L'idée générale est que les niveaux de la séquence les plus élevés se déposent le plus loin de la source de sédiments détritiques.
Mais il faut aussi penser que plus l'on est loin de la source et moins les niveaux inférieurs (a, b, ...) ont de chances d'apparaître. Ils se sont déposés auparavant. Nous sommes alors dans des faciès distaux.
Une troisième complication apparaît dans l'examen des turbidites. C'est leur fréquence et leur violence qui permet l'appartion des niveaux e et f. Des turbidites très rares peuvent, au moins théoriquement, permettre des séquences du genre a et f.
Si une quatrième complication est considérée i.e. le volume de la masse d'eau turbide, alors ce genre de séquence est possible pour des masses faibles et rares.
[modifier] Chenal
Une des formes proximales des turbidites est la présence de chenaux d'érosion des dépôts antérieurs. En d'autres termes, seul le niveau d'érosion de la turbidite est présent.
[modifier] Lobe
La séquence de Bouma a une extension latérale. Elle forme des lobes sédimentaires sur les plaines abyssales. Pour avoir une idée de leur importance, il faut regarder une carte topographique des fonds sous-marins au larges des deltas de grands fleuves. Ces derniers fournissent le matériel détritique. Des tempêtes ou des crues fournissent ensuite les courants de densité. L'extension de tels lobes peut se faire sur des milliers de kilomètres.