Acouphène
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L'acouphène est une impression auditive correspondant à la perception d'un son. Il s'agit de sensations sonores qui ne sont pas liées à une onde acoustique extérieure, c'est-à-dire qui sont seulement perçues par le sujet. Le son perçu ressemble à un boudonnement, un sifflement ou même à un tintement ressenti dans le crâne ou dans l'oreille interne, d'un seul côté ou des deux.
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[modifier] Description
Les acouphènes sont souvent d'origine pathologique. Ils peuvent être permanents, intermittents ou temporaires. On distingue différentes appellations en fonction de la tonie perçue par le sujet acouphénique : le tintement, le bourdonnement, le chuintement ou le sifflement.Ce sont très rarement des sons purs.
Le(s) bruit(s) perçu(s) peut(peuvent) avoir des niveaux divers. Selon les cas, les personnes atteintes peuvent endurer des bruits, allant d'un simple rasoir électrique à une tondeuse à gazon ou à un réacteur d'avion. Ceux-ci peuvent s'accompagner (ou non) de surdité ou d'hypersensibilité aux sons (extérieurs) : l'hyperacousie. Ils ne s'accompagnent généralement pas de lésions du tympan.
Les acouphènes peuvent être uni- ou bi-latéraux (perçus sur un ou deux côtés), selon ce qui les a provoqués. Ils peuvent en effet avoir différentes causes : souvent dus au vieillissement de l'oreille (donc, chez les sujets âgés et fréquemment des deux côtés), ils peuvent être dûs à une tumeur, notamment un neurinome (unilatéralement le plus souvent, chez des sujets de tous âges), mais ils peuvent aussi survenir à n'importe quel âge après un traumatisme auditif, un choc infectieux ou viral. Les chocs auditifs sont en forte augmentation, notamment chez les jeunes : le choc peut être dû à une exposition trop violente ou trop répétée à des bruits très forts, dans les boîtes de nuit ou dans les raves, en écoutant un baladeur, sur un lieu de travail très bruyant, à cause d'un pétard qui explose ou d'une alarme de voiture, etc…
[modifier] Causes
Voici différentes causes possibles :
- Traumatisme auditif (concert, boite de nuit, pétard, feu d'artifice…) (65% des cas en France[1])
- Surdité brusque
- Barotraumatisme de l'oreille interne (accident de plongée, ...)
- Perte auditive
- Traumatisme crânien (particulièrement après des fractures)
- Neurinome et tumeur de l'angle ponto-cérébelleux
- Médicaments et drogues (aspirine, diurétiques, aminoglycosides, quinine)
- Problèmes cervicaux et mandibulaires
- Problèmes dentaires. Voir : occlusion dentaire, malocclusions.
- Infections chroniques
- Otosclerosis
- Maladie (ou vertige) de Ménière
- Hypertension
- Anémie sévère et insuffisance rénale
- Borréliose
- Stress ou dépression, soucis
- Grand état de fatigue généralisée
Il peut être difficile pour les personnes non touchées de comprendre le problème, mais à titre d'exemple, toute personne ayant assisté à des concerts a probablement perçu ensuite un léger sifflement. Ce sifflement est déjà un acouphène, bien qu'il ne dure généralement que quelques minutes ou quelques heures.
Selon différentes études, le nombre de personnes atteintes d'acouphènes serait très important. Les cas mineurs et psychologiquement bien acceptés sont une minorité. Les cas graves sont assimilables à de véritables douleurs chroniques.[2] [3]
Le problème est aussi bien connu des musiciens et chanteurs. C'est par exemple le cas de Phil Collins, du guitariste des Who Pete Townshend et probablement de beaucoup d'autres (on parle aussi de Keith Richards).
[modifier] Prévention
Les traumatismes auditifs étant la 1ère cause d'acouphènes, il est important de les éviter.
Des réglementations existent qui limitent le volume sonore dans les lieux publics (105 dB en France[4], 90 dB en Belgique[5]) et celui des baladeurs (100 dB en France[6]). Cependant, elles ne sont pas assez sévères et/ou ne sont pas respectées.
Au niveau individuel, il est possible d'utiliser des bouchons avec filtre, moulés ou non (à ne pas confondre avec les bouchons de mousse).
[modifier] Diagnostic et traitement
Les acouphènes ne sont pas une maladie mais un symptôme. Ne pouvant être entendus par une autre personne (pas même un médecin), seule la personne touchée peut témoigner de son mal. De ce fait ils sont difficilement diagnostiquables et encore mal connus. Dans certains cas consécutifs à une surdité totale unilatérale, ces acouphènes sont dits périphériques lorsqu'ils sont localisés au niveau de l'oreille lésée. Après un délai variable, ils se centralisent et deviennent des acouphènes chroniques perçus dans un hémisphère cérébral ou les deux. Les chirurgies de section nerveuse du VIII n'ont pas montré de résultats et ont été abandonnées. Pour un nombre important de patients, ils représentent de véritables douleurs chroniques dites de déafférentation, par défaut d'afférences vers l'aire auditive du côté concerné.
Lorsqu'un patient décrit ce symptôme, il arrive parfois que les oto-rhino-laryngologistes (ORL) effectuent des recherches de surdité et estiment de façon erronée que l'absence de perte auditive équivaut à une absence de problème quelconque. Or les acouphènes ne s'accompagnent pas obligatoirement de pertes auditives (surtout lorsqu'ils restent à un niveau mineur).
La surdité brusque est une urgence médicale. Passé un délai de 4 à 6 heures, les chances de récupération sont compromises. Les traitements d'urgence associent des vasodilatateurs, des corticoïdes, l'oxygénothérapie hyperbare et l'hémodilution.
Passé ce délai, aucun traitement réel n'existe pour les soigner. On peut faire appel aux traitements médicaux (vasodilatateurs par exemple) qui agiront plus ou moins efficacement et faire appel à différentes techniques palliatives, allant du générateur de bruit blanc (pour couvrir le son) aux accompagnements psychologiques et à la prise d'antidépresseurs. Des essais thérapeutiques en stimulation magnétique trans-crânienne répétitive ont été utilisés, suivis de stimulations électriques après implantations d'électrodes corticales par voie neurochirurgicale.[7] D'autres essais sont en cours en France (Paris, Lyon).
Faute de traitement à ce jour, les services de santé devraient mettre l'accent sur la prévention quant aux traumatismes auditifs. À ce sujet, le Royaume-Uni a réellement compris le problème et a engagé des campagnes de prévention. En France, le respect de la législation et le seuil acceptable de décibels sont souvent bafoués et ne sont pas vérifiés dans les lieux publics (notamment dans les boîtes de nuit, pubs et concerts). La recherche dans ce domaine reste balbutiante, faute de moyens financiers et humains.
[modifier] Notes et références
- ↑ [1] (France Acouphènes)
- ↑ Tonndorf J, "The analogy between tinnitus and pain: a suggestion for a physiological basis of chronic tinnitus", Journal of Hearing Research 1987;28(2-3):271-5
- ↑ Meric C, Gartner M, Collet L, Chery-Croze S "Psychopathological profile of tinnitus sufferers: evidence concerning the relationship between tinnitus features and impact on life". Audiol Neurootol. 1998 Jul-Aug;3(4):240-52
- ↑ Décret n°98-143 du 15 décembre 1998 [2] (page 31, ADEME)
- ↑ Arrêté royal du 24 février 1977 [3] (Ministère de la Région wallonne)
- ↑ Arrêté du 24 juillet 1998 [4] (Legifrance)
- ↑ De Ridder, « Primary and secondary stimulation for intractable tinnitus », Journal of Clinical Neurophysiology, 2006
[modifier] Voir aussi
[modifier] Articles connexes
[modifier] Liens externes
- Association France Acouphènes
- Catégorie Acouphènes et hyperacousie de l'annuaire dmoz.
- Un reportage sonore autour des acouphènes sur ARTE Radio.com
- Association de Prévention des Traumatismes Auditifs (APTA)
- Les Acouphènes sur Audiofanzine
- Les acouphènes, sur le site Sante-AZ
- Acouphènes : livre du Dr Bernard Montain
- Acouphènes : Association Handicaps Acoustiques de la Loire Atlantique
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