Anticléricalisme en France
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En France, depuis la Révolution française, l'anticléricalisme a toujours été présent dans le but d'empêcher le clergé catholique de reprendre par un autre moyen son influence sur la population.
Même longtemps avant la Révolution, on se moquait des moines, des prêtres, des frères et des sœurs dans la littérature française, souvent par grivoiserie. Rabelais fait dire à Gargantua que les moines «molestent tout leur voisinage à force de trinqueballer leurs cloches». Voltaire, le déiste, affirmait plus sérieusement dans son dictionnaire philosophique que Jésus avait exclu l'autorité civile des prêtres.
Pendant la révolution, Stanislas-Marie Maillard, héros de la Bastille, tue 3 évêques, 120 prêtres, 50 religieux et quelques laïcs. La plupart des grands écrivains français nés après ces événements (Michelet, Hugo, Prévert, etc) ont uni leur anticléricalisme avec une grande confiance en la République. Depuis le refus de la constitution civile du clergé, le sentiment patriotique n'est plus rattaché au sentiment religieux en France.
Sous la monarchie de Juillet, en réaction aux excès du « parti prêtre » sous la Restauration, des poussées anticléricales sont observées. Durant la révolution de 1830, les insurgés mettent à sac l'archevêché de Paris, la cathédrale Notre-Dame et plusieurs maisons de congrégations religieuses. L'archevêque de Paris, Mgr de Quélen – il est vrai très lié à Charles X – doit s'enfuir de Paris et se cacher quelque temps.
En province, l'on s'en prend aux prêtres et aux croix de mission : « les processions, rapporte le duc de Broglie dans ses Souvenirs, étaient poursuivies à coups de pierres, les croix de mission culbutées et traînées dans la boue, il ne faisait pas trop bon à un évêque de sortir de sa cathédrale. » Des pamphlets orduriers circulent à l'encontre du clergé catholique, tandis que les théâtres de Paris donnent des pièces violemment anticléricales, qui mettent en scène des prêtres malhonnêtes, vicieux ou criminels.
Le ministre de l'Intérieur, François Guizot, lui-même protestant nîmois, mande aux préfets de réprimer ces abus : « La liberté des cultes doit être entière et sa première condition, c'est qu'aucun culte ne soit insulté. » Mais avec le ministère Laffitte, le laissez-faire devient le mot d'ordre d'un gouvernement qui veut avant tout ne pas se couper de sa base révolutionnaire.
Après les émeutes des 14 et 15 février 1831, au cours desquelles la foule dévaste l'église Saint-Germain-l'Auxerrois, l'archevêché et plusieurs autres églises parisiennes, ainsi que des palais épiscopaux et des séminaires en province, le gouvernement, loin de réprimer ces désordres, sévit contre les prêtres, jugés responsables de l'animosité qu'ils excitent ! Le roi Louis-Philippe lui-même considère que la haine des prêtres a été la cause principale de la révolution, et ne voit pas d'un mauvais œil que le gouvernement satisfasse l'anticléricalisme populaire.
L'anticléricalisme était très fort sous la Troisième République, notamment au moment de la Séparation des Églises et de l'État en 1905. Il est le cheval de bataille des radicaux, mais est aussi partagé par les communistes, les socialistes et la droite non-conservatrice, celle des ligues, mouvements d'agitations souvent antisémites, sortes de fascistes à la française.
Émile Combes a mené une politique anticléricale : débaptisation des rues portant un nom de saint, fermeture de 2 500 écoles religieuses, promotion systématique des fonctionnaires anticléricaux et révocation des catholiques… Le 30 juillet 1904, il y a rupture diplomatique avec le Saint-Siège.
Actuellement, l'influence du clergé en France est plus faible comparée à celle de la plupart des autres pays du monde. À la mort de Jean-Paul II, l'association Act Up-Paris s'est réjouie, le déclarant «responsable de la mort d'un million d'hommes» et adressant «un vœu désespéré à son successeur».
Aujourd'hui, Charlie Hebdo reste anticlérical, tout comme Le Canard enchaîné, Marianne ou l'Humanité, journal du Parti Communiste Français. Le Réseau Voltaire est également anticlérical.