Bjørnøya
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Bjørnøya, « l'île aux Ours » en norvégien, est une île norvégienne située dans l'océan arctique à mi-chemin entre le Cap Nord (Norvège) et le Svalbard. Elle se situe dans la partie occidentale de la mer de Barents aux coordonnées 74.31° N, 19.01° E. Elle forme la partie la plus australe du Svalbard.
L'île a été découverte par Willem Barents et Jacob van Heemskerk le 10 juin 1596 et porte ce nom à cause d'un ours polaire qui nageait dans les environs. Bjørnøya était considérée terra nullius jusqu'au traité du Svalbard en 1920 qui la place sous souveraineté norvégienne. Malgré son éloignement et sa nature aride, l'île a connu quelques activités commerciales aux siècles derniers comme l'extraction de la houille, la pêche et la chasse à la baleine. Aucun campement n'a été installé pour plus de quelques années et Bjørnøya est maintenant inhabitée, sauf par les occupants d'une station météo. Elle a été déclarée réserve naturelle en 2002 ainsi que les eaux environnantes.
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[modifier] Histoire
Les Vikings ont pu connaître Bjørnøya, mais les premières traces écrites remontent en 1596, quand Willem Barents aperçut l'île pendant sa troisième expédition. L'exploration suivante fut menée par Steven Bennet en 1603 et 1605, qui remarqua une large population de morses. À partir du XVIIe siècle, l'île sera principalement utilisée comme base pour la chasse au morse et autres phoques. Les œufs des grosses colonies d'oiseaux marins étaient ramassés jusqu'en 1971.
Il n'y a jamais eu de colonie importante sur Bjørnøya. Les restes d'une station de chasse à la baleine du début du XXe siècle peuvent encore être vus à Kvalrossbukta ("la baie des morses") au sud-est. De 1916 à 1925, il y a eu une mine de houille appelée Tunheim au nord-est, mais fut abandonnée car elle n'était pas rentable. Les restes du campement, dont une jetée à moitié détruite et une locomotive à vapeur, ont été relativement bien préservés grâce au climat froid et sec.
La valeur stratégique de Bjørnøya a été reconnue à la fin du XIXe siècle quand la Russie impériale et l'empire allemand ont montré leur intérêt pour la mer de Barents. Le journaliste allemand Theodor Lerner a visité Bjørnøya en 1898 et 1899 et réclamé la propriété de l'île. En 1899, l'association des pêcheurs allemands Deutsche Seefischerei-Verein (DSV) commença des investigations sur la chasse à la baleine et la pêche dans la mer de Barents. La DSV était secrètement en contact avec la marine allemande et la possibilité d'occuper Bjørnøya a été évaluée. En réaction, la marine russe envoya le croiseur cuirassé Svetlana pour enquête et les russes hissèrent leur drapeau sur Bjørnøya le 21 juillet 1899, conduisant à des protestations de Lerner. Finalement il n'y eut aucun affrontement et le problème fut résolu diplomatiquement, aucun pays n'ayant la souveraineté sur Bjørnøya.
Toute l'île a été la propriété de la société Bjørnøen AS de 1918 à 1932. Bjørnøen AS est désormais une entreprise d'État et est dirigée conjointement avec Kings Bay AS, l'entreprise qui s'occupe des opérations de Ny-Ålesund sur le Svalbard. Une station de radio norvégienne (Bjørnøya Radio : LBJ) a été établie à Herwighamna sur la côte nord en 1919. Elle a été étendue plus tard pour accueillir une station météorologique.
Comme les routes maritimes entre l'océan Atlantique et Mourmansk et les ports de la Mer Blanche passent par la mer de Barents, les eaux territoriales de Bjørnøya ont eu une grande importance stratégique pendant la Seconde Guerre mondiale ainsi que pendant la guerre froide. Bien que Svalbard n'ait pas été occupé par l'Allemagne pendant la seconde guerre mondiale, les forces allemandes y ont érigé plusieurs stations météo. Une station radio automatique a été déployée sur Bjørnøya en 1941. Les forces allemandes ont attaqué plusieurs convois avec des renforts militaires pour l'Union soviétique dans les eaux environnantes de Bjørnøya. Ils infligèrent de lourdes pertes au convoi PQ-17 en juin/juillet 1942 mais furent inefficaces dans la bataille de la mer de Barents. Les eaux au sud-est de Bjørnøya ont été le lieu de nombreuses batailles navales en 1943. En novembre 1944, l'union soviétique proposa d'annuler le traité du Svalbard avec l'intention d'obtenir la souveraineté sur Bjørnøya. Les négociations avec Trygve Lie du gouvernement norvégien en exil n'a pas conduit à un accord avant la fin de la seconde guerre mondiale et les propositions soviétiques n'ont jamais été mises en place. L'union soviétique, et plus tard la Russie, ont malgré tout gardé une présence sur le Svalbard.
En 2002 une réserve naturelle qui couvre toute l'île a été mise en place mis à part 1,2 km² autour de la station météorologique. La réserve inclut aussi les eaux adjacentes sur quatre milles marins (7,4 km) autour de la côte. Aujourd'hui, la seule population présente sur l'île (environ 10 personnes) est le personnel de la station météorologique et de radio à Herwighamna. La station fait des observations météorologiques et offre des services logistiques et de télécommunication. Elle fournit également un lieu d'atterrissage pour les hélicoptères des garde-côtes norvégiens. L'Institut polaire norvégien réalise des expéditions annuelles sur Bjørnøya, concernant principalement la recherche ornithologique. Plusieurs autres projets de recherche, principalement climatologiques et géographiques, sont entrepris épisodiquement. Il y a très peu de moyens de se rendre sur Bjørnøya. Quelques bateaux s'arrêtent pendant leur voyage entre la Norvège et le Svalbard.
[modifier] Hydrographie, géographie et climat
Des relevés hydrographiques des eaux du Svalbard ont été réalisés par les agences du gouvernement norvégien tout au long du XXe siècle, la "Norges Svalbard- og Ishavsundersøkelser" à partir de 1928, son successeur, l'Institut Polaire Norvégien à partir de 1948, et le Service Hydrographique Norvégien depuis 1984. Des relevés topographiques et cartographiques sont de la responsabilité de l'Institut polaire.
Bjørnøya se trouve dans la partie la plus occidentale de la mer de Barents qui s'étend au sud du Spitzberg et de Edgeøya, formant une partie du plateau continental. La profondeur aux alentours de l'île dépasse peu les 100 mètres au nord et à l'est mais devient bien plus importante au sud, particulièrement à environ 30 milles à l'ouest où le plateau continental s'enfonce dans les eaux profondes de la mer de Norvège et de la mer du Groenland.
La forme de l'île est un triangle irrégulier, pointant vers le sud avec une distance maximale de 20 km entre le nord et le sud, la distance maximale est-ouest est de 15.5 km. Sa superficie est de 178 km². La partie sud de Bjørnøya est montagneuse, le point culminant étant le Miseryfjellet sur la côte sud-est qui culmine à environ 536 mètres au dessus du niveau de la mer. Les autres montagnes principales sont l'Antarcticfjellet au sud-est, et Fuglefjellet, Hamburgfjellet et Alfredfjellet au sud-ouest. La partie au nord de l'île est une plaine qui comprend les deux-tiers de la superficie de l'île. La plaine est couverte de lacs qui couvrent une superficie cumulée de 19 km². Plusieurs cours d'eau se jettent dans la mer, souvent en chutes d'eau dans les parties les plus raides de la côte. Il n'y a pas de glaciers sur Bjørnøya.
La côte est principalement raide avec de hautes falaises et des signes notables d'érosion comme des cavernes et des piliers isolés. Il y a également quelques plages de sable. Il existe un certain nombre de points d'ancrage et d'atterrissage, ainsi qu'un petit port à Herwighamna sur la côte nord. Cependant aucun n'est sûr par tous les temps et un bateau doit toujours être prêt à lever l'ancre.
Une partie du courant nord atlantique transporte de l'eau chaude au Svalbard, créant un climat beaucoup plus chaud que les autres régions de cette latitude. Le climat de Bjørnøya est polaire-maritime avec des températures relativement douces pendant l'hiver. Janvier est le mois le plus froid avec une température moyenne de −8,1°C (sur la période 1961-1990). Juillet et août sont les mois les plus chauds avec une température moyenne de 4,4°C. Il n'y a pas beaucoup de précipitations avec une moyenne de 371 millimètres par an dans la plaine du nord. Le temps est assez stable pendant les mois d'été bien que le brouillard soit commun, avec un maximum de 20% des jours en juillet. Il se développe quand l'air chaud de l'atlantique passe sur l'eau froide.
Il existe une limite entre l'eau froide d'origine polaire et l'eau plus chaude de l'atlantique dans la partie occidentale de la mer de Barents. C'est pourquoi la température de l'eau peut être assez variable à quelques douzaines de milles nautiques de Bjørnøya, allant parfois jusqu'à 10°C en été. Une banquise se forme en hiver sur la côte mais très rarement sur la mer ouverte autour de Bjørnøya.
La nuit polaire dure du 8 novembre jusqu'au 3 février et la période du soleil de minuit du 2 mai au 11 août.
[modifier] Flore et faune
Peu de plantes poussent sur Bjørnøya. La plupart sont des mousses ou des cochléaires mais il n'y a pas d'arbres. Malgré son nom, Bjørnøya n'est pas le lieu de résidence permanent d'ours polaire bien qu'un assez grand nombre arrive avec l'expansion de la banquise en hiver. Occasionnellement un ours reste avec la fonte des glaces au printemps et y passe l'été. Il y a également quelques renards polaires mais pas d'autres mammifères indigènes. Des phoques annelés et des phoques barbus vivent dans les eaux proches de Bjørnøya mais les morses qui étaient très courants sont devenus très rares. Les seuls oiseaux terrestres sont le bruant des neiges et le lagopède alpin mais l'île a une grande diversité d'oiseaux de mer tels que les guillemots, macareux moines, fulmars, mouettes tridactyles ou les goélands bourgmestres qui logent dans les vastes falaises du sud. L'oie à bec court ainsi que d'autres espèces visitent Bjørnøya pendant leur migration entre les îles du nord de Svalbard et l'Europe continentale. Les lacs d'eau douce de Bjørnøya sont peuplés par des ombles chevaliers.
[modifier] Problèmes environnementaux
Bien qu'il n'y ait pas actuellement d'activités industrielles à Bjørnøya ou dans ses environs immédiats, la pollution par des substances toxiques et radioactives constitue une menace pour la nature de l'île virtuellement intacte. L'exploration de la mer de Barents et le développement récent du champ de gaz Snøhvit montrent que les régions sensibles polaire et subpolaire de la Norvège et de la mer de Barents sont devenues des cibles des industries du pétrole et du gaz. L'organisation environnementale Bellona Foundation a critiqué le gouvernement norvégien pour autoriser ces activités sans avoir fait d'études suffisantes sur l'impact écologique. Des toxines organiques, particulièrement des PCB ont été retrouvées en grande concentration sur des échantillons biologiques de Bjørnøya, particulièrement les ombles chevaliers du lac Ellasjøen. Un sous-marin soviétique a coulé le 7 avril 1989 à 100 milles nautiques au sud-ouest de Bjørnøya. Des fuites de produits radioactifs des réacteurs et des têtes nucléaires posent actuellement un problème mineur mais une grave pollution des eaux environnantes reste possible.
[modifier] Informations complémentaires et liens externes
- Des publications administratives et d'intérêt général sont publiées par le Gouverneur de Svalbard(no)(en).
- Des cartes, rapports sur des sujets relatifs à Svalbard sont disponibles sur le site de l'Institut Polaire Norvégien(no)(en).
Géographie, hydrographie, météorologie :
Histoire :
Organisations :
- Bellona Foundation(no)(en)(ru)
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