Blaise Diagne
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Blaise Diagne, né le 13 octobre 1872 à Gorée et mort le 11 mai 1934 à Cambo-les-Bains. était un homme politique sénégalais, premier député africain élu à l'Assemblée nationale française.
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[modifier] Années de formation
Né le 13 octobre 1872 dans l'île de Gorée, d'un père Sérère, cuisinier et marin, et d'une mère mandjaque originaire de Guinée-Bissau, Gaiaye M'Baye Diagne est très tôt adopté par les Crespin, famille métisse respectée à Gorée et Saint-Louis qui lui donne le prénom de Blaise. Il apprend très tôt à lire, à écrire, et bénéficie d’une éducation solide qui s'appuie sur d'incontestables qualités intellectuelles. Il figure ainsi au palmarès de la distribution des prix de l'école laïque de St Louis en août 1884. Boursier du gouvernement, le jeune Diagne va poursuivre ses études en France, à Aix-en-Provence. Malade, il revient à Saint‑Louis pour suivre les cours de l'école secondaire Duval où il sera major de sa promotion en 1890. Il entreprend avec succès le concours de fonctionnaire des douanes en 1891.
Entré dans cette administration en 1892, il est d'abord nommé au Dahomey (actuel Bénin) en 1892, puis au Congo français en 1897, à la Réunion en 1898 et enfin à Madagascar en 1902, dernier poste où ses opinions avancées déplaisent à Gallieni. En septembre 1899, à St-Denis, Diagne est devenu franc-maçon. Envoyé en Guyane en 1910, ses liens avec le gouverneur sont facilités par son appartenance au Grand Orient de France.
[modifier] Carrière politique
Blaise Diagne est élu en 1914 député du Sénégal. Bénéficiant du statut des "quatre vieilles" communes (Rufisque, Gorée, St Louis et Dakar), il est le premier Africain de notre histoire nationale à siéger au palais Bourbon. Membre d'un groupe animé par Maurice Viollette, franc-maçon lui aussi. Il est réélu sans interruption jusqu'à sa mort, malgré des campagnes systématiquement hostiles de ses adversaires colonialistes, qui n'aiment pas voir un Noir à l'Assemblée, d'autant que celui-ci est aussi le maire de Dakar.
Blaise Diagne adhère à la Section française de l'Internationale ouvrière (SFIO) en décembre 1917 mais aucun document n'a été retrouvé sur la date de son départ du parti, probablement peu après son arrivée. Il rallie ensuite les indépendants de Georges Mandel.
Il devient en 1917 commissaire général aux troupes noires avec rang de sous-secrétaire d'Etat aux colonies. Il mène avec succès des missions en AOF pour organiser le recrutement militaire en cette période de guerre. Il retrouvera d'ailleurs cette fonction de 1931 à 1932, dans le premier gouvernement de Pierre Laval. Diagne profita des conditions spéciales du conflit pour arracher au Parlement la loi du 29 septembre 1916 qui reconnaissait définitivement la citoyenneté française aux originaires des "quatre communes" et, chose notable, sans les soumettre au Code Civil et leur faire perdre leur statut personnel.
Premier député et premier ministre noir, il est aussi le d'entre eux à siéger, dès 1922, au Conseil de l'Ordre du Grand Orient de France. Il bénéficie de ce parrainage jusqu'à sa mort en 1934, tout en étant largement soutenu par les milieux parlementaires auxquels il renvoit, par effet de miroir, l'image du parfait assimilé. En revanche, les nationalistes sénégalais (surtout les communistes de l'UIC comme Lamine Senghor) le prennent pour cible.
[modifier] Legs et postérité
L'appartenance de Diagne à la Franc-Maçonnerie explique sans doute qu'il ait été enterré avant l'entrée du cimetière musulman de Soumbedioune à Dakar, les musulmans ayant refusé qu'un franc-maçon puisse reposer à l'intérieur du cimetière. Par contre, le souvenir du premier ministre noir de la République française reste vivace. Son nom est porté par plusieurs endroits comme l'Avenue Blaise Diagne, une des plus grandes de Dakar, le lycée Blaise Diagne de Dakar et, récemment, le Président Abdoulaye Wade a donné le nom de Blaise Diagne au nouvel aéroport international qu'il veut voir construit à une centaine de kilomètres de Dakar.
Alors que l'Afrique était encore majoritairement colonisée, Diagne défendait la participation des Africains à la politique du pays colonisateur (dans son cas particulier, il s'agissait de la France, le Sénégal faisant alors partie de l'Afrique occidentale française). Il demandait aussi un traitement équitable des minorités ethniques au sein de l'armée française. Il a mené pendant toute sa carrière une action en faveur des colonisés d'Afrique et des Antilles, pour les aider à s'insérer dans la société française.
Marié en 1909 avec Marie Odette Villain qu'il a rencontrée à Madagascar, Blaise Diagne a eu quatre enfants dont Adolphe, médecin militaire (né en 1910, mort en 1985), Rolland, fonctionnaire dans les Chemins de fer et Raoul, footballeur professionnel, premier footballeur africain à être sélectionné en équipe de France (de 1931 à 1940), ensuite entraineur de l'équipe nationale du Sénégal en 1963.