César Chávez
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César Estrada Chavez est un syndicaliste paysan américain, de Californie. Il est né le 31 mars 1927 à Yuma (Arizona) de parents fermiers d'origine mexicaine; c'est donc un chicano. Il est décédé le 23 avril 1993.
[modifier] Biographie
A son époque, les ouvriers agricoles ne bénéficient d'aucune garantie sociale: ils sont parqués dans des baraquements, sous-payés au jour le jour, exposition aux pesticides, toute velléité syndicale est réprimée. En cas de révolte, on joue une communauté contre l'autre: Philippins, Mexicains, Chinois... Les propriétaires jouissent de plus du soutien de la Police et de la Justice.
En 1948 Chavez travaille dans les champs de coton à Delano, où il participe à son premier mouvement de grève, qui est défait par l'embauche de "jaunes". Il se marie la même année avec Helen Fabela. Le couple s'installe à San José, au sud de San Francisco, où ses conversations avec le prêtre de la paroisse l'éveillent à la justice sociale.
En 1952, les Chavez rencontrent Fred Ross, un animateur du Communauty Service Organisation (CSO), une association de promotion des laissés pour compte de la société américaine. Il devient volontaire, salarié à plein temps, puis responsable national du CSO. Par l'action directe (sit-ins, boycotts, piquets de grève...), il parvient à faire instaurer des assurances sociales (maladie, vieillesse et incapacité de travail) pour les ouvriers agricoles. Mais déplorant d'être éloigné de la base, il démissionne du CSO en 1962 et redevient ouvrier agricole dans les vignobles à Delano, où il crée la National Farm Workers Association (NFWA, Association Nationale des Ouvriers Agricoles), qui regroupe plus d'un millier d'adhérents en 1964. Son emblème est un aigle aztèque noir sur fond rouge.
Leurs premières luttes furent une grève des loyers de 34 mois contre l'augmentation des loyers pour des baraquements de tôle sans eau ni fenêtre (l'argent étant versé sur un compte bloqué) et une grève pour augmentation de salaire dans une roseraie.
Le 8 septembre 1965, le NFWA rejoint des ouvriers philippins en grève d'un autre syndicat, l'AWOC dans les vignobles. Des piquets de grève sont installés. Ils reçoivent l'aide du syndicat des dockers qui refuse d'embarquer les caisses de raisin de l'entreprise en grève; l'AFL-CIO et des initiatives locales financent les grévistes. Chavez utilise différentes techniques de lutte non-violente et de la désobéissance civile. Il appelle au boycott des raisons des entreprises concernées. Le 17 mars 1966 débute une marche de 25 jours sur la capitale Sacramento: 10 000 personnes les accueillent le 10 avril. L'entreprise Schenley ouvre des négociations, qui aboutissent le 21 juin, les salariés obtenant un contrat de travail et des augmentations de salaire. D'autres entreprises suivront, mais pas toutes. Le mouvement de boycott continue, les ventes baissant de 20 à 60% selon les villes et les prix s'effondrant.
Dans le mouvement, NFWA et AWOC fusionnent pour devenir UFWOC (United Farm Workers Organizing Committee) et s'affilient à l'AFL-CIO. Le 4 avril 1970, trois propriétaires signent un accord concédant un contrat de travail de trois ans, une augmentation de salaire, la cotisation à l'assurance maladie et à une caisse de développement économique, ainsi que l'interdiction des pesticides les plus dangereux. Le raisin produit par ces travailleurs reçoit la marque syndicale à l'aigle noir, aussitôt privilégié par les consommateurs. Le dernier carré des 26 propriétaires les plus intransigeants doit signer les accords le 29 juillet au terme d'une lutte de cinq ans.
Le mois suivant, Chavez s'engage dans une lutte victorieuse de deux ans pour les ouvriers du maraîchage dans la Salinas Valley. Puis les exploitants de raisin refusant de renouveler les contrats de trois ans, la lutte reprend, ainsi que dans d'autres secteurs. Ce n'est que le 28 août 1975 que le parlement californien votera une loi reconnaissant la liberté syndicale dans les entreprises agricoles.
[modifier] Citations
« Nous ne sommes pas non-violents parce que nous voulons sauver notre âme. Nous sommes non-violents parce que nous voulons obtenir la justice sociale pour les ouvriers. Qu'importe aux pauvres que l'on construise d'étranges philosophies de non-violence si cela ne leur donne pas de pain. » César Chávez
« Après que Dieu a achevé de créer le serpent à sonnette, le crapaud et le vampire, il lui restait encore un peu de substance avec laquelle il créa le briseur de grève. Le briseur de grève est un animal à deux pattes avec un esprit tordu, un cerveau dilué et une moëlle épinière visqueuse et gluante. À la place du cœur, il a une tumeur de principes pervertis. Quand le briseur de grèves marche dans la rue, les hommes lui tournent le dos, les anges pleurent dans le ciel et les démons eux-mêmes ferment les portes de l'enfer pour l'empêcher d'entrer… Judas Iscariote était un homme profondément digne en comparaison avec le briseur de grève. Car après avoir trahi son maître, il eut la force de caractère de se pendre. Le briseur de grève ne l'a pas ». Jack London
[modifier] Bibliographie
- Cesar Chavez de Jean-Marie Muller et Jean Kalman, Fayard, 1977
- Pour la désobéissance civique de José Bové et Gilles Luneau, La Découverte, 2004
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