Catherine Pozzi
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Catherine Pozzi (1882 [1] – 1934) fut une poétesse et femme de lettres française.
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[modifier] Sa vie
Catherine Marthe Louise Pozzi naît dans un milieu aristocratique et bourgeois de la fin du XIXe siècle, de Samuel Pozzi, chirurgien et gynécologue, et de Thérèse Loth-Cazalis. La famille, brillante et cultivée, fréquente les gens aisés, les artistes, les écrivains (José-Maria de Heredia, Paul Bourget…). Catherine aura deux frères cadets, Jacques et Jean.
Jeune, elle étudie avec des précepteurs ; elle s’intéresse à la musique, pratique le tennis et l’équitation. Dès l’âge de 11 ans, elle commence à tenir un premier Journal. Elle étudie également un an à Oxford.
A 25 ans, elle épouse, sans conviction, l’auteur dramatique à succès Edouard Bourdet. En 1909 naît leur fils Claude, qui sera résistant et déporté pendant la Seconde Guerre mondiale.
Vers 1910 apparaissent les symptômes de la tuberculose dont elle souffrira désormais jusqu’à sa mort.
Elle se lance dans l’étude de l’histoire de la philosophie et des religions, des mathématiques et des sciences, et est l’élève de Marie Jaëll. En 1918, elle passe son bac, à 37 ans. C’est cette année-là que son père est assassiné par un de ses ex-patients, affligé du délire de persécution.
Elle est l’amie de Rainer Maria Rilke, Anna de Noailles, Jean Paulhan (rédacteur en chef de La Nouvelle Revue française), Colette, Henri de Régnier entre autres.
Elle entame en 1920 une relation tumultueuse avec Paul Valéry, qui durera huit ans et donnera lieu à une importante correspondance. La rupture avec celui-ci l'éloignera du Paris des salons et provoquera chez elle un pénible sentiment de solitude.
Elle meurt à Paris le 3 décembre 1934, minée par la tuberculose, la morphine et le laudanum.
Cette « grande jeune femme, gracieuse et laide » (Jean Paulhan), élégante, sportive, lucide, mais aussi intransigeante et orgueilleuse, fut toute sa vie, face à la souffrance, assoiffée d’absolu et tourmentée du besoin de croire.
[modifier] Son œuvre
Catherine Pozzi est connue surtout pour six poèmes fulgurants, publiés en 1935 (Mesures), et qu’elle considérait comme son testament littéraire : Ave, Vale, Scopolamine, Nova, Maya et Nyx. Ce dernier (Nyx signifie « la nuit » en grec), fut composé « d’un trait », le 5 novembre 1934, peu avant sa mort. Elle laisse aussi une nouvelle autobiographique anonyme : Agnès (NRF, 1927), et un essai philosophique inachevé : Peau d’Ame. Quelques articles scientifiques d’elle ont paru dans Le Figaro.
Plus récemment, la publication de son Journal (1913-1934) et de son Journal de jeunesse (1893-1906) a renouvelé l’intérêt à son endroit. La partie de sa correspondance avec Paul Valéry publiée ne représente en fait qu’une petite partie des lettres échangées, celles ayant survécu au souhait, exprimé par Catherine Pozzi dans son testament, que ces lettres soient détruites.
Certains poèmes de Catherine Pozzi évoquent parfois ceux de Louise Labé, mais leur souffle et leur tension semblent sans commune mesure avec cette œuvre du XVIe siècle.
[modifier] Citations
- « L’horreur de ma vie, c’est la solitude. Parce que je suis une infirme. Je ne puis pas joindre les autres, jamais. De là, ces intoxications par un sentiment, et ces débauches de matière spirituelle. » (15 mai 1927).
- « Ce qui ne peut devenir nuit ou flamme, il faut le taire ».
[modifier] Un poème
AVE
Très haut amour, s'il se peut que je meure
Sans avoir su d'où je vous possédais,
En quel soleil était votre demeure
En quel passé votre temps, en quelle heure
Je vous aimais,
Très haut amour qui passez la mémoire,
Feu sans foyer dont j'ai fait tout mon jour,
En quel destin vous traciez mon histoire,
En quel sommeil se voyait votre gloire,
O mon séjour...
Quand je serai pour moi-même perdue
Et divisée à l'abîme infini,
Infiniment, quand je serai rompue,
Quand le présent dont je suis revêtue
Aura trahi,
Par l'univers en mille corps brisée,
De mille instants non rassemblés encor,
De cendre aux cieux jusqu'au néant vannée,
Vous referez pour une étrange année
Un seul trésor
Vous referez mon nom et mon image
De mille corps emportés par le jour,
Vive unité sans nom et sans visage,
Coeur de l'esprit, ô centre du mirage
Très haut amour.
[modifier] Bibliographie
[modifier] Œuvres de Catherine Pozzi
- Très haut amour (Poèmes et autres textes), Gallimard Poésie. (ISBN 2-0704-2105-8)
- Poèmes, Gallimard / Métamorphoses. (ISBN 2-0702-5224-8)
- Catherine Pozzi, Œuvre poétique, éd. Lawrence Joseph, Paris, La Différence, « Littérature », 1988.
- Agnès, La Différence coll.Minos, 1988. (ISBN 2-72-911413-0)
- Peau d'âme, prés. Lawrence Joseph, Paris, La Différence, « Philosophia perennis », 1990.
- Catherine POZZI, Rainer Maria RILKE, Correspondance 1924-1925, prés. Lawrence Joseph, Paris, La Différence, « Littérature », 1990.
- Catherine POZZI, Jean PAULHAN, Correspondance 1926-1934, éd. Françoise Simonet-Tenant, Paris, C. Paulhan, « Pour mémoire », 1999.
- Catherine Pozzi et Jean Paulhan, Correspondance 1926-1934, Ed. Claire Paulhan 1999.
- La flamme et la cendre : Correspondance (Paul Valéry, Catherine Pozzi, Lawrence Joseph). Gallimard / Blanche 2006, 830 p. (ISBN 2-0707-7254-3)
- Catherine POZZI, Journal de jeunesse : 1893-1906, éd. Claire Paulhan, (ISBN 2-9122-2202-8)
- Catherine POZZI, Journal : 1913-1934, éd. et annot. Claire Paulhan, préf. Lawrence Joseph.
Paris, Ramsay, 1987 / Seghers, 1990 / C. Paulhan, « Pour mémoire », 1999. Réédité chez Phébus (édition augmentée, 798 p) : (ISBN 2-7529-0044-9)
[modifier] Biographies
- Lawrence Joseph et Claire Paulhan : Catherine Pozzi, Une robe couleur du temps, Ed. de la Différence, 1988. (ISBN 2-7291-0318-X)
- Pierre Boutang, Karin Pozzi et la quête de l'immortalité, Paris, La Différence, « Mobile matière », 1991. (ISBN 2-7291-0654-5)
[modifier] Notes et références
- ↑ On trouve aussi la date du 13 juillet 1883 pour sa naissance