Charles Nodier
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Jean-Charles-Emmanuel Nodier, né à Besançon le 29 avril 1780 et mort à Paris le 27 janvier 1844, est un écrivain français à qui l’on attribue une grande importance dans la naissance du mouvement romantique.
[modifier] Biographie
Il étudie sous la direction d’Euloge Schneider le gouverneur jacobin d’Alsace et s’intéresse à l’histoire naturelle.
En 1791, à la suite de la nomination de son père au poste de Président de Tribunal Criminel départemental, il prononce à 11 ans un discours patriotique à la Société des Amis de la Constitution de sa ville natale. Ce premier exploit au service de la Révolution ne l’empêchera pas d’avoir tout au long de sa vie des sentiments royalistes ouvertement professés qui lui créeront des ennuis sous l’Empire. Ce royalisme ne l'empêche pas de fréquenter les cercles politiques libéraux et même républicains. Nodier est surtout fondamentalement opposé au pouvoir despotique.
De son enfance, sa fille raconte qu'il fut mis à l'étude très tôt par son père. S'il montre du goût pour la littérature et les lettres anciennes, jamais il ne parviendra à s'intéresser au domaine des mathématiques et des sciences pures, quoiqu'il fût fort féru d'entomologie - il est membre, grâce à l'influence de son ami J.-B. Bory de Saint-Vincent, de la société entomologique de France très peu de temps après sa fondation - de géologie et de botanique - il rédige en 1821 avec le même Bory de Saint-Vincent un ouvrage intégrant des remarques sur la faune, la flore et la géologie des côtes françaises et anglaises (ses 'Promenades' citées ci-dessous.) « Rien ne le disposait à l’incrédulité comme les faits réputés sans réplique » dit elle.
Entre autres anecdotes sur son père, elle raconte que le jeune Charles, âgé de dix ans, tomba éperdument amoureux d'une délicieuse comtesse à laquelle il avoua ses sentiments dans un billet, lui demandant un rendez-vous qu'elle lui accorda. La voyant arriver, il se jeta à ses genoux. La dame le releva, et lui donna une formidable fessée. Nodier garda de l'aventure, dit sa fille, une timidité extrême envers les femmes. À partir de 1796, il est étudiant à l’école centrale de Besançon où il participe à la création d’une société secrète appelée les Philadelphes.
Il est nommé bibliothécaire adjoint de l’École centrale du Doubs en 1798. Un article critique à l'égard des Jacobins lui fait perdre ce poste en 1800.
Il publie en 1802 un roman, Stella ou les proscrits. Il vient alors fréquemment à Paris. Il est emprisonné en 1803 pour avoir écrit deux ans plus tôt La Napoléone, un pamphlet en vers critiquant le premier Consul. Après sa libération l’année suivante, il est de retour à Besançon.
En 1808 il ouvre à Dole un cours de littérature et, la même année, il épouse Désirée Charve. Sa carrière littéraire se poursuit en 1808 avec la publication d’un Dictionnaire des onomatopées françaises. En 1809, il est assistant littéraire de sir Herbert Croft et Lady Mary Hamilton qui vivent à Amiens.
En 1813, il est à Laybach (Ljubljana) en Illyrie, capitale des provinces Dalmates de l’Empire français en tant que bibliothécaire municipal, secrétaire de Fouché, ainsi que rédacteur du Télégraphe officiel, journal officiel des provinces illyriennes. De nos jours, l’Institut français de Ljubljana porte son nom.
Il est de retour à Paris en 1814 avec sa femme et sa fille Marie où il est anobli par Louis XVIII qui lui conférera aussi en 1822 la Légion d'honneur. Il devient rédacteur du Journal des Débats.
1818 voit la publication de Jean Sbogar. 1819 le voit rejoindre le camp légitimiste et participer au journal Le Drapeau blanc.
En 1821, il publie Smarra ou les Démons de la nuit. Puis durant l’été, il effectue un voyage en Écosse. Le récit en est publié dans Promenade de Dieppe aux montagnes d’Écosse. Il participe au journal La Quotidienne, dans lequel il présente aux lecteurs les œuvres de Scott, Rabelais, Marot, et aussi Lamartine, Byron et Victor Hugo.
Il publie en 1822 Trilby ou le lutin d’Argail, un conte fantastique situé en Écosse et qui inspirera Adolphe Nourrit pour le livret du ballet La Sylphide.
Il est nommé en 1824 bibliothécaire de l’Arsenal, la bibliothèque du comte d’Artois, futur Charles X, au sacre duquel il assiste la même année en compagnie de Victor Hugo. Ce poste est l’occasion qui lui permet de tenir un salon littéraire, le « Cénacle », et de promouvoir le Romantisme. Alexandre Dumas décrit ce salon dans ses mémoires et tous les futurs grands noms de la littérature romantique française en font partie. Après nous avoir parlé du charme avec lequel Nodier savait conter quelque récit, l'auteur des Trois Mousquetaires poursuit ainsi : « On n'applaudissait pas, non, on n'applaudit pas le murmure d'une rivière, le chant d'un oiseau, le parfum d'une fleur. Mais le murmure éteint, le chant évanoui, le parfum évaporé, on écoutait, on attendait, on désirait encore. Mais Nodier se laissait glisser doucement du chambranle de la cheminée dans son grand fauteuil ; il souriait, il se tournait vers Lamartine ou vers Hugo : « Assez de prose comme cela, disait-il ; des vers, des vers, allons ? » Et sans se faire prier, l'un ou l'autre poète, de sa place, les mains appuyées au dossier d'un fauteuil ou les épaules assurées contre le lambris, laissait tomber de sa bouche le flot harmonieux et pressé de la poésie… » C'est au cours d'une de ces réunions que fut récité pour la première fois le fameux Sonnet d'Arvers.
Poursuivant ses activités de critique littéraire, il commence à écrire dans la Revue de Paris en 1829.
En 1830, il publie une curieuse fantaisie inspirée par Laurence Sterne, L'Histoire du roi de Bohême et de ses sept châteaux, puis De quelques phénomènes du sommeil.
1832 voit la publication de La Fée aux miettes, de Jean-François les Bas-bleus et le début de l'édition de ses Œuvres complètes qui comprendra 14 volumes.
Il est élu à l’Académie française en 1833 au siège 25 en remplacement de Jean-Louis Laya. L’année suivante il fonde le Bulletin du Bibliophile.
Il mène alors enfin une existence loin des tumultes, reconnu par ses pairs et apprécié du gouvernement. Son poste de bibliothécaire de l’Arsenal lui donne accès à de nombreux livres rares et le temps de se consacrer à l’étude des multiples sujets qui l’intéressent.
Il meurt à Paris le 27 janvier 1844 à 63 ans. Il est enterré au Père-Lachaise dans une tombe toute proche de celle que viendra occuper quelques temps plus tard Honoré de Balzac.
Victor Hugo, Alfred de Musset et Sainte-Beuve reconnaîtront son influence.
[modifier] Œuvres
Charles Nodier fut l’un des auteurs les plus prolifiques de la langue française. La liste ci-dessous ne reprend qu’une petite partie de ses publications.
- Dissertation sur l'usage des antennes dans les insectes (1798)
- Pensées de Shakespeare extraites de ses ouvrages (1800)
- Bibliographie entomologique (1801)
- La Napoléone (1802), pamphlet
- Stella ou les proscrits (1802), roman
- Le peintre de Salzbourg, journal des émotions d’un cœur souffrant (1803), roman
- Prophétie contre Albion (1804)
- Essais d’un jeune barde (1804), recueil de poésie
- Les Tristes, ou mélanges tirés des tablettes d'un suicidé (1806)
- Dictionnaire des onomatopées françaises (1808)
- Apothéoses et imprécations de Pythagore (1808)
- Archéologie ou système universel des langues (1810)
- Questions de littérature légale (1812)
- Histoire des sociétés secrètes de l'armée (1815)
- Napoléon et ses constitutions (1815)
- Le vingt et un janvier (1816)
- Jean Sbogar (1818), histoire d’un bandit illyrien mystérieux
- Thérèse Aubert (1819), roman d’amour pendant les guerres vendéennes
- Le Vampire (1820), mélodrame
- Mélanges de littérature et de critique (1820), 2 volumes
- Adèle (1820), roman
- Voyages pittoresques et romantiques dans l'ancienne France, avec le baron Taylor, (1820)
- Romans, nouvelles et mélanges (1820), 4 volumes
- Smarra, ou les démons de la nuit (1821), conte fantastique
- Promenade de Dieppe aux montagnes d’Écosse (1821)
- Le Délateur (1821), drame
- Bertram, ou le château de Saint-Aldobrand (1821), tragédie
- Trilby ou le Lutin d'Argail (1822), conte fantastique
- Essai sur le gaz hydrogène et les divers modes d'éclairage artificiel (1823)
- Dictionnaire universel de la Langue française (1823)
- Bibliothèque sacrée grecque-latine de Moïse à saint Thomas d'Aquin (1826)
- Poésies diverses (1827, 1829)
- Faust (1828), drame
- Mélanges tirés d’une petite bibliothèque (1829)
- Histoire du roi de Bohême et de ses sept châteaux (1830)
- De quelques phénomènes du sommeil (1830)
- Souvenirs, épisodes et portraits pour servir à l'histoire de la Révolution et de l'Empire (1831), 2 volumes
- La Fée aux miettes (1832), conte fantastique
- Mademoiselle de Marsan (1832), conte fantastique
- Jean-François les Bas-bleus (1832)
- Rêveries littéraires, morales et fantastiques (1832)
- Souvenirs de la jeunesse (1832)
- Le dernier banquet des Girondins (1833)
- Trésors des fèves et fleurs des pois (1833)
- Notions élémentaires de linguistique (1834)
- M. Cazotte (1834)
- La Péninsule, tableau pittoresque (1835), contes en prose et en vers
- La Saône et ses bords (1835-1836)
- La Seine et ses bords (1836-1837)
- Paris historique (1837-1840), 3 volumes
- Inès de Las Sierras (1837)
- Les quatre talismans et la légende de Sœur Béatrix (1838)
- La neuvaine de la chandeleur et de Lydie (1839)
- Souvenirs et portraits de la Révolution (1840)
- Description raisonnée d'une jolie collection de livres (1842)
- Journal de l'expédition des Portes de Fer (1844)
- Franciscus Columna (1844)
[modifier] Liens externes
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