Christian Jacquiau

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Christian Jacquiau est économiste, expert-comptable indépendant, commissaire aux comptes spécialisé dans le conseil, l'accompagnement à la création et à la transmission d'entreprises. Il est aussi délégué consulaire à la Chambre de commerce et d'industrie de Paris.

Il est surtout connu pour être l'auteur de Les coulisses de la grande distribution édité en 2000, ouvrage très critique à l'égard des méthodes de la grande distribution puis Les coulisses du commerce équitable édité en 2006, ouvrage critique d'une certaine forme de commerce équitable, principalement celui pratiqué par Max Havelaar.

Christian Jacquiau est connu pour réaliser des enquêtes proches du journalisme d'investigation, ses deux ouvrages sont très documentés et sont des recherches réalisées sur des phénomènes peu étudiés.

Sommaire 1 Biographie 2 Les coulisses de la grande distribution 3 Les coulisses du commerce équitable 4 Citations 5 Notes et références 6 Bibliographie 7 Liens externes

[modifier] Biographie

Après avoir consacré son temps et son énergie au monde de l'entreprise pendant huit ans, Christian Jacquiau a passé quatre années dans un grand cabinet d'audit avant de de créer son propre cabinet d'expertise comptable en 1985. En 1988, il crée un cabinet de commissariat aux comptes, puis en 1992, un second cabinet d'expertise comptable. L'année 1997 voit la création d'un cabinet de conseil plus spécialement dédié à l'assistance, à l'accompagnement à la création et à la transmission d'entreprises. Conseiller de PME-PMI fournissant la grande distribution, il a vécu de l'intérieur les pratiques qu'il révèle dans Les coulisses de la grande distribution, ouvrage qu'il sort en 2000.

Il a ensuite passé trois ans à enquêter dans le milieu du commerce équitable en interrogeant les différents acteurs sur leurs pratiques. En résulte l'édition de l'ouvrage Les coulisses du commerce équitable: Mensonges et vérités sur un petit business qui monte en 2006, qui est rapidement un succès puisque l'ouvrage est réédité début 2007.

Christian Jacquiau est naturellement sympathisant de certains combats tels que la lutte anti-OGM. Il était d'ailleurs présent comme témoin aux côtés de Jean-Emile Sanchez et de la Confédération paysanne alors que plusieurs personnes s'étaient fait arrêter après avoir fauché un champ de maïs OGM.

[modifier] Les coulisses de la grande distribution

Les coulisses de la grande distribution est édité une première fois en 2000, c'est rapidement un grand succès puisque le livre sera réédité huit fois.

Cet ouvrage est une enquête sur les méthodes de la grande distribution et les conséquences de ce type de commerce sur le monde du travail et sur les petits commerces.

Christian Jacquiau analyse l'évolution de la grande distribution en France depuis la création du premier magasin Leclerc en région parisienne en 1949 à Landerneau^[1]. La France est devenue depuis le pays d’Europe qui compte le plus grand nombre d’hyper et de supermarchés par habitant dont le pouvoir est concentré dans les mains de cinq centrales d'achat^[2].

Il dénonce plusieurs pratiques, légales et illégales, utilisés par la grande distribution; ainsi les fournisseurs subissent des pressions les incitant à baisser leurs prix afin que la grande distribution contrôle voire augmente ses profits.

Ayant atteint une importance telle que la grande distribution est devenue un passage clé pour la plupart des prestataires, elle se permet, selon Christian Jacquiau, de faire payer aux fournisseurs le droit d'être présent sur les rayons, abusant donc de leur position dominante. Cette pression est effectuée par une négociation devenue biaisée par le déséquilibre entre l'influence des grandes chaines de supermachés et celle des petits fournisseurs. Ces pressions se ressentent, selon l'auteur, lors des livraisons, du stockage des marchandises, lors des opérations promotionnelles que la grande surface jugera bon d'organiser et lors des abus de pratiques de marges arrières^[3][4][5].

L'auteur analyse également certaines conséquences des méthodes de la grande distribution, il étudie par exemple les conséquences de la production de masse, de la standardisation des goûts, de la délocalisation de la production ou de la flexibilité de l'emploi pratiquée par ce type d'entreprises. Christian Jacquiau défend l'idée selon laquelle la grande distribution favorise beaucoup trop un modèle agricole productiviste, mettant à l'écart les petits producteurs, ayant donc des répercussions sur le revenu et la vie des petits paysans mais aussi sur la qualité de la nourriture et donc sur la santé publique. Il affirme que chaque emploi créé dans la grande distribution détruit 3 à 5 emplois dans le secteur des PME^[6] et du commerce de proximité^[7].

Cet ouvrage est finalement une critique de ce qui est un des moteurs du mondialisation libérale. Il se veut être un ouvrage utile pour ceux qui s'intéressent à un autre mode de développement, pour une agriculture moins productiviste et plus paysanne, pour la création d'emplois et la relocalisation de l'économie.

[modifier] Les coulisses du commerce équitable

Dans Les coulisses du commerce équitable, l'économiste s'en prend à une certaine branche du commerce équitable, particulièrement celui pratiqué par Max Havelaar, association présente dans un grand nombre de pays.

D'abord, l'auteur critique le fait que Max Havelaar se soit décerné le terme de « label ». Il défend dans son livre que « À défaut de l’expression "label de commerce équitable", qui ne repose sur aucun fondement juridique, il serait sans doute plus commode –nettement plus juste et indéniablement plus équitable à l’égard des autres acteurs et des consommateurs aussi- d’utiliser une expression du type : "certifié par Max Havelaar, conforme à son cahier des charges" ou encore "Commerce équitable : la garantie Max Havelaar" »^[8][9].

Il s'attaque ensuite à certaines dérives de Max Havelaar, il critique le manque de contrôles réalisés sur la qualité des produits et sur le véritable salaire des petits producteurs du commerce équitable. Pour analyser ce dernier point , il met en parallèle deux chiffres donnés par Max Havelaar. Celui-ci assure avoir distribué 50 millions d'euros aux petits producteurs, et dans le même temps, il affirme travailler avec un million de producteurs. Selon Christian Jacquiau, «le rêve s'écroule. Chacun n'a donc perçu que 50 euros supplémentaires par an, soit 4 euros par mois», le commerce équitable pratiqué par Max Havelaar n'est donc pas si équitable.

Au sujet des contrôles, l'auteur s'interroge sur le nombre trop faible de contrôleurs. Max Havelaar dispose en effet de seulement 54 contrôleurs pour 1 millions de producteurs, ce qui est bien trop peu pour garantir un respect de la charte établie par Max Havelaar. Il dit que «en effet, il n'y aurait que 54 inspecteurs dans le monde entier, travaillant en free-lance et à temps partiel pour la certification et le contrôle d'un million de petits producteurs! Ce contrôle ne se fait pas sur le terrain mais dans un bureau ou une chambre d'hôtel, voire par fax», il ajoute ensuite que ces contrôles sont effectués par un organisme partenaire de Max Havelaar (FLO) et non par une organisation indépendante qui n'aurait aucun intérêt à biaiser les résultats des contrôles. Il craint donc que le bénéficiaire du commerce équitable puisse être un gros propriétaire terrien ou même une multinationale, au lieu des petits producteurs, ce qui était l'objectif original du commerce équitable.

Regula Weber, porte-parole de Max Havelaar pour la Suisse a réfuté ces accusations et a déclaré que «dans tous les systèmes, il peut y avoir des profiteurs. Mais je peux vous assurer que Max Havelaar fait non seulement des contrôles, mais aussi des contrôles sur les contrôles. Nous bénéficions de la norme internationale ISO 65». En revanche, Paola Ghillani, l'ancienne directrice de Max Havelaar Suisse approuve une partie des critiques contenues dans le livre de Christian Jacquiau, par exemple que les produits certifiés équitables ne le seraient pas forcément, par manque de contrôles sérieux chez les petits producteurs, elle ajoute qu'elle a «toujours défendu l'idée que les contrôles ne devaient pas être effectués par FLO mais par des organismes extérieurs. Il faudrait des inspecteurs professionnels, neutres et indépendants, comme ceux de la SGS ou de Procert»^[10].

Par ailleurs, l'auteur de l'ouvrage dénonce l'alliance réalisée en Suisse entre Max Havelaar et les 140 McDonald's du pays, McDonald's n'ayant pas, selon lui, une politique compatible avec la philosophie du commerce équitable. Il éprouve des sentiments semblables à l'égard d'autres compagnies réalisant des alliances avec Max Havelaar comme Starbucks, Nestlé, Accor ou Dagris. Pour finir, l'auteur reproche à Max Havelaar un manque de transparence, il affirme avoir eu d'énormes difficultés afin d'obtenir les comptes de l'association^[11], ce qui selon lui créer un manque de confiance, élément très important dans ce type de commerce.

Christian Jacquiau dit qu'une solution afin de mettre fin à certains abus^[12] serait de créer une norme internationale afin de fiabiliser les réseaux de commerce équitable car à l'heure actuelle n'importe qui peut se proclamer acteur du commerce équitable. Il affirme que c’est par exemple ce qui pousse Auchan, Carrefour ou Ed à se lancer directement dans le commerce équitable sous leurs propres marques.

Même si l'ouvrage est une forte critique, Christian Jacquiau se dit défenseur du commerce équitable; il privilégie cependant d'autres réseaux comme Minga ou Artisans du Monde qui n'utilisent pas ce type de commerce comme technique marketing ^[13]. Il affirme aussi que la généralisation du commerce équitable par Max Havelaar et la grande distribution a permis au moins de faire prendre conscience à certains qu'une grande partie du reste du commerce reste très inéquitable.

[modifier] Citations

• « Chaque jour, et souvent sans en être conscient, le consommateur s'exprime. En poussant le caddie dans les travées de ces temples de la consommation que sont les grandes surfaces, nous votons. Nous sommes des millions à voter. Pour un type de production ou pour un autre. Pour un modèle d'agriculture respectueux de l'humain, des animaux et de leur environnement, ou pour une agriculture productiviste, intensive, polluante et déshumanisée. »^[14] Christian Jacquiau, janvier 2004.

• « Initié par le militantisme citoyen, largement instrumentalisé par les bureaux de marketing, le commerce équitable a été récupéré par les marchands d'illusion. En se donnant à la grande distribution et à quelques transnationales en quête d'honorabilité, les adeptes de la marchandisation de l'équitable ont ouvert la boîte de Pandore. Christian Jacquiau a mené l'enquête pendant deux ans. Il nous invite dans l'arrière-boutique d'un secteur méconnu et nous dévoile les dérives et abus commis au nom de l'équitable. »^[15] l'éditeur du livre Les coulisses du commerce équitable, 2006.

[modifier] Notes et références

[modifier] Bibliographie

• Les coulisses de la grande distribution, 366 pages, Éditions Albin Michel, 2000, ISBN 2-226-11506-4
• Les coulisses du commerce équitable : Mensonges et vérités sur un petit business qui monte, 461 pages, Éditions Mille et une nuits, 2006, ISBN 284205959X

[modifier] Liens externes

• Les coulisses de la grande distribution et du commerce équitable: émission de télé organisée par Zaléa Tv, où Christian Jacquiau présente ses deux ouvrages (vidéo en libre téléchargement).
• Le bonheur est dans le prix: émission de radio organisée par Là-bas si j’y suis (France Inter) contenant une interview de Christian Jacquiau, 17 juin 2004 (émission disponible en ligne).
• Les grandes surfaces: émission de radio organisée par Pascale Fourier (Aligre FM) contenant une interview de Christian Jacquiau, 9 avril 2004 (version sonore disponible ici)
• Le commerce équitable, pipeau ou réalité ?: interview de Christian Jacquiau par le site en ligne de l'hebdomadaire français Le Nouvel Observateur, 13 juillet 2006.
• Visite guidée dans les coulisses de la grande distribution: interview de Christian Jacquiau par l'association Action Consommation.

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