Ducasse d'Ath
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La ducasse est une tradition populaire de la ville d'Ath, dans le Hainaut (Belgique). Remontant au Moyen Âge, elle s’est enrichie au fil du temps, pour devenir une fête très populaire qui dure plusieurs jours.
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[modifier] Histoire
[modifier] Origines
C'est dans le deuxième quart du XVe siècle que les premiers éléments figuratifs défilent dans la vieille procession paroissiale de Saint-Julien. L'église se trouvait alors au hameau dit du Vieux-Ath.
- 1399 : dans le plus ancien compte conservé, première mention d'une procession
- 1431-1432 : émergence dans les comptes d'un groupe de figurants représentants la vie de saints et de martyrs.
- 1462 : naissance du Cheval Bayard, copié de celui d'Audenarde. Mention d'un Saint Christophe.
- 1481 : émergence historique de Goliath : "Item pour havoir nettoyet visité et refait pluisseurs coses à Golias 6 s."
[modifier] Du XVe au XIXe siècle
Peu à peu (sp-|XVI|e|-|XVIII|e}}), le but religieux s'estompa au profit de la recherche du pittoresque.
Des scènes de l'Ancien et du Nouveau Testament (Goliath ou Marie-Madeleine) ou de la Légende Dorée (saint Christophe) y étaient présentées sur des traîneaux et dans la rue.
Le cortège était alors financé par la commune, la paroisse et les confréries.
À partir du XVIe, le caractère religieux est fortement réduit au sein du cortège.
Les Jacobins mirent le feu à ces symboles de l'ancien régime le 28 août 1794.
[modifier] Du XIXe siècle à nos jours
Il faut attendre 1804 pour que la procession reprenne vie et 1806-1807 pour que les géants renaissent sous les doigts du sculpteur Emmanuel Florent.
Dès 1819, la procession devient un cortège laïque évoluant sous l'influence des idées du XIXe siècle (exotisme, nationalisme belge, affirmation de l'histoire locale,...).
Plus aucune interruption n'est survenue depuis 1945.
En 1948, Le Cheval Bayard réapparaît.
Une crise grave survient dans les années 60. À cette époque, le cortège ne semble plus attirer l'attention des Athois et est gravement délaissé. Les figurants sont devenus difficiles à trouver et les attelages manquent cruellement (en 1968, le char de la Navigation ne sort pas du hangar, faute de chevaux de trait pour le tracter). On voit même des tracteurs agricoles les remplacer.
C'est pourquoi, en 1968, sous l'initiative du Cercle d'histoire et d'archéologie d'Ath, un Comité de rénovation du cortège est créé. Celui-ci veillera désormais à la bonne organisation des festivités en se chargeant exclusivement de la figuration et de ses accessoires.
Saint Christophe réintègre le cortège en 1976 et les chevaux Diricq en 1981.
[modifier] Calendrier
Les diverses manifestations se déroulent dans un ordre quasi immuable depuis des décennies.
[modifier] Vendredi
- 15h : sortie de Tirant l'ancien
- 16h : Grand-Prix du Mayeur de tir à l'arc sur l'Esplanade
- À partir de 22h : brûlage des marronnes de Gouyasse. Selon la tradition populaire, la veille de son mariage le marié brûle ses pantalons (marrones en dialecte picard) bourrés de paille et de pétards. C'est ce que l'on appelle communément l'« enterrement de sa vie de garçon », souvent suivi d'une sortie bien arrosée entre garçons.
[modifier] Samedi
- 12h : église Saint-Julien, les Athois se donnent rendez-vous pour faire sonner Marie-Pontoise, la "grosse cloche". C'est le début de la ducasse d'Ath et de la ferveur populaire.
- 15h : cortège et "Vêpres Gouyasse" dans l'église Saint-Julien. Mariage de M. et Mme Goliath.
- Vers17h, devant l'hôtel de ville : "Jeu-parti", combat avec le berger David.
- 20h - concert de la Fanfare royale Union de Saint-Martin
- 21h - sortie du groupe du Canon du Mont-Sarah et retraite aux flambeaux.
[modifier] Dimanche
- Au petit matin, depuis 1981, quelques membres de la clique des pompiers athois réveillent la population au son du tambour.
- 9h45 : cortège des géants de la gare vers l'Esplanade
- 15h : cortège des géants de l'Esplanade vers l'église Saint-Julien.
- En fin de cortège, rentrée des géants avec tous les 5 ans depuis 1981, un rondeau réunissant l'ensemble des géants sur la place Ernest Cambier
[modifier] Lundi
- Toute la journée, les géants se promènent dans le centre ville et les faubourgs.
- 16h : activités sportives (tir à l'arc) et musicales sur l'Esplanade
- 18h : festival de montgolfières
[modifier] Du "lundi de la Ducasse" au "8 de septembre"
- Vendredi : marché nocturne
- Samedi et dimanche : représentation d'une opérette par la troupe des "Matelots de la Dendre" (active à Ath depuis 1853). En 2007 : Andalousie de Francis Lopez
- 8 septembre (à Ath on dit "le 8 de septembre")
- C'est le dernier jour de la ducasse
- 14h30 : Grand Prix de la Ville d'Ath de balle pelote
- Traditionnel souper aux moules
- 20h30 : concert par la fanfare "L'Union de Lorette"
- 21h30 : grand feu d'artifice
[modifier] Ordonnance du cortège
- Les volontaires sapeurs pompiers (présent dans le cortège depuis 1885)
- L'Aigle à deux tête accompagné de la fanfare de Meslin-l'Évêque.
- Le Groupe des 19 communes : introduit en 1997 (pour le 20e anniversaire de la fusion des communes), il présente le blason de la Ville d’Ath et les armoiries des 18 communes de l'entité.
- La Barque des pêcheurs napolitains : ce char de fantaisie a été créé par la société chorale "Les Matelots de la Dendre". Il défile dans le cortège en 1853 et en 1862 avant d'être pris en charge, en 1865, par la société des "Pêcheurs napolitains" puis par les "Braves de la Dendre". Le "Sauvage" (présent depuis 1873 au moins) aurait été embarqué sur l’île légendaire de Gavatao.
- Saint-Christophe de Flobecq, monté sur échasses (déjà attesté en 1462).
- Les Bleus, compagnie des canonniers arquebusiers, participent à la procession depuis le XVe siècle, bien avant l'apparition du géant Samson.
- Samson accompagné de la fanfare de Moulbaix. Samson ne fut créé qu'en 1679.
- Le Canon du Mont Sarah : le groupe évoque la Révolution belge de 1830. Harangué par la dentellière Anne-Marie Leroy, les patriotes athois se sont emparés du canon des exercices de tir de l’ancienne confrérie des canonniers et l’ont emmené à Bruxelles.
- Le Char de l'horticulture : la déesse Flore trône sous un dais de style 1900 au-dessus d'un parterre de fleurs et de nymphes. Ce char décoratif a été créé en 1850 sous le nom de "char des Jeunes Filles". Consacré à Vénus en 1851, il deviendra par après le char de Flore (1860) puis de l'Horticulture (1876).
- Ambiorix : dans le cortège de la Ducasse d'Ath, le géant des archers est attesté depuis le XVIIIe siècle sous le nom de Tirant. En 1850, il se métamorphose en Ambiorix pour évoquer l’histoire locale et nationale tout en gardant son arc et ses flèches. La fanfare d’Irchonwelz le fait danser.
- Les hallebardiers (bien qu'ils aient l'habitude de sillonner le cortège lors de leurs manœuvres)
- Le char des États provinciaux : il figurait dans le cortège organisé à Bruxelles à l'occasion du cinquantenaire des chemins de fer, sous le nom de char de la Musique des Marchands (Ligue hanséatique). Acheté par la Ville d'Ath en 1885, il a été transformé en char des États provinciaux pour rappeler que cette assemblée du comté de Hainaut s'est réunie à Ath en 1572.
- Le char de la navigation : ce char figurait, en 1885, au cortège des moyens de transports organisé à l'occasion du 50e anniversaire des chemins de fer. Il évoque une barge qui assurait la liaison entre Bruges et Gand au XVIe siècle.
- Mlle Victoire : elle a été créée en 1793 pour célébrer une victoire des Autrichiens sur les Français. Détruite en 1794, elle fut recréée en 1860. Elle symbolise la Ville d'Ath dont elle porte les couleurs : violet, blanc et jaune. C'est la fanfare de Lorette qui la fait danser.
- Le char de l'agriculture : La déesse Cérès, entourée de paysans et de paysannes, trône parmi les gerbes de blé et les instruments agricoles dans un décor inspiré de l’époque 1900. Tel qu'il est, le char remonte à 1905. Il a alors remplacé le char des Moissonneurs qui existait déjà en 1860 mais avait disparu à la fin du XIXe siècle. Le char est escorté par un groupe de paysans.
- Les hommes d'armes du XVIe siècle (comme les hallebardiers, ils ne restent pas à leur place en permanence)
- Le char d'Albert et Isabelle : introduit dans le cortège en 1906 après avoir figuré, l’année précédente, dans le cortège du 75e anniversaire de l’Indépendance à Bruxelles, il rappelle aux Athois le règne des archiducs Albert et Isabelle. C’est à eux que nous devons la construction de l’Hôtel de Ville dès 1614.
- La Royale Alliance athoise
- Le Cheval Bayard : introduit dans la procession en 1462, il disparaît au cours du premier quart du XVIe siècle. Le destrier, chevauché par les Quatre fils Aymon, est réintroduit en 1948 dans le défilé, grâce à une société de gymnastique locale, et fut recréé par le sculpteur et archéologue René Sansen. Seize porteurs le font danser au son de la fanfare de Huissignies.
- Le char des 9 provinces : dès 1876 et jusqu'en 1885 au moins, un char de la Belgique circulait dans le cortège. Le char des Neuf Provinces a été conçu par le décorateur bruxellois Govaert en 1880. Une déesse, représentant la Belgique, est entourée par neuf demoiselles portant le blason de chaque province du pays.
- Le groupe des 5 cantons : cinq cavaliers portent des fanions où figurent les noms : Ath, Chièvres, Flobecq, Frasnes et Quevaucamps (cantons de l'arrondissement d'Ath).
- Le char de la Ville d'Ath : conçu en 1850, il est le successeur du char de la Ville qui figurait dans la procession depuis 1715. La déesse de la ville siège dans un temple monoptère au-dessus des personnalités qui ont illustré l'histoire de la cité. On découvre ainsi:
- Jean Taisnier (1508-v.1562), musicien, astrologue et mathématicien
- Michel De Bay (1513-1589), professeur à l'Université de Louvain, théologien du Concile de Trente
- Juste Lipse (1547-1603), célèbre humaniste, élève du Collège d'Ath
- Jean Zuallart (1541-1634), mayeur (maire) d'Ath de 1584 à 1634, auteur d'une description de la ville, pèlerin de Jérusalem
- Le marquis de Trazegnies (v. 1470-1550), châtelain d'Ath de 1540 à 1550
- Jacques de Fariaux (1627-1695), gouverneur militaire d'Ath de 1690 à 1695
- Simon de Bauffe (1676-1738), ingénieur militaire au service de l'Autriche
- Louis Hennepin (né à Ath en 1626), il a exploré le Mississipi et laissé un récit de ses voyages
- Eugène Defacqz (1797-1871), membre du Congrès national puis premier président de la Cour de cassation.
- Monsieur et madame Goliath : Goliath (signalé dès 1481) et sa femme (créée en 1715) dansent sur un air d'origine ancienne, probablement d'origine médiévale, le "Grand Gouyasse" [1], en deux endroits bien précis : le pont du Moulin et le pont du Gâdre au son de la fanfare Saint-Martin d'Ath. David les précède.
- La garde de Goliath (Magnon, les hommes de feuille et les Chevaux Diricq) est une sorte de service d'ordre burlesque
- Le conseil communal. Présents dans le cortège dès le Moyen Âge, les membres du conseil communal sont sur le char de la ville à partir de 1715. Les calèches apparaissent en 1899.
[modifier] Traditions de ducasse
- Il est de tradition d'offrir à la maîtresse de maison un bouquet de glaïeuls aux couleurs de la ville (jaune, blanc, violet).
- Le souper aux moules du "8 de septembre" a une origine incertaine : On raconte que dans les années 30, "Moumoule", poissonnier à Ath est revenu de la mer avec sa charrette remplie de moules, tirée par des chiens. Ayant bu un peu plus que son compte, il se mit à distribuer les moules gratuitement sur la Grand-Place. Depuis ce jour, les Athois perpétueraient cet événement.
- Pendant la période de fête, on déguste la "tarte à masteilles" ou "Tarte Gouyasse". L’origine de cette tarte se perd dans les brumes de l’histoire. L’existence d’une tarte d’Ath est attestée en 1529. En 1810, c’est la première mention d’une tarte Goliath. Chaque famille a sa recette, ses proportions d'ingrédients. Le moment privilégié pour la dégustation de la tarte à masteilles est, sans conteste, les instants qui suivent le combat entre David et Goliath. Le "vrai" Athois n'en mangera que jusqu'au "8 de septembre" et attendra la prochaine ducasse pour la déguster à nouveau. Une recette parmi d'autres :
- Ingrédients
- 4 grandes masteilles ou 7 petites (la masteille est un petit pain sec, arrondi, plat et croquant)
- 200 g. de sucre
- 1 litre de lait
- 5 œufs
- 2 sachets de sucre vanillé
- 100 gr. de macarons (aux amandes, sûrement pas au coco !)
- 30 gr. d’amandes douces
- 10 gr. d’amandes amères émondées
- Préparation
- Casser les masteilles sans les émietter
- Les saupoudrer avec les amandes pilées, le sucre vanillé et les macarons cassés
- Bouillir le lait avec le sucre puis verser sur les masteilles et laisser refroidir le tout (± 6 heures)
- Mélanger les jaunes d’œuf à la préparation
- Battre les blancs et les intégrer à la préparation
- Etaler le tout sur la pâte (feuilletée de préférence, mais pas trop légère)
- Cuisson
- ¾ d’heure à température moyenne
- Ingrédients
[modifier] Divers
- Pendant l’année, un musée sur les géants (appelé « maison des géants ») est ouvert au public. On y explique comment sont fabriqués les géants, l’historique de la fête, comment devenir porteur de géant, les autres pays où sont pratiqué également des fêtes de géants, etc.
- Depuis le 25 novembre 2005, la ducasse d'Ath est reconnue comme chef-d’œuvre du patrimoine oral et immatériel de l'humanité par l'UNESCO (Liste des Géants et dragons processionnels de Belgique et de France).
[modifier] Bibliographie
- R. Meurant, La Ducace d'Ath, Ath, 1981
- R. Meurant, Géants processionnels et de cortège en Europe, en Belgique, en Wallonie, Tielt, 1979