Flagellants
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Flagellants, pénitents qui allaient en procession par les villes, nus jusqu'à la ceinture et armés d'un fouet dont ils se flagellaient publiquement, en chantant des cantiques, pour expier leurs péchés.
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[modifier] Historique du mouvement
Les premiers Flagellants apparurent au XIe siècle. Saint Pierre Damien fut un des plus ardents à les propager. Le mouvement redoubla de vigueur en Italie lors de la famine meurtrière de 1250, de la peste de 1259 et du conflit entre Gibelins et Guelfes. En 1268 ils formèrent une véritable secte, et Reinier, dominicain de Pérouse, fut déclaré leur chef. Ils se répandirent par la suite en Allemagne méridionales, en Rhénanie et dans le Sud de la France.
Par la suite le mouvement se radicalisa. Les flagellants, parmi lesquels on pouvait à l'origine trouver des nobles ou des bourgeois, ne réunit plus que le petit peuple, et enfin fut un refuge pour marginaux, criminels ou vagabonds. le mouvement vira à l'anarchie et les flagellants réclamèrent la destruction de l'Eglise, incitèrent le peuple à lapider les clercs, et s'en prirent finalement aux Seigneurs et à tout ordre social. Conrad Smid s'autoproclama nouveau Messie, remplaçant le baptême à l'eau par un baptême par le sang.
Parallèlement, au XIVe siècle, mouvement prit un nouvel essor, partant cette fois de Hongrie. Il se répandit à nouveau en Allemagne lors de la peste de 1348.
En France, Philippe V interdit l'auto-flagellation sous peine de mort. Le Pape, par sa bulle "contre les flagellants" de 1349, livre ces derniers à l'Inquisition. Conrad Smid et un de ses disciples favoris furent brûlés, et nombreux virent dans cela "l'exil des deux témoins" dont parle l'Apocalypse, tués par l'Antèchrist et devant rescuciter lors du Millénium.
Très affaibli, le mouvement subsista sporadiquement toutefois.
En 1574, le roi de France, Henri III, s'enrôla dans cet ordre avec toute sa cour.
On trouvait encore au XVIIIe siècle de ces fanatiques en Italie et dans le midi de la France.
[modifier] Organisation
Les "Frères Flagellants", "Porteurs de la Croix", "Frères de la Croix" ou "Blancs-Battus" étaient véritablement organisés. Leur costume se composait d'un sarreau blanc frappé d'une croix rouge à l'avant et à l'arrière, ainsi que d'une capuche blanche. Les bandes comprenaient entre 50 et 500 membres, dirigés par un Père ou Maître qui recevait de chacun de ses disciples un serment d'obéissance totale le temps de la procession. Il pouvait confesser les frères, diriger leur pénitence et leur donner l'absolution.
[modifier] Dogme
Les Flagellants, par leur martyre, pensaient sauver leurs âmes mais aussi contribuer au sauvetage de la chrétienté toute entière. Selon eux, une Lettre Céleste dictée par Dieu leur annoncait que ce dernier, cédant aux suppliques de la Vierge Marie et des Saints, donnait aux hommes une dernière chance de se racheter avant l'annihilation totale. Le mode d'expiation collective, indiqué dans la lettre, était la flagellation mutuelle, considérée comme imitation christi. Leur exemple devait être suivi par toute la chrétienté, et, au bout de 33 ans et demie (symbole du temps passé par le Christ sur Terre), des saints, issus des rangs des flagellants, devaient mener les hommes vers un nouvel Eden.
[modifier] Processions
Les Processions flagellantes duraient 33 jours et demie (même symbolique), pendant lesquels les flagellants devaient obéissance totale à leur Maître, qui leur imposait une discipline de vie d'une rare dureté, à laquelle s'ajoutait deux flagellations collectives par jour et une flagellation individuelle la nuit.
Le rituel de la flagellation publique, minutieusement préparé, est le même dans tous les ordres de toutes les régions. Impressionnant, il accordait aux flagellants l'admiration subjugée des foules. Devant une église, installés en cercle, torse nus, les flagellants font siffler leurs fouets (lanières de cuir munis de piquants de fer) en cadence, aux sons des laudes, ces chants à ligne mélodique simple, aux paroles dépouillées, en langue vulgaire. "Vienne ici qui veut se repentir, sauvons-nous de l'enfer torride, Lucifer est un méchant gars !". Plusieurs fois par hymne, les flagellants s'écroulent, les bras en croix, et pleurent, puis "par l'honneur du pur martyre" se relèvent et reprennent leur supplice. Leur corps ensanglanté, à la fin de la séance, n'avait plus rien d'humain.
[modifier] Radicalisation du mouvement
Comme nous l'avons dit, ce mouvement se radicalisa. La supériorité spirituelle de leur martyre les rendaient exigeants avec ce clergé "gras et corpulent". Si aujourd'hui on les soupçonne d'avoir participé involontairement à la propagation des maladies et notamment de la peste, depuis Szekely, leur participation aux massacres de juifs lors des vagues de peste est remise en cause.
[modifier] Bibliographie
Jacques Boileau a écrit en latin une Histoire des flagellans où l'on fait voir le bon et le mauvais usage des flagellations parmi les chrétiens (Paris, 1701), traduite en français, par l'abbé François Granet, 1701.
[modifier] Sources
"Les mouvements escapistes millénaristes et escapistes au XIV° et XV° siècles" - Thèse de DEA d'histoire des institutions, par Alain CHARPENTIER (1977-1978).