Gilles Veinstein
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Gilles Veinstein est un historien français, né à Paris le 18 juillet 1945. Il est spécialiste d'histoire turque et ottomane.
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[modifier] Biographie
En 1966, il intègre l'École normale supérieure de la rue d'Ulm. À sa sortie de l'ENS, il prépare sa thèse de troisième cycle comme chef de travaux à VIe section de l'École pratique des hautes études, devenue École des hautes études en sciences sociales. En 1977, il devient maître assistant, puis maître de conférences, à l'EHESS. En 1986, désormais docteur d'État, il devient directeur d'études (professeur de rang magistral).
En décembre 1998, il est élu professeur au Collège de France.
Il appartient au laboratoire Études turques et ottomanes (ESA 80 32), qui associe le Centre national de la recherche scientifique et l'EHESS. Il dirige le Centre d'histoire du domaine turc de cette école.
Gilles Veinstein est codirecteur de la revue Turcica, avec Paul Dumont. Il est membre du comité de rédaction des Cahiers du monde russe, de l’Academia Europeaea, du comité des Orientalismes du CNRS, du Conseil scientifique des Instituts français d’Istanbul et de Tachkent.
[modifier] Controverse relative à son élection au Collège de France
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- Gilles Veinstein est élu professeur au Collège de France par 18 voix contre 15 (et 2 blancs), soit un scrutin inhabituellement serré pour une élection au Collège de France[1]. Son élection est précédée d'une polémique concernant la teneur de ses propos au sujet du génocide arménien, dans un article commandé par la revue L'Histoire pour son dossier consacré à la déportation des Arméniens en 1915, paru en avril 1995. Gilles Veinstein a expliqué[1] que bien que n'étant pas spécialiste de cet évènement, il a accepté de participer au dossier de la revue L'Histoire «… uniquement à cause du contexte du procès Lewis ».[2] Gilles Veinstein rappelle dans cet article l'existence des massacres de Turcs perpétrés par les milices arméniennes, et estime que le terme génocide ne saurait s'appliquer d'une façon incontestable aux massacres d'Arméniens perpétrés par les Turcs en 1915-1916.
- Israel Charny, président de l'institut de recherche sur l'Holocauste [3],[4] qualifie l'article de Gilles Veinstein « d'exemple clair d'une nouvelle forme extrêmement dangereuse de négationnisme sophistiqué »[5]. Catherine Coquio[6], présidente de l'Association internationale de recherche sur les crimes contre l'humanité et les génocides (AIRCRIGE)[5], parle de « la teneur négationniste des propos de Veinstein sur le génocide arménien » et de « perversité du positivisme négationniste ». Roger W. Smith, professeur américain spécialiste du négationnisme[7], soutient que les auteurs cités par Gilles Veinstein, comme le Turc Gurun, « ont fait carrière sur la négation du génocide arménien». « Il omet la plupart des preuves » et relativise l'importance des centaines de témoignages existant.[1]
- Gilles Veinstein a alors été défendu par de nombreux historiens et orientalistes : en particulier Robert Mantran, Louis Bazin, Maxime Rodinson parce qu'ils partagent son point de vue sur l'inopportunité du terme génocide[8], Michel Cahen[9], Pierre Chuvin[10], Alain-Gérard Slama,[11] et Pierre Vidal-Naquet[12] parce qu'ils considèrent que ses travaux relèvent de la discipline historique, de la discussion, contrairement à ceux de réels négationnistes. Deux pétitions ont été lancées pour soutenir Gilles Veinstein. L'une a rassemblé plus de quatre-vingts signatures, pétition de soutien de M. Veinstein comme candidat au Collège de France, mais le désavouant sur son refus de l'emploi du terme de génocide [13]. Cette première pétition fut signée principalement par des enseignants-chercheurs de l'EHESS dont est issu Gilles Veinstein [14]. L'autre pétition fut signée par une vingtaine d'historiens appartenant à d'autres établissements, dont Jean-Pierre Vernant, professeur honoraire au Collège de France [15]. MM. Cahen et Vidal-Naquet ont indiqué que les arguments de M. Veinstein ne les convaincaient pas. Pierre Vidal Naquet précise dans une autre intervention : « il est évident que dans le cas du massacre des Arméniens, l’Etat turc est négationniste» [16].
- Cette controverse a inspiré le philosophe Pierre Tévanian, qui affirme que le refus de la qualification de génocide relève d'une perversion du discours, et participe ainsi à la construction de mythes comme « la question juive » ou « la question arménienne »[17]. Yves Ternon, dans le livre Du négationnisme, mémoire et tabou pense en s'appuyant sur les méthodes du comparatisme historique, que l'on est en droit d'appeler négationniste un auteur qui refuse aux massacres des Arméniens le qualificatif de génocide, sans pour autant l'assimiler aux négationnistes du génocide juif. Il analyse les techniques négationnistes à la lumière de l'affaire Veinstein [18].
[modifier] Recherche récente
Depuis son élection au Collège de France, Gilles Veinstein et ses collaborateurs ont choisi quatre « grands programmes » de recherche : langues et cultures des peuples turcophones ; sources et histoire des quatre premiers siècles ottomans (du XIVe au XVIIIe) ; la fin de l'empire ottoman et l'héritage légué par lui ; les fondements du monde turc contemporain. Ses cours au Collège portent notamment sur la diplomatie ottomane, et plus spécialement sur les relations avec l'Europe chrétienne. Il a rappelé à ce sujet, dans la revue L'Histoire (n° 273, février 2003) que l'orientation des Turcs vers l'Europe remonte précisément aux premiers siècles de l'époque ottomane et se traduit, entre autres, par la diplomatie menée à cette époque.
Avec Nicolas Vatin, Gilles Veinstein a rédigé Le Sérail ébranlé, vaste histoire anthropologique et politique du pouvoir ottoman, du XIVe au XVIIIe siècle. Avec Insularités ottomanes, Gilles Veinstein s'intéresse à la politique maritime de la Sublime porte.
[modifier] Principales publications
[modifier] Ouvrages
- Mehmed Effendi. Le paradis des infidèles, éd. François Maspéro, coll. « La Découverte », 1981
- L'Empire ottoman et les pays roumains. 1544-1545, éd. de l'École des hautes études en sciences sociales et Harvard Ukrainian Research Institute, 1987
- État et société dans l'Empire ottoman. La terre, la guerre, les communautés, Londres, éd. Variorum, 1994
- Leçon inaugurale, Collège de France, 1999
- Le Sérail ébranlé. Essai sur les morts, dépositions et avènements de sultans ottomans. XVe-XIXe siècles, éd. Fayard, 2003
[modifier] Direction d'ouvrages collectifs
- Passé turco-tatar, présent soviétique, Mélanges en l'honneur d'Alexandre Bennigsen (codirection avec Ch. Lemercier-Quelquejay, E. S. Wimbush), éditions Peeters et éditions de l'École des Hautes Études en Sciences Sociales, 1986
- Les Ordres mystiques dans l'islam. Cheminement et situation actuelle, éd. de l'ÉHÉSS, 1986
- En Asie centrale soviétique. Ethnies, Nations, États (codirection avec R. Dor), numéro spécial des Cahiers du monde russe et soviétique, XXII, janvier-mars 1991, éditions de l’École des Hautes Études en Sciences Sociales, Paris, 1991
- Salonique, 1850-1918. La « ville des Juifs » et le réveil des Balkans, éd. Autrement, Paris, 1992.
- Soliman le Magnifique et son temps. Actes des IXe rencontres de l’École du Louvre, (7-10 mars 1990), La Documentation française, Paris, 1992
- Bektachiyya. Études sur l’ordre mystique des Bektachis et les groupes relevant de Hadji Bektach (codirection avec avec A. Popovic), éd. Isis, Istanbul, 1995, 476 p.
- Les Ottomans et la mort. Permanences et mutations, éd. Brill, Leyde, 1996
- Les Voies de la sainteté dans l’islam et le christianisme, numéro thématique de la Revue de l’histoire des religions, 215, 1, janvier-mars 1998, 186 p.
- Histoire des hommes de Dieu dans l'islam et le christianisme (codirection avec Dominique Ionia-Prat), éd. Flammarion, 2003
- Insularités ottomanes, Institut français d'études anatoliennes / éd. Maisonneuve et Larose, 2004
[modifier] Articles
Gilles Veinstein a contribué dans de nombreuses publications spécialisées en histoire. Une liste de ces articles est présente sur le site du Collège de France. Outre les textes présentant l'état de ses recherches, il a également publié des articles de vulgarisation dans la revue L'Histoire.
[modifier] Références
- ↑ 1,0 1,1 1,2 Soupçons de négationnisme au Collège de France in Le Figaro du 1er décembre 1998
- ↑ Bernard Lewis est condamné par la première chambre du tribunal de grande instance de Paris le 21 juin 1995 pour ses écrits niant le génocide arménien dans Le Monde.
- ↑ (en)Étude psychologique des négationnistes non extrémistes
- ↑ (en)présentation d'Israel Charny
- ↑ 5,0 5,1 Confusionnisme au Collège de FranceCatherine Coquio dans Libération du 28 décembre 1998
- ↑ Notice biographique de C.Coquio
- ↑ (en)la publication de Roger W. Smith la plus célèbre porte sur le négationisme du génocide arménien par l'État turc
- ↑ Le Monde du 27 janvier 1999
- ↑ Michel Cahen dans Libération du 31 décembre 1998
- ↑ Pierre Chuvin dans Libération, édition du 6 janvier 1999
- ↑ Alain-Gérard Slama dans Le Figaro du 1er février 1999
- ↑ Sur le négationnisme imaginaire de Gilles Veinstein, Pierre Vidal-Naquet dans Le Monde du 3 février 1999
- ↑ « Pétitions favorables à Gilles Veinstein », Le Monde, 3 février 1999 « les campagnes de ce genre sèment la confusion au lieu de clarifier les faits et ne servent en rien la mémoire des victimes du génocide ... ».
- ↑ [1]
- ↑ « Pétitions favorables à Gilles Veinstein », Le Monde, 3 février 1999
- ↑ [2]
- ↑ Le génocide arménien et l’enjeu de sa qualification diffusé sur le site associatif Les mots sont importants
- ↑ Du négationnisme, mémoire et tabou compte rendu de lecture dans L'Humanité
[modifier] Lien externe
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