Gouffre de Padirac
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Le Gouffre de Padirac est une cavité naturelle de 35 mètres de diamètre au fond de laquelle, à 103 mètres de profondeur, coule une rivière souterraine.
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[modifier] Géographie
Le gouffre de Padirac est situé en France, dans la région Midi Pyrénées, département du Lot sur la commune de Padirac au nord de Gramat dans le Quercy sur le causse de Gramat.
[modifier] Histoire et formation
La formation du gouffre est due à un effondrement de la voûte à une période indéterminée. Nous savons simplement qu'il existait déjà au IIIe siècle de notre ère. Il fut habité à la fin du XIVe siècle ainsi qu'en fin du XVIe siècle. A cette époque, les hommes profitent des conditions climatiques du lieu pour en extraire du salpêtre. Le spéléologue Édouard-Alfred Martel fut l'inventeur de la rivière souterraine du gouffre de Padirac.
[modifier] Exploitation touristique
Les premières visites touristiques eurent lieu le 1er novembre 1898, mais l'inauguration officielle fut organisée le 10 avril 1899 sous la présidence du ministre de l'Instruction Publique Georges Leygues. Aujourd'hui 2 km de galeries (sur plus de 40 km au total) peuvent être visités.
Depuis les années trente, l'accès à la rivière souterraine se fait par ascenseur, le reste de la visite se faisant à pied et en barque.
Padirac détient le record de fréquentation pour le tourisme souterrain en France : plus de 350 000 visiteurs par an avec un record de 460 000 entrées en 1991. 85 personnes, en majorité des saisonniers, sont employées par la société d'exploitation spéléologique du gouffre de Padirac.
[modifier] Exploration spéléologique
[modifier] Les explorations d'Édouard-Alfred Martel
Arrivés à midi, le 9 juillet 1889, Martel, Gaupillat, Armand, Foulquier, assurés par six hommes de manœuvre, descendent à l'échelle les 54 mètres du puits d'entrée. Martel et Foulquier lèvent la topographie, pendant que Gaupillat prend des photographies. Ils explorent vers l'amont la galerie de la Grande Arcade et vers l'aval la rivière (-103 m). Ils s'arrêtent à plus de 400 m du puits d'entrée sur de l'eau profonde.
Le lendemain, dès 4 heures du matin, ils redescendent avec un bateau de type Osgoog baptisé le Crocodile. À 10 heures, Martel et Gaupillat embarquent, passent le lac de la Pluie, la Grande Pendeloque, le rétrécissement du Pas du Crocodile, le Lac des grands Gours (terminus actuel des touristes), le Passage des étroits, les Tunnels. Ils rebroussent chemin au 34e gour, à environ 2 km du puits d'entrée.
Le 9 septembre 1890 à 14 heures, Martel, ses compagnons de 1889 et Louis de Launay, professeur à l'École des mines, sont de retour, entourés par plus de mille personnes. À minuit, trois bateaux sont sur la rivière. Un peu avant le lac des grands gours, ils grimpent une pente et découvrent une grande salle de 60 m par 40 m dont la voûte s'élève à plus de 70 m au-dessus du petit bassin qui en occupe le sommet (dans le circuit touristique actuel). Ils la baptisent salle des sources du Mammouth. Ils reprennent ensuite la navigation vers l'aval et à 5 heures du matin, ils dépassent le terminus de 1889. 500 mètres plus loin, exténués, à 7 heures, ils buttent sur la grande Barrière : une coulée stalagmitique de 18 m qui barre la rivière. À 16 heures, ils ressortent du gouffre aérien.
La troisième exploration a lieu le samedi 28 septembre 1895, Martel et ses deux passagers font naufrage et s'en sortent de justesse...
En 1896, Martel descend avec l'ingénieur Fontaine pour étudier l'aménagement touristique du gouffre et de la rivière.
En 1898, Giraud parcourt à la nage, éclairé par une bougie, une galerie de 150 m au niveau du Lac près du terminus actuel des touristes. Armand Viré reconnaît, sur 200 m, une galerie affluente qui porte son nom.
Le 14 avril 1899, l'abbé Albe et Armand Viré escaladent la grande barrière et élargissent au marteau et à la pointerolle le laminoir à son sommet. La rivière profonde se poursuit derrière. Le 9 mai, ils atteignent l'amont des Terrasses, un énorme empilement de strates, que Martel franchit les 13 et 14 décembre 1899.
Les 29, 30, et 31 mai 1900, après avoir évincé peu élégamment Albe et Armand Viré, accompagné de quatre guides, il gagne 250 m et s'arrête devant la Barrière du Fuseau. Il estime alors que son terminus est la « fin humainement possible », il interdira alors toute expédition ultérieure à Padirac.
Martel avait parcouru et topographié 2750 m de galerie dont 2300 pour la principale. Il estimait, à tort, que la résurgence se situait à Gintrac (Voir exploration de 1947).
[modifier] Les explorations de Guy de Lavaur
En juillet 1937, William Beamish, président de la Société d'exploitation du gouffre de Padirac, abroge l'interdiction de Martel pour remercier Guy de Lavaur de l'avoir fait descendre à l'igue de Saint-Sol (galerie amont des grottes de Lacave). Lavaur trouve un passage après le terminus Martel de 1900. Les 14 et 15 septembre 1938, de Lavaur revient avec Robert de Joly. Ce dernier franchit une nouvelle barrière qui porte son nom.
La guerre de 1939 - 1945 empêche toute exploration jusqu'en 1947.
Le 22 juillet 1947, 75 kg de fluorescéine sont versés au Grand Gour. Le colorant ressort près de la Dordogne sous Montvalent à la résurgence du moulin du Lombard le 4 novembre et à la fontaine Saint-Georges le 14 novembre. (Analyse de Félix Trombe).
Du 6 au 12 août 1947, reprise des explorations par Guy de Lavaur et son fils Géraud, Félix Trombe, Jean Lesur et Louis Conduché. Ce dernier escalade un obstacle pour arriver jusqu'au Grand Chaos.
Très grosse expédition à l'été 1948, Jean Lesur, Géraud de Lavaur et Roger Brillot topographient plus de 5000 m de galerie et doublent l'équipe de pointe. Ils passent le Déversoir (Grand puits impressionnant où tombe la rivière). Ils contemplent le départ du Quai aux fleurs : rivière suspendue bordée de magnifiques concrétions de calcite flottante. Marcel Ichac, Jacques Ertaud et les frères Maille tourneront un film : Padirac, Rivière de la nuit qui est l'un des tous premiers films de spéléologie.
1949 : Expédition avec entre autres Robert de Joly, Félix Trombe, Guy de Lavaur, Jacques Ertaud. Joly démontre que l'on peut dormir sous terre sans tente sur son canot retourné. Ils atteignent la confluence avec la Rivière de Joly où ce dernier fait une petite reconnaissance. Dans cette galerie, ils font 450 m vers l'aval et s'arrêtent à la Cascade de l'Avenir.
En 1951, Jean Lesur, une équipe scoute et des spéléos locaux sont confrontés aux crues et atteignent le Bivouac des 5000 (situé à 5 km de l'entrée).
En août 1962, c'est le raid du Spéléo Club de Paris. Trois équipes, comptant au total 27 hommes, découvrent les Allées Cavalières et retrouvent la rivière perdue au Déversoir. Elle sera baptisée Rivière de Lavaur. Ils atteignent le Siphon Terminal : 3,4 km de galeries découvertes. Ils remontent aussi 900 m de galeries dans la Rivière de Joly. Michel Croce-Spinelli et Jacques Ertaud tourne un film destiné au magazine télévisé Les Coulisses de l'exploit.
[modifier] Les explorations depuis 1970
En 1970, Guy de Lavaur autorise les explorations de Padirac par les clubs de spéléologie du Lot. Jean Lesur et de nombreux spéléologues poursuivent l'exploration et la topographie des affluents de la rivière principale. Une étude géologique est réalisée en 1979 par Daniel Larribe.
En 1975, Robert Ascargota réalise une escalade au terminus 1962 de l'amont de l'Affluent de Joly : le Chaos Ascar. Ils butent au bout d'un kilomètre sur un nouveau chaos. En avril 1983, Jean-François Fabriol et Michel Durand parviennent à trouver un nouveau un passage dans ce chaos dénommé depuis Chaos Fabriol. Derrière, se déroule le Boulevard Durand ensuite sur 1400 m et un grand gisement paléontologique et préhistorique les attend : bois de cerf, os de mammouth et de rhinocéros, silex taillés...
Les expéditions scientifiques 1984, 85 et 89, autorisées par le ministère de la culture, sont préparées par Lesur, Durand et Fabriol avec Michel Philippe (paléontologue), François Rouzaud, Jacques Jaubert (archéologues), Robert Fabriol (géochimiste), Bernard Lebreton (biospéléologue), Jean-Pierre Couturié (spécialiste des métaux lourds).
Les expéditions sont maintenant coordonnées par la commission Padirac du Comité Départemental de Spéléologie du Lot qui capitalise les connaissances sur le réseau. Deux fois par an, des spéléos de la France et d'ailleurs peuvent contribuer aux découvertes. L'évolution des techniques a facilité les explorations : canots plus résistants, vêtements qui protègent mieux du froid et de l'humidité, équipement de qualité des passages délicats, éclairage à Led, eau courante au bivouac des 5000, tellurophone pour communiquer par moment avec la surface... Padirac reste cependant une cavité particulière par la longueur des navigations et la succesion des difficultés. L'entraide est obligatoire, ne serait-ce que pour acheminer 30 kg de matériel par personne pour explorer le réseau et vivre en autonomie totale, hors du temps, pendant une semaine.
[modifier] Les plongées et la jonction avec les résurgences
Référence : les article d'Emeric Beaucheron et Bernard Gauche de L'autre Padirac.
Le 18 juillet 1948, Guy de Lavaur effectue une plongée dans la Fontaine Saint-Georges, il atteint la profondeur de 30 mètres au fond de la vasque d'entrée. À partir de 1973, les plongeurs orientent leurs efforts sur tous les siphons de Padirac. En 1990, à l'aval de la rivière de Lavaur (terminus 1962), ce sont plus de 2 kilomètres de galeries avec 5 siphons reconnus, le dernier à une profondeur de 35 mètres. Ils sont soutenus par de nombreux porteurs spéléologues lourdement chargés lors d'expéditions qui dépassent fréquemment une semaine sous terre.
Les résurgences sous Montvalent sont désobtruées et plongées. En 1991, à la résurgence de la Finou, les plongeurs passent 10 siphons et progressent de 4500 mètres, dont 1620 mètres de galeries noyées. En 1993, sept siphons sont franchis à la fontaine Saint-Georges.
1996 est marquée par la traversée intégrale La Finou - Padirac réalisée par Bernard Gauche aidé par des plongeurs et spéléologues venus du Lot, de Gironde, de Charente et des Deux-Sèvres. En 1995, Bernard franchit seize siphons depuis la résurgence de la Finou. Il reconnait alors un fil d'ariane qu'il avait posé l'année précédente lors d'une plongée réalisée au fond du gouffre de Padirac.
Le 6 septembre 1996, il s'enfonce à nouveau dans la résurgence de la Finou chargé de 40 kilogrammes de matériel. Il franchit 5 kilomètres de réseau dont 3 kilomètres noyés et, après 22 siphons, il réapparait au siphon aval de la rivière de Lavaur le 7 à 5 heures du matin. Il est raccompagné jusqu'au bivouac des 5000 où la nouvelle est annoncée à la surface par tellurophone. Après quelques heures de sommeil et cinq kilomètres de parcours en rivière, il sort du puits de Padirac sous les acclamations des ses amis.
[modifier] Bibliographie
- Les Abîmes, de Édouard-Alfred Martel, 1894, : Chapitre XV - Le Causse de Gramat - Padirac
- Troisième exploration du gouffre de Padirac (Lot), Extrait des Mémoires de la société de Spéléologie - N°1 - janvier 1896, par MM. E.-A. Martel & E. Rupin
- L'Autre Padirac - Fédération Française de Spéléologie et Muséum d'Histoire Naturelle de Lyon, 1994, ISBN : 2-7417-0112-1.
- Une flambée de souvenirs à propos de Padirac par Louis Conduché, Extrait de Spelunca n°68 - 1997
- Padirac 99 - État des connaissances sur le réseau de Padirac au 31 Décembre 1999 par Jean Lesur.
- Gouffre de Padirac - La magie de la goutte d'eau, A. Roumieux, H. Taillefer, T. Richard, 1999, Editions Fil d'Ariane, ISBN 291247017-X
- Le Diable du Gouffre de Padirac, de Joël Polomski, 2004,
- adapté du Légendaire du Quercy de Robert Martinot
- avec le récit de la découverte du Gouffre d'après l'ouvrage Gouffre de Padirac, la magie de la goutte d'eau
- illustré de photographies des collections de la Société d'Explorations Spéléologiques de Padirac et de l'Association E.A. Martel
- album cartonné de 48 pages, édité par l'auteur, ISBN 295189161-X
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