Gudea
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Gudea (« l'appelé ») est ensi (gouverneur) de la cité-État de Lagash, en basse Mésopotamie de 2141 à 2122 av. J.-C. Il est resté célèbre pour les nombreuses statues qui le représentent.
[modifier] Règne
Par son mariage avec Ninalla, fille d’Ur-Gaba, ensi de Lagash, Gudea entre dans la famille royale. Si ses inscriptions revendiquent une campagne victorieuse contre Anshan, Gudea est un prince avant tout bâtisseur. Il fait reconstruire une vingtaine de temples à Ur, Nippur, Adab, Uruk et Bad-Tibira — indice intéressant de l'influence de Gudea à Sumer.
Le plus important est l’Eninnu, dédié à Ningirsu, divinité tutélaire de Girsu — actuelle Tellō, l’une des villes de l'État de Lasgah. Selon des inscriptions figurant sur des cylindres ou les statues de Gudea, la décision est prise suite une série de rêves dans lesquels Ningirsu — directement ou par le biais de sa sœur, Nanshe, interprète des rêves — réclame un temple à Gudea. Les inscriptions décrivent ensuite comment Gudea, après avoir fait régner la paix à Lagash, purifie la cité, délimite une enceinte sacrée et établit le plan du temple. Après avoir dessiné le moule à briques, il choisit une argile pure, purifie les fondations, fait la première brique, la porte sur sa tête et la pose. Puis les artisans, venus d’Élam et de Suse, poursuivent le chantier. On utilise les matériaux les plus précieux : cèdre, or, argent, porphyre, ce qui témoigne de la grande prospérité de la cité-État. En un an, l’Eninnu est achevé et Gudea peut clamer : « Le respect du temple emplit tout le pays ; la crainte qu’il impose habite l’étranger ; l’éclat de l’Enninu couvre l’univers comme un manteau ! »
[modifier] Statues de Gudea
De nombreuses statues du roi Gudea (pour la plupart en diorite) et des fragments de bas-reliefs ont étés découverts sur le site de Tello, anciennement Girsu.
La matière première, belle pierre dure importée sans doute d’Arabie méridionale, a été retrouvée en telle quantité que l’on doit songer à un approvisionnement régulier et quantitativement important, ce qui implique des relations suivies et un système économique équilibré. La qualité plastique du travail signifie que l’atelier d’où sont sorties ces œuvres avait une longue tradition de la sculpture sur de la pierre dure et qu’il ne saurait être question d’une renaissance ou d’une redécouverte consécutive à un siècle d’effacement total. On constate un retour aux conventions qui avaient cours avant les créations agadéennes, mais la série des Gudea n’est en rien conforme à la production des sites de Mari ou de la vallée de la Diyala de l’époque des dynasties archaïques : l’usage de la diorite, pierre particulièrement dure, impose des formes très massives où les éléments du corps sont très peu sortis de la masse.
[modifier] Bibliographie
- (en) Flemming Johansen, “Statues of Gudea Ancient and Modern”, Mesopotamia. Copenhagen Studies in Assyriology, 6 (1978), Copenhague ;
- André Parrot, Tello, vingt campagnes de fouilles (1877-1933), Albin Michel, Paris, 1948 ;
- Georges Roux, La Mésopotamie, Seuil, coll. « Points histoire », 1995 (nouv. édition) (ISBN 2-02-023636-2) ;
- (de) W.H.Ph. Römer, « Zum heutigen Stande der Gudeaforschung », Bibliotheca orientalis, 26 (1969), p. 159–171 (recension bibliographique).