Nippur
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La ville de Nippur (en Sumérien Nibru, en Akkadien Nibbur) est l'une des villes mésopotamiennes connues les plus anciennes, le lieu de culte principal du dieu sumériens, Enlil, seigneur du cosmos. En effet, dans l'écriture cunéiforme sumérienne, les mêmes signes peuvent se lire Nibru' et Enlil.
La ville était située de part et d'autres du canal Shatt-en-Nil, un des anciens cours de l'Euphrate, entre le lit actuel de cette rivière et le Tigre, à environ 160 km au sud-est de Bagdad (coordonnées: 32.1269 N, 45.2308 E). De nos jours, il reste un grand complexe de ruines connues des arabes sous le nom de Nuffar (ou selon les premiers explorateurs Niffer), divisé en deux parties principales par le cours asséché du Shatt-en-Nil (Arakhat). Le point culminant des ruines, une colline conique au nord-est du canal, s'élevant à une trentaine de mètres au dessus de la plaine environnante, est appelée par les arabes Bint el-Amiror (fille du prince).
[modifier] L’Ekur, le centre religieux de Basse Mésopotamie
Nippur n'a jamais été la capitale d'un état politique d'une quelconque importance à l'époque historique. Son prestige, elle l'a du à son rang de capitale religieuse de Basse Mésopotamie, dû au fait qu'il s'agissait de la cité tutélaire d'Enlil, le roi des dieux mésopotamiens. Cette situation a déjà cours à l'époque des dynasties archaïques. Il est pourtant possible que la divinité tutélaire d'origine de la cité soit Ninurta, dieu-guerrier, fils d'Enlil, qui disposait d'un temple à Nippur.
Le temple d'Enlil, l'Ekur ("Maison-montagne"), était situé au cœur de Nippur. C'était le centre religieux de la Basse Mésopotamie jusqu'à ce qu'Enlil soit supplanté par Marduk, dieu de Babylone, durant la seconde moitié du IIe millénaire. Les rois voulant dominer la Mésopotamie venaient s'y faire consacrer, ce qui symbolisait qu'ils avaient été choisis par le dieu garant de la royauté. La lutte pour la possession de la cité dans la première partie de la période paléo-babylonienne (2004-1750) montre comment la domination sur Nippur est quelque chose de déterminant du point de vue symbolique. On considérait que les dieux se réunissaient en assemblées présidées par Enlil, leur roi, dans l'enceinte de l'Ekur, pour y prendre des décisions déterminantes pour l'avenir de l'humanité. Elles avaient peut-être lieu sous la forme d'un rassembleent de statues divines, considérées comme étant les garantes de la présence divine sur Terre.
Les niveaux de l'Ekur remontant au-delà de la Troisième dynastie d'Ur (2112-2004) n'ont pu être dégagés. La phase la plus ancienne que l'on connaisse remonte à la reconstruction de ce temple par le premier roi de cette même dynastie, Ur-Nammu. Le temple remontait sans doute à la moitié du IIIe millénaire, comme on l'apprend par une inscription de Mesannepada, roi d'Ur, qui y fit faire des travaux. Par la suite, Naram-Sin d'Akkad l'aggrandit. Ur-Nammu remania l'ensemble, en faisant construire une ziggurat, nommée É-dur-an-ki, "Maison-lien du Ciel et de la Terre", ayant une base de 38 x 53 mètres. Un temple était situé juste aux pieds de la ziggurat, avait un aspect particulier. Ses murs étaient épais, et il était organisé autour de deux grandes salles. On y a retrouvé du matériel destiné à la cuisson, qui a fait penser qu'il s'agissait du lieu où l'on préparait les offrandes rituelles destinées à Enlil. Le temple principal de ce dieu devait donc être celui qui était situé au sommet de la ziggurat, fait inhabituel en Mésopotamie où un temple-bas correspondait généralement à un temple-haut. Ces deux bâtiments étaient situés dans une cour protégée par un vaste mur, donnant sur plusieurs pièces. Ce premier ensemble constituait le cœur de l'Ekur, nommé Esharra. On y accédait par une première grande cour située sur son flanc sud-ouest, dans laquelle se trouvait un petit-temple, l'Ekiur, destiné à la déesse Ninlil, parèdre d'Enlil, et considéré comme le lieu où se tenait l'assemblée des dieux. Le tout constituait donc un très vaste ensemble religieux, à la hauteur de son prestige.
L'Ekur fut restauré au début du IIe millénaire, puis fut restauré à la période kassite quand Nippur fut réoccupée après un abandon de plus de trois siècles. Nabuchodonosor Ier, Assarhaddon et Nabuchodonosor II entreprirent à leur tour des travaux sur cet ensemble. A l'époque parthe, il changea de vocation, pour devenir une forteresse.
[modifier] Les archives de Nippur
Nippur est le site qui a livré le plus de tablettes cunéiformes : on en dénombre dans les 30 000. La majeure partie des celles-ci a été découvertes dans la partie est de la cité, dans une zone nommée de ce fait Tablet Hill ("la colline aux tablettes") par les fouilleurs du site. On en a aussi retrouvé dans le complexe de l'Ekur.
- Période de l'Empire d'Akkad : un lot d'environ 600 tablettes datant du règne de Naram-Sin d'Akkad a été retrouvé dans l'Ekur, où elles avaient été réutilisées pour servir de remblai entre la ziggurat et l'enceinte du complexe religieux. Une partie nous renseigne sur la reconstruction du temple par ce roi : mobilisation d'artisans venant de tout l'empire, entretenus aux frais du temple, et mise au point de nombreux objets en métaux précieux. L'autre partie concerne la gestion des biens du temple (terres, troupeaux, rations de subsistance) par l'administrateur de celui-ci, le SANGA (nommé par le roi). L'Ekur exerçait une fonction sociale en assurant l'entretien de personnes démunies (veuves, orphelins), en échange d'un travail. Un autre lot concerne l'administration du temple de Ninurta, qui est quant à lui rattaché au domaine royal.
- Période de la Troisième dynastie d'Ur : le lot d'archives de cette période est d'un type particulier pour la période, puisqu'il se rattache à la sphère privée, alors qu'on a surtout de la documentation venant de "grands organismes" pour ce royaume. La famille d’Ur-Meme est représentative de la notabilité de Nippur de cette période : certains de ses membres occupent des fonctions dans l’administration du temple d’Inanna, tandis que d’autres sont placés à la direction des affaires de la cité. Le pouvoir local, profane et religieux, est ainsi partagé entre quelques grandes familles.
- Période paléo-babylonienne : il s'agit là aussi d'archives privées, retrouvées sur la "colline aux tablettes", qui sont celles de personnes d'un rang social élevé. Les nombreuses tablettes scolaires exhumées pour cette période ont beaucoup aidé pour reconstituer le cursus d'éducation des scribes.
- Période kassite (médio-babylonienne) : les archives médio-babyloniennes de Nippur constituent un lot très massif, de près de 12 000 tablettes, soit une source de première importance pour une période peu documentée. Malheureusement, seulement 10 % de ces archives ont été publiées. Elles nous montrent l'administration provinciale kassite, en particulier le rôle du gouverneur de Nippur, qui porte le titre de GU.EN.NA. Il semble disposer d'un régime particulier, et possède un vaste domaine foncier, de nombreux dépendants connus par les textes de rations (membres de l'administration, gardes, artisans, personnel de temples, etc.). D'autres textes offrent des informations sur l'élevage des chevaux, qui semblent avoir été l'objet de nombreuses attentions : ils étaient nommés dans les textes et disposaient de rations au même titre que les hommes, sont décrits par leur pedigree, la manière avec laquelle on les élevait est décrite, avec de nombreux termes empruntés au vocabulaire kassite, témoignant de la maîtrise que ce peuple avait acquise dans l'élevage des chevaux, qui faisait sa renommée dans tout le Moyen Orient.
- Périodes néo-assyrienne et néo-babylonienne : les archives d'un gouverneur assyrien du VIIIe siècle ont été mises au jour à Nippur. On dispose aussi d'archives privées, dont certaines nous renseignent sur un siège très dur qu’a eu à subir la ville lors d'une des révoltes anti-assyriennes qui ont secoué la Babylonie à cette période.
- Période achéménide : de cette période datent les archives d'une famille de notables locaux, les Murashu, formant une véritable firme. Ils jouent un rôle d'intermédiaire local pour le pouvoir royal et la noblesse perse, et effectuent de nombreux prêts. Leurs affaires paraissent fructueuses. Elles nous renseignent sur le fonctionnement des domaines militaires mis en place par l'administration perse, notamment les "domaines d'arc" (hatru), donnés en théorie par le pouvoir central pour servir à entretenir un archer, qui sont souvent gérés par des membres de l'administration royale, qui récupèrent à leur profit les revenus de ces domaines (et parfois même acquièrent un pouvoir sur les hommes qui les exploitent, et peuvent donc se constituer une armée personnelle).
- Période séleucide : peu de textes postérieurs à la chute de l'Empire achéménide nous sont parvenus de Nippur. Un texte datant du règne de Démétrios Ier (154 av. J.-C.) nous montre que l'administration de l'Ekur fonctionnait toujours.
[modifier] Lien externe
- Nippur Expedition, par l'Oriental Institute de Chicago