Guerre de Croatie (1991-1995)
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La guerre de Croatie, ou guerre d'indépendance croate, s'est déroulée entre août 1991 et novembre 1995, à l'issue de l'effondrement de la fédération yougoslave et a opposé la République de Croatie (nouvellement indépendante) aux minorités serbes de Croatie appuyées par Belgrade.
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[modifier] La dislocation de la Yougoslavie
Après la mort de Tito en 1980, l'effondrement du communisme en Europe de l'Est en 1989, puis la dislocation de l'URSS en 1991, les tensions nationalistes, longtemps contenues et canalisées par le pouvoir central de la Yougoslavie, s'accroissent dans les différentes républiques fédérées. Par ailleurs, la Croatie et la Slovénie ont une économie plus développée que les autres républiques, et répugnent à partager leurs richesses dans un cadre fédéral. Tandis qu'en Serbie, Slobodan Milosevic accède au pouvoir en 1989 en jouant sur les sentiments nationalistes tout en restant communiste, l'indépendantiste Milan Kucan remporte les élections libres en Slovénie l'année suivante.
En Croatie, c'est le leader du parti nationaliste HDZ, Franjo Tuđman, qui est élu en 1990. Les idées du nouveau pouvoir croate inquiètent les Serbes. Le nationalisme de Tudjman, adopte le traditionnel drapeau à damier, renvoi, selon les Serbes, aux Oustachis pro-nazis de la Seconde guerre mondiale (en réalité, le damier croate existe depuis le Moyen Âge). Le nouveau pouvoir croate envisage une extension de la Croatie vers l'Herzégovine (partie de la Bosnie peuplée par une minorité croate) et purge l'administration de la république de ses éléments pro-communiste, donc une forte proportion de Serbes. Il arme illégalement une milice, par un trafic d'arme avec la Hongrie, alliée traditionnelle.
Les Serbes rebelles de la Krajina, en Croatie, se sentent lésés et persécutés. Contrairement aux Serbes de Zagreb, qui demandent des négociations et un compromis, les Serbes de la Krajina préfèrent une voie violente, en s'en prenant aux Croates. La République serbe de Krajina, dont la capitale est Knin, est unilatéralement proclamée le 28 février 1991 par le nationaliste serbe Milan Babić, et finit par s'étendre sur près d'un quart du territoire croate. Les premiers coups de feu sont tirés au printemps 1991. Les autorités serbes de Belgrade apportent un soutien aux combattants nationalistes, allant jusqu'à dissuader une intervention des forces croates, par l'emploi des forces aériennes fédérales.
[modifier] L'indépendance de la Slovénie et de la Croatie
Le 19 mai 1991, le référendum sur l'indépendance qui suit les élections est remporté à plus de 90%, mais a été boycotté par la minorité serbe de Croatie.
Le 25 juin 1991, la Slovénie et la Croatie déclarent leurs indépendances. Ces indépendances se réalisent sans conditions préalables, et Belgrade perd du même coup une grande partie des droits de douanes, qui représentent une part majoritaire du budget fédéral. Parallèlement, L'Allemagne, qui y voit une occasion d'affirmer son influence en Europe, et l' Autriche apportent leurs soutiens diplomatique et financier à la Slovénie et à la Croatie. Du 26 juin au 7 juillet, l'armée fédérale yougoslave (la JNA), majoritairement composée de Serbes et Monténégrins, intervient en Slovénie, puis se retire rapidement après l'encerclement de ses unités dispersées.
[modifier] La guerre d'indépendance
En Croatie, les combats entre les forces croates et la JNA, assimilée à des forces serbes, commencent en août 1991. Les Croates prennent d'assault les casernes de la JNA sur le territoire croate, cependant celle-ci progresse à partir de ses bases de Serbie et de Bosnie. Les bombardements frappent des villes comme Dubrovnik, Zadar, Osijek, et même la capitale Zagreb est atteinte. En octobre 1991, le président croate Franjo Tudjman appelle à la mobilisation générale pour "lutter contre le projet de Grande Serbie".
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La ville de Vukovar, près de la frontière avec la Serbie, assiégée par les Serbes d'août à novembre 1991, est particulièrement touchée par les combats. Des milices de nationalistes serbes venant de Belgrade, organisées par l'ultranationaliste Vojislav Seselj, participent à l'assaut de la ville. La plupart des habitants croates sont expulsés par les Serbes, qui ont fini par prendre le contrôle d'une ville presque entièrement détruite par les bombardements. Certains bilans font état de plus de 10 000 morts.
Les principaux combats cessent après la signature d'un cessez-le-feu en janvier 1992. Les Casques bleus s'interposent entre les deux forces belligérantes. La Krajina et la Slavonie orientale frontalière de la Serbie, restent aux mains des forces serbes. Jusqu'en 1995, le conflit se résume à quelques affrontements localisés, principalement destinés à dégager la menace de l'artillerie serbe autour de certaines villes croates. Ainsi, pendant le siège Dubrovnik, entre octobre 1991 et mai 1992, plus de deux maisons sur trois ont été touchées par des explosions dans la vieille ville, ce qui fera l'objet d'un programme de restauration de l'UNESCO.
Ce répit permet à la Croatie de porter ses efforts sur la formation d'une armée plus puissante. La République de Croatie est officiellement reconnue comme un membre de l'ONU en mai 1992. Les combats de la guerre d'indépendance croate ont causé entre 10 000 et 25 000 morts selon les sources. Plus d'un demi million d'habitants de la Croatie, Serbes ou Croates, ont été déplacés à l'issue de ce conflit.
[modifier] La contre-offensive finale
Entre 1992 et 1995, la guerre et l'attention de la communauté internationale se sont déplacés en Bosnie-Herzégovine. La minorité croate est partie prenante des combats, d'abord, entre 1992 et 1993 contre les Serbes de Bosnie qu'elle combat alors en tant qu'allié des Bosniaques (92-93), puis, entre 1993 et 1994 contre les Bosniaques qu'elle combat à Mostar, puis alliée à eux contre les Serbes de Bosnie, avec la médiation des États-Unis en 1994, sous la forme d'une Fédération croato-musulmane. Franjo Tudjman soutient évidemment les Croates d'Herzégovine.
En juillet 1995, le massacre de Srebrenica commis par Ratko Mladić en Bosnie décide les puissance de l'OTAN, en premier lieu les États-Unis, à agir en vue d'une défaite militaire de la République serbe de Bosnie (Serbes de Bosnie). Ils apportent un soutien logistique à l'armée croate, qui reconquiert, la République serbe de Krajina en août lors d'une attaque éclair, l'Opération Tempête. Le soutien par les Croates et les puissances de l'OTAN de la Fédération croato-musulmane permet à celle-ci de reconquérir en même temps une partie de la Bosnie. Cependant, l'offensive croate contre la République serbe de Krajina a contraint entre 150 000 à 200 000 Serbes à l'exil. Ante Gotovina, résponsable d'une partie de l'opération, a été transféré en 2005 devant le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie. Il est accusé de crimes contre l'humanité, dont des meurtres de civils commis sous son autorité.
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En novembre 1995, les présidents de Croatie, Franjo Tudjman, de Bosnie-Herzégovine, Alija Izetbegovic, et de Serbie, Slobodan Milosevic, signent les accords de Dayton, qui mettent fin aux conflits en Bosnie et en Croatie. Cette dernière retrouve ses frontières d'avant la guerre.
[modifier] Voir aussi
- Guerre en Bosnie (1992-1995)
- Guerre de Slovénie
- Guerre en ex-Yougoslavie
- Histoire de la Yougoslavie
- Histoire de la Croatie
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