Hamadi Redissi
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Hamadi Redissi est un intellectuel tunisien.
Juriste et écrivain, il est professeur de sciences politiques à l'Université de Tunis.
Redissi s'est attelé à la réflexion sur l'adéquation entre l'islam et les valeurs démocratiques et sur la modernisation de l'islam. Il forge ainsi le concept d'exception islamique[1]. Selon lui, l'autoritarisme, le déclin économique et le conservatisme religieux se conjuguent pour empêcher les pays arabes d'entrer enfin dans un cercle vertueux et de rejoindre le reste du monde. C'est, en quelque sorte, l'exception islamique et elle durera tant que les sociétés civiles des pays musulmans les récuseront[2].
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[modifier] Pensée
Le livre de Redissi, L'exception islamique, est considéré comme un ouvrage de référence : il fournit une masse très importante d'informations en histoire, philosophie et politique et propose des analyses qui ouvrent la voie à une théorie critique de l'islam. Il faut noter l'exception que représente ce livre : écrit par un intellectuel vivant en pays musulman, il ose construire une critique radicale sur un sujet pour ainsi dire intouchable car sacré et qui relève de l'identité et de la culture.
Redissi réfléchit sur le rapport de islam à la politique, prenant en compte l'islam en tant que « type culturel ou anthropologique. » En cela, il peut être rapproché de Fethi Benslama ainsi que de Malek Chebel qui eux, avec l'aide de la psychanalyse, réfléchissent également à la dimension anthropologique propre à l'islam en tant qu'elle est présente dans la manière dont se posent les questions politiques et, plus précisément, l'existence politique dans la culture musulmane.
Il se réfère à la tradition philosophique et en particulier à la philosophie politique, dont il partage le fond rationnel.
Au fil de ses analyses, son constat, pour les pays musulmans, est inquiétant :
- Une modernité vécue dans la « schizophrénie épistémologique » traversée par la peur de ce qui se rapporte à cette modernité : l'Occident, la démocratie et la femme
- Une « violence endémique » qui ronge le monde musulman
- Des États garants de l'islam et une loi sacrée, la charia, qui demeure la source principale et parfois unique de la législation
- Ces États portant l'empreinte de la tradition islamique et étant, sur le plan économique, des États prédateurs et rentiers qui n'ont que les apparences du capitalisme (ce que dit également Fethi Benslama)
- Une carence quasi-totale sur le plan démocratique puisque « sur les 120 pays démocratiques, selon Freedom House, ne figure aucun pays arabe »
De ces constats, l'auteur tire une série d'interrogations dont la somme constitue ce qu'il appelle l'« exception islamique » : pourquoi l'islam est-il la dernière religion qui refuse de libérer le politique de l'emprise du religieux ? Pourquoi est-il la seule à refuser la démocratisation ? Pourquoi est-il la seule à s'estimer en conflit permanent avec l'Occident ? Pourquoi est-il le dernier à ne pas vouloir banaliser le religieux ?
[modifier] Sources
[modifier] Bibliographie
- L'exception islamique, éd. Seuil, 2004
- Les Politiques en Islam : Le Prophète, le roi et le savant, éd. L'Harmattan, 2000
- Toward a Third Type of fundamentalism ?, papier produit pour la 10e assemblée général de la CODESTRIA, 2002
- L'islam et la violence, une analyse selon trois rationalités pour tenter de comprendre les attentats du 11 septembre, avec Jan-Erik Lane (Université de Genève).
[modifier] Voir aussi
[modifier] Liens internes
[modifier] Liens externes
- Naissance médiatique de l'intellectuel musulman en France (1989-2005)
- Le voile est une régression, L'Humanité, 24 janvier 2004
- Entretien avec Malek Chebel : L'islam côté Lumières (à propos du dictionnaire amoureux), Le Point, 12 février 2004
- Malek Chebel sur l'homosexualité
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