Histoire de Béjaïa
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Située au cœur de l’espace méditerranéen, Béjaïa, ville d’Algérie qui donna son nom aux petites chandelles (les bougies) et à partir de laquelle les chiffres arabes ont été popularisés en Europe, renferme de nombreux sites naturels et vestiges historiques, qui témoignent encore aujourd’hui des fastes de sa longue histoire. Son tissu urbain est caractérisé par une continuité ininterrompue d’occupation depuis l’Antiquité. En effet, l’occupation préhistorique de la région de Béjaïa est remarquable par les nombreux sites et gisements ibéromaurusiens (de -200 000 à -10 000 ans) que l’on rencontre, notamment dans les Babors septentrionaux. Sous forme de semis d’industries de plein air ou d’habitats d’abris sous roche, ces gisements ont livré de nombreux restes humains se rapportant à la première nappe d’Homo sapiens d’Afrique du Nord, l’Homme de Mechta-Afalou, des industries, des structures d’habitats et surtout, des manifestations artistiques.
Sommaire |
[modifier] Antiquité
La position géographique privilégiée de la région se prêtait à l’installation d’un comptoir phénicien ou punique. De fait, un habitat phénicien serait attesté par une sépulture dont la chronologie demeure cependant à contrôler. Un culte à Saturne, fortement marqué par la tradition autochtone y est connu.
C’est en 27/26 avant J.-C. que le Romain Octave y fonda la colonie Julia Augusta Saldensium Septimana Immunis, pour les vétérans de la legio VIII Augusta. Au moment de la constitution de la colonie, cette région n’aurait pas encore appartenu à l’empire, mais elle se serait trouvée à la frontière du royaume de Juba II. Ce n’est qu’en 42 après J.-C que fut créée la province de Maurétanie Césarienne. À la suite de la réforme de Dioclétien, le territoire de la ville devint partie intégrante de la Maurétanie Sitifienne. La ville fut siège épiscopal, comme l’atteste la mention d’un évêque Salditanus dans la Notitia episcoporum de 484.
Le ravitaillement en eau de la ville était assuré par un aqueduc qui captait la source de Toudja, sur la flanc du massif de Tadrart Aghbalou, à 16,5 km à l’ouest de Saldae. Une célèbre inscription de lambèse nous renseigne sur les péripéties liées au creusement du canal pour le passage de l’aqueduc. Selon les thèses traditionnelles, l’aqueduc aurait constitué un exemple d’ouvrage de génie civil, réalisé par la main d’œuvre militaire. D’après les nouvelles conclusions de J.-P. Laporte (1994), la première intervention, vers 137, se serait limitée à une étude de faisabilité. Les travaux auraient duré de 4 à 6 ans et le rôle de l’armée se serait cantonné à la mise à disposition du chantier d’un technicien de haut niveau (un géomètre spécialisé), en la personne de Nonius Datus. A Tiahmaïne, en bordure de route, au milieu de maisons construites depuis l'indépendance, on peut voit huit piliers dont l'un porte une marque romaine (de la légion ?) une sculpture de double phallus. ( réf.: -"Le Pont de Bereq'Mouch ou le Bond de Mille Ans" d'Augustin Ibazizen, pages 116 à 131; La Table Ronde, mars 1979 -" Treillis au Djebel. Les Piliers de Tiahmaïne" d' Etienne Maignen, pages 149 à 152; Editions Yellow Concept, mai 2004).
[modifier] Époque médiévale
Vers le milieu du XIe siècle siècle, la carte politique du Maghreb est bouleversée. Le royaume berbère des Hammadides, en conflit avec les Almoravides à l’Ouest et avec les Zirides à l’Est, transfère sa capitale de la Qal`a vers Vgayet (future Béjaïa). L’antique Saldae inaugure ainsi son rôle historique et deviendra d’une des villes les plus prospères du Maghreb.
En 1136, elle repoussa une expédition de la flotte gênoise, mais fut prise par les Almohades en 1152. Elle redevint une place commerciale, scientifique et culturelle prospère sous les Hafsides (XIIIe au XVe siècle av. J.-C.. Cette période médiévale représente l’âge d’or de la ville, notamment grâce à l’impulsion du prince Hammadide al-Nasir. Tour à tour capitale d’un État indépendant, puis chef-lieu de province d’un empire, la configuration de la population (qui selon le voyageur Léon l'Africain s’éleva à plusieurs dizaines de milliers d’habitants) était très significative. Cette population était constituée en majorité de Kabyles et d’Andalous. Il y avait aussi une importante communauté espagnole (al-Jama`a al-Andalusiya) cohérente et dirigée par un cheikh. Enfin il y avait un fort groupement de juifs, ainsi qu’une colonie chrétienne. La présence de cette dernière est attestée par la fameuse lettre du pape Grégoire VII au souverain al-Nasir en 1076. Selon Mas Latrie qui a publié ce document d’archive, « jamais pontife romain n’a aussi affectueusement marqué sa sympathie à un prince musulman ». Par la suite, les relations officielles et commerciales avec les républiques chrétiennes de Gênes, Pise, Venise, Marseille, Catalogne et enfin Majorque sont caractérisées par la signature de traités de commerce, de paix, traités sur les biens des naufragés… L’importance de ce commerce est illustrée par la présence dans la ville de founduks et de consultats de ces républiques chrétiennes :
Achat de marchandises maghrébines et sahariennes, de produit de l’artisanat local, notamment les « petites chandelles » de Bougie. En effet, selon le géographe al Idrisi : « Les marchands de cette ville sont en relation avec ceux de l’Afrique occidentale ainsi qu’avec ceux du Sahara et de l’Orient ». « Les vaisseaux qui naviguent vers elle » passaient par l’arceau de Bab El-Bahr (la porte de la mer) et faisaient réparer leurs avariees sur les chantiers de Dar es Senaa.
Le rôle joué par Bougie dans la transmission du savoir au Moyen Âge est confirmé par les séjours plus ou moins longs de personnalités scientifiques et littéraires prestigieuses, versées dans tous les domaines de la connaissance : le métaphisicien Andalou Ibn Arabi, le mathématicien italien Leonardo Fibonacci, le philosophe catalan Raymond Lulle, l’historien tunisien Ibn Khaldun, le poète sicilien Ibn Hamdis… Il en est de même pour les personnalités religieuses (Sidi-Bou-Medienne, Sidi Bou Sa`id, ath-Tha`aliby,..) et les voyageurs (Al Idrisi, Ibn Battuta, Léon l'Africain…). Rappelons enfin que le Mahdi Almohade Ibn Tûmart y déploya son activité réformatrice, notamment par sa prédication en langue berbère. C'est à Mellala, un petit village près de la ville qu’il rencontra le célèbre Abd El-Mumin (qui lui succédera à la tête de l’empire almohade) et lui enseigna sa doctrine unitaire.
[modifier] Époque moderne
Le milieu du XIVe siècle fut marqué par la recrudescence de la « course ». Selon Ibn Khaldoun, les Bougiotes ne tardèrent pas à se signaler parmi les corsaires les plus redoutés des marins chrétiens. Voulant établir des comptoirs de type colonial sur la côte algérienne, l’Espagne envoya Pedro Navaro pour s’emparer de la place en 1510. Les fortifications seront renforcées, mais la ville est saccagée et en particulier les palais Hammadides, qui subsistaient encore, seront détruits. Attaqués en 1513 par Aroudj, les Espagnols résistèrent et se maintiennent dans la place jusqu’en 1555. Continuellement bloquée par les autochtones, la garnison espagnole ne peut résister longtemps, malgré la visite de l’empereur Charles Quint en 1541. C’est Salah Rais qui mettra le siège à la ville et obligera le gouverneur espagnol Don Alphonso de Peralta à capituler.
[modifier] Époque contemporaine
Avec les Ottomans, Béjaïa perdit son statut de capitale, même si elle continua encore à jouer son rôle de chantier de construction navale. L’occupation française de la ville commença en 1833. Béjaïa et sa région opposèrent une résistance farouche et plusieurs événements historiques prouvent qu’elles ne cessèrent jamais d’être un foyer d’insurrection. Ainsi, Feraud, interprète de l’armée française, nous raconte les exploits d’une véritable figure de légende, l’insaisissable Cherif Boubaghla. Il y eu également la révolution de 1871, lorsque le vénérable Cheikh El Haddad proclama le Jihad, répondant ainsi à l’appel d’El-Mokrani. Il y eu aussi les évènements de Mai 1945, avec les Massacre de Sétif. Enfin, après le déclenchement de la lutte armée en novembre 1954, il y eu à Ifri (près d’Ighzer Amokrane) le fameux congrès de la Soummam, qui constituera un tournant et dont les textes inspirent encore aujourd’hui la destinée de l'Algérie.
[modifier] Voir
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