Histoire de Cannes
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L'histoire de Cannes remonte à l'Antiquité avec l'occupation Ligure puis Romaine. À l'origine, modeste village méditerranéen de pêcheurs et de moines, son histoire est indissociable de celles des îles Sainte-Marguerite et Saint-Honorat qui sont à quelques coups de rames des rivages. Aussi, il est impossible de parler de l'histoire de Cannes sans évoquer celle des îles de Lérins. Le trafic maritime était intense et fructueux à Cannes. Après la chute de l'empire romain, durant le Moyen Âge, la bourgade et les îles connaissent les invasions barbares. Durant l'Ancien Régime, le village se développe tranquillement tout en étant témoin des luttes franco-anglaises et franco-espagnoles qui s'exercent essentiellement sur les îles de Lérins. Elle est aussi victime des luttes entre les grands de ce monde. Mais c'est au XIXe que la ville prend véritablement son essor, grâce notamment à lord Henry Brougham and Vaux, grand chancelier d’Angleterre qui en s'installant, attire l'aristocratie anglaise et européenne qui édifie de magnifiques demeures secondaires pour l'hiver. Dès cet instant, la ville connaît, grâce à cette population de prestige, un développement sans précédant, lui conférant un statut de renommée internationale renforcé à partir du milieu du XXe siècle par le Festival du Film. Aujourd'hui, entre mer et soleil, Cannes connaît une intense activité touristique autour des festivals, de l’hôtellerie, de la restauration et des commerces de luxe.
Sommaire |
[modifier] Origine
[modifier] Le site du Suquet
L'origine de la ville est le piton du Suquet, un excellent promontoire pour surveiller les environs et un site défensif naturel efficace pour répondre aux attaques. La théorie selon laquelle Cannes était l’Aegitna évoquée par Polybe semble aujourd'hui totalement écartée. Les premiers hommes à avoir occupé le site semble être les Ligures. Ils y bâtirent un oppidum (un camp fortifié), le castrum Marsellinium, littéralement le "château Marseillais" cités par différents auteurs antiques. Depuis leur belvédère ils observaient leurs congénères qui avaient également réalisés une fortification sur l’éperon rocheux où se trouve actuellement le fort Vauban, dans l’île Sainte-Marguerite. En 154, les romains s'emparèrent du site et imposèrent la « pax romana … manu militari ».
[modifier] L'attractivité des îles de Lérins
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En réalité ce sont les îles qui ont intéressé particulièrement les auteurs antiques. Ce minuscule archipel au carrefour des routes maritimes offrait des atouts remarquables. Pour les navigateurs à voiles en provenance de l’ouest, les îles constituaient le dernier mouillage sûr. La falaise de l'île Sainte-Marguerite offrait un abri naturel et un promontoire facile à défendre. L'archipel était un comptoir maritime idéal ou l'on pouvait, loin des côtes inhospitalières, puiser de l'eau douce grâce à des sources naturelles. Des fouilles archéologiques ont démontré que dès le néolithique les hommes occupaient l'île. La population est devenue importante au début de l’Âge du fer. Les dernières recherches des années 1970 dirigées par G. Vindry ont établi qu'il existait un habitat perché et fortifié dès la fin du VIe siècle avant notre ère avant de se constituer en véritable habitat urbain pourvu de bâtiments publics.
Les traces archéologiques vont dans le sens des textes des auteurs antiques comme Strabon ou bien encore Pline l'Ancien. L'archipel est évoqué comme une étape importante dans les circuits maritimes de l’époque. Strabon, voyageur et géographe grec, évoque le nom de la plus grande des îles sous le nom de Lero (d’où les îles de Lérins). Il fait mention d'un sanctuaire où on vouait un culte à un demi-dieu que les Grecs nommaient Heros et dont l'appellation la plus connue est Héraclès ou Hercule. L'auteur romain Pline l'Ancien mentionne aussi dans ses écrits le nom des deux îles et ainsi que celui de la fortification sur la falaise : « Lero et Lerina (la plus petite) en face d’Antipolis (Antibes) où l’on se souvient de l’oppidum de « Vergoanum ».
L'archéologie, les textes antiques ainsi que le nom du lieu ("Ler" – de Lero et dans "Verg" – de Vergoanum des racines prélatines) témoignent de la présence d’une communauté ligure importante sur le site. Cette colonie maritime, doublée d’un lieu de culte réputé était probablement très animée. Les Ligures se consacraient aux activités de pêche et de commerce. De même, ils étaient aussi célèbres pour leurs actes de piraterie.
Cette position géostratégique suscita l'intérêt des Romains qui, dès l’époque républicaine, s'emparèrent de l'île et fortifièrent l'acropole. Le site devint une puissante base navale qui servit de tête de pont avant de fonder la colonie de Fréjus (Forum Julii). Il est fort probable que les romains ont fortifié par des remparts flanqués de tours à l’ouest de l’île. On peut admirer encore quelques vestiges en suivant le parcours historique.
Durant la "pax romana", l’Église chrétienne étend son évangélisation en Europe. On assiste à l'apparition et l'organisation d'évêchés ainsi qu'au développement de monastères. La plus petite île de l'archipel appelée aussi Planasia (l’île plate) voit la fondation du monastère de Lérins grâce au moine Honorat venant de la grotte du Cap Roux.
En compagnie de son ami Macaire il choisit la vie d'ermite mais son aura est telle que de nombreux anachorètes, de tous les coins de l'occident, vinrent le rejoindre et ce, durant près de deux siècles. Il y bâtit sept chapelles entourées de quelques cellules. En 426 saint Honorat dût accepter l'archevêché d'Arles et mourut en 429. L’abbaye devint un centre spirituel chrétien qui formera de nombreux prélats qui partiront évangéliser l'occident chrétien, administrer l'Église naissante, et qui pour certains d'entre eux deviendront des saints (selon certains chroniqueurs saint Patrick, saint Loup, saint Vincent de Lérins, saint Salvien, saint Césaire). Le poète chrétien Sidoine Apollinaire dira de cette île : « Cette île plate d’où tant de sommets avaient atteint le ciel ».
Il semblerait que le secteur de Cannes et des îles ait été victime d'un raz de marée autour du IVe siècle. La plaque sur laquelle reposaient les îles se serait enfoncée de quatre à cinq mètres ce qui provoqua un petit tsunami. Les bâtisses et les monuments romains furent fortement ébranlés. L'affaissement du plancher maritime provoqua une montée du niveau des eaux qui inondèrent ce qui était à priori une carrière de pierres. Cette antique carrière remplie d’eau serait actuellement l’étang du Batéguier. Suite à cette catastrophe naturelle, les sources d'eau douce furent submergées, conséquences fâcheuses pour la vie sur l'île et ses activités économiques. En effet, elle fit disparaître une corporation de portefaix : les «utriculaires». Après avoir fixé les marchandises débarquées des navires sur des radeaux renforcés par des outres gonflées d’air (« outre », en latin, se dit : utricula, d’où le nom d’utriculaire), ils devaient les apporter de l'île vers la côte, en marchant la plupart du temps car ils avaient quasiment pied sur une grande partie du trajet.
[modifier] Cannes au Moyen Âge
[modifier] Le temps des invasions
À la fin de l'Antiquité tardive, l'Empire romain ne pouvaient plus résister aux différents envahisseurs. Commence alors la désintégration de la Provence antique livrée aux invasions des barbares du nord : Wisigoths, Burgondes, Lombards mais aussi des Sarrazins qui occupent la place forte et un foyer de piraterie : Fraxinet (La Garde-Freinet, dans le Var). De là, partent des raids incessants et dévastateurs. Ils vont se livrer à des massacres et des razzias. Le plus connu est celui de l’abbé de Lérins, saint Porcaire et de ses moines. Ils étaient, disent les chroniques… cinq cents.
Les îles, terres de razzia, de destruction et d’esclavage sont réduites à l’état de désert. En effet, l'insécurité des îles, face à ces attaques et ces violences incessantes, poussent les moines et les habitants à s'établir sur le continent, au Suquet.
[modifier] Cannes: renouveau et fief de l'abbaye de Lérins
Tout est à reconstruire, tout est à refaire : le peuplement, l’habitat, l’exploitation et, avant tout, la défense car la sécurité est précaire et le danger barbaresque venu de la mer est toujours menaçant. C’est pourquoi le comte de Provence poursuit la fortification du Suquet en y installant son château : Castellum Marcellini (le château de Marcelin) Au milieu du Xe siècle, le comte Guillaume de Provence (le Libérateur) regroupe ses grands vassaux qui chassent les sarrazins du Fraxinet. Pour récompenser ses seigneurs féodaux, il donne à Rodoard, chef d'une branche de la puissante famille de la maison de Grasse, le fief d’Antibes dont Cannes.
Vers l’an 1030, l’aîné de Rodoard se fait moine à Lérins et cède Cannes à l’abbaye. À partir de ce moment et jusqu’à la veille de laRévolution, Cannes et son terroir vont rester la propriété de l'abbaye de Lérins. En 1131, la donation est confirmée par le comte de Provence, acte que le pape scellera lui-même. « Le Comte déclare notre cité : libre et exempte de toutes charges, Elle est devenue une terre "franche". Cela veut dire qu’elle n’a pas à payer les taxes ni les impôts comtaux… elle paiera les autres ».
Durant cette période, le château de Marcelin prit l'appellation de château franc (1178), Castellum Francum. On voit se développer un véritable habitat féodal avec un château, des maisons, un hôpital, des églises (Notre Dame du Puy qui, après la construction de Notre Dame de l’Espérance, deviendra la chapelle Sainte-Anne. Ce site constitue dès lors un castrum, c’est-à-dire un village fortifié, groupé autour du château (il s'agit aujourd'hui de la place de la Castre).
C'est aussi au moyen-âge que le nom de Cannes apparaît. Un acte de donation de 1030 du fils de Rodoard à l’abbé, fait référence au port qui n’était en réalité qu’une plage. On peut lire : De Portu Canue (forme la plus authentique). Ce nom réapparaîtra ensuite avec différentes variantes telles que Canoa, Canoas, Canois, Cano... Certains ont avancé que Cannes devait son nom au terme roseau, du provençal cano ou du latin cannae. Mais cette théorie semble actuellement rejetée dans la mesure où les rivages étaient colonisés de roseaux et ne pouvaient donc pas déterminer précisément un habitat. Dans la mesure où les toponymes de villages étaient souvent déterminés par une spécificité géographique, il semble plus approprié d'associer l'appellation "Cannes" au mot ligure qui définit un éperon rocheux (comme Le Cannet, Cagnes...).
Vers la fin du Moyen Âge Cannes reprend vie. C'est un village cosmopolite peuplé de Ligures, de Latins, de peuples germaniques... On observe un bâti regroupé autour du château et l’église, sur la crête et le long des pentes à l’est et au nord surtout, à l’abri des remparts : des « bàrri ». La vie n'y est pas toujours facile. Une seule source d'eau douce coule au pied du Suquet. Les Cannois mènent une vie communale relativement paisible. C’était des gens simples pauvres mais estimés. Les activités du village sont l’agriculture (riz, blé, olivier), la pêche strictement réglementée et un certain dynamisme commercial qui est étroitement lié à l'activité portuaire et à la riche et commerçante ville de Grasse qui y exporte ses tissus et ses cuirs.
Au XIVe siècle et au XVe siècle, Cannes est touchée par les grands fléaux que sont les épidémies de pestes, les guerres et les mauvaises conditions climatiques. En 1520, la peste fera disparaître la moitié de sa population. Cannes sera aussi affecté par les conflits entre les seigneurs locaux, les royaumes... Quand Cannes passa sous l'autorité de la dynastie des comtes Catalans ce fut une période de paix et d’expansion. Peu après, les Angevins, branche cadette des rois de France, récupérèrent la Provence. Cannes se retrouva au milieu du conflit (des pirates aragonais vinrent tirer des bordées le long des rivages) qui opposait les Angevins, comtes de Provence et rois de Naples, au royaume d'Aragon.
Après une série de guerres pour la succession de la reine Jeanne, le Comté de Nice devint possession du duc de Savoie en 1388. À partir de ce moment le fleuve Var devint une frontière naturelle, Cannes devint une ville frontière et se retrouva exposée aux conflits terrestres et maritimes entre les puissants. En 1481 la Provence est intégrée au royaume de France.
[modifier] Cannes sous l'Ancien Régime
Durant l'Ancien Régime, Cannes continua de souffrir des conflits entre les puissances monarchiques et impériales européennes.
- La guerre entre François Ier et Charles Quint.
- En 1635, les Espagnols prirent possession des îles. Ils y édifient une fortification et s'y installent. Une bataille éclate sur les îles entre Français et Espagnols et la flotte française chasse les occupants par la force des canons. À cette occasion on employa, pour la première fois, des bateaux à fond plat capables de transporter les chevaux. C’étaient les ancêtres des barges de débarquement. Vauban fit fortifier l'île Sainte-Marguerite grâce à son système de défense moderne et efficace
- Le duc de Savoie lors de la « guerre de Trente Ans »
- Le prince Eugène et le roi Victor-Amédée II de Sardaigne au XVIIe siècle,
- La guerre de succession d’Autriche au XVIIIe siècle,
- Le maréchal Brown et ses Croates.
- Les Anglais en profitèrent d’ailleurs pour occuper les îles mais ils y restèrent très peu de temps. Le chevalier de Belle-Isle rétablit l'ordre en les chassant.
- De même, la ville était exposée aux rafles des pirates et corsaires de toutes nationalités qui vendaient leurs prises sur les marchés aux esclaves.
Sous l'Ancien-Régime le fort devient une prison d’Etat utilisée par tous les régimes. Plusieurs "illustres" prisonniers y séjournèrent :
- En 1687, le mystérieux masque de fer. Il y resta onze ans.
- En 1689, six pasteurs protestants qui y moururent.
- En 1772, on y enferme Claude Jouffroy d’Abbans, l’inventeur du bateau à roues à aubes.
- En 1758, le comte de Monteil qui au bout de 32 ans refusa sa libération en prétextant qu'il s’y trouvait bien.
À la fin de l’Ancien Régime, en 1777, Louis XVI accorda au Cannet de se séparer de la ville de Cannes. À la même époque, les hivers rigoureux et le prix élevé du pain entraînèrent la colère des villageois qui devinrent menaçants. Lors de la guerre d’indépendance des États-Unis soixante-treize marins cannois sous les ordres de l’amiral de Grasse ont aidé les Américains à recouvrer leur liberté. Certains le payèrent de leur vie. Le poids des impôts et les inégalités devant la justice mécontentent fortement la population. Le commerce maritime favorisa la vie économique du village, mais la mer, qui débordait de son lit, menaçait les demeures des habitants. En 1838, les travaux d'aménagement d'une jetée débutent à Cannes et la communauté accueille avec beaucoup d'enthousiasme ce nouvel aménagement ; de nouveaux commerces et de nouvelles maisons se développent.
[modifier] Cannes durant la période révolutionnaire
Cannes traversa les évènements révolutionnaires sans trop en souffrir. La révolution affecta essentiellement le budget de la commune. Sous l’Ancien Régime les trois édiles portaient comme attribut du pouvoir un chaperon qui fut supprimé et remplacé par l’écharpe tricolore.
Les biens ecclésiastiques de la municipalité de Cannes furent liquidés en 1791. L’abbaye fut acquise 37 000 livres par Jean-Honoré Alziary qui la rétrocéda à sa fille, une célèbre comédienne connue sous le pseudonyme de Mademoiselle de Sainval. Elle s'y installa tout en apportant une décoration personnelle profane bien éloignée des codes artistiques de l'Eglise. L'évêque de Fréjus racheta l'abbaye en 1859. La vente de la chapelle Saint-Cassien provoqua un violent élan contestataire de la part de la population. Saint-Cassien est situé sur une colline à l’ouest de Cannes chargée. Ce lieu était à l'origine une cité fortifiée médiévale rivale de Cannes (le Castrum d’Arluc) qui disparut, au XIIIe siècle. Plus tard, les Cannois bâtirent sur son emplacement une chapelle dédiée à saint Cassien. Il s'agissait d'un lieu de culte particulièrement vénéré où les Cannois avaient l'habitude de faire la fête. La population s'opposa vigoureusement à la vente et réussit à conserver ce bien ecclésiastique convoité par un notable de Grasse.
Sous la Révolution, on a débaptisé les îles de Lérins de leur nom de sainte et de saint du christianisme pour les appeler îles Marat et Lepeletier, deux martyrs des idées nouvelles qui ont tous deux péri assassinés.
[modifier] Cannes durant la période napoléonienne
Si la population de tradition royaliste, accueillit favorablement l’Empire à ses débuts, les guerres incessantes changèrent radicalement sa position. Le 1er mars 1815, Napoléon Ier, échappé de l’ île d’Elbe et après avoir débarqué à Golfe-Juan décida de bivouaquer à Cannes. Avec sa petite troupe, il gagna Cannes où il arriva tard et d’où il repartit tôt.
[modifier] La période contemporaine
[modifier] Le fort
- En 1843, la smala d’Abd El-Kader y fut assignée à résidence.
- En 1873, sous la troisième République le maréchal Bazaine fut condamné pour trahison à 20 ans de prison dans le fort. Il s'évada.
[modifier] Cannes lieu de villégiature des grands de ce monde... du village à la ville
En décembre 1834, Lord Henry Brougham and Vaux, grand Chancelier d’Angleterre, décida d'emmener sa fille Eleonore-Louise visiter l’Italie. Cependant, le roi du Piémont fit fermer sa frontière avec la France en raison d’une épidémie de choléra. Obligé de faire demi-tour, lord Brougham décida de se diriger vers Grasse. À la tombée de la nuit, il s’arrêta à l’auberge de maître Pinchinat, dans l’actuelle rue du Port, à Cannes. Charmé par le site, l’accueil, la bouillabaisse et le vin de maître Pinchinat, Lord Brougham, qui ne devait rester que quelques jours, décida de se faire bâtir une résidence dans ce village. Deux ans plus tard, toute la haute société londonienne se pressa à Cannes pour l’inauguration d'une vaste et superbe demeure, la villa Eleonore.
En quelques années, le petit port de pêche se transforma et les nouveaux quartiers se construisirent avec villas et châteaux, et Cannes apparut alors comme “la ville aristocratique par excellence” selon l'expression de Gabriel Charmes. Dès 1837, le général britannique John Taylor fit construire le Château St-Georges. En 1838, on lança les travaux du premier port et on élargit le sentier qui serpentait le long du littoral. Baptisé “chemin de la petite croix”, il deviendra ensuite la célébrissime “Promenade de la Croisette”. En 1848, Alexandra Feodorovna Skrypitzine, la femme du consul de France à Moscou – Eugène Tripet – tomba amoureuse de Cannes et entraîna à sa suite l’aristocratie russe. En 1858, le premier immeuble s’éleva sur la Croisette : "Le Gonnet" qui est devenu plus tard, l'hôtel "Gonnet et de la Reine". Cannes était lancée.
Le 10 avril 1863, la ligne de chemin de fer Paris-Lyon-Méditerranée atteint Cagnes-sur-Mer. Désormais, Paris n’est plus qu’à 22 heures 20 minutes de Cannes. Le 10 avril au 31 mai 1883, on comptait déjà à Cannes un mouvement de 19 430 voyageurs. À la fin du XIXe, on voit apparaître les tramways et des projets sont en cours de réalisation tels que le boulevard Carnot, la rue d'Antibes, ou encore le célèbre hôtel Carlton sur la Croisette. On construit un établissement de luxe pour la riche clientèle d’hiver ; on édifie le casino municipal. Ces établissements sont le cœur des "soirées mondaines" à Cannes, il s'y déroule toutes les manifestations de prestige.
Le début du XXe accueille de nouveaux palaces de rêve comme le Miramar, le Martinez… La ville se modernise avec la construction du Palais des Sports, l'installation de tramways, l'ouverture de bureaux de poste, l'apparition d'établissements scolaires. Ces grands projets ne seront possibles qu'après la terrible guerre de 14-18.
Durant cette période, le village devient ville et s’agrandit vers l’ouest au quartier de La Bocca. Sa population passe de 3 000 habitants en 1814 à 30 000 en 1914 pour atteindre aujourd'hui environ 72 400.
La Grande Guerre met un coup d’arrêt au développement de la ville. Les hôtels sont transformés en hôpitaux. En 1919, la Ligue des Sociétés de la Croix-Rouge (aujourd'hui Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge fut fondée dans cette ville.
Après guerre, c'est le temps des "années folles". Tout ce que compte l'Europe de gloires mondaines et de majestés en exil, ou simplement de villégiature, s'y côtoient amicalement : roi de Suède, roi de Portugal, shah de Perse et une multitude de princes russes. Les beautés tapageuses du Tout-Paris font cortège aux rois pour égayer les nuits blanches et susciter quelques scandales dont s'alimente la presse parisienne. Les artistes sont aussi présents pour fixer les traits à la mode. Van Dongen montre alors la voie à Jean-Gabriel Domergue. Parallèlement, au milieu de tout ce faste, Cannes, station d’hiver, développe sa vocation de station d’été avec la vogue des bains de mer et la mode du bronzage. Grâce aux congés payés de 1936, les touristes « populaires » viennent s’ajouter aux vacanciers aisés au sein de la station balnéaire, ce qui n'est pas sans susciter des mécontentements.
[modifier] Cannes du milieu du XXe siècle au XXIe siècle
En 1939, le gouvernement français décida l'instigation d'un Festival international du film. La ville de Cannes fut choisie pour « son ensoleillement et son cadre enchanteur ». La guerre différa sa première édition. Durant la seconde guerre mondiales Cannes connut les restrictions. Après l’occupation italienne puis allemande elle fut libérée en août 1944 par les Alliés. En 1945, l’Association française d’action artistique reçut de nouveau la mission de préparer pour l’année suivante un Festival sous l’égide du ministère des Affaires étrangères, du ministère de l’Éducation nationale et, à partir de 1946, du Centre national de la cinématographie nouvellement créé. Malgré les difficultés de l’époque, le Festival de Cannes fut la première grande manifestation culturelle internationale d’après guerre. À l’exception de 1948 et 1950, le festival devint un rendez-vous annuel d’abord en septembre puis, à partir de 1951, en mai. S’affirmant comme le lieu de rencontre privilégié du cinéma mondial, la manifestation acquit une notoriété se fondant sur l’équilibre entre la qualité artistique des films et leur impact commercial.
Cannes devint rapidement la ville la plus médiatisée du monde. Elle exerce encore aujourd'hui le même pouvoir d’attraction sur une clientèle française et étrangère fascinée par son aura de ville de star. De cette intense activité touristique, les secteurs ultra développés de l’hôtellerie, de la restauration et des commerces de luxe offrent, entre mer et soleil, la plus prestigieuse vitrine du luxe français.
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