Injection létale
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L'injection létale est un mode d'exécution qui consiste à injecter plusieurs produits à un condamné pour le tuer. Cette méthode d'exécution est utilisée par la quasi-totalité des États appliquant la peine de mort aux États-Unis.
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[modifier] Histoire
Le docteur Julius Mount Bleyer propose cette méthode d'exécution dès 1888, à New York, mais elle ne fut pas acceptée. Suite aux pressions de la British Medical Association, elle fut également rejetée au Royaume-Uni.
Le premier État des États-Unis à l'adopter fut l'Oklahoma, en février 1977, sous l'impulsion du docteur Stanley Deutsch, suivi du Texas la même année. Ce dernier l'appliqua la première fois le 2 décembre 1982, pour exécuter Charles Brooks. Depuis, la quasi-totalité des États l'utilisent. Elle est considérée par ses partisans comme une méthode moderne et humaine.
De par le monde, de plus en plus de pays l'utilisent. On peut citer notamment la Chine et Taiwan en 1997, le Guatemala en 1998 et les Philippines en 1999. Plusieurs autres pays l'ont adoptée, mais ils ne l'ont pour l'instant pas utilisée.
[modifier] Déroulement
Le condamné est installé et sanglé sur une table matelassée. Dans certains États, les tables sont remplacées par des fauteuils, un peu comme ceux présents chez les dentistes, pour que le condamné soit plus confortablement installé.
Une ou deux perfusions sont ensuite placées sur son bras, elle serviront à injecter les produits. Une série de trois injections est nécessaire pour exécuter le condamné :
- la première, du thiopental sodique est injecté, elle est destinée à endormir le condamné
- la seconde, du bromure de pancuronium, elle est destinée à paralyser les muscles et les poumons
- la troisième, du chlorure de potassium, elle est destinée à provoquer un arrêt cardiaque
Le déroulement de ces trois injections a été durant une certaine période entièrement automatisé au moyen d'un engin mis au point par le docteur Fred Leuchter, mais la fiabilité douteuse de l'équipement a entraîné son abandon progressif au profit de l'injection manuelle, réputée plus sûre. De plus, il arrive dans certains cas que des problèmes de dosage surviennent. La personne chargée des injections est alors obligée de recommencer depuis le début.
La mort du condamné survient généralement au bout de 5 minutes.
[modifier] Une méthode contestée
Bien que ses partisans la considèrent comme une méthode qui ne fait pas souffrir le condamné, car dès la première injection le condamné est endormi, ses adversaires la considèrent au contraire comme une des méthodes les plus cruelles.
La première injection est censée endormir le condamné, pourtant en raison de son extrême dosage, le temps d'action est inconnu. Le condamné peut donc très bien être conscient, tout en étant paisiblement allongé sur la table.
Toujours en raison du dosage, à très haute dose le bromure de pancuronium donne une sensation de brûlure intense dans les veines où le produit s'écoule. Le condamné peut donc souffrir atrocement tout en suffoquant lentement et cela sans laisser rien transparaître.
Il est déjà arrivé que les produits ne fassent pas correctement effet. C'est ainsi qu'en Oklahoma, Robyn Lee Parks, exécuté le 10 mars 1992, fut pris de convulsions et suffoqua pendant près de 10 minutes avant de mourir.
Si un problème survient durant l'injection, comme le non-écoulement d'un des produits dans les veines, la procédure d'exécution doit recommencer depuis le début. C'est ainsi qu'il est déjà arrivé que certaines exécutions durent jusqu'à une heure et demie, comme ce fut le cas pour Joseph Clark, le 3 mai 2006
Les problèmes lors de la procédure d'exécution pourraient peut-être être évités si les personnes chargées des injections étaient formées à la pharmacologie, mais ce n'est pas le cas. L'American Medical Association a interdit aux médecins et aux infirmiers d'effectuer les injections. C'est pour elle une violation du Serment d'Hippocrate.
Le 15 décembre 2006, Jeb Bush, le gouverneur de l'État de Floride a prononcé un moratoire sur les exécutions capitales à la suite de l'injection létale opérée sur Angel Nieves Diaz[1]. La méthode est contestée au nom du 8e amendement de la constitution américaine qui interdit les châtiments cruels et inhabituels. Les moratoires permettent aux condamnés de repousser leur mort et de ralentir le rythme des exécutions.
[modifier] Voir aussi
[modifier] Notes
- ↑ Corine Lesnes, « La Californie et la Floride suspendent les exécutions capitales par injection létale », dans Le Monde du 17/12/2006, [lire en ligne]