Jacques Rueff
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Jacques Rueff (23 août 1896 à Paris - 23 avril 1978) est un haut fonctionnaire et économiste français.
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[modifier] Biographie
Jacques Rueff a fait des études à l'École polytechnique (Promotion X1919S, destinée aux anciens combattants), où il fut l'élève d'un économiste qui eût une profonde influence sur lui: Clément Colson(1853-1939). Durant les années vingt, il est chargé de mission auprès de Raymond Poincaré, président du Conseil et ministre des Finances en 1926, puis attaché financier à l'ambassade française de Londres.
Dans les années trente, il fait partie des économistes qui s'inquiètent des problèmes récurrents de la France dans le domaine de l'économie. C'est en partie cela qui l'aménera à être membre du groupe x-Crise et à participer au colloque Walter Lippmann. Parallèlement sa carrière adminisitrative est alors à son apogée, il sera directeur du mouvement général des fonds ( poste qui de nos jours correspond à directeur du Trésor) durant le Front populaire, puis sous-gouverneur de la Banque de France en 1939.
Aprés la seconde guerre mondiale durant laquelle il écrit l'Ordre social, il préside à partir de 1945 la conférence des réparations à Paris. Il sera également l'un des fondateurs de la Société du Mont Pèlerin en 1947. Dans les années 1950, il occupe plusieurs postes dans les instances européennes, à la Cour de justice de la Communauté européenne du charbon et de l'acier et à la Cour de Justice des Communautés européennes.
Aprés le retour du Général de Gaulle au pouvoir en 1958, il préside un Comité d'experts chargé d'étudier la façon d'assainir les finances publiques. Il s'agit d'assurer à la Cinquième République de bonnes bases économiques et financière. Cela conduit au « plan Rueff » parfois appelé « plan Pinay-Rueff » mis en œuvre par le ministre des Finances Antoine Pinay, De Gaulle étant Président du Conseil. Le franc va redevenir convertible, le contrôle des changes s'assouplir.
Préfigurant le Marché commun, alors en formation, Rueff recommande l'ouverture à la concurrence dans un second rapport qu'il rédige en collaboration avec Louis Armand, à la tête d'un Comité d'experts ad hoc. À sa publication en 1960, les journalistes dénomment « plan Rueff-Armand » ce document intitulé Rapport du Comité pour la suppression des obstacles à l'expansion économique.
Jacques Rueff s'est toujours opposé aux idées de lord Keynes, d'abord, dans The Economic Journal, sur le problème des transferts - en relation avec les réparations allemandes - à la fin de la décennie 1930, et ensuite, en 1947, telles qu'elles étaient développées dans la Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie. S'ensuivra une passe d'arme avec James Tobin en 1948 dans The Quarterly Journal of Economics. Près de trente ans plus tard, il enfoncera le clou une bonne fois pour toutes dans "La fin de l'ère keynésienne" qu'il publie dans le quotidien Le Monde. Toutefois, il serait intéressant de mieux étudier le lien entre Rueff, le théoricien, et Rueff, conseiller du prince. Si ses convictions demeurent dans les deux cas, il existe aussi chez lui une capacité de saisir l'enjeu du moment et d'y faire face avec un certain pragmatisme. Sur ce point on pourra lire l'article de Georges Lane Jacques Rueff : un libéral perdu chez les planistes
Jacques Rueff est élu membre de l'Académie des sciences morales et politiques en 1944 et de l'Académie française en 1964.
[modifier] Œuvres
- Decennie 1920
- Des Sciences physiques aux sciences morales (1922)
- Sur une théorie de l'inflation (1925)
- « Les variations du chômage en Angleterre », Revue Politique et Parlementaire, 32, décembre 1925, pp.425-437.
- Théorie des phénomènes monétaires (1927)
- « Les Idées de M. Keynes sur le problème des transferts », Revue d'Economie Politique, 42, juin-juillet 1929, pp. 1067-1081 ; version anglaise : « Mr. Keynes' Views on the Transfer Problem », The Economic Journal, 39, september 1929, pp. 388-399.
- Decennie 1930
- « L'Assurance-chômage : cause du chômage permanent », Revue d'Economie Politique, 45, mars-avril 1931, pp.211-251 (article signé xxx à cause d'une obligation de réserve de Jacques Rueff, alors attaché financier à l'ambassade de France à Londres).
- La Crise du capitalisme (1935)
- Decennie 1940
- L'Ordre social (1945)
- « Les Erreurs de la théorie générale de Lord Keynes », Revue d'Economie Politique, 57, janvier-février 1947, pp.5-33 ; version anglaise : « The Fallacies of Lord Keynes' General Theory », The Quarterly Journal of Economics, 61, mai 1947, pp.353-367.
- « Reply [to James Tobin's comment] », The Quarterly Journal of Economics, 62, novembre 1948, pp. 771-782.
- Épître aux dirigistes (1949)
- Decennie 1950
- La Régulation monétaire et le problème institutionnel de la monnaie (1953)
- Decennie 1960
- Discours sur le crédit (1961)
- L'Âge de l'inflation (1964)
- Discours de réception à l'Académie française (1965)
- Le lancinant problème de la balance des paiements (1965)
- Les Dieux et les rois (essai sur le pouvoir créateur) (1967)
- Decennie 1970
- Le Péché monétaire de l'Occident (1971)
- Combats pour l'ordre financier (1972)
- La Réforme du système monétaire international (1973)
- La Création du monde (comédie-ballet en cinq journées) (1974)
- « La Fin de l'ère keynésienne », Le Monde, 19 et 20/21 février 1976. Version anglaise : « The End of the Keynesian Era or When the Long Run Ran Out », Euromoney, avril 1976, pp.70-7.
- Les Œuvres Complètes de Jacques Rueff, constituées par Emil-Maria Claassen et Georges Lane et publiées par les éditions Plon (Paris) en quatre tomes :
- Tome I : De l'Aube au Crépuscule (Autobiographie), 1977.
- Tome II : Théorie monétaire en deux livres, 1979.
- Tome III : Politique économique en deux livres, 1979 et 1980.
- Tome IV : L'Ordre Social, 1981.
[modifier] Citations
- Toutes les turpitudes de notre régime, j'en ai toujours trouvé la source dans des interventions de l'État. Les systèmes malthusiens donnent à leurs auteurs toutes les apparences de l'action généreuse, alors qu'ils organisent la misère et la ruine. (voir aussi Frédéric Bastiat)
- Les hymnes à l'exportation ne sont que stupidité et mensonge. [Ils supposent de n'avoir pas conscience de l'] inanité de toute distinction entre commerce intérieur et international (L'Ordre Social, 1981, p. 377 et p.376)
- La monnaie est le carburant qui alimente toujours l'inflation. (1965)
" L'Europe sera monétaire ou ne sera pas " (1958) il faudra attendre 1978 pour que l'on se rende compte du rôle précusseur de Jacques Rueff.
[modifier] Liens externes
- Site de la Société du Mont-Pélerin
- Le plan Rueff et le plan Rueff Armand sur le site des Archives Nationales Françaises à qui ont été données les archives de Jacques Rueff, constituées et classées par Madame Rueff et Georges Lane, avec le concours du Lehrman Institute.
- Notice biographique de l'Académie française
- Extraits de textes de Jacques Rueff
- Les variations du chômage en Angleterre (1925)
- Comment le déficit engendre le désordre social (extrait de L'Ordre social, 1947)
- The Intransigence of Mises, 1956
- Souvenirs et Réflexions sur l'Age de l'inflation (extrait de L'Age de l'inflation, 1963)
- Textes sur Jacques Rueff
- Georges Lane, Jacques Rueff: un libéral perdu chez les planistes, 1996
- Ludovic Frobert et Sara Franceschelli, La "volonté de croire" dans le libéralisme: les premières contributions de Jacques Rueff à la méthodologie économique (1922-1929), 2004
- Catallaxia
- Jacques Rueff sur wikibéral
[modifier] Bibliographie
- Chelini Michel-Pierre, 2001/4, "Le Plan de stabilisation Pinay-Rueff, 1958", Revue d’histoire moderne et contemporaine n °48-4
Précédé par Jean Cocteau |
Fauteuil 31 de l'Académie française 1964-1978 |
Suivi par Jean Dutourd |