Jean Decoux
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Amiral français né à Bordeaux en 1884, d'une famille originaire de Savoie.
Entré très jeune à l'École Navale, Decoux est bientôt nommé à des postes importants, notamment au Secteur de Défense de Toulon en 1938. Il est promu amiral d'escadre en 1939.
Commandant en chef des forces navales en Extrême-Orient (1939), il commande le croiseur Lamotte-Picquet à Saïgon. Il est nommé gouverneur général de l'Indochine française le 25 juin 1940 — poste qu'il n'occupera que le 20 juillet — par le régime de Vichy, en remplacement du général Georges Catroux (1877-1969). Decoux devient alors, selon les mots de Jean-Baptiste Duroselle, "sous le regard des Japonais et face à 24 millions d'Indochinois, le chef d'une petite France lointaine".

Ce choix est déterminé principalement par une politique se voulant contre toute collaboration avec les forces japonaises. Le général Catroux avait déjà ébauché quelques accords de principe afin d'éviter un conflit immédiat avec le Japon. Les réalités militaires et politiques de la région forcèrent l'amiral Decoux à prendre le même chemin : le 22 septembre 1940, la chute de Lạng Sơn, poste frontalier du Tonkin et "verrou de la Chine", l’oblige à laisser les troupes japonaises circuler librement en Indochine.
Cependant, au delà du statu quo ainsi créé pour maintenir la présence française en Indochine, il doit accepter d'autres exigences japonaises.
En 1941, la Thaïlande (ancien Siam), désireuse de reconquérir les anciennes provinces cambodgiennes qu'elle possédait au XVIe siècle, se livre à une série d'agressions le long de la frontière mitoyenne avec l'Indochine (guerre franco-thaïlandaise). Pour y mettre fin, Decoux décide de frapper la Thaïlande au moyen d'une offensive et charge l'amiral Jules Terraux et le capitaine de vaisseau Régis Bérenger de cette mission. La victoire navale de Koh Chang, le 17 janvier 1941 — la seule remportée par la France au cours des deux guerres mondiales —signalera la fin des agressions thaïlandaises. Le Japon intervient pour faire signer un armistice aux belligérants, puis un traité. À la suite de négociations de paix ouvertes à Tokyo le 7 février 1941, la France est amputée des provinces de Battambang, Sisophon et Siem-Réap. Elle abandonne également des provinces du Laos et du Cambodge à la Thaïlande. Ce faisant, le Japon s'assure de la collaboration militaire de la Thaïlande.
Par crainte d'un retournement de situation en leur défaveur, les troupes japonaises mettent fin à l'autorité française le 9 mars 1945 par un coup de force sans aucun ultimatum. Le gouverneur général Decoux est emprisonné jusqu'à la capitulation japonaise de septembre 1945.
Le général de Gaulle reproche à Decoux d'avoir "collaboré" avec les Japonais. Pour lui, comme pour la plupart des gens de la métropole — ceux que Jacques de Folin nomme "les Français 1945" — les Français de l'Indochine sont coupables d'avoir été sous les ordres de Vichy. Jean Le Bourgeois le dit bien: "Plus dangereuse à leur yeux que le Viêt Minh, l'ombre de Pétain flottait encore et c'était elle surtout qu'il fallait abattre".
Decoux est donc ramené en France et traduit devant la Haute Cour de justice après la Libération, puis gardé à vue pendant plusieurs mois au Val-de-Grâce. Les diverses accusations portées contre lui ayant toutes été reconnues comme sans objet, il bénéficie finalement d'un non-lieu en 1949.
Decoux a publié À la barre de l'Indochine: Histoire de mon Gouvernement Général (1940-1945) chez Plon en 1950.
Il est décédé à Paris en 1963.
Une rue à Bétheny, dans la Marne, honore la mémoire de l'amiral Decoux dans un quartier aux noms de marins illustres.
[modifier] Références
- de Folin, Jacques, Indochine 1940-1955: La fin d'un rêve, Librairie Académique Perrin, Paris, 1993.
- Duroselle, Jean-Baptiste, L'Abîme, Imprimerie Nationale, Paris, 1981.
- Grandjean, Philippe, "L'amiral Decoux à la barre", in La Nouvelle Revue d'Histoire, No 12, mai-juin 2005, pp. 35-38.
- Le Bourgeois, Jean, Saïgon sans la France, Plon, Paris, 1949.
- Ministère des Affaires Étrangères: Archives de la France d'outre-mer (FOM).
- Ministère des Affaires Étrangères: Fonds Decoux.
- Romé, Amiral Paul (FNEO 1939-1945), Les oubliés du bout du monde: Journal d'un marin d'Indochine de 1939 à 1946, Éditions Danclau, Dinard, 1998.
[modifier] Voir aussi
- Bataille de Koh Chang
- Guerre franco-thaïlandaise
- Histoire de la marine française en Indochine de 1939 à 1945
- Lạng Sơn
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