Jean Luchaire
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Jean Luchaire, né à Sienne (Italie) le 21 juillet 1901 et mort fusillé le 22 février 1946, est un homme politique français. Le nom de Jean Luchaire reste associé à la politique collaborationniste en raison de son rôle dans le gouvernement de Vichy.
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[modifier] Un promoteur des relations franco-allemandes
Luchaire était le fils de l'historien et écrivain Julien Luchaire (1876-1962), spécialiste de la politique et de la vie intellectuelle italienne. Il fut témoin de la montée du fascisme en Italie avant de se consacrer au journalisme en France. Opposé au traité de Versailles qu'il jugeait injuste pour l'Allemagne, Luchaire se fait très tôt le promoteur d'un rapprochement entre la France et l'Allemagne. C'est dans cette perspective qu'il fonde, en 1927, le journal Notre Temps qui appuyait la politique de paix prônée par Briand.
Ce périodique avait pour pricipaux collaborateurs: Bertrand de Jouvenel, André Weil-Curiel, Jacques Chabannes, Pierre Brossolette et Pierre Mendès France.
[modifier] Rencontre d'Otto Abetz et propagande collaborationniste
En 1930, Luchaire fait la connaissance d'Otto Abetz (qui était marié à une Française), le futur ambassadeur du IIIe Reich à Paris pendant l'Occupation. Il noue avec lui une amitié durable. Avec ce représentant nazi, Luchaire travaille à mettre sur pied une propagande culturelle (le « Cercle du Sohlberg ») et médiatique (revue les Cahiers franco-allemands, par exemple) destinée à gagner les jeunes intellectuels français aux idées collaborationnistes.
[modifier] Luchaire ministre sous Vichy
La défaite de la France de 1940 rapproche encore davantage Luchaire et Abetz, alors que plusieurs français envisagent une politique de collaboration. À partir de novembre 1940, Luchaire fonde le journal collaborationniste Les Nouveaux temps et il occupe alors une place considérable dans la presse parisienne. Fidèle au gouvernement de Vichy, Luchaire, devient le président de l'Association de la presse parisienne en 1941 et il préside la Corporation nationale de la presse française.
À la Libération, il se réfugie avec le maréchal Pétain à Sigmaringen (en compagnie de Marcel Déat et de Fernand de Brinon). En tant que ministre de l'Intérieur, il faisait partie de la commission gouvernementale.
[modifier] Condamnation à mort pour collaboration avec l'ennemi
Lors de la défaite de l'Allemagne, Luchaire se réfugie en Italie, aprés avoir tenté, sans succcès, d'obtenir le droit d'asile politique au Liechtenstein et en Suisse. Il est arrêté en mai 45 et ramené à Paris tout comme son épouse (elle est arrêtée en Allemagne). Luchaire est traduit en justice pour collaboration avec l'ennemi devant la Haute Cour en janvier 1946. Il est condamné à mort et exécuté le 22 février au fort de Châtillon. Son ami Otto Abetz - qui écopa de vingt ans de travaux forcés en 49 - avait témoigné en sa faveur.
[modifier] Témoignages de Julien et Corinne Luchaire
Contrairement à son fils, Julien Luchaire avait choisi le camp de la Résistance et il laissera un témoignage émouvant de son déchirement dans un ouvrage intitulé Confessions d'un français moyen.
La fille de Jean Luchaire, Corinne Luchaire (1922-1950) était une actrice de cinéma bien connue à l'époque. Sous l'Occupations elle profitera de la position de son père et de ses relations pour faire la "belle vie". Après une tentative de suicide (elle avait de nombreux amis juifs et des amis résistants), Corinne suivra sa famille à Sigmaringen et en Italie. Elle fut arrêtée avec son père et détenue avec lui à Fresnes; elle sera libérée quelques jours après l'exécution de Pierre Laval.
Avant sa mort prématurée en 1950, elle avait publié un ouvrage biographique (Ma drôle de vie, 1949) qui constitue un document intéressant sur sa situation de fille d'un haut placé du régime de Vichy.
[modifier] Publications
- Les rapports franco-italiens et la question yougoslave, Florence, Éditions de "Vita latina", Ligue latine de la jeunesse, 1919.
- (dir.), Problèmes du jour, Paris, A. Delpeuch, 1924.
- Un plan de liquidation financière de la guerre. L’evacuation rhénane par le réglement des réparations et des dettes interalliées, Paris, [?], 1928.
- Une génération réaliste, Paris, Valois, "Bibliothèque syndicaliste", 1929.
- Les Anglais et nous. L'action britannique contre la France jusqu'au 13 décembre 1940, Paris, Éditions du livre moderne, 1941.
- Partage du pouvoir, patrons et salariés, Paris, Éditions Balzac, 1943.
- De l'Union fédérale européenne à la réforme de l'Etat français, Paris, 86 rue Claude-Bernard, sans date.
[modifier] Sur son procès
- Quatre procès de trahison devant la Cour de Justice de Paris : Paquis, Bucard, Luchaire, Brasillach. Réquisitoires et plaidoiries, Paris, Les Éditions de Paris, 1947.
- Les procès de collaboration: Fernand de Brinon, Joseph Darnand, Jean Luchaire. Comte rendu sténographique, Paris, A. Michel, 1948.
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