L'Hôtel de Ville de Paris (sous la Révolution)
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L'Hôtel de Ville sous la Révolution Il fut un des endroits stratégiques de la Révolution.
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[modifier] Historique
L'Hôtel de Ville d'aujourd'hui n'est qu'une copie de celui qui fut le cadre de cette histoire de tumulte, de passion et de ferveur. L'incendie de 1870 détruisit un bâtiment qui avait été entre-temps, considérablement augmenté, au détriment des abords immédiats qui dataient pour beaucoup du Moyen Âge. Ainsi, l'Hôtel de Ville de la Révolution était-il celui que Boccador avait construit à la Renaissance et qui s'inscrivait dans un paysage urbain très dense, où les rues, en se croisant autour de la place de Grève (actuelle place de l'Hôtel-de-Ville) au quart de sa dimension actuelle constituaient un quartier de haute fréquentation populaire, propice aux mouvements de rue qui seront un élément déterminant dans l'évolution de la Révolution.
[modifier] Sous la Révolution
C'est à l'Hôtel de Ville que se fomente la hargne qui va couvrir Paris. Les membres de la Commune sont, principalement par nécessité les ennemis de l'Assemblée nationale. Ces derniers sont des légistes, des « faiseurs d'embrouilles », calculateurs et tatillons, noyautés par des éléments royalistes, écartelés entre des idéologies contraires. Nulle force commune propre à refaire cette société qui a été promise par les prémices de 1789.
Son énergie la Commune la tient du peuple qui est dans son dos, la pousse à l'action, à l'exaction, et lui interdit toute reculade. Elle la tient aussi de l'aigreur de ceux qui la composent ; de petites gens blessées dans leur orgueil, des artistes ratés qui trouvent dans l'évènement ce qu'il y a d'irrationnel, de sanguinaire aussi, pour gagner cette dimension d'éblouissement qu'ils ne surent exprimer dans des œuvres toujours en deçà de leurs ambitions. L'Hôtel de Ville est par tradition, un îlot de résistance face à l'autoritarisme centralisateur. Celui de l'Assemblée ne lui convient guère plus que celui de la monarchie, qu'il a presque toujours défié.
Parce que la Commune est l'expression du peuple. Et jusque dans ses aspects les plus vils, les plus sombres. Un mélange de pragmatisme et de folie. Dans l'histoire de la Révolution, c'est de l'Hôtel de Ville que partent, et c'est vers lui que convergent, les grands mouvements sacrificiels qui tendent à signifier la suprématie de la masse contre les corps constitués et les lois. Elle exalte une liberté sauvage, imprévisible et dangereuse.
Est-ce la présence, de haute tradition, du gibet, ce voisinage de la place de Gréve, haut lieu des exécutions depuis le Moyen Âge, qui donne aux habitants de l'Hôtel de Ville cette mentalité de justiciers ? Rapides, impulsifs, et plutôt portés aux grandes liquidations qu'à une justice ritualisée par la loi écrite. C'est à l'Hôtel de Ville qu'on inaugure cette mise en scène barbare de la mort donnée « sur-le-champ » (25 avril 1792).
[modifier] Population
Le Paris qui vit là est le plus ancien, c'est celui des marchands qui s'y installent pour légaliser leur travail, et qui y légalisent à leur manière toute la vie de la cité.
[modifier] Évènements
[modifier] 20 juin 1789
C'est à l'Hôtel de Ville de Paris, que Louis XVI refusait la décision de ce dernier. Ne venait-il pas d'ajourner l'immense effort des masses pour se faire reconnaître, en plaçant le tiers état sous la domination du clergé et de la noblesse, en ne lui accordant qu'une voix collective, alors que toute la nouveauté consistait à donner une voix à chacun des représentants ?
[modifier] 25 juin 1789
Le 25 juin 1789, les électeurs de Paris se réunissent spontanément rue Dauphine et, de là, se portent à l'Hôtel de Ville et s'installent dans la salle Saint-Jean pour délibérer. Il en résulte, par la voie élective, que le roi devait éloigner les troupes royales et étrangères qui menaçaient l'Assemblée et Paris, accorder la liberté d'action aux États généraux, et, surtout, permettre l'établissement d'une garde bourgeoise qui deviendra la fameuse Garde nationale. Ce fut l'acte de naissance de la Commune de Paris.
[modifier] 13 juillet 1789
La veille de la prise de la Bastille, le ton avait monté, d'autant que Louis XVI augmente le contingent des troupes cernant Paris, et renvoie Jacques Necker. La fièvre monte dans la ville. Camille Desmoulins excite la population au Palais-Royal. La journée se passe en préparatifs pour l'insurrection du lendemain. Flesselles, prévôt des marchands, est contraint de donner ses réserves de poudres à la foule, mais tente de freiner les choses. Il le paiera de sa vie le lendemain sur les lieux mêmes.
[modifier] 15 juillet 1789
L'astronome Jean Sylvain Bailly y reçut la charge de maire de Paris et La Fayette est nommé commandant de la Garde nationale.
[modifier] 17 juillet 1789
Le 17 juillet 1789, Louis XVI découvrait l'ampleur du pouvoir populaire qui s'exprimait par les déploiements extraordinaires des quelque 10 000 hommes de troupe armés par la ville de Paris, et le rituel d'accueil, si éloigné des actes d'allégeance multiplés en de telles circonstances, et en ce même lieu, auprès de ses prédécesseurs. Il entra sous une voûte d'épées croisées, qu'on a baptisée la « voûte d'acier » et Jean Sylvain Bailly lui offrit une cocarde tricolore qu'il fut contraint d'épingler à son chapeau.
[modifier] 5 octobre 1789
C'est de l'Hôtel de Ville que partirent, le 5 octobre 1789, les femmes de la Halle qui ramenèrent de Versailles la famille royale.
[modifier] 25 avril 1792
Le 25 avril 1792 eut lieu en place de Grève la première exécution par guillotine. Le condamné, Nicolas Pelletier, était un simple voleur. La foule, accoutumée depuis le Moyen Âge à des supplices plus raffinés, se montra déçue de la rapidité du procédé.
[modifier] 10 août 1792
C'est de l'Hôtel de Ville que partirent les cortèges allant à l'assaut des Tuileries, le 10 août 1792. Un changement brut de la municipalité par un coup de force, met au pouvoir des éléments extrémistes, comme Maximilien de Robespierre, Jean-Marie Collot d'Herbois, Jacques Nicolas Billaud-Varenne, Fabre d'Églantine, Jacques-René Hébert, Pierre-Gaspard Chaumette, Marie-Joseph Chénier. Elle nomme Antoine Joseph Santerre commandant en chef des forces armées de Paris.
[modifier] 9 thermidor an II (27 juillet 1794)
Une grande partie de l'opinion se fatigue de la rigueur de Robespierre, elle se rallie autour des modérés. C'est Paul Barras « le vicomte rouge » qui entraîne la chute de Robespierre. Le 9 thermidor an II (27 juillet 1794) quittant la Convention, Robespierre et Georges Couthon entre autres trouvent refuge à l'Hôtel de Ville, espérant une réaction du peuple parisien en leur faveur. Aucun secours ne vint. Se sachant perdu, Robespierre tenta de se suicider dans le salon de l'Égalité. L'Hôtel de Ville verra ainsi mourir l'immense mouvement d'insurrection qu'elle a provoqué.