Les Brontë

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Anne, Emily et Charlotte Brontë, par leur frère Branwell (vers 1834).

Les sœurs Brontë Charlotte (née le 21 avril 1816), Emily (née le 30 juillet 1818) et Anne (née le 17 janvier 1820), sont des femmes de lettres britanniques des années 1840-50. Leurs romans ont fait scandale quand ils ont paru pour la première fois et n'ont été admis que plus tard parmi les grandes œuvres de la littérature britannique.

Ce sont les filles du révérend Patrick Brontë (aussi connu sous le nom de Brunty ou de Prunty), qui est né dans le Comté de Down, en Irlande. Elles se sont installées dans le presbytère d'Haworth, dans le Yorkshire en 1820. C'est une demeure grise et désolée d'un petit village du Yorkshire, perdu dans les landes austères « déserts arides d'ajoncs et de basalte » que le vent et la pluie glacée ne cessent de battre. La mort de leur mère laisse Patrick Brontë seul avec six enfants en bas âge. La sœur de sa défunte femme, Elizabeth Branwell, vient le soutenir dans cette tâche. L'existence de ce quatuor d'enfants aussi géniaux que « maudits » se nouera donc autour de la figure du Père. En 1824, les quatre filles aînées des Brontë entrent comme pupilles à l'école des Sœurs de Cowan Bridge. L'année suivante, Maria et Elizabeth, les deux filles aînées, tombent malades, quittent l'école et meurent ; Charlotte et Emily, ce qui se comprend, retournent à Haworth.

Pendant leur enfance, elles se sont mises à écrire compulsivement, et leurs poèmes sont publiés pour la première fois en 1846 sous le pseudonyme de Currer, Ellis et Acton Bell. Le livre n'attire guère l'attention, deux exemplaires seulement sont vendus, et elles retournent à la prose, écrivant chacune un roman l'année suivante. Jane Eyre, de Charlotte, Wuthering Heights, d'Emily, et Agnès Grey, d'Anne, paraissent en 1847 après bien des difficultés pour trouver un éditeur. Les romans attirent une grande attention critique et deviennent bientôt des bestsellers, mais la carrière des sœurs est écourtée par une maladie mortelle. Emily meurt l'année suivante avant d'avoir pu achever un autre roman. Anne publie son second roman, La Châtelaine de Wildfell Hall en 1848, un an avant sa mort. Dès sa parution, Jane Eyre connaît le plus grand succès critique et commercial de tous les romans des sœurs Brontë, qui se confirme aujourd'hui encore. Shirley, de Charlotte, paraît en 1849, et il est suivi par Villette en 1853. Son premier roman, Le Professeur, qui avait été refusé en 1847, est publié à titre posthume en 1857 ; son fragment incomplet, Emma, est édité en 1860 et la nouvelle The Green Dwarf ne paraît qu'en 2003. Charlotte meurt à 38 ans en 1855, après une brève maladie. Elle s'était mariée avec le vicaire de son père, Arthur Bell Nicholls, moins d'un an avant.

La première biographie de Charlotte a été écrite par son amie Elizabeth Gaskell et publiée en 1857, aidant à créer le mythe d'une famille vouée à l'échec vivant dans une solitude romantique.

Sommaire

1 La famille

[modifier] La famille

[modifier] Patrick Brontë

Pasteur anglican d'origine irlandaise, né le jour de la St Patrick, le 17 mars 1777, Patrick Brontë est l'auteur de Cottage Poems (1811), de The Rural Minstrel (1814), ainsi que de diverses poésies champêtres. Issu d'une famille de paysans fort pauvres, c'est un autodidacte doué qui entre au St John's College de Cambridge, avant d'être ordonné prêtre. En 1812, il rencontre Maria Branwell « la douce » (coup de foudre immédiat, réciproque et quasi-éternel). Ils ont six enfants, entre 1814 et 1820 : Maria (1814), Elizabeth (1815), Charlotte (1816), Branwell (1817), Emily (1818) et Anne (1820).

Certains auteurs l'ont décrit (suivant l'archétype du pasteur anglican) comme terrible, rigide, hypocondriaque et misanthrope. En fait, Patrick est tout le contraire de cette image : surdoué, généreux comme tous les Branwell-Brontë, aimant profondément ses enfants. Il les encourage à écrire, lire, courir la lande ou rêver. Ayant compris l'extrême vivacité d'esprit de ses filles, il les envoie à Cowan Hall, une nouvelle école pour filles de pasteur, afin de parfaire leur éducation. Mais Maria et Elizabeth y meurent (respectivement à 12 et 11 ans) d'épuisement, malnutrition et de la tuberculose, au bout d'une année de mauvais traitements. Le pasteur, qui comprend alors, trop tard, dans quelle sorte d'établissement il a envoyé ses filles, les retire de l'institution et choisit de s'occuper lui-même de leur éducation, au presbythère. Emily et Charlotte conserveront toujours en mémoire l'horreur de ces institutions victoriennes prétendument charitables. Charlotte, spécialement, s'en souviendra dans son roman Jane Eyre, où elle transcende sa colère dans la description de la sinistre « École Lowood ».

Le père court par monts et par vaux, prodiguant messes, absolutions et extrêmes onctions, laissant seuls avec leur tante et une vieille servante les trois sœurs Brontë, Emily, Charlotte, Anne et leur unique frère Branwell. Les quatre enfants s'inventent des mondes imaginaires, d'où surgissent les royaumes d'Angria et de Gondal, qu'ils peuplent d'une foule d'aventures, consignées dans les « Small books », petits livres ornés des dessins de Branwell.

[modifier] Maria et Elizabeth Branwell

Maria Brontë, naît Branwell en 1783 et meurt en 1821. Elle se marie le 29 décembre 1812, le même jour que sa plus jeune sœur, Charlotte Branwell, à Penzance, en Cornouailles. C'est la mère de Maria, Elizabeth, Charlotte, Branwell, Emily et Anne. Elle meurt d'un cancer à 34 ans.

Elizabeth Branwell, née en 1776 à Penzance, en Cornouailles, morte le 29 octobre 1842 à Haworth, dans le Yorkshire, est la sœur aînée de Maria, et donc tante des enfants, qu'elle élève, à Haworth, après le décès de leur mère, Maria, en 1824.

[modifier] Maria et Elizabeth Brontë

Maria Brontë (1814-1825), l'aînée des Brontë, est placée à Logan Hall, institution victorienne qualifiée de charitable pour : « y recevoir une bonne éducation et y apprendre les bonnes manières », après la mort de sa mère. Hélas, elle n'y connaît que le froid, la faim, les privations et n'en ramène que la tuberculose (maladie qui devait emporter toute sa famille).

Elizabeth Brontë (1815-1825), la cadette, rejoint sa sœur Maria à Logan Hall, où elle ne connaît, elle aussi, que le froid, la faim, les privations et la tuberculose.

[modifier] Charlotte Brontë

Charlotte Brontë, probablement par George Richmond (1850)

Charlotte Brontë, née en 1816, à Thornton (Yorkshire), morte en 1855, à Haworth, est certainement la plus célèbre des trois sœurs.

En 1831, Charlotte est envoyée à l'école de Miss Wooler, à Roe Head, où elle devient elle-même professeur en 1835, avant de retourner à Haworth en 1838. Là, elle trouve sa famille dans une situation financière médiocre. Pour augmenter leurs revenus, Charlotte et ses sœurs imaginent des plans aventureux pour établir une école. Afin d'apprendre des langues étrangères, Emily et Charlotte se rendent en 1842 à Bruxelles, où elles fréquentent le pensionnat de M. et Mme Héger. Mais la mort de leur tante Elizabeth, qui les aidait grâce à sa petite fortune, les contraint à rentrer à Haworth. On offre alors à chacune un poste au pensionnat, mais seule Charlotte retourne en Belgique en 1843. En 1844, amoureuse de Mr Héger, elle est priée de partir ; elle retourne à Haworth l'année suivante. Las, la vie y est encore plus triste, M. Brontë perdant la vue et Branwell tombant dans une rapide déchéance ; sa mauvaise réputation fait d'ailleurs avorter le projet d'école.

1848 et la publication de Jane Eyre : une Autobiographie établissent sa réputation. Entre septembre 1848 et mai 1849, son frère Branwell et ses deux dernières sœurs Emily et Anne, meurent de la tuberculose. La plupart des gens qui occupaient jusque-là sa vie ayant disparu, Charlotte commence à faire des voyages à Londres, où elle est fêtée. Elle publie alors Shirley (1849) et Villette (1853). En 1854, elle épouse le révérend Arthur Bell Nichols (1818–1906), le vicaire de son père, après avoir décliné trois demandes en mariage. Elle meurt l'année suivante d'une fièvre puerpérale, sans doute aggravée par la tuberculose.

Charlotte a écrit quatre romans :

Jane Eyre : an autobiography (1848). On y tombe sous le charme d'un style chaud et pittoresque, doublé d'une connaissance profonde et empathique de la vie, une peinture réelle et émue des caractères et des passions, un intérêt soutenu et de plus en plus poignant. Ces qualités distingueront, à des degrés divers, ses autres ouvrages:
Shirley (1849). Emily aurait servi de modèle à ce roman victorien. C’est un tableau de mœurs, où les pasteurs protestants sont peints avec une ironie subtile.
Villette (1853). Ce roman trouve son origine dans l’expérience bruxelloise de Charlotte (1842).
The Professor (1857), paru à titre psothume, bien que ce soit le premier roman de Charlotte, parce qu'en 1847, aucun éditeur n'avait accepté de le publier.

[modifier] Branwell Brontë

Branwell Brontë

Branwell Patrick Brontë (1817–1848) est considéré par son père et ses sœurs, dans sa jeunesse, comme un génie ; il a d'ailleurs de réels et brillants talents tant littéraires que picturaux. Il part à Londres, dans le but d'étudier l'art, avec le désir de devenir peintre. Mais il sombre dans l'alcool et le laudanum. Jouant les grands débauchés, il réussit pourtant à éprouver un amour sincère pour une femme mariée, Mrs Robinson, dont l'époux se jure de « briser » le jeune homme. Des personnages célèbres ont posé pour Branwell, mais il n'a terminé aucun portrait, pourtant commandés, excepté quelques-uns. Il meurt d'une tuberculose diagnostiquée trop tard. Branwelle est l'auteur des « Juvenilia » qu'il a écrit, enfant, avec sa sœur Charlotte, ainsi que de divers tableaux représentant ses sœurs, dont le portrait « Fratrie heureuse », où elles sont toutes les trois réunies.

[modifier] Emily Brontë

Emily Jane Brontë (1818-1848), cinquième fille du pasteur, a passé l'essentiel de sa courte vie dans le Yorkshire. Génie accompli de la famille, dotée d'une personnalité aussi inflexible qu'énigmatique, elle atteint, avec un seul roman et quelques poèmes, les sommets de la Littérature. Méconnue de son vivant, la postérité la classe aux premiers rangs de la littérature anglaise. Son unique roman, Les Hauts de Hurlevent (Wuthering Heights), publié sous le pseudonyme d'Eliss Bell, n'est pas reconnu à sa sortie, en 1848, au contraire de Jane Eyre, publié en 1847 par sa sœur aînée Charlotte. C'est une œuvre d'une fantaisie exubérante, tout à l'opposé du réalisme froid qui imprègne les œuvres de ses deux sœurs. Ayant pris froid à l'enterrement de son frère, Emily meurt de la tuberculose en décembre 1848, l'année qui suit la publication de son livre.

[modifier] Anne Brontë

Des trois sœurs qui ont crié, dans la solitude d'Haworth, la toute-puissance des passions individuelles, Anne Brontë (1820-1849) a pu être considérée comme la moins douée, mais ses romans ont été appréciés pour leur réalisme, leur intégrité et leur force morale. Elle est l'auteur de deux romans remarquables : Agnès Grey (1847), qui décrit la vie toute simple d’une gouvernante, et La Châtelaine de Wildfell Hall (1848), où une jeune fille se marie à un débauché.