Marronnage
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Le marronnage était le nom donné à la fuite d'un esclave hors de la propriété de son maître en Amérique, aux Antilles ou dans les Mascareignes à l'époque coloniale. Le fuyard lui-même était appelé Marron.
On propose actuellement deux étymologies possibles à ce mot:
- du mot espagnol « cimarrón » : "vivant sur les cimes"; (cima = cime).
- ou emprunté à l'arawak, il aurait servit d'abord à désigner les animaux domestiques retournés à l'état sauvage. Voir marronnage (animaux)
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[modifier] Lieux de fuite
Les Marrons se réfugiaient généralement dans des lieux inaccessibles. À la Réunion, par exemple, ils fuyaient systématiquement dans les Hauts de l'île, dont ils furent les premiers habitants.
Parfois, ils parvenaient à se regrouper en de véritables communautés clandestines organisées dont les membres étaient alors appelés Nègres marrons. On peut citer à titre d'exemple les sociétés fondées par les Aluku et les Djukas au Suriname.
À la Réunion, ce seraient même de véritables royaumes qui auraient émergé de leur regroupement : on dit de Cimendef qu'il fut roi. Certains historiens estiment en outre que le suffrage universel fut employé pour la première fois par des Marrons réunionnais. La découverte de restes de campements dans la forêt du Tapcal devrait permettre d'en savoir plus à terme.
On note en tout cas que de nombreux sites naturels des trois cirques de l'île portent toujours le nom de Marrons. Ainsi, Anchaing a laissé son nom à un sommet de Salazie.
[modifier] Chasse et sanctions
Le développement du marronnage a rapidement contraint les maîtres à engager des chasseurs d'esclaves.
Aux Antilles, ceux qui étaient rattrapés étaient châtiés par mutilation : leur tendon d'Achille était sectionné afin qu'ils ne puissent plus courir.
À la Réunion, ils étaient parfois tués lors de la chasse. Le chasseur ramenait alors au maître une oreille et une main du fuyard en guise de preuve de la réussite de sa chasse, le corps entier ne pouvant être transporté par un homme seul le long de sentiers escarpés. Ces prises étaient parfois exhibées à l'entrée des plantations pour dissuader d'éventuels nouveaux fuyards.
Selon un épisode célèbre de l'histoire de l'île Maurice, un important groupe d'esclaves n'hésita pas à se précipiter dans le vide du haut d'un rocher élevé (le Morne Brabant dans le Sud de l'île) lorsqu'ils se retrouvèrent acculés au bord d'une falaise par des hommes qu'ils prenaient pour des chasseurs. Ils n'étaient en fait que des messagers chargés de leur annoncer l'abolition de l'esclavage.
[modifier] Références
- Yves Manglou, Noir mais marron, éditions du Paille-en-queue noir, ISBN 291279704-7
On trouve aujourd'hui ce livre publié aux éditions Orphie.
Extrait :
« Mon premier geste d'homme libre fut d'attacher mon amulette autour du cou: le sang de mon père mêlé à la terre de Bourbon. J'avais pris soin d'astiquer le cauri et, à mes yeux, il brillait comme un diamant. Je me prosternai et jurai tout haut que jamais plus ce symbole ne serait caché, dussais-je en mourir. J'avais marché toute la nuit depuis que j'avais quitté l'habitation des hauts de Saint-Paul. La terre était douce à mes pieds, et si la forêt était dense, elle se laissait facilement pénétrer. Le chant de saphime me guidait avec précision. Il suffisait de lever les yeux et de les ouvrir en grand pour retrouver les indices de mon itinéraire, de son itinéraire. »
[modifier] Voir aussi
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