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La matière de Bretagne est le nom donné à l'ensemble des textes écrits au Moyen Âge autour des légendes bretonnes, notamment celles du cycle arthurien. Elle représente la tradition celtique, par opposition à la tradition carolingienne de la matière de France et aux traditions latines et antiques de la matière de Rome.
Le poète Jean Bodel (1165-1210) a écrit qu'il existait trois matières : "Celles de France, de Bretagne et de Rome. Ces trois matières ne se ressemblent pas. Les contes de Bretagne sont tellement irréels et séduisants ! Tandis que ceux de Rome sont savants et chargés de signification et que ceux de France voient chaque jour leur authenticité confirmée !"
La matière de Bretagne ne présente pas l'unité de composition qui caractérise l'Iliade ou l'Odyssée par exemple. Il n'existe pas une légende arthurienne, mais des légendes arthuriennes, entre autres. Cela est dû aux nombreux auteurs qui ont assemblé ces traditions au cours des siècles, depuis les premiers moines collecteurs jusqu'aux écrivains qui l'ont enrichie, comme Chrétien de Troyes ou plus récemment Xavier de Langlais. Ainsi le nom des personnages et les circonstances de leur vie (jeunesse, hauts faits, mort) varient d'une époque à l'autre, d'un pays à l'autre. Il existe cependant une unité de lieu : le royaume mythique de Bretagne[1] (Angleterre, Pays de Galles et Bretagne continentale), et une approximation de l'époque : le VIe siècle, soit après la chute de l'empire romain d'Occident, à l'époque des grandes invasions. Il ne s'agit donc pas de personnages médiévaux, même si leur popularité en France a été portée par des écrivains du Moyen Âge.
[modifier] Livres anonymes
La matière de Bretagne est aussi représentée par un grand nombre d'œuvres anonymes, écrits tout au long du Moyen-Âge :
[modifier] Cycle arthurien
- Guenièvre, épouse d'Arthur
- Merlin, « l'enchanteur », magicien, Myrddin en gallois
- Mordred, fils d'Arthur et de Morgause ou de Morgane (selon les différentes sources)
- Morgane, sœur ou demi-sœur d'Arthur (selon les différentes sources)
- Morgause, ou Anna
- Uther Pendragon, père d'Arthur
- Viviane, dite « La Dame du Lac »
- Ygraine, Ygerne, Ygène, mère d'Arthur, épouse du duc de Cornouailles
[modifier] Les Chevaliers de la Table ronde
[modifier] Autres personnages
- Brisène : Magicienne, c'est elle qui découvre le destin exceptionnel de Galaad
- Caelia : Reine Fée, mère du Chevalier des Fées
- Le chevalier Vert : Chevalier mystérieux qui insulte Arthur et lance un défi à Gauvain.
- Le chevalier Rouge : Chevalier apparaissant dans Perceval ou le Conte du Graal
- Le chevalier des Fées
- Claudas : Roi de la Terre déserte et ennemi d'Arthur, père de Claudin
- Dindrane
- Élaine d'Astolat : surnommée la Dame de Shalott, elle meurt de chagrin d'amour pour Lancelot du Lac
- Élaine de Corbenic : elle réussit à coucher avec Lancelot du Lac en prenant l'apparence de Guenièvre, de cette union naîtra Galaad
- Élaine : sœur de la Fée Morgane et demi-sœur du roi Arthur
- Élaine : nièce du roi Arthur, éprise de Perceval
- Reine Élaine : épouse de Ban de Bénoïc, mère de Lancelot du Lac
- Gorlois : duc de Cornouailles, mari d'Ygraine et ennemi d'Uther Pendragon
- Gwynn ap Nudd : Souverain de l’Annwvyn, l'Autre Monde
- Joseph d'Arimathée : c'est lui qui récupère le sang du Christ dans le Saint Graal
- Marc'h : Roi de Cornouailles,il possède des oreilles de cheval
- Nimue : elle est la Dame du Lac, autrement dit la Fée Viviane
- Palamède
- Pelleas : Roi pêcheur, père d'Élaine de Corbenic et grand-père de Galaad
- Le Roi pêcheur : dernier descendant des gardiens du Graal
- Lot, Roi des Orcades (ou d'Orcadie) : descendant de Joseph d'Arimathie, époux de Morgause et père de Gauvain
- Vortigern : Roi de Grande-Bretagne, grand-père d'Uther Pendragon
[modifier] Proposition de chronologie
[modifier] Lieux mentionnés dans le cycle arthurien
- Aclud : ville d'Écosse où Hoël trouve refuge pendant la guerre contre Colgrin.
- Avalon : île légendaire où ont résidé la Fée Viviane et Merlin l'Enchanteur.
- Bade : Capitale du royaume de Gorre. C'est là que Méléagant retient Guenièvre prisonnière avant qu'elle soit délivrée par Lancelot.
- Brandigan : Château du roi Evrain.
- Forêt de Brocéliande : Forêt où se situent le Val sans Retour de Viviane, le Tombeau de Merlin ou encore l'Hotié de Viviane.
- Camelot, ou Camaloth : Siège de la cour du roi Arthur et des chevaliers de la Table Ronde, capitale du royaume d'Arthur.
- Caradigan : Résidence d'Arthur. C'est là qu'Érec annonce son mariage avec Énide à la cour.
- Carduel
- Carleon : Deuxième ville du royaume d'Arthur après Camelot. Il y réunissait souvent sa cour.
- Carrant : Ville où Érec et Énide vivent leur parfait amour. Résidence du roi Lac.
- Chester
- Glastonbury : Lieu que voient les non-initiés à la place d'Avalon.
- Gorre : Royaume accessible uniquement par deux endroits : les ponts de l'Eau et de l'Épée.
- Laluth
- Logres : Royaume maudit où ceux qui y entrent ne ressortent jamais. Lancelot arrivera à déjouer l'enchantement et à libérer ses habitants.
- Montrevel et Rotelen : Autres possessions du roi Lac.
- Outer Gales : Royaume du roi Lac.
- Rohais
- Silchester : Ville où fut couronné Arthur, d'après Wace.
- Tintagel : Château du duc de Cornouailles, réputé imprenable.
- Veralemen : Résidence d'Octa. Il s'y fera tuer avec Ossa par Loth.
[modifier] Objets Légendaires
[modifier] Origines des légendes
La matière de Bretagne tire sa source de la mythologie des Celtes installés dans les îles britanniques et en Bretagne armoricaine, suite aux migrations du haut Moyen Âge. Les apports postérieurs (français, germaniques, chrétiens etc.) ont enrichi la légende originale et atténué en partie les origines celtiques.
[modifier] L’origine celtique
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[modifier] La thèse de Littleton et de Malcor
Dans leur livre De Scythie à Camelot[2], Covington Scott Littleton, professeur d'anthropologie à Los Angeles et Linda Ann Malcor, docteur en folklore et mythologie, ont remis en cause l'origine celtique du cycle arthurien. Pour eux, le coeur de cet ensemble fut apporté entre le IIe et le Ve siècle par des cavaliers alains et sarmates. Ces peuples barbares, enrôlés dans les légions romaines, auraient répandu leurs récits mythologiques dans les régions où ils s'étaient installés, l'Angleterre et la Gaule principalement. Ces récits se nourriraient d'un terreau commun : l'ancienne Scythie (région de steppes au sud de la Russie et de l'Ukraine actuelles), région d'origine des descendants des Alains et des Sarmates.
La thèse de Littleton et de Malcor se fonde sur trois principaux arguments : La culture des Ossètes (qui vivent aujourd'hui dans le Caucase), les cousins contemporains des Alains, possède des récits qui ressembleraient aux aventures d'Arthur et des chevaliers de la Table Ronde. On y raconte notamment la saga du héros Batraz et de sa bande, les Narts. Dans cette histoire, il est, entre autres, question d'épée magique (Excalibur ?) et de coupe sacrée (le Graal ?) L'histoire des Sarmates et des Alains confirmerait leur rôle décisif dans la naissance du cycle arthurien. A partir du IIe siècle, ces peuples se sont installés, en tant que soldats de l'armée romaine, dans plusieurs régions de l'Empire Romain : le nord de l'Angleterre puis la Gaule. Or ces régions ont vu ensuite naître la légende arthurienne. De plus, Sarmates et Alains auraient été en contact avec des événements ou des personnages inspirateurs de cette légende. D'une part, des Sarmates d'Angleterre étaient commandés à la fin du IIe siècle par Lucius Artorius Castus, un officier romain qui serait le Arthur historique. D'autre part, les Alains ont participé au sac de Rome en 410 avec les Wisigoths d'Alaric et auraient dérobé à cette occasion des objets religieux chrétiens, point de départ à la légende du Graal. Des rapprochements étymologiques peuvent enfin être faits entre des personnages et des lieux du cycle arthurien d'une part et les Sarmates et les Alains, d'autre part. Le nom de Lancelot par exemple signifierait l'Alain du Lot.
- ↑ l'article « l'Armorique au Haut Moyen Âge » tente, rétrospectivement à ce terreau légendaire, d'identifier les faits historiques des gestes surajoutées.
- ↑ C. Scott Littleton, Linda A. Malcor, From Scythia to Camelot, New York-Oxon, 1994 (rééd. 2000)
[modifier] Liens internes
[modifier] Liens externes