Palais du Te
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Pour le profane en architecture qui se promène dans les faubourgs de Mantoue, le Palais du Te, bâtiment carré isolé, donne l'impression simple et immédiate d'une réaction au style de construction de la Haute Renaissance (Cinquecento). Il semble à la fois déroger et obéir aux règles de l'architecture classique de la Renaissance telles qu'elles furent définies, au siècle précédent, par Leon Battista Alberti dans son ouvrage De re aedificatoria, 1485 (L’Architecture et Art de bien bastir, trad. 1553).
Frédéric II, marquis de Mantoue, décida, en 1524, de la construction d'un palais résidentiel ou villa Suburbana. L'emplacement prévu était celui des écuries seigneuriales sur l'île du Te (Isla del Te) qui se situait au milieu d'un lac marécageux à présent asséché, à l'extérieur des murs d'enceinte de Mantoue.
En 1525, l'architecte chargé de sa construction fut Jules Romain, un des élèves de Raphaël, qui créa le corps du bâtiment, un édifice rectangulaire autour d'une cour, en un délai de 18 mois. La construction sera complétée par un jardin bordé de rangées de colonnes devant les bâtiments attenants, eux-même terminés par un hémicycle de colonnes (exèdre).
Comme pour la villa Farnèse (à Rome, dans le quartier du Trastevere), la situation extra-muros permettait une architecture tenant à la fois du palais et de la villa romaine. Les quatre façades extérieures ont des piliers muraux plats encadrant des façades en retrait. Le fenêtrage permet de distinguer le bel étage (piano nobile), qui se situe au rez-de-chaussée, de l'étage supérieur. Les façades ne sont pas aussi symétriques qu'il y paraît et l'implantation des colonnes est irrégulière. La façade Est se distingue des trois autres par des motifs palladiens (réutilisation des éléments d'architecture antique) sur ses colonnes et une loggia ouverte en son centre. Les centres des façades Sud et Nord sont percés de trois arches de la hauteur des deux étages, sans portique ni pignon ; ce ne sont que des passages couverts vers la cour intérieure.
Peu de fenêtres donnent sur cette cour intérieure (cortile) ; sur les quatre côtés, les murs à colonnades sont agrémentés de niches profondes et de fenêtres aveugles, et les espaces intermédiaires sont crépis avec du spezzato (plâtre broyé et teinté), donnant vie et profondeur à ces surfaces.
Une fois la structure du bâtiment terminée, il fallut près de dix ans de travaux avec plâtriers, sculpteurs et peintres de fresques, jusqu'à ce que la moindre petite surface dans les loggias et les salons soit décorée. Les fresques signées Benedetto Pagni ou Rinaldo Mantovano (le Mantouan) sont aujourd'hui la plus remarquable curiosité du Palais. Les thèmes vont d'un Banquet olympien dans le salon de Psyché (Sala di Psiche) à des Chevaux stylisés dans le salon des Chevaux (Sala dei Cavalli) pour arriver au plus surprenant de tous, celui du salon des Géants (Sala dei Giganti) ou ces derniers, grotesques, semblent surgir du Chaos.
Nombre de personnages de l'époque ont visité les lieux et surtout l'empereur Charles Quint venu à Mantoue en 1530 élever le marquis Frédéric II à la dignité de duc.
Une fois le Palais achevé, Frédéric fit demeurer sa maîtresse « officielle », Isabella Boschetti, dans ce qu'il appelait son Palais des illusions chatoyantes (Palazzo dei lucidi inganni), entouré de bosquets et cerné des eaux du lac.
Une des parties du Palais la plus charmante et la plus évocatrice du passé est le Casino della Grotta (Pavillon de la Grotte), une petite suite de pièces privées arrangées autour d'une grotte et d'une logetta, un balconet couvert sur lequel s'aventuraient les courtisans après s'être baignés dans une petite cascade qui courait sur les galets et les coquillages incrustés dans les murs et les parois.
La renommée du Palais du Te ne tint qu'un siècle. En 1630, pendant la guerre de succession de Mantoue et la conquête du duché, la cité et le Palais furent pillés par les troupes impériales de Ferdinand II. Le reste de la population fut victime d'une des pires épidémies de peste de l'histoire. Le palais, mis à sac de fond en comble, est resté comme une coquille vide et, dans cet état, les remarquables fresques sont d'autant plus surprenantes que les Nymphes, les Dieux, les Déesses et les Géants peuplent des murs de salles vides et résonnantes.
Le Museo Civico (Musée civique) qui expose une collection d'art mésopotamien parrainée par l'éditeur Arnaldo Mondadori, est hébergé aujourd'hui dans une partie du Palais.
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